LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Soins de santé au Burkina : Les prix grimpent, mais rien n’augmente

Publié le lundi 31 janvier 2011 à 02h26min

PARTAGER :                          

Doubler, voire tripler, le coût des prestations dans les services de santé du public, réquisitionner des élèves d’écoles qui n’ont pas encore achevé leur formation pour pallier l’absence de professionnels pour faits de grève, permettre aux médecins spécialistes d’avoir deux jours avec eux dans ces enceintes pour recevoir des malades à titre privé et, si besoin était, de les hospitaliser céans, un ministre de la Santé et un directeur d’hôpital qui tentent avec véhémence de nier l’évidence alors que l’on n’a pas besoin d’avoir fait Hautes études commerciales (HEC).

Pour comprendre, voilà le cocktail détonnant que nous ont servis ces derniers temps ceux censés veiller à une grande partie de notre bien-être physique et mental.

Dites-nous, bonnes gens, dans quel pays sommes-nous ? La nette impression qui se dégage est que l’Etat veut si bien se désengager de tous les secteurs de base que ses premiers acteurs peuvent se permettre toutes les extravagances. Alors que, dans les nations aux démocraties et progrès éprouvés, l’heure est au retour des nationalisations et autres réformes des systèmes de santé, nous, nous ramons à contre-courant.

Aux Etats-Unis, pour ne citer que ce pays, le système médical est l’un des plus libéralisés au monde et les soins médicaux sont les plus coûteux. Et pourtant, bien avant la réforme Obama, les habitants du pays de l’Oncle Sam n’étaient pas pour autant des désincarnés. Ils sont sensibles à l’indigence de leurs compatriotes.

Certes, la plupart des Américains sont assurés médicalement via leur entreprise et 37 millions de personnes n’étaient couvertes par aucune assurance-maladie en 1998. Leur nombre a même augmenté sous l’administration George W. Bush (46,6 millions en 2005, soit 15,6 % de la population américaine).

Malgré tout, ceux qui n’ont pas d’assurance-maladie ont recours aux urgences, aux consultations des hôpitaux publics ou à but non lucratif, aux centres de santé communautaires, aux hôpitaux universitaires, qui offrent des soins gratuits (1). Oui, vous avez bien lu : des soins gratuits.

Alors pourquoi ceux qui nous gouvernent tiennent mordicus à réinventer la roue ? A notre sens, le développement, ce n’est pas investir seulement dans le béton en multipliant aux quatre points cardinaux échangeurs et cités futuristes.

Il commence avant tout par l’autosuffisance alimentaire, l’éducation et la santé. Et dans ces secteurs, il est évident qu’il y a bien à refaire. Mais revenons au sujet du jour. Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas totalement privatiser la santé au Burkina Faso ?

Chacun saurait alors à quoi s’en tenir. Ce pas, le gouvernement pourrait courageusement le franchir. En la matière, un grand pas a été déjà franchi avec la hausse du coût des soins médicaux. Et comme sous nos cieux certains ministères sont érigés à la tête du client et que les changements de dénomination ne sont pas passés de mode, le premier responsable de la Santé pourrait se muer en ministre des Cliniques privées.

Face à pareille situation, il faut avoir un peu le sens de la dérision pour se consoler. Mais, plus sérieusement, si c’est avec pareilles mesures que l’on espère atteindre l’émergence tant promise, il y a de fortes chances qu’elle ne soit pas au rendez-vous à l’orée de plusieurs quinquennats. Et ça pousse des cris d’orfraies lorsque le Burkina est 161e sur 169 au dernier classement du PNUD, pendant que Haïti est 145e.

Issa K. Barry

(1) Source : Wikipedia

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 31 janvier 2011 à 03:35, par merdicus En réponse à : Soins de santé au Burkina : Les prix grimpent, mais rien n’augmente

    Merci pour l’article. Suis de la santé et je trouve injuste l’augmentation des coûts sanitaires au bled pendant qu’on investit dans des domaines non prioritaires. Mais il y a une chose que la population doit savoir, les politiques ne sont pas là pour prendre soin de nous (ils devraient) mais ils ne le feront pas tant qu’on ne réclame pas. Alors si on continue de voter à 85% pour un gouvernement qui ne prend pas soin de soi, alors on est idiot et on ne mérite même pas qu’on nous aide. J’aime bien mon pays et je trouve dommage que les pauvres soient de jour en jour confronté à la misère, mais on n’a pas besoin d’aller à l’école ou de réfléchir pour savoir qu’on a faim. C’est un truc qui se sent, qui se vit et il faut militer pour sortir de cette misère. La démocratie et le développement ne viennent pas des politiques mais du peuple. Si le peuple ne proteste pas ou ne vote pas le changement, alors peut-on le plaindre ? Si nous restons là, les bras croisés, qui viendra nous faire sortir de la misère ? La politique ce sont les affaires, c’est un business et on se remplit la panse tant que le peuple laisse faire ! Alors chers compatriotes, vous avez faim ? Vous êtes malades ? Si vous restez là assis, vous mourez ! Et si vous ne prenez pas conscience de la nécessité du changement, que le pays vous appartient et que ceux qui dirigent ont le devoir de prendre soin de vous, alors vous ne méritez pas de vivre ! Si j’ai appris une chose dans cette vie, c’est qu’on ne gagne rien en restant la bras croisés ! Le monde c’est la jungle ! La vie est un combat !

  • Le 31 janvier 2011 à 11:16, par SAKO En réponse à : Soins de santé au Burkina : Les prix grimpent, mais rien n’augmente

    je rappelle à nos autorités que même s’ils sont herbivores, les moutons ont des dents. ATTENTION DONC AUX SYDROMES TUNISIENS ET EGYPTIENS.

  • Le 31 janvier 2011 à 12:01, par inadmissible En réponse à : Soins de santé au Burkina : Les prix grimpent, mais rien n’augmente

    Je me demande où vivent-ils ,les derigents politiques de notre chèr patrie.je suis persuadé qu’ils refusent de voir la derive de ce pays.Nous avons déja un present compromis, n’en parlons pas du futur.A quand le reveil de conscience collective.

  • Le 31 janvier 2011 à 16:56, par kondire En réponse à : Soins de santé au Burkina : Les prix grimpent, mais rien n’augmente

    yá en mare.que voullez vous ?Blaise president á vie.modifions la constitution pour lui.mourons et nous serons recus au paradis.bonne journee les amis

  • Le 31 janvier 2011 à 17:12, par YvesLeFou En réponse à : Soins de santé au Burkina : Les prix grimpent, mais rien n’augmente

    Eh oui ! Eh oui ! pourquoi êtes vous surpris ?
    plus de 80% de la population est analphabète (Le véritable bétail électoral quoi !).Beaucoup ne connaissent pas ce que ça veut dire DROIT A LA SANTE !
    Le ministre de la santé interdit les SOS par médias interposées pour les cas de malades indigents. Où voulez vous qu’ils aillent Monsieur le sinistre, euh... pardon, je voulais dire Monsieur le MINISTRE de la santé.
    Même si vous êtes insensibles aux cris de la population, à la misère des plus de 75% de la population, au moins n’ayez pas du mépris pour elle ! Un peu de reconnaissance à leur endroit.
    Je voulais tout simplement faire une proposition au gouvernement : Reduire de 50% son train de vie (ce n’est pas de l’utopie) pour permettre la prise en charge gratuite des urgences dans nos hôpitaux.
    Pourquoi pas également plafonner les salaires dans le secteur privé, ONG et autres. exemple de sorte qu’ils ne triplent ceux des mêmes agents dans le secteur public. cela engendrerai de la liquidité pour assurer la gratuité des soins d’urgences. De 1975 à 2011, le salaire du médecin a connu une chute d’au moins 53%, cela les empêche t - ils de vivre décemment ? je crois que non ! pourquoi ne pas en faire autant chez nos illustres ministres ?
    Le plus grand péché au monde, la mère de tous les péchés dans ce monde, c’est L’EGOÏSME DE L’HOMME qui conduit inexorablement à sa perte !

    A bon entendeur Salut !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?