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Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

Publié le mardi 17 mai 2011 à 01h05min

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Une réaction formulée lors de la sortie du Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, vendredi 13 mai dernier à Koudougou mérite une attention particulière. « Nous avons souhaité que le gouvernement travaille à laisser les chefs traditionnels un peu en dehors de la politique », s’est exprimé Naba Saaga, chef d’Issouka, porte-parole des « têtes couronnées » de la province du Boulkiemdé. Venant d’une personnalité baignant à la fois dans la tradition et dans la modernité étant donné que Modeste Yaméogo est un cadre de l’UNICEF et un ressortissant influent de Koudougou, « la frondeuse », cette demande de sursis vaut son pesant d’or. Cette prudence est d’autant plus réfléchie que la politique s’apparente bien souvent au Burkina Faso à descendre dans la boue, à vendre sa dignité, à accepter de se ridiculiser.

« Nous avons aussi demandé d’accélérer le processus de justice, et pour Justin et ses camarades, et pour Norbert Zongo car la paix se bâtit sur un socle de justice », renchérit-il courageusement pour signifier que les coutumiers ne sont pas toujours les pantins des temps modernes. Autrement dit, l’injustice est en train de pourrir l’atmosphère sociale te sociétale des Burkinabé. Et comme les intermédiaires entre les ancêtres et les vivants du Boulkiemdé veulent que leur fils de chef de gouvernement réussisse sa délicate mission de sapeur pompier, ils ne sont pas passés par quatre chemins pour lui « cracher » les causes profondes du malaise social. L’impunité latente a instauré une soif criante de justice qu’il faut s’armer de la témérité pour étancher en si peu de temps. « Koudougou a déclenché la révolte, Koudougou pose une esquisse de solutions, Koudougou attire l’attention des chefs coutumiers sur leur devoir en ces circonstances pareilles », pourrait-on relever.

Il faut qu’il ait un langage de vérité entre les gouvernants et les garants des coutumes afin de tourner le dos aux « béni oui, oui » ou aux « yes men » politiquement fabriqués qui empestent toute sorte de relations dans les contrées burkinabé.

La chefferie coutumière a été tellement sollicitée ces dernières années qu’il est difficile de cerner avec intelligence et sagesse le rôle réel qui est le sien dans la bonne marche de la nation. Tantôt ses actions sont mélangées à celles des communautés religieuses, tantôt elle est inféodée aux acteurs politiques et administratifs. Leaders d’opinion incontestés, surtout dans le terroir moaga où le « Naan » (le pouvoir) continue d’être une question de vie ou de mort, la non-codification de la place des coutumiers s’assimile à vau-l’eau et exaspère parfois une partie de la population pour laquelle la notion de chef n’est pas aussi seigneuriale que sur le plateau central.

Il n’y a pas cette société burkinabé où les us et les coutumes ne confèrent pas à un membre de la communauté des responsabilités de répondant. Bien que celles-ci diffèrent d’une ethnie à une autre, d’une région à une autre dans leur degré de compréhension, il convient d’accorder à ces personnes si spéciales, la même importance et la même nécessité de consultation quand sonne leur indispensabilité pour ramener la paix. L’élan de recherche de la cohésion nationale imprimé en ces temps-ci semble innocemment oublier que le peuple burkinabè est constitué de plusieurs nationalités dont la prise en compte de la spécificité de chacune et la pleine mesure d’une volonté de symbiose doivent refléter, de loin, le salut d’un pays qui a du mal à imposer véritablement les règles de la République à l’ensemble de ses citoyen (ne)s en tout temps et en tout lieu.

Des personnalités de la République se précipitent dans des palais pour, soi-disant, recueillir de la sagesse et recevoir de la bénédiction. A titre individuel et discrètement, une telle démarche n’outrera aucunement. Mais médiatisée et placée sous le sceau d’une mission républicaine, cette initiative peut s’avérer écœurante. Car en dehors du Président du Faso qui est oint d’une légitimité et d’une légalité en qui tout Burkinabé se reconnaît, les autres références, bien que lourdement flanquées d’une caution coutumière et religieuse, représentent des entités, des groupes, dénuées de toute unanimité.

A défaut de les considérer toutes en pareilles, il faut savoir s’en passer. Il ne faut pas oublier que l’une des raisons de la colère chez des élèves résulte de la décision de certains « Naba » (chef) d’expulser certains de leurs camarades sous le prétexte qu’ils sont des « étrangers » dans leur propre pays, mués en agitateurs chez eux et qu’ils faillent les « rapatrier » chez eux. L’écho des listes noires a créé plus de problèmes dans certaines localités lorsque l’on a cru l’ordre rétabli et favorable à la reprise des classes.

Des fonctionnaires taxés de syndicalistes ou de soutiens politiques adverses ont subi cette croix et cette bannière dans ce pays dit de droit. Bien sûr que le politique n’est malheureusement pas innocent à l’option de ces positions dictatoriales attribuées à certaines autorités coutumières. Sous la dynamique flatteuse et très compromettante que l’on veut les remettre aux devants de la scène sociopolitique après la guéguerre rancunière de la Révolution, certains garants des us et coutumes se sont tellement laissés emporter par la bêtise politicienne qu’ils en sont devenus la risée de leur communauté. De leur stature de régulateur du terroir, ils sont tombés au bas de l’échelle à cause de leur parti pris, parfois insensé. Entrainant leurs rares confrères restés crédibles à souffrir de ce même jugement méchant.

Le chef coutumier n’est plus cette autorité morale au dessus de la mêlée avec une force de rassembleur et de recours à lui reconnue par tous ses sujets. A force de les utiliser, à dessein, pour cacher le soleil d’une main, pour servir de services renseignements au détriment de sa communauté, de chasseurs d’électeurs usant de menace, l’on a créé un sentiment d’irrespect et d’opprobre. A tel point que le « Naba », le « Dougoutigui », « l’émir », le « Popê », « l’Obado », … ne jouit plus de la grande aura. Son leadership s’est étiolé le confinant dans un carcan d’un médiateur, sans cesse, décrié.

Ses jugements et ses décisions sont qualifiés, à raison, de partiaux et de subjectifs étant donné que tout le monde connaît son camp dont l’adhésion ne relève pas de conviction mais suscitée par le désir de profiter du moment pour se garantir un confort matériel et financier. S’il n’est pas contesté avec le risque d’humiliation et de déchéance, soit c’est le politique qui les mène à dessein et les presse comme des oranges, soit c’est l’économique qui le souille dans ses escapades voluptueuses.
Pourtant, il n’y a pas d’épine de gouvernance aux pieds de l’administration moderne ou de l’histoire sociopolitique du pays que les dépositaires de la tradition n’ont pas aidé à enlever.

Les Burkinabé sont conscients du rôle primordial que leurs vaillants chefs coutumiers ont joué dans le rétablissement du territoire voltaïque, dans le prolongement du chemin de fer jusqu’à Ouagadougou et dans l’accession à l’indépendance. Pour peu que leurs descendants mesurent le sens et la portée de leur position dans la société, ils constitueraient le rempart tant recherché pour tirer la République d’affaire quand celle-ci éprouvera de réelles difficultés à résoudre ses problèmes. Leur contribution à la résolution de la crise née de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo est immense. Même si, à chaque fois, l’on feint d’ignorer leurs apports et leurs recommandations quand l’orage paraît passer, l’autorité coutumière gagnerait souvent à rester dans son petit coin jusqu’à ce que les différents protagonistes de la République entrevoie la nécessité de la consulter.

Parce que la non-satisfaction de ses doléances lucides émises dans le cadre des missions du Comité des sages a, quelque peu, creusé le fossé des incompréhensions et renforcé la crise de confiance entre les Burkinabé.
La sollicitation fréquente, sous les feux de la rampe, des chefs coutumiers pour ceci ou cela avec peu ou sans impact dans la suite, leur enlève du crédit. Plus le chef parle peu, plus il est écouté. L’autorité coutumière doit pouvoir asséner les dirigeants de coups que lui offre les valeurs traditionnelles afin de leur rappeler qu’elle n’est pas une orange que l’on suce pour, enfin jeter et ranger aux oublier.

Seulement, une telle sagacité commande tout arrêt de se fourvoyer pour conquérir le respect de tous. La politisation de ses tenants a diminué le pouvoir coutumier. Autant en tant que citoyen, le militaire dispose du droit le vote sans pouvoir exprimer ses opinions, autant les coutumiers qui sont des habitants à part entière doivent pour bénéficier des acquis démocratiques sans afficher leurs choix. En dehors d’un cadre légal disposant de cela, il leur appartient de savoir user de tact pour s’assurer du politique et de l’économique de tribune consultative et de dernier recours. Il n’appartient pas aux valeurs traditionnelles de courir derrière les animateurs de la vie démocratique actuelle.

Ce sont les artisans de la République de s’en référer pour enrichir leurs actions et éviter des dérapages. Toute collusion entre ces deux réalités peut être regrettable. L’incendie des domiciles de certains leaders politiques doit donner à réfléchir à ces garants des us et des coutumes. C’est le pire des rejets qui puisse leur arrivée. Avec comme remède, le suicide pour ceux qui ont encore un grain d’honneur.

A dire vrai, l’implication tous azimuts des personnalités coutumières dans la politique a lancé un discrédit sur elles et rendu belliqueuses leurs relations avec les sujets. Et ce qui est arrivé au « Tensoba » (chef de terre) de Yako éveille toute conscience de chef. Dépêché dès les premières heures de la furie des élèves pour les faire entendre raison, ceux-ci l’ont invité à s’asseoir sur un banc pour ensuite retirer le siège sous le vieillard, le laisser s’affaisser et son bonnet à terre. Comme motif, les scolaires l’accusent d’être à la solde du politique et récusent sa médiation. Autres temps, autres mœurs. A moins que les ancêtres aient choisi de punir ceux qui les représentent pour quelle que raison que ce soit, personne, quelles que soient sa provenance et son origine, n’était fout pour humilier un « Naba ». Voilà la triste et indigne rançon réservée aux chefs coutumiers arrimés à la politique. Or ils auraient plus de lauriers dans le bien-être des populations si tant est-il que leurs avis sur ce terrain-là peuvent engendrer la promotion de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, de l’hydraulique, …, que d’assouvir des desseins purement égoïstes et groupusculaires.

Dorcas Céleste KOIDIMA
Pour lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 mai 2011 à 03:29, par rodriguez En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    vaut mieux tard que jamais ; et il est grand temps de renter dans leur palais que de suivre les politiciens dont certains ont les mains tachees de sang depuis 24 ans et que malheureusement ces chefs ont suivi lodeur de largent sans se mefier de lodeur du sang.
    a bon entendeur slt

  • Le 17 mai 2011 à 03:45, par Daniel En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Bravo ! Encore vous !!! Vous méritez le meilleur prix des journalistes de l’année ! Bon courage, vous tenez le bon bout, continuez ains !Vous touchez de nouveau à un des points importants de notre démocratie qui divise la société burkinabè. Vivement que ceux qui ont eu la chance de savoir lire, vous lisent et vous comprennent !

  • Le 17 mai 2011 à 09:04, par Nombamba En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Naba Saaga, Merci. Merci de donner le ton, la voie à suivre. Nous étions perdus. En effet, comment respecter sa tradition et pouvoir encore dire non au Naba parce que vous n’êtes pas dans le même camp politique ? Nous, jeunes, étions ainsi perdus. On venait même à se demander si il vaudra pas mieux choisir entre le droit politique du citoyen que nous sommes et celui du fils "bien éduqué" du terroir qui nous a vu naître. Mais vous, Naba Saaga, oui cette pluie bienfaisante qui vient balayer les maladies , vous avez lavé aujourd’hui notre mal, notre peine, notre angoisse. Que tous les chefs vous entendent pour que notre épine soit enlevée et que la chefferie que nous ont léguée nos valeureux ancêtres retrouve ses valeurs d’antan.

  • Le 17 mai 2011 à 11:01, par keko En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    je voudrais tout d’abord féliciter l’auteur pour sa réflexion qui est juste et au passage marquer mon indignation face au comportement du nouveau ministre des enseignements supérieur que j’ai d’ailleurs beaucoup apprécié lors de son passage à actu hebdo ,en effet je ne comprend sa visite chez le moro -naba pour la gestion de l’enseigement au burkina et ce geste d’un mouton qui nous ramène au moyen âge je pense que si c’est le cas pourquoi ne pas nommer ce chef ministre s’il a la solution à tous les problèmes

  • Le 17 mai 2011 à 11:47, par Le "lô" En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Très très bel article, monsieur le journaliste. Je pensais exactement la même chose que toi. Je te jure que tu as dit rien que la vérité sur toute la ligne. Je pense que les derniers évenements au BF ont ouvert les yeux à ces gars de la coutume. Ils gagneraient à se ressaisir pendant qu’il est temps et à se retirer effectivement de la politique ; sinon, ça viendrait à être trop tard pour eux. Ils semble même qu’il y a un qui n’a plus de morale et joue aux coureurs de jupons la nuit venue et ce, au détriment des jeunes gens qui cherchent à fonder un foyer.
    Je demande aussi au journaliste de faire un article sur certaines pratiques coutumières liberticides qui ont court actuellement dans certaines centres villes de l’ouest du burkina et qui restreignent la liberté d’aller et de venir surtout aux femmes en leur interdisant de mettre le nez dehors pendant sept jours au moment de leur cérémonies ; quant aux hommes il leur est interdit d’emprunter certaines rues de jour comme de nuit. C’est tout simplement revoltant quand on sait que notre Constitution garantit les libertés publiques et que des pratiques d’autres temps viennent saborder et celà au vu et au su des autorités republicaines. Si c’était au moment du couvre-feu, je me demande qui de l’Etat ou du coutumier allait faire prévaloir sa règle au moment de ces cérémonies coutumières. Soyons quand-même sérieux ! Dans tous les cas, tout cela finira un jour.

  • Le 17 mai 2011 à 11:53 En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Bel article. C’est ce qu’on attend de nos analystes : de la profondeur dans la réflexion. De plus en plus rare, cette race de journaliste. Vous l’avez dit ; moi ça m’agace quand je vois un chef traditionnel se pointer devant un écran pour dire qu’il faut la paix. La paix, toutes les les traditions attirent l’attention d’abord sur la justice sociale, le respect d’autrui. Quand je les entends crier : paix , paix ; j’ai envie de répondre : que la guerre vienne si elle doit par la suite rendre plus juste notre société pour des siècles.
    Courage !

  • Le 17 mai 2011 à 12:13, par Lesujet En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Bingo ! Cette analyse vaudra pour un siècle tant que les chefs (?) coutumiers feront toujours allégeance au politique en foulant au pied leurs véritables missions. Tant que les chefs seront dans la promotion du jatropha, des leaders politiques des pharmacies et j’en passe, le Faso leur réservera un avenir peu reluisant.
    Ils font l’affaire du pouvoir actuel de par leur stature coutumière, traditionnelle où tout sujet doit vouer sa vie à la volonté du chef. Du coup, ils amassent le bétail électoral pour le congrès et en récompense ils circulent dans les bolides hors série (au lieu d’être sur cheval blanc), ils hibernent dans les palaces (en lieu et place des cases rondes), etc.
    Pourquoi même ne pas adopter une loi qui va trancher nettement sur la position de ces chefs coutumiers vis-à-vis de la politique ?

  • Le 17 mai 2011 à 15:00, par L Burkinabè En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    bien dit frero.felicitations tout simplement pour ce papier lucide et limpide

  • Le 17 mai 2011 à 15:54, par Malick En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Un aspect non évoqué explicitement dans l’article réside en la personne de Naaba Saaga. A l’Etat civil, Modeste Yaméogo est un grand frère que je salue au passage. C’est un cadre de l’Unicef.Traduction : c’est quelqu’un qui n’a pas faim, et qui sait que le gouvernement du Burkina ne peut pas lui "couper le pain".

    Je crois qu’il faut relancer le débat sur le statut des chefs traditionnel, une classe qui se trouve dans une société où elle a de la peine à se retrouver.

    Nous sommes dans une société où la valeur des individus se mesure par leur avoir. C’est triste mais vrai : plus tu as de dépôts en banque, plus ta parole est vrai ; plus ta sagesse est sage, plus on te respecte.

    Ces sans emploi devenu chef ont l’impression qu’il leur faut avoir un "minimum" pour être respecté de leurs "sujets". Et le raccourci, c’est de prosterner devant le politique, pour qu’il vous donne quelque chose de temps à autre.

    La question à laquelle nous devons réponde est donc : comment assurer cette autorité morale à tous les chefs traditionnels ? leur dire de quitter la politique ne sera pas suffisant, pour qu’ils quittent la politique.

    • Le 17 mai 2011 à 21:49, par Hess En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

      Féliciations à l’auteure de la réfléxion. Vous avez posé le problème honnêtement et clairement. C’est ce genre de texte que l’on espère lire.

      Malick, merci à vous aussi pour le complétement d’info.

      Il faut ouvrir un débat honnête et poser clairement les questions sans ambiguité. Peut-être que le temps est venu de tourner la page ? En 2011, avec une population environ 70% ayant la trentaine ou moins, avons nous besoins de la chefferie traditionnelle ? Si oui quel type ? pour quel rôle ? Au besoin passons par un référendum à la fin du débat pour leur définir un statut constitutionnel clair si c’est l’orientation finale du débat public et honnête.

      Pour ma part il y a bien une place pour cette institution mais il faut un débat.

  • Le 17 mai 2011 à 16:09 En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    bonjour. L’article est de très bonne facture et touche du doigt le bal des vampires "Politiques et chefs coutumiers". A force de les utiliser ces bonnets rouges à tout vent, nous allons tout droit à leur dévaluation et leur disqualification quant leur rôle de tampon social. Bientôt ils n’amortiront aucun choc si on ne prend garde et bonjour les dérives dont vous faites si bien cas. Cet article devrait inspirer les élèves et les étudiants dans leurs recherches, les sociologues sutout qui devraient sincèrement y trouver des thèmes de recherche...

  • Le 17 mai 2011 à 16:33 En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Merci ! c’est la 2e fois que je vous lis et pour la 2e fois je suis satisfait, tres satisfait de vos analyses tant dans leur objectivite que dans leur profondeur ou dans l’expression. Comme je le disais dans un commentaire (vous ne pouvez le savoir car il a ete refuse de publication, mais cela j’en ai l’habitude sur lefasonet) je suis fier de voir qu’il reste encore un certain niveau de vrai journalisme et de reflexion au burkina, pays jadis si admiré pour la valeur de sa formation intellectuelle. Ah ! vous me redonnez courage et dignité… au burkina on pense encore !!! Tout le monde n’a pas oublié la tete, à la troquer au benefice du ventre !
    Le probleme de l’instrumentalisation de la chefferie traditionnelle, je l’avais deja signalé quand on appelait a tout vent celle-ci comme soi disant mediateur en ceci cela ou quand on invoquait les clans a plaisanterie a tout va pour un tout ou un rien, etc… il n’y a pas meilleure maniere de detruire la confiance et le respect des traditions en leurs aspects positifs et pire a travers certains agissements clientelistes, manipulés par des politiciens en mal de reconnaissance ou pour des chefs traditionnels âpres au gain et erigés en sages.
    Madame la journaliste (puisqu’on dit que vous etes une dame) FELICITATIONS tout simplement
    SOME

  • Le 17 mai 2011 à 17:37, par Siida En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Le salut viendra de ce que le Mogho Naba, le Kompiendéni, Le Naba du Yatenga etc. demandent officiellement aux chefs coutumiers de laisser ceux qui les suivent libres de leurs choix politiques. Sans quoi la prise de position fort louable de ce Chef traditionnel n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. Mais c’est quand même un début. Bravo.

  • Le 17 mai 2011 à 17:49 En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    Merci ! c’est la 2e fois que je vous lis et pour la 2e fois je suis satisfait, tres satisfait de vos analyses tant dans leur objectivite que dans leur profondeur ou dans l’expression. Comme je le disais dans un commentaire (vous ne pouvez le savoir car il a ete refuse de publication, mais cela j’en ai l’habitude sur lefasonet) je suis fier de voir qu’il reste encore un certain niveau de vrai journalisme et de reflexion au burkina, pays jadis si admiré pour la valeur de sa formation intellectuelle. Ah ! vous me redonnez courage et dignité… au burkina on pense encore !!! Tout le monde n’a pas oublié la tete, à la troquer au benefice du ventre !
    Le probleme de l’instrumentalisation de la chefferie traditionnelle, je l’avais deja signalé quand on appelait a tout vent celle-ci comme soi disant mediateur en ceci cela ou quand on invoquait les clans a plaisanterie a tout va pour un tout ou un rien, etc… il n’y a pas meilleure maniere de detruire la confiance et le respect des traditions en leurs aspects positifs et pire a travers certains agissements clientelistes, manipulés par des politiciens en mal de reconnaissance ou pour des chefs traditionnels âpres au gain et erigés en sages.
    Madame la journaliste (puisqu’on dit que vous etes une dame) FELICITATIONS tout simplement
    SOME

  • Le 17 mai 2011 à 18:20 En réponse à : Chefferie coutumière : les « bonnets rouges » demandent du répit

    « Nous avons souhaité que le gouvernement travaille à laisser les chefs traditionnels un peu en dehors de la politique », s’est exprimé Naba Saaga, chef d’Issouka, porte-parole des « têtes couronnées » de la province du Boulkiemdé. Venant d’une personnalité baignant à la fois dans la tradition et dans la modernité étant donné que Modeste Yaméogo est un cadre de l’UNICEF et un ressortissant influent de Koudougou...

    On ne peut etre un peu plus clair et nul ne peut contredire cela, surtout au vu des interventions de chefs traditionnels sur la scene politique depuis un certain temps principalement dans les periodes troubles où le pouvoir se retrouve en mauvaise posture face aux administrés. Cela confine parfois a la compromission des chefs traditionnels contre leurs propres administrés. «  à descendre dans la boue, à vendre sa dignité, à accepter de se ridiculiser.  » comme vous ecrivez si bien.
    Que cette intervention vienne de chefs traditionnels me rassure et surtout d’un chef comme Modeste Yameogo dont je connais l’integrité et l’engagement. Le role du chef traditionnel, c’est de veiller à la justice pour tous. De quel credit peut jouir un chef (donc, in fine, en quoi il est chef !) si « Ses jugements et ses décisions sont qualifiés, à raison, de partiaux et de subjectifs étant donné que tout le monde connaît son camp dont l’adhésion ne relève pas de conviction mais suscitée par le désir de profiter du moment pour se garantir un confort matériel et financier  »  ? Que penser d’un chef qui incite ses sujets à cultiver le jatropha plutot que le mil parce qu’il a investi dans une usine de production de biocarburant ? J’avais fait un commentaire sur ette question mais qui n’a pas été publié. Bien Merci au Naaba Saaga de rappeler cette fonction primaire du chef en tant que garant de la justice sociale pour tous, car certains semblent l’avoir oubliée. Si les chefs eux memes commencent par avoir un langage de verite entre eux, ils pourront etre regardés autrement par le politique et le sujet. Votre analyse sonne tellement juste qu’il n’y a rien à rajouter. Et comme vous le dites si bien, si partout en afrique il y a toujours eu des chefs traditionnels, tous n’ont pas les memes attributions et pouvoirs ; il est alors presomptueux et malsain de vouloir « imposer » une certaine conception du chef à tout le reste des burkinabe "Leaders d’opinion incontestés, surtout dans le terroir moaga où le « Naan » (le pouvoir) continue d’être une question de vie ou de mort, la non-codification de la place des coutumiers s’assimile à vau-l’eau et exaspère parfois une partie de la population pour laquelle la notion de chef n’est pas aussi seigneuriale que sur le plateau central. Mais que helas ! on voulu imposer aux autres burkinabe cette conception du plateau central, (dont le chef n’est d’ailleurs meme pas accepté par tous les mossi). Quels conflits n’y a t-il pas souvent entre cette conception et l’organisation sociale de certaines ethnies au burkina (tels les lobi ou dagara qui ne connaissent pas ce genre de chefferie, pour ne citer que ceux là !) ? Alors comment un « Naba » (chef) [peut-il se permettre de demander] d’expulser certains de leurs camarades sous le prétexte qu’ils sont des « étrangers » dans leur propre pays, mués en agitateurs chez eux et qu’ils faillent les « rapatrier » chez eux »  ? Car quoi qu’on dise, seul le president est et reste le chef de tous les burkinabe, meme si un burkinabe n’a pas voté pour lui ou considére qu’il a volé les elections ou meme que c’est par un coup de force, etc. Vous abordez indirectement un probleme grave que j’ai soulevé plusieurs fois dans les forums : le tribalisme Ce probleme, jadis inconnu au burkina, est devenu le mode de gouvernement. Cette pratique a été justement favorisée par le clientelisme et la démission irresponsable des chefs traditionnels.
    "L’élan de recherche de la cohésion nationale imprimé en ces temps-ci semble innocemment oublier que le peuple burkinabè est constitué de plusieurs nationalités dont la prise en compte de la spécificité de chacune et la pleine mesure d’une volonté de symbiose doivent refléter, de loin, le salut d’un pays qui a du mal à imposer véritablement les règles de la République à l’ensemble de ses citoyen (ne)s en tout temps et en tout lieu. Que dire de plus ?
    Mais si je jette la pierre aux chefs traditionnels, c’est aussi et surtout à cause de l’incurie, de la paresse ou de l’irresponsabilité des gouvernants qui ont trouvé cette solution de facilité à solliciter le concours des chefs traditionnels qu’ils instrumentalisent moyennant quelques subsides et faveurs minables ou les chefs viennent picorer dans la boue, oubliant que le sujet a changé et a evolué dans sa mentalité (heureusement !).
    Le traitement humiliant administré au chef de Yako est tres edifiant, comme vous le montrez si bien. Au dela de ce « salaire » bien merité, la témérité de cette jeunesse devrait apprendre à ce chef que ses administrés le rappellent à son vrai role social et que loin de rejeter la chefferie traditionnelle, les burkinabe y restent attachés pour autant que eux ils restent attachés à leur vraie fonction.

    A ceux qui critiquaient le Naaba Saaga Modeste Yameogo quand il etait intervenu dans un interview je dirais qu’ il vient de leur administrer une belle lecon qu’effectivement la chefferie traditionnelle n’est pas synonyme d’arriération. Et au lieu de se pamer devant le statut du comte Paris, de la reine d’angleterre, du roi Michel de Roumanie, de l’empereur du Japon etc, etc. le burkinabé peut et doit aussi honorer ses chefs pour autant que ceux ci respectent leur role.
    « humilier un « Naba ». Voilà la triste et indigne rançon réservée aux chefs coutumiers arrimés à la politique. ». Le Naaba Saaga vient de sauver la chefferie traditonnelle en lavant son honneur perdu. MERCI
    SOME

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