LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

CONTRACEPTION EN AFRIQUE : Ces pesanteurs inhibitrices

Publié le lundi 27 septembre 2010 à 05h44min

PARTAGER :                          

Le monde entier a célébré, hier 26 septembre, la Journée mondiale de la contraception. Dans la plupart des pays africains, l’événement est passé pratiquement inaperçu. D’ailleurs, le mot contraception ne fait plus, contrairement à quelques années plus tôt, l’objet d’autant d’attention et de spéculations que le mot Sida ; bien que le second ne soit qu’une conséquence de la non-application de l’une des méthodes du premier, à savoir le port du préservatif au cours du rapport sexuel. On assiste ainsi, malgré les efforts de certaines ONG et associations, à une recrudescence du phénomène des grossesses non désirées qui conduisent bien souvent à l’avortement clandestin, à l’abandon des enfants et parfois au décès de la jeune fille. Mais alors, pourquoi une telle négligence alors que le problème est plus que jamais crucial ?

Puisque c’est l’autre moitié du ciel, la femme, qui en est la principale victime, le garçon, après sa forfaiture, se la coulant généralement douce, faut-il y voir une phallocratie manifeste ? Cette hypothèse n’est pas à exclure mais il y a aussi d’autres pesanteurs inhibitrices au nombre desquelles figurent en bonne place celles socioculturelles. Pour beaucoup de parents en Afrique, il est à la fois aberrant et abominable de parler de sexualité aux enfants. Ces conceptions culturelles qui font du sexe un sujet tabou empêchent les parents de comprendre qu’à d’autres temps, correspondent d’autres moeurs. Si fait qu’ils n’entendent tolérer pour rien au monde que leurs rejetons leur parlent de préservatifs, de pillules et d’autres méthodes de prévention des grossesses.

En outre, la position des religions sur la question de la contraception ne souffre pas d’ambiguïté : l’abstinence et la fidélité jusqu’au mariage ou rien. Or, ces différentes religions, tout en condamnant le port du préservatif au cours des rapports sexuels comme moyen de prévention des grossesses non désirées et du VIH/Sida, ne sont pas parvenues, jusque-là, à proposer une autre alternative adéquate qui puisse contrer le mal, l’abstinence tant préconisée ayant montré ses limites. L’absence de programmes scolaires sur la question est aussi une lacune grave. Il n’est point utile de démontrer que l’éducation sexuelle, pour avoir suffisamment son sens, devrait être donnée aux élèves.

Or, dans les programmes scolaires de la plupart des pays africains, il n’est très souvent pas fait cas de cette éducation sexuelle en général, de la pratique des méthodes contraceptives en particulier. Par ailleurs, certaines élites politiques ne donnent toujours pas le bon exemple. En effet, il est arrivé que des dirigeants africains fassent preuve de légèreté dans leur conduite, ainsi que l’a démontré l’affaire de moeurs concernant Jacob Zuma. Si celui-là même qui est censé servir de modèle à la jeunesse devient lui-même une personne à raisonner, il est très peu de dire qu’il y a péril en la demeure. Au total, la non-observation de la contraception en Afrique est un problème aux multiples facettes dont la résolution interpelle toutes les couches socioculturelles et confessionnelles, mais les dirigeants en premier chef.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 27 septembre 2010 à 12:05, par MCG En réponse à : CONTRACEPTION EN AFRIQUE : Ces pesanteurs inhibitrices

    Merci pour cet article qui touche un sujet délicat.Je tiens à apporter un rectificatif en ce qui concerne la position chrétienne sur le préservatif,il est au contraire conseillé quand on ne sait pas se maîtriser.
    Evidemment,pas d’acte sexuel avant le mariage c’est la règle que Dieu nous impose.
    Quant au fait d’utiliser le préservatif lors de l’acte sexuel,c’est un apprentissage ! Il y a aussi le fait que ce n’est pas du tout une sensation agréable,au contraire du contact et de la chaleur de la peau.
    Mais vu le risque....ceci n’est valable que pour les gens volages,tous confondus.
    Cependant,dans le couple marié,on peut l’utiliser quand on veut espacer les naissances,et quand la dame ne supporte pas la pilule(effets secondaires négatifs).
    C’est mon témoignage de femme.

    • Le 27 septembre 2010 à 22:31 En réponse à : CONTRACEPTION EN AFRIQUE : Ces pesanteurs inhibitrices

      Afrika7444 le préservatif estaussi valable pour se protéger des maladies sexuellement tranmissibles il ne faut pas oublier cela .Il faut enseigner cela dans les éoles, cela fait parti de l’éducation tout court.

  • Le 30 septembre 2010 à 09:17, par Krouma En réponse à : CONTRACEPTION EN AFRIQUE : Ces pesanteurs inhibitrices

    Bjr, cet article est vraiment d’actualité, j’aimerai vous donner quelques chiffres pour actualiser le contexte. Savez-vous que l’Afrique aura dedoublée sa population dans les 5 ans avenir, aussi 50% des nouvelles infections concernent des jeunes de moins de 24 ans dont les 3/4 sont des filles, savez-vous encore que 14% des 500 000 morts maternelles qui sont enrégistrées chaque année dans le monde sont suite d’avortement à risque dont 90% des cas se déroulent en Afrique. Et enfin savez-vous que parmi les six(6) phénomènes qui menacent l’humanité se trouve l’’’accroissement de la population’’. Face à une telle situation, qu’elle est la décision courageuse d’un ’’père’’ conscient et responsable doit faire, c’est bien sûr de faire la taille de sa famille en fonction de ses moyens. Nos gouvernants sont interpelés pour se comporter en ’’pères responsables et conscients’’ ; si le nombre des ’’jeunes désoeuvrés augmente’’, les dirigeants auront de l’insomnie.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?