Présidentielle 2010 : Les opposants non boycotteurs peuvent être fiers
En démocratie, il n’y a pas de véritable légitimité sans une participation au jeu électoral qui permet, régulièrement, sinon à un moment donné, de jauger plus ou moins le poids réel de chaque acteur. Certes, tout comme en football ou dans toute autre discipline sportive, chaque joueur ou équipe, avant la compétition, se fait une idée de sa valeur, de ses capacités. C’est de bonne guerre. Mais, cela, logiquement, ne signifie pas que l’on doit forcément s’assurer que les organisateurs, les arbitres et les autres paramètres du jeu sont en sa faveur avant de compétir. Dans un jeu, qu’il soit électoral ou sportif, il existe souvent des facteurs aléatoires qui font que l’on peut gagner ou perdre.
C’est pourquoi, on ne le dira jamais assez, il y a toujours un mérite à participer à un scrutin, malgré les difficultés qui peuvent être relevées ça et là ; ne serait-ce que pour mesurer son poids électoral et savoir ce que l’on vaut. A l’issue des votes, les uns et les autres peuvent trouver à redire sur leurs scores. Mais, toujours est-il qu’ils disposent de référentiel en ce qui concerne leur poids électoral.
En cela, les opposants burkinabè qui ont opté de participer à la présidentielle du 21 novembre sont loin d’avoir fait fausse route.
Certes, les résultats et les conditions des votes (fichier électoral peu fiable et cartes d’électeur jugées illégales) n’ont pas été ce qu’ils auraient aimés qu’ils soient. Mais, leur participation n’est pas nulle sur toute la ligne.
D’abord, chacun des 6 présidentiables connaît désormais sa valeur, en termes de représentativité au niveau de l’électorat. Prenons le cas de Arba Diallo. Avant sa participation au scrutin présidentiel, le maire de Dori n’avait aucun élément sous la main pour dire qu’il valait au moins 8% du corps électoral actif du pays. Aujourd’hui, tout le monde le sait. Il en est de même pour Boukary Kaboré dit le Lion classé 4e avec 2, 30% des suffrages, ainsi que pour les autres candidats.
La fiabilité du système électoral testée
Ensuite, par leur participation au scrutin, les 6 présidentiables ont donné la preuve manifeste de leur volonté de changer, sinon d’influer sur le jeu politique national.
Enfin, en participant, ces opposants ont testé de l’intérieur la fiabilité du système électoral. Et quand ils parlent d’irrégularités, ils savent, pour avoir été sur le terrain électoral, de quoi il s’agit. Par leur participation au scrutin, Me Sankara, Arba Diallo, le Lion, et François Kaboré n’ont pas fait que prendre la mesure de la fiabilité du système électoral. Ils ont également réussi à tester jusqu’à un certain dégré le système judiciaire en attaquant la Commission électorale nationale indépendante (CENI) devant le Tribunal administratif de Ouagadougou (TAO) qui leur a donné raison.
Comme quoi, en démocratie, l’on doit souvent éviter les préjugés et savoir donner la preuve de sa bonne foi en allant aux faits, malgré tout ce qui peut exister comme entraves. Ce n’est pas parce qu’il y a des difficultés que l’on doit renoncer à son droit de participer aux élections dans son pays ou cesser de croire en ses chances. En tous les cas, ce n’est pas en boycottant que l’opposition burkinabè peut contribuer au renforcement de notre processus démocratique.
Pour toutes ces raisons, les opposants burkinabè qui ont pris part au scrutin du 21 novembre doivent être fiers de leurs actes.
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 29 novembre 2010 à 09:19 En réponse à : Présidentielle 2010 : Les opposants non boycotteurs peuvent être fiers
Quelle fierté a-t-on à prendre part à un examen scolaire quand l’échec est patent en raison du fait que l’on passé toute l’année scolaire sans prof de Maths, His-Géo et que la note < x/20 est éliminatoire.
Il n’y a pas de miracle en démocratie democratique.
2. Le 29 novembre 2010 à 11:30, par bernard En réponse à : Présidentielle 2010 : Les opposants non boycotteurs peuvent être fiers
moi à leur place, je ne serais pas fier ! ils ont accompagné blaise et l’ont légitimé en faisant un score minable compte tenu du fichier électoral inacceptable. Ils auraient dû demander le report ; C’est évident
3. Le 29 novembre 2010 à 16:07, par soulk En réponse à : Présidentielle 2010 : Les opposants non boycotteurs peuvent être fiers
booofff ! Si c’est uniquement pour ces raisons qu’ils participent à l’élection, je préfère ceux qui n’y vont pas de toute façon je pense que le journaliste en voulant trouver une excuse pour ces candidats accompagnateurs les enfonce plus !
4. Le 29 novembre 2010 à 17:41 En réponse à : Présidentielle 2010 : Les opposants non boycotteurs peuvent être fiers
Opposants ces gens là ? Mon oeil ! Ils y sont tous allés juste pour se faire des sous (28 millions par ces temps-ci, ça peut aider). Et ce sont de telles personnes qui font malheureusement croire à l’opinion publique nationale et internationale qu’il y a démocratie au Burkina. Ils ont plus énervé les burkinabè par leur piètre campagne et leurs résultats ridicules qu’autre chose. Avec ces soi-disants opposants on ne s’en sortira jamais
5. Le 29 novembre 2010 à 17:53 En réponse à : Présidentielle 2010 : Les opposants non boycotteurs peuvent être fiers
Très bel article. Je suis de votre point de vue. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. La démocratie ne se construit pas en un seul jour et ne se décrète. Si ceux qui boycottent pensent que le CDP fera de bons sentiments un jour pour leur donner un système et un processus électoral irréprochable pour qu’ils prennent part aux élections, ils peuvent d’une part en faire le deuil, d’autre part prendre leur retraite politique. Les plus courageux vont au combat malgré l’adversité, malgré l’inégalité des armes. Ils peuvent ainsi être fiers...!