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SOS DES MALADES DANS LES MEDIAS : Casser le thermomètre n’est pas la solution

Publié le vendredi 4 février 2011 à 03h23min

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"C’est parce qu’un lièvre n’a pas de point d’eau devant son terrier qu’il court le risque de se faire dévorer en allant jusqu’à la rivière pour étancher sa soif". C’est également parce qu’un malade n’a pas d’alternative pour se faire soigner qu’il expose son mal sur la place publique, malgré le coup de canif que cela porte à sa dignité. Vous l’aurez compris. Je parle là des S.O.S qui sont lancés à la pelle dans les colonnes des journaux et sur les ondes des radios au Pays des Hommes intègres.

Le ministre de la Santé s’en est indigné un 24 janvier 2011 lors d’une conférence de presse. Je n’étais pas là-bas. Ce sont les hommes de plume et de micro qui m’ont relayé l’information. Le ministre disait, parlant de ces cris de détresse, que ce genre de comportement entache l’image du pays. "C’est vendre du misérabilisme à d’autres fins". Il avait aussi ajouté que cela ternit l’image du ministère de la Santé et même du pays, car ces SOS laissent croire qu’on ne s’occupe pas bien des Hommes intègres.

Là où je suis d’accord à 100%, c’est qu’effectivement, ce n’est pas très beau pour un pays qui veut émerger. Et c’est vrai aussi que parmi ces malades, il y en a de faux qui mangent leur gnamakou (1) dans la bouche des journalistes. Le Burkina pullule de ces faux types qui vendent leur "misérabilisme à d’autres fins". Ceux-là, on les appelle des escrocs. Mais ce qui me rebute c’est quand le ministre dit que c’est contre l’éthique et la déontologie et qu’il demandera au Conseil supérieur de la communication (CSC) et au ministère de la Communication d’interdire dorénavant ces S.O.S. Il ne faut pas perdre de vue que ces appels à l’aide ne sont pas tous lancés par des faux types ou escrocs.

Il y en a qui sont sincères, qui souffrent vraiment et qui n’ont plus que la magnanimité et la générosité de leurs compatriotes pour se sauver parfois de la mort. Je suis bien d’accord qu’il y a des mécanismes et des procédures pour prendre en charge ces cas sociaux. Mais encore faut-il qu’ils soient accessibles, suffisants et toujours capables de tirer ces malheureux d’affaire. Et puis, n’est-ce pas parce que ces mécanismes et procédures ne fonctionnent pas toujours ou ne sont pas efficaces que les gens cherchent ailleurs ? Pour un cas mortel, qui nécessite par exemple une prise en charge urgente, faut-il attendre que les procédures, généralement d’une longueur désespérante au Burkina, aboutissent ?

Au risque de voir le malade rejoindre ses ancêtres ? De plus, pourquoi vouloir fermer une fenêtre qui apporte de l’oxygène à un système sanitaire qui n’est pas au mieux de sa forme ? Très souvent, ces S.O.S dans les médias, se sont montrés efficaces. Il y a même, pour prendre un cas concret, un ministre, sous le couvert de l’anonymat, qui a payé "cash" le prix de la prise en charge d’un malade après un S.O.S. Je pense qu’il ne faut pas se mettre à dos les gens pour rien. Ce n’est pas certain que les malades qui ont été sauvés de la mort par cette nouvelle forme d’assistance sanitaire seront contents quand ils apprendront qu’il faut la supprimer ou l’interdire.

Un proverbe de chez nous dit que "qui vend son mal trouve son remède". Le CSC ou le ministère de la Communication voudraient-ils interdire à des malades de chercher un remède à leur maladie ? Dans ce cas, on arroserait d’engrais la petite idée qui germe dans ma tête et qui me crie qu’on veut que les gens souffrent et meurent en silence. C’est vrai que ces cris de détresse font désordre dans les slogans qui chantent "l’émergence". Mais ce n’est pas en cassant le thermomètre des S.O.S qu’on fera tomber la fièvre qui ronge notre système sanitaire. Qu’on offre directement à ces malades démunis ce qui leur manque pour recouvrer la santé.

Montrons clairement aux Burkinabè où, et à qui, ils doivent s’adresser quand ils auront une ordonnance qu’ils ne peuvent pas honorer. Si c’est efficace, on sera alors en droit de se tirer les cheveux d’indignation si jamais un S.O.S s’amusait à pointer encore son nez dans un organe de presse.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 4 février 2011 à 14:51 En réponse à : SOS DES MALADES DANS LES MEDIAS : Casser le thermomètre n’est pas la solution

    Ce que le Fou a dit est très vrai même. Nous, le bas peuple, on va lancer les S.O.S. Si on nous interdit les journaux, on va faire ça à la Place de la Nation (ou de la Révolution pour certains). C’est la misère qui amène ça. Mais regardez cette DG d’un Fonds de l’Etat qui s’est amusée à aller en pélérinage à Lourdes aux frais d’un entrepreneur prestataire de service de sa structure. Quand les grands s’amusent comme ça avec l’argent, nous on va demander à haute voix. Même pour prier Dieu, ils trichent. Est-ce que c’est bon ?

  • Le 4 février 2011 à 15:12, par mackiavel En réponse à : SOS DES MALADES DANS LES MEDIAS : Casser le thermomètre n’est pas la solution

    Le ministre devrait comprendre que son ministère fonctionne mal. Aucune prise en charge réel au pays des hommes intègres alors que les textes de la fonction publique sont très éloquents en la matière. Certains vont se faire opérer d’une cataracte en France et nous d’autres n’avons que les œuvres humanitaires dont nous n’avons aucune lecture des sources de financement. Je propose que pour ces SOS médiatiques, que la presse s’assure que le malade est suivi par un médecin qui donne son approbation pour montrer le cas comme l’avait fait mon petit dagara de cardiologue, le Dr Dabiré.
    Dieu assiste nous les pauvres au Faso.

  • Le 4 février 2011 à 19:49 En réponse à : SOS DES MALADES DANS LES MEDIAS : Casser le thermomètre n’est pas la solution

    la santé des habitants d’un pays est un bien précieux. Il ne faudrait pas oublier cela.

  • Le 5 février 2011 à 13:22, par tiingré En réponse à : SOS DES MALADES DANS LES MEDIAS : Casser le thermomètre n’est pas la solution

    Soyons sérieux, si le ministre s’offusque de la misère des bonnes gens, qu’il sache que ces gens sont les premiers à n’être pas fiers de se faire assister. C’est ce genre de suffisance qui engendrent les émeutes. Alors que les mécanismes de prise en charge des cas sociaux ne fonctionnent que lorsqu’il s’agit des parents des ministres et autres gros bonnets, Monsieur le Ministre n’a qu’à ouvrir un guichet spécial pour ces cas qui débouchent sur les fameux SOS et il verra que personne n’ira déranger nos pauvres journalistes et autres directeurs de journaux qui souvent relaient ces SOS que pour eux mêmes avoir la paix du coeur. Et après on s’indigne des révoltes et autres marches contre la vie chère. Dieu veille. Que gagnez-vous Monsieur le Ministre, à insulter la misère des gens. Votre suffisance vous perdra. Vous ne perdez rien à attendre.

  • Le 5 février 2011 à 23:44, par yadel En réponse à : SOS DES MALADES DANS LES MEDIAS : Casser le thermomètre n’est pas la solution

    Je pense que Monsieur le Ministre devrait demander d’abors pardon à Dieu, ensuite aux parents des malades,et enfin aux malades eux-mêmes pour avoir tenu ces propos ddéplacés. S’il était un pauvre paysan de Poa dans le oBoulkiemdé,il s’en prendrait à celui qui voudrait empêcher quelqu’un qui veux le tirer lui,d’une situation dont il n’est plus le maître. Il ya des milliers de malades qui meurent parce que le ministre(je ne dirait pas le ministère) est lent dans ses procédures. Ou bien c’est expressement fait pour ne pas dépenser. Il ya des gens qui ont l’argent et qui attendent des occasions pareilles pour faire de bonnes oeuvres. Et si on en parle pas comment vont-ils le savoir ? Ce qui est plutôt honteux c’est lorsque l’on va pleurer en Arabie Sahoudit,en Chine,en France,au FMI,à la banque mondiale et où sais-je encore pour prendre des miliards qui ne parviendront jamais aux destinataires. Que Dieu pardonne Monsieur le Minitre de la santé car il ne sait ce qu’il dit. Chers malades et/ou leurs parents,n’arrêtez pas de lancer vos cris de coeur car Dieu vous entendra un jour et vous envera quelqu’un. Que Dieu ramène la joie dans votre famille.

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