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FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

Publié le mardi 1er mars 2011 à 00h44min

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Le Burkina vit, depuis le 22 février dernier, une grave crise consécutive à la mort de l’élève Justin Zongo à Koudougou. S’il y a quelque chose qui fait l’unanimité aujourd’hui, c’est que la colère des populations a été exacerbée par le flou qui entoure les circonstances du décès de l’élève de l’établissement Guesta-Kaboré. Le bilan, à l’heure actuelle, est lourd de six morts. On aurait difficilement imaginé une telle comptabilité macabre pour une affaire au départ très singulière. Heureusement, le calme semble revenu dans la ville de Koudougou. Peut-être que les mesures prises par le gouvernement ont eu l’effet escompté.

En effet, il a décidé de faire toute la lumière sur cette affaire, de prendre en charge les victimes, de libérer les manifestants détenus par les forces de l’ordre et de mettre aux arrêts tous les policiers impliqués dans cette affaire. En outre, dans un souci d’apaisement, l’encasernement des forces de sécurité fait partie des mesures prises. Il faut saluer la prompte réaction des autorités qui, en quelques jours, ont fait d’importantes concessions, pour ramener le calme. Fait notable, des têtes sont tombées assez vite, et peut-être que d’autres fusibles suivront.

Les premières victimes collatérales sont le gouverneur de la région du Centre-Ouest et le directeur régional de la police. Ils se seraient tous illustrés par des écarts de comportements. Vraisemblablement, le gouvernement a pris la mesure du mécontentement des populations et a agi en conséquence pour désamorcer la crise. C’est un changement de cap dans la gestion des crises au Burkina. En la matière, la tradition était de bander d’abord les muscles et d’engager des négociations si le bras de fer se poursuivait. Serait-ce l’effet des révolutions qui traversent les pays arabes ?

Sans doute que, avec le FESPACO, le changement d’attitude des autorités tient au fait qu’elles veulent garder une bonne image de notre pays au plan international. Dans tous les cas, les Burkinabè souhaitent que ce soit désormais ainsi parce que de plus en plus, les populations ne seront plus prêtes à accepter de prendre des vessies pour des lanternes. Et si, à l’occasion de ces manifestations, le Burkina avait des forces de sécurité formées au maintien de l’ordre, aurait-on laissé sur le carreau autant de victimes (morts ou blessés) ? Assurément non.

Il semble que le grand défi qui s’impose aux forces de l’ordre, c’est d’amorcer un changement dans leur formation afin d’éviter le réflexe de la gâchette facile. On a bien l’impression qu’elles ont été formées pour réprimer les populations si bien qu’il leur est souvent difficile de savoir encadrer des manifestations. Les évènements de Koudougou ont aussi démontré que les forces de sécurité font souvent fi des libertés individuelles et collectives, notamment les franchises scolaires. Si ces droits avaient été respectés, on aurait évité l’arrestation de l’élève décédé, dans son établissement et certainement les conséquences qui s’en sont suivies.

Dans un cas comme dans l’autre, on arrive à la conclusion que les forces de sécurité doivent intégrer dans leur comportement, le caractère républicain de l’Etat et se rappeler que la force publique ne doit pas être utilisée pour régler des questions privées.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 1er mars 2011 à 03:41 En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

    Excellent article. Le medecin ayant declare les raisons de la mort de Justin Zongo doit aussi perdre sa place. elle est corrompue, bete, et denuee de toute deontololgie. Elle doit payer pour les 5 autres morts qu’une raison de la mort vraie aurait fait eviter.

  • Le 1er mars 2011 à 04:23, par Osky En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

    Pour une reponse assez prompte suite aux evenements, cela a ete fait et constitue un bon signe. Le regime commence a comprendre que si il existe c’est d’abord pour le peuple et par le peuple.
    Vivement que cette lancee continue afin que nous ayons toutes les reponses face a toutes ses personnes qui sont tombe. Car pour cette fois ci c’est bien parti mais nous n’oublions pas les precedents cas, pour ceux qui me lise ils savent de quoi je parle.

  • Le 1er mars 2011 à 08:51, par Le Doyen En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre : Sans foi, sans loi ???

    Je suis bien d’accord pour une nouvelle déontologie de ces gens ! C’est la question que je me suis posée essentiellement depuis ces événement que j’ai vécus directement :
    - même si on obéit à des ordres donnés (et par qui), faut-il pour autant pointer le canon d’un fusil vers un compatriote sous prétexte de vouloir protéger les bien publics et privé ?
    - J’ai été outré de voir ces gens sans foi gazer les gens jusqu’à l’intérieur de la cour de la Cathédrale où des lacrymogènes ont été lancés devant les prêtres où les jeunes élèves s’étaient réfugiés (selon un témoin, un de ces fous sans foi sans loi a dit à un élève qui s’est réfugié dans le bureau d’un prêtre : ’profite te confesser parce que aujourd’hui on va te tuer !). C’est une violation pour et simple des franchises sacrées qu’on reconnaît aux églises, aux mosquées et à certaines personnes comme intercesseur en temps d’ultime menace. La rumeur a circulé qu’ils sont allés jusqu’à gazer à l’intérieur de la principale mosquée de Koudougou pour déloger des élèves qui s’y étaient réfugiés au milieu de fidèles en prière. Même s’ils n’ont pas la foi ils ont quand même la loi non ?

  • Le 1er mars 2011 à 09:04 En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

    On est tenté de croire que la police a pour rôle la répression et non la sécurité de la population. Les évènements de Gaoua, les morts suspectes au commissariat de Wemtinga et bien d’autre. Qu’est ce qu’on apprend aux élèves policiers a l’école ? Je n’aimerai pas le savoir car ce n’est certainement pas comment protéger la population, la maîtrise de soi et est ce qu’il y a une déontologie ? Moins de zèle mes chers policiers, car se sont vont frères que vous tuez.

  • Le 1er mars 2011 à 11:21, par Laïla En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

    Aussi vrai que cela est, la formation reçu par les forces de l’ordre est bonne. C’est le contexte qui fait que l’usage de ces connaissances pèche. Aussi disons que les reformes faites sur la police fait de notre pays un Etat policier. La police a un statut particulier et je crois que c’est le lieu ici pour eux de faire valoir leur sens de republicain. “A qui profite l’arme et la tenue que je porte” : la réponse à cette question en déterminera.

  • Le 1er mars 2011 à 13:52 En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

    Bien dit Monsieur le journaliste. Il faut surtout que ces mesures aillent jusqu’au bout de la logique de punission des responsables. Autrement dit, il ne faut pas se limiter à des mesures d’apaisement sans retrouver les coupables et leur faire subir la rigueur de la loi !

  • Le 1er mars 2011 à 14:46, par Dessy En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

    C’est vrai qu’au burkina il faut réapprendre les forces de sécurité que la population qu’il maltraitre ont aussi leurs droits qu’il faut respecté , car dans ce pays il suffit de corronpre un policier avec quelques billets de banque pour qu’il commet irréparable, des morts partout dans ce pays si c’est pas la police de wentenga qui tue c’est la police de koudougou qui tue .

    c’est le gouvernement de prendre sa responsabilité

  • Le 1er mars 2011 à 19:19 En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

    Je pense qu’il faut également sanctionner le juge pourri ainsi que le medecin incompétant dans cette affaire

  • Le 6 mars 2011 à 23:06, par AF En réponse à : FORCES DE SECURITE : Réapprendre à maintenir l’ordre

    Sanctionnez aussi le procureur menteur et les médecins non assermentés qui passent le temps à mentir. Ceci pour ne pas donner l’impression qu’on est contre les forces de l’ordre uniquement

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