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CRISE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Les véritables raisons d’une fracture sociale

Publié le jeudi 21 avril 2011 à 01h04min

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Depuis la mort suspecte (méningite pour les uns et sévices corporels pour les autres) de l’élève Justin Zongo le 20 février 2011 à Koudougou, le "Pays des Hommes intègres" se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins de son histoire politique. Les raisons : tous ces mouvements sociaux s’originent, nous semble-t-il, de la résultante d’un malaise généralisé. Des affaires de mœurs sont sous-tendues par l’impunité, la corruption, bref un véritable ras-le-bol. Blaise Compaoré, le président de tous les Burkinabè doit faire une introspection, un profil bas en ce moment et convoquer de vrais états généraux pour une réelle sortie de crise.

L’histoire se répète

Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, natif de Koudougou, mourait dans des conditions crapuleuses avec ses trois compagnons. Ce dossier demeure pendant de l’avis de certains juristes. Blaise Compaoré venait d’être élu avec une écrasante majorité. L’homme avait-il réellement besoin d’entacher son régime d’un tel crime de sang effroyable ? Mystère et boule de gomme. Bon nombre de Burkinabè continuent encore de s’interroger sur les mobiles de la disparition de cet émérite journaliste mort les armes à la main. Treize ans après, comme par ironie du sort, Justin, élève en classe de 3e, encore un autre Zongo, lui aussi natif des environs de Koudougou, mourut dans des conditions tristes et controversées. Blaise Compaoré vient d’être élu de nouveau avec un taux de plus de 82% des suffrages exprimés. Il a été pompeusement investi le 20 décembre 2010. Cette fois-ci encore, est-ce un rêve ou un monstrueux montage présenté à la face de l’opinion nationale et internationale pour décrier le régime du capitaine démocratiquement élu président ? Et pourtant, les faits se passent sous nos tropiques.

La colère populaire est montée d’un cran. La légitimité de l’homme est mise à rude épreuve. A la différence du premier cas, les enquêtes sur la disparition de Justin Zongo semblent aboutir à une affaire de mœurs à l’origine. Lesquelles affaires, comme par effet de contagion et de mode, sont devenues un tourbillon satanique dans tout le Burkina. Une émeute éclate partout. Les conséquences sont incalculables : destruction et pillage de biens privés et publics, morts d’hommes enregistrés dans quelques localités. Des populations sont terrorisées et traumatisées par l’escalade de la Grande muette. Malheureusement, tous ces fâcheux incidents ont été durement ressentis pour la plupart par des victimes innocentes : les pauvres, les élèves et les étudiants. Ces incidents ont engendré momentanément la fermeture des écoles primaires, secondaires, supérieures et son corollaire de fermeture des cités et œuvres universitaires. A la guerre comme à la guerre sommes-nous obligé de dire.

La faillite de l’Etat ou de ses institutions

Tout se passe aujourd’hui comme si l’Etat est par terre. Les uns et les autres s’accusent mutuellement et de façon pernicieuse. L’autorité de l’Etat est fortement atteinte. Nous assistons à un jeu de ping-pong. Personne n’est responsable de rien. Le Burkina d’aujourd’hui est-il véritablement le "Pays des Hommes intègres" ? Ceux qui ont fièrement baptisé ce pays de ce nom doivent être en train de se remuer dans leur tombe. La morale, comme dirait l’homme, agonise. A la vérité, l’affaire Justin Zongo a été un déclic, un signal fort d’un malaise profond. Les autorités administratives et politiques ont été mal informées, inspirées. Sans retenue et en absence d’éléments de preuves, elles ont réagi avec passion et dans la précipitation. La suite est connue. Le pays a failli basculer, sombrer. Fort heureusement, le pays est encore debout.

Toutefois, pour paraphraser le président Lamizana : « ce n’est pas parce qu’il neige sur le toit qu’il n’y a pas de feu dans la case ». Osons crever l’abcès. Blaise Compaoré souffre de son entourage et du gigantisme de son parti le CDP et de ses partis satellitaires (large rassemblement). A cela, s’ajoutent l’inexistence de ses propres services de renseignements généraux et l’action persistante des courtisans. Le langage est toujours le même : la situation est sous contrôle. A la vérité, ces genres d’individus constituent un danger pour la République. Si tous les Amis de Blaise et tous ceux qu’il alimente faisaient un minimum pour lui, honnêtement, nous n’en serions pas là.

C’est pourquoi, nous osons l’interpeller en ces quelques mots : le Burkina réel, contrairement aux allégations des institutions internationales, souffre douloureusement de la mal gouvernance. Notre pays vit à deux étages : une minorité qui s’amuse avec l’argent du peuple et une majorité dont des militaires qui vivent au jour le jour et qui essaient de se débrouiller. La plaie sociale est béante. Il faut faire très attention. Les derniers cités viennent de donner des signes forts. L’environnement international doit nous instruire. Certes, comparaison n’est pas raison. C’est ce ras-le-bol généralisé qui a fait dire au chef de file de l’opposition que vous devez démissionner. Quoi de plus normal et légitime dans un Etat de droit où la liberté d’expression est garantie par l’article n°8 de notre loi fondamentale ! Mais à la vérité et à l’analyse, que vaut cette opposition burkinabè qui peine à s’organiser et à s’entendre sur un minimum d’actions salvatrices ?

Le président Compaoré ne doit pas démissionner

Imaginons un seul instant, Blaise Compaoré se réveille de son profond sommeil et déclare sa démission. Les apprentis sorciers applaudiront à rompre. Mais nous, nous crierons au scandale ! Cela constituerait à notre sens une haute trahison. Quand on aime son pays et son peuple, on doit affronter vaille que vaille les difficultés en bon soldat. Malgré ses tares humaines, l’enfant de Gambastenga semble avoir compris la portée des derniers évènements. Il a un taux d’écoute assez élevé contrairement à une certaine opinion dominante. Son réacteur anticrise est aussi au-dessus de la norme. L’homme a entrepris des concertations tous azimuts avec les différentes composantes de la société. Les derniers actes forts sont : la dissolution du gouvernement, la nomination de nouveaux chefs militaires, la nomination d’un nouveau Premier ministre, etc. Mais, véritablement, est-ce que la basse-cour a été bien balayée ? Des zones d’ombre existent. Blaise Compaoré doit sortir de sa torpeur s’il aspire à demeurer un grand homme d’Etat. La misère du peuple est assez grande.

L’injustice est galopante. Pour une véritable sortie de crise, nous proposons au président Compaoré la composition d’un gouvernement d’ouverture, avec à la clé, un tableau de bord bien clair pour tous les secteurs ministériels. Il faudra, à cet effet, mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Blaise Compaoré doit préalablement avoir l’humilité de demander pardon au peuple pour tous les cas de décès consécutifs à la mort de Justin Zongo. Le peuple a soif de s’exprimer à travers la convocation de véritables assises. Ces assises devront être composées de gens mûrs, pas de répétiteurs, ni de vulgaires diplômés, mais des gens intelligents pour faire une rupture nette avec ce qu’on faisait jusqu’à présent. Au Burkina, nous manquons cruellement d’une synergie économique propre, d’une dynamique économique interne, d’un fil économique conducteur. Il est encore temps pour éviter une explosion au Burkina.

Salifou PARKOUDA ytoe74@yahoo.fr

+ 226 70 26 11 49 + 226 77 05 38 83

NB. Le titre et le chapeau sont de l’auteur

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 21 avril 2011 à 02:26, par sukoi su En réponse à : CRISE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Les véritables raisons d’une fracture sociale

    mr le journaliste je trouve votre ecrit un peu confus sans rencune bon courage

  • Le 21 avril 2011 à 06:49, par Fred, depuis Norfolk, USA En réponse à : CRISE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Les véritables raisons d’une fracture sociale

    Peux-tu, toi, me dire ou est-ce que cet article est confu ? Parce que moi,je vois une analyse bien faite sans prejuges et tenant compte de beaucoup de parametres souvent oublies. Quand vous vous permettez de critiquer les oeuvres des autres de cette facon, il faut apporter d’autres propositions meilleures a celles deja proposees. Dites- moi ce qui n’est pas vrai dans cet article. En tout cas, je lui tire mon chapeau pour cet ecrit et je lui en demande d’avantage pour eclairer les lanternes des gens. Merci et sans rancune !

  • Le 21 avril 2011 à 08:00, par TK En réponse à : CRISE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Les véritables raisons d’une fracture sociale

    Mr Parkouda Balise COMPAORE est depasse par les evenements. Il a atteint ses limites. Ce qui se passe au BF est la resultante du systeme qu’il a mis en place et saveament entretenu. Il ne peut pas dire qu’il ne pouvait pas prevoir ce qui est arrive ou alors il est vraiment stupide et dans tous les cas ne merite pas de dirriger le BF. Il est alle a l’ecole, il a lu des livres d’histoire de politique etc. Il est entoure de gens qui sont des specialiste en tout domaine, ils savent tous que plus ont dure au pouvoir, plus l’on s’use, plus l’on se compromet et moins l’on peut pratiquer la verite. S’il vous plait ne dites surtout pas que Blaise ne doit pas demisioner. Cette idee de dire que seul Blaise peut sauver le BF n’est pas vraie et est stupide a la limite. Quitter dans ca !!

  • Le 21 avril 2011 à 10:10 En réponse à : CRISE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Les véritables raisons d’une fracture sociale

    Mr Le journaliste,

    Vous avez rappelé le cas Norbert Zongo toujours en suspens. Qui est le premier magistrat de ce pays ? Qui a juré devant Dieu et devant le peuple et en présence de ses pairs de faire respecter la constitution de ce pays ? Ce n’est quand même pas "l’entourage". Ne vous demandez-vous pas que l’"entourage" souvent peut être amené à ne dire que ce que le "conseillé" avec e accent aigü voudrait entendre ? Vous parlez de Pardon. N’ y a-t-il pas eu déjà pardon dans le passé ? faut-il pour notre pays, vraiment qu’on continue à violenter le peuple et quand ça grogne demander pardon de façon sollennelle et que ça passe ? En faisant de tels conseils ne pensez-vous pas que vous tombez vous même dans la catégorie de ceux que vous dites donnant de mauvais conseils au Président ? Vous savez bien que le problème que vivent nos vaillantes populations, comme vous l’avez si bien brossé, nécessitent beaucoup plus que les solutions que vous suggérez. Soyons beaucoup plus ambitieux pour notre pays et de grâce évitons de lier tout lendemain meilleur de notre pays à la condition que ce pays reste dirigé par un seul homme dont 24 ans de gestion nous ont conduit dans l’impasse actuelle. Je respecte, cependant votre opinion, mais comme vous le voyez, je ne la partage pas.

  • Le 21 avril 2011 à 11:20 En réponse à : CRISE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Les véritables raisons d’une fracture sociale

    Mr le journaliste, votre analyse est nule. Pensez vous que Moubarak n’a pas proposé toutes ces reformes à son pays ? Bien sûr que si, mais seulement le peuple en avait mare de 23 années de pouvoir. Un président qui ne connait pas les réalités de son peuple n’a pas d’excuses. N’oubliez pas que c’est cet entêtement à demeurer au pouvoir qui a entrainé la côte d’ivoire dans ce cycle de violence et de guerre.

  • Le 21 avril 2011 à 12:51, par Lapaix En réponse à : CRISE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Les véritables raisons d’une fracture sociale

    Bonjour chers internautes. Toutes les analyses sont possibles sur la situation que nous vivons actuellement.
    A première vue, il s’agit d’un ras le bol exprimé par la population civile et la soldatesque pour les conditions de vie qui se détériorent de plus en plus. Si pour la frange civile, cela se comprend ; par contre pour la grande muette, nous avons des doutes. En effet, celle-ci a été toujours le rempart du régime actuel. Et dites-vous bien, qu’aucun militaire à quelque niveau qu’il soit, n’ose défier actuellement le locataire de Kossyam.
    Le Blaiso a jugé nécessaire de redorer son blason après s’être paré des draps de grand médiateur efficace (il faut le reconnaître). Il constate que la gangrène est en train de gagner son pays ; alors le bon Docteur décide de couper les parties nécrosées. Mais comment ? Il faut reformer ? En quoi faisant ?
    -  Revoir les textes de la république ;
    -  Se débarrasser de toute cette pourriture qui lui colle au pied ;
    -  Faire comprendre aux « révolutionnaires en herbes » que la paix est une immense richesse qu’il faut bien entretenir.
    Mais il faut un moule pour cela. Une étincelle suffira (marche de contestation) et la manipulation des masses par la dynamique de groupe fera le reste.
    Voici comment ce jeu d’échec a été élaboré et joué avec maestria.

    Lapaix

  • Le 21 avril 2011 à 15:29, par Paul ELCOIL En réponse à : RESSAISISSEZ-VOUS ! Peuples du Faso

    Peuples du Faso,
    Un seul conseil : Ne cherchez même pas à voir ou à savoir à quoi ressemble la guerre.

    Je suis Ivoirien et je réside à Abidjan. Quoique l’on dise de GBAGBO, de OUATTARA ou de BEDIE, je crois à mon sens que nous payons aujourd’hui pour toutes les fois où nous avons cautionné ou entretenue des rebellions çà et là (Angola, Sierra Leonne, Liberia, Biafra...)
    La Côte d’Ivoire a sur ses mains le sang de nombreux peuples. Et Dieu est juste. Il nous recompense aujourd’hui, pour l’oeuvre de nos mains d’hier.

    Je crois que vous gagneriez dès maintenant peuples du Faso, à chercher la face de Dieu et à vous repentir pour les fautes de vos dirigeants et autorités. Pour le chaos qu’elle ont semé dans certains pays (Guinée, Sierra Leonne, Côte d’Ivoire...)

    Une fois sortie du pistolet, la balle ne connaît ni partie au pouvoir, ni opposition.

    Je ne souhaite à aucun pays ce que nous vivons ici.
    Rien est tard avec Dieu. Cherchez dès maintenant à vous humilier et à vous rependre devant la face de Dieu. Il est certes juste, mais il est aussi Misericordieux.

    C’est comme ça que la crise socio-politique a commencé en CI (grèves à répétitions, corruption, injustices...). Le cas ADO n’est que la goutte qui a fait déborder le vase.

    RESSAISISSEZ-VOUS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • Le 21 avril 2011 à 18:59 En réponse à : CRISE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Les véritables raisons d’une fracture sociale

    Votre article est assez intéressant sur certains points. Mais, j’affirme que le 1er responsable de cette crise est le président lui-même. S’il n’avait pas laissé faire tout et n’importe quoi par son entourage, on n’en serait pas là aujourd’hui. Qui gagne les marchés dans ce pays ? combien de sociétés qui brillent en ville sont gérés par des prêtes noms car quand on se renseigne un peu, on voit vite que c’est untel du gouvernement ou untel(le) de l’entourage de Blaise.
    L’opposition a été laminée par le système Compaoré qui n’a jamais voulu d’une véritable démocratie dans ce pays. Regardez tout l’argent qu’il a investi en gadgets inutiles lors de la dernière élection : d’où vient tout cet argent pour payer des containeurs entiers de tee shirts, et autres pour battre la campagne. Il a instrumentalisé la chefferie traditionnelle qui lui est inféodé. Avec cette chefferie inféodée, il part déjà avec un avantage de 50% des voix avant même le début de l’élection. Le reste pour arriver à 80% sont tous les moyens de l’état qu’il utilise pour battre la campagne, intimider les paysans illettrés, etc.
    Enfin, les 80 % ne sont pas digne d’une véritable démocratie mais plus des régimes type soviétiques. Et, puis, 80% sur un peu plus d’un million de votants pour un potentiel de 8 millions de votants, on ne peut pas dire que ce soit un raz de marée mais bel et bien plutôt l’aveu d’un désamour profond du peuple en son endroit.
    En quoi, est-ce un déshonneur de démissionner quand on n’y arrive pas ou plus ? Et que faites vous de l’article 37 qui a déjà été tripatouillé 2 ou 3 fois pour ses beaux yeux et qui sont une des causes profondes de notre mal gouvernance car il ne peut y avoir alternance si le président au pouvoir utilise tous les moyens de l’état et le canal de la chefferie traditionnelle pour se faire réélire jusqu’à sa mort.

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