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Autant le dire… : L’exemple venu de Tunisie ?

Publié le lundi 17 janvier 2011 à 01h13min

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En temps normal, tout cela se serait passé comme rien. Que ce soit dans un autre pays africain ou en Tunisie. L’immolation du jeune Bouazidi à elle seule, a suffi pour que Ben Ali, à la tête de la Tunisie depuis 23 ans quitte le pouvoir par la petite porte.

Lui qui, très longtemps était considéré comme le président élu, avec des scores de plus de 80 %. A comprendre le message du peuple tunisien, c’est comme si sa majorité s’était retournée contre lui. En effet, la fuite de Ben Ali sonne comme un avertissement pour tous les présidents qui, d’une manière ou d’une autre confisquent le pouvoir dans leur pays. On comprend pourquoi cela fait si peur et que jusqu’à présent, aucun de nos roitelets africains ne se soit publiquement prononcé sur la situation. Le peuple tunisien, comme bien d’autres peuples africains, en avait marre de son président de Ben Ali. Réélu plusieurs fois avec le score que lui-même voulait. En d’autres termes, on est aujourd’hui persuadé que le vote des Tunisiens avait été toujours volé. Par Ben Ali et ses alliés. On comprend donc pourquoi l’opposition en Tunisie hésite à rentrer dans un gouvernement, qui en réalité, va en fin de compte remettre le pouvoir là où le peuple l’a pris.

S’il y a un autre enseignement à tirer de ce qu’il est convenu d’appeler la « Révolution tunisienne », c’est que les réalités politiques et économiques qu’on nous brandit toujours sont très loin des réalités des peuples. Autrement, le fossé entre la jeunesse d’en haut et celle d’en bas était si profond qu’on ne pouvait pas imaginer que l’immolation d’un « pauvre chômeur » pouvait faire tomber tout l’édifice. Aussi, il est de plus en plus urgent que les premiers dirigeants de nos pays aient une réelle connaissance des difficultés et des conditions de vie des populations. Sinon, il n’est pas exclu que l’exemple tunisien inspire bien des peuples qui ont sans doute plus mal. Surtout à leur jeunesse qui attend qu’on lui passe la main, qu’on lui fasse confiance parce qu’elle a des compétences et des ambitions à réaliser.

Et c’est pour cela qu’il faut pousser davantage la réflexion. L’Afrique est un continent très jeune. La proportion de jeunes est si grande que le continent ne devrait pas en réalité souffrir de son sous-développement. Malheureusement, c’est dans cette jeunesse qu’on compte le plus de désoeuvrés, de clochards et de chômeurs. C’est malheureusement dans cette jeunesse qu’on compte le plus de délinquants, parce qu’elle semble un peu délaissée. Si bien que, oubliée et confinée, elle a fini, en Tunisie, par exprimer autrement son ras-le-bol, son mécontentement et finalement sa force de jeune.

En 2004, à la signature des accords pour la mise en place de l’autorité de la vallée de la Volta, le président français Jacques Chirac qui s’exprimait sur l’avenir de l’Afrique et sa jeunesse disait en substance que la jeunesse africaine est une bombe à retardement qu’il fait désamorcer actuellement. C’était après une visite historique qu’il a effectuée en Afrique de l’Ouest. Jacques Chirac fondait ses propos sur le fait que cette jeunesse est si enthousiaste, si engagée, si prête pour le développement, malheureusement elle se trouve confronté à beaucoup de difficultés qui empêchent son épanouissement. Aussi, conseillait-il que si « nous ne faisons rien, c’est cette jeunesse-là qui va nous envahir. Y compris nous de l’Occident ».

Quelques années après, c’est cette jeunesse africaine qui brave les eaux des mers et tous les autres risques pour aller à la recherche du bien-être en Occident. En Tunisie, c’est cette jeunesse qui vient d’avoir raison d’un pouvoir qui n’a que trop duré aux affaires et qui, finalement s’est sclérosé. Ne répondant plus à ses aspirations. Ben Ali l’a compris très vite. C’est pourquoi, il a préféré se retirer très vite. Son exemple pourra-t-il servir ? En tout cas, il y a la peur au ventre à quelque part.
Dabaoué Audianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 17 janvier 2011 à 17:09, par sri amos En réponse à : Autant le dire… : L’exemple venu de Tunisie ?

    merci pour ce bel article. je crois bien que la jeunesse de l’afrique sub saharienne apprendra beaucoup sur cette révolution du jasmin.Prions que le président blaise compaoré lise entre les lignes de ces évennements.

  • Le 17 janvier 2011 à 19:42 En réponse à : Autant le dire… : L’exemple venu de Tunisie ?

    Les methodes de contestations sont nombreuses et multiformes. Je pense que le Faso a initié celle du refus electoral et le resultat est l’election du president, apres 23 ans de pouvoir sans partage (tiens !!!!comme Ben Ali en Tunisie), à 80% mais avec seulement 1 400 000 voix sur une population de 14 millions dont 7 à 8 millions d’electeurs potentiels. Chaque peuple a son caractere et ses possibilités. Aux dirigeants de se montrer à la hauteur, eviter de rester trop longtemps confiner dans leur bulle de mensonges et trop comprimer le ressort. Sinon bonjour la fuite.

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