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PRESIDENTIELLE DU 21 NOVEMBRE : "Bataille sur la paternité d’une victoire annoncée"

Publié le lundi 13 septembre 2010 à 02h41min

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La coalition de partis et d’associations soutenant Blaise Compaoré n’est pas viable. C’est du moins l’avis de Pascal Zaïda qui, dans l’écrit ci-dessous, appelle à une fusion en un seul parti des 4 différentes forces soutenant le président du Faso.

C’est en principe le 21 novembre prochain que les Burkinabé iront aux urnes pour élire leur président. Pour ce faire, tous les partis et formations politiques affûtent leurs armes. Dans cette cacophonie de candidature et des choix de candidats, des regroupements, des formations politiques et tendances/clans constitués par 4 gigas structures que sont, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’alliance de la majorité présidentielle (AMP), L’ADF/RDA et la FEDAP/BC ont procédé le 21 août dernier à l’investiture de leur candidat en la personne de Blaise Compaoré.

Jetons un regard critique de plus près sur cette investiture en grande pompe. Une rétrospective dans le passé nous témoigne que le CDP a vu son acte de naissance signé le 05/02/1996 avec le regroupement d’une dizaine de partis politiques. Quant à l’ADF (Hermann Yaméogo, et le RDA (Gérard Kaongo), ils ont vu leur fusion en 1997 pour donner naissance à ADF/RDA. Et que dire de la FEDAP/BC sinon qu’elle se présente comme une association ou mouvement de la société civile née en 2007 par une fusion d’associations et ne peut être qualifiée de parti ni de formation politique.

Pour revenir sur cette investiture, disons franchement qu’elle est une farce, une mise en scène, voir une démonstration de force pour ne pas dire une revue des troupes aux yeux du candidat par les 4 structures. Cette mise en scène cache les velléités de chacun de s’accaparer le contrôle ou de jouer les premiers rôles dans un système mis en place il y a plus de 20 ans et qui brille par son incapacité à sonner le rassemblement de tous les Burkinabé ou leur implication effective et totale dans la gestion de la cité. Pour peu clair que cela puisse paraître, chacun veut prétendre être la cheville ouvrière dans la reconquête du palais de Kossyam par l’enfant terrible de Ziniaré. Une chose qui augure de mauvaises perspectives pour un Burkina émergent. Au regard de cette investiture, pourquoi ne pas appeler tout le monde à l’union afin d’éviter des querelles intestines et des dissensions au sein des formations politiques à la base et d’éviter ainsi au peuple burkinabè l’irréparable.

Pourquoi dit-on cela ? Voyons, si au soir du 21 novembre l’homme venait à être élu, étant issu d’une coalition des 4 structures, comment se fera donc le partage ? D’aucuns diront que sur la base des consensus établis à la base de leur union certes, mais toujours est-il qu’il y aura des insatisfaits parce qu’ils auront bossé plus que d’autres pendant la campagne. Une union des 4 en 1 sera donc mieux pour l’intérêt supérieur de tous les Burkinabè sinon Blaise Compaoré aurait commencé quelque chose qu’il n’aurait pas terminé ; c’est une bombe à retardement en pleine préparation.

"Former un seul parti politique"

Pourtant la bonne marche d’une société suppose le consensus du plus grand nombre et dans l’ordre social, ce consensus est obtenu lorsque l’autorité s’appuie sur des valeurs implicites qui, sans être nécessairement des absolues, peuvent néanmoins être considérées comme telles. Ce sont ces valeurs qui coagulent le tissu social, qui lui donnent donc son caractère organique. Blaise Compaoré lui-même en tant que faiseur de paix, grand rassembleur, facilitateur, grand dirigeant… n’est pas censé ignorer cela. Il gagnerait donc à appeler ces 4 structures à l’ordre, les unir et à former un seul parti politique plutôt que des coalitions circonstancielles. Au cas contraire, il verra échoué son idéal et tous ces projets de sociétés qui tomberont à l’eau. En les unissant, cela lui profiterait pour effectuer son appel à de profondes réformes démocratiques et institutionnelles lancé le 31/12/09.

Qu’il use de l’avantage que ces structures sont acquises à sa cause pour les unifier. Ajoutons que de telles coalitions fragilisent de plus en plus son système de gouvernance et par ricochet le tissu social dans son entièreté. Voyez là où ont échoué les précédentes républiques et épargnez ainsi aux Burkinabé de vivre des crises politiques qui ne font que ramener le pays en arrière. Rassemblez ces anacondas politiques et vous aurez ainsi un système fort, sans failles pour le bien des hommes intégrés. Comprenez aussi que votre entourage ne vous donne pas la vraie couleur des choses. Averti et avec plus d’expérience de gouvernance, vous le savez très bien. D’ailleurs, ayons le courage de l’avouer : toutes ces structures ne sont que des filles du CDP.

Leur intégration au sein de la famille ne saurait être difficile ni fatale. Voyez vous- même que cela fait 4 capitaines dans un même bateau et, la grandeur d’une pirogue ne l’empêche pas de chavirer. Les précédentes républiques ont échoué par leur incapacité à unir toutes les tendances en leur sein. Chose qui crée la mauvaise marche d’un régime qui fragilise le tissu social, fait des mécontents et survient ensuite l’expression de la colère. C’est donc tout droit vers le chaos qu’on roule entraînant le pays dans le gouffre. Et la jeunesse dans tout ça ? Que devient-elle ? N’est-elle pas orpheline ?

On l’éduque à la mesquinerie, aux coups fourrés, au vagabondage politique, au manque de morale, etc. Une jeunesse, qui est le socle du développement du pays, mal éduquée, qui n’arrive pas à s’exprimer ni à prendre ses responsabilités devient frustrée et ensuite c’est le pire. C’est donc le germe de la révolte qu’on entretient ainsi et lorsque cette graine germera, c’est l’irréparable pour le pays qui se produira. De ce fait, il faut que les choses soient claires, et objectives pour la démarche vers un Burkina émergent. Le candidat Blaise Compaoré pourrait triompher au soir du 21 novembre mais beaucoup reste à faire.

Ouagadougou, le 1er Septembre 2010

Pascal ZAIDA Secrétaire exécutif national du Mouvement populaire des jeunes (MPJ)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 13 septembre 2010 à 09:47, par Georges En réponse à : PRESIDENTIELLE DU 21 NOVEMBRE : "Bataille sur la paternité d’une victoire annoncée"

    Il ne suffit pas d’organiser des élections. Aussi faut-il qu’elles soient transparentes. Mais le CDP acceptera-t-il que le scrutin présidentiel soit vraiment transparent ? Renoncera-t-il cette fois à utiliser les moyens de l’Etat pour battre campagne ? S’il est élu, Blaise Compaoré acceptera-t-il de rendre public la liste de ses biens au début et à la fin de son mandat afin que le Conseil constitutionnel puisse vérifier la conformité et donner suite aux présomptions de corruption et de détournements ? Rien n’est moins sûr ! Déjà, à son congrès extraordinaire, les 6 et 7 août,le parti au pouvoir a utilisé abusivement les biens de l’Etat. Je viens de lire deux articles intéressants sur www.reporterbf.net: UTILISATION ABUSIVE DES VEHICULES DE L’ETAT : Comment le CDP a triché ! Et DECLARATION DES BIENS DES PERSONNALITES : Accusés, levez-vous !

  • Le 13 septembre 2010 à 11:57, par Tapsoba En réponse à : PRESIDENTIELLE DU 21 NOVEMBRE : "Bataille sur la paternité d’une victoire annoncée"

    Je pense que Mr Zaida fait une confusion .En quoi des associations et groupements politiques qui s agglutinent autour d une personne comme des saprophytes mais refusent de fusionner est-il un danger pour la republique ?Tous les burkinabè se reconnaissent ils dans ces obédiences ou voudriez vous dire que Blaise n est président que pour les militants et sympathisants de ces formations ?Blaise sera élu sur une idéologie dans laquelle des hommes et des femmes regroupés dans des structures se “reconnaissent” et se battent chacun de son coôté pour son triomphe.Face à lui,d autres défendront,au nom de la meme republique leurs idéaux qu approuvent d autres citoyens(majoritaire d ailleurs) de la meme republique car ayant été decus par celui qui s accroche au pouvoir depuis 23 ans.Si le candiadt -president n a pas estimé nécessaire de prendre en compte les aspirations de cette majorité sans que cela ne mette en cause la republique(??),pourquoi le ferait-il pour des groupuscules qui ne défendent que leurs intérêts égoistes ?Et pourquoi penseriez-vous qu unir ces 4 groupes constituerait un boulet de sauvetage pour la cohésion sociale ?

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