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REBOISEMENTS AU BURKINA : Et si on plantait vraiment ?

Publié le mardi 20 juillet 2010 à 01h19min

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Après plus de 20 ans de reboisement, quel bilan le Burkina peut-il tirer ? Hélas, le désert avance et cela ne semble pas émouvoir beaucoup de gens. En fait, disons-le tout net : les reboisements ne pouvaient atteindre leurs objectifs parce que pendant longtemps c’était du folklore.

A la hâte, des milliers d’arbres étaient plantés sans que les organisateurs ne sachent ce qu’ils faisaient réellement. En réalité, bien de ces cérémonies servaient des intérêts personnels et obscurs de politiciens ou d’organisations de la société civile mal inspirées. Or, planter un arbre est un acte très important qui ne devrait pas être banalisé. Pourtant, c’est ce qui s’est passé. Résultat : le taux de survie des plants mis en terre et non protégés des animaux était pratiquement nul. En plus, les populations locales n’étaient associées à ces reboisements que pour la fête après les cérémonies. Ce n’est donc pas étonnant que la désertification ait pris de l’ampleur entre autres, à cause d’opérations de reboisement ratées.

Du reste, c’est ce qui a fait dire à un leader de la société civile que si on avait entretenu tous les arbres plantés pendant 20 ans, le Burkina serait vert aujourd’hui. Pendant la Révolution, on semblait y mettre plus de sérieux et chacun mettait un point d’honneur à entretenir l’arbre qu’il plantait. Mais, depuis, les choses ont changé négativement. Comme si l’on plantait simplement parce que c’est dans l’air du temps. Heureusement, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Certaines institutions et autres groupements ont en effet créé des bosquets et s’investissent chaque année à assurer la survie des arbres plantés. Ce genre d’initiatives est à saluer parce qu’elles montrent la voie en indiquant à quel point nous avons tous intérêt à choyer notre écosystème. Le ministère de l’Environnement et du Cadre de vie peut-il reprendre les choses en main pour mettre définitivement fin au cirque des reboisements actuels ?

En tous les cas, il y a urgence à conduire efficacement et dans une démarche participative les opérations sur le terrain pour éviter la mascarade et assurer le suivi des arbres mis en terre. Mais, au-delà, d’autres actions doivent être menées pour protéger l’environnement. En cela, les trois luttes initiées sous la Révolution semblent être toujours d’actualité, à savoir, la lutte contre les feux de brousse, la lutte contre la divagation des animaux et la lutte contre la coupe abusive du bois. Aujourd’hui, malgré les efforts du gouvernement, ils sont encore très nombreux, les ménages qui utilisent le bois de chauffe parce que le gaz reste toujours pour eux inaccessible. La forêt de Gonsé qui faisait la fierté de plus d’un écolo ressemble aujourd’hui à une clairière. Le chemin est encore long, mais pour peu que l’on se remette en cause et au travail, on pourrait obtenir des résultats tangibles.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2010 à 06:33, par Sidnooma En réponse à : REBOISEMENTS AU BURKINA : Et si on plantait vraiment ?

    TRES BONNE ANALYSE ! EN TOUT CAS JE ME DEMANDE COMMENT LE PAYSAGE BURKINABE SERAIT DANS 20 ANS A CETTE ALLURE DE DESERTIFICATION. BON DIEU LA SITUATION SERAIT VRAIMENT GRAVE POUR LES PLUS DÈMUNIS QUI DEJA S’ACCROCHE DIFFICILEMENT". TENEZ BIEN "LORSQUE L’ON FINIRA DE COUPER LES ARBRES, POLUE TOUTES NOS EAUX" CEUX QUI PENSENT QUE LE BURKINA A BLAISE COMPAORE COMME PETROLE SAURONT BIEN QUE L’ARGENT NE SE MANGE PAS. TOI TU EST DU POUVOIR PENSERAS QUE JE SUIS AIGRI ! NON SI TU VIS LONGTEMPS TU VERRAS.

  • Le 1er août 2010 à 09:26, par Jacques de Boissezon Agronome En réponse à : REBOISEMENTS AU BURKINA : Et si on plantait vraiment ?

    Sans être Burkinabe, mais pour avoir vécu longtemps dans ce pays très cher, je voudrais avancer quelques pistes de réflexion.

    Une des difficulté,si j’ai bien compris, que l’on rencontre d’abord est d’ordre juridique et traditionnel. Le terrain est concédé à chacun sous réserve d’usage et sans garantie de durée. Celui qui plante dans son terrain est réputé vouloir s’approprier ce terrain ce qui est interdit. Il craint aussi de ne pas pouvoir bénéficier de son investissement.

    C’est là la première et importante difficulté à résoudre pour que les plantations se multiplient spontanément et soient durables.

    Il faudrait une loi et un gros effort d’explication sur le terrain, pour que la plantation soit autorisée dans chaque concession agricole.

    Planter autour des parcelles des arbres à pousse rapide (Combretum, Caïlcedrat, etc.) que l’on pourrait émonder tous les ans, serait le plus facile à faire admettre. Les paysans pourraient émonder (couper les branches) les arbres tous les ans. Ce qui procurerait du bois de feu a tous les ménages, ainsi que pour diverses activités artisanales.

    Les paysans propriétaires des arbres sauraient bien entretenir et protéger ces arbres.

    Ces arbres et les clôtures, feraient haie et introduiraient une diversité biologique bénéfique dans les campagnes trop complètement cultivées.

    Il faudrait sans doute aider cet effort de plantation et d’entretien par une subvention et un effort de formation.

    Les incitations financières destinées aux paysans devraient être progressives :
    30 % à la plantation,
    30 % après entretien la première année,
    20 % après entretien la troisième année,
    20 % après le premier émondage.

    Le vagabondage du bétail n’est pas l’obstacle principal. Il faut que les parcelles soient protégés par des clôture (les haies citées ci dessus)

    Les feux de brousse étaient autrefois fréquents car ils étaient nécessaires pour apporter au sol, avec les cendres, la fertilité remontée des profondeurs par les racines des arbres. En effet on cultivait alors le brousse en longue rotation de 20 à 50 ans.
    A l’heure actuelle la règle générale est la culture continue et les feux de brousse ont partout diminué.

    La coupe abusive du bois serait singulièrement réduite si tout les parcelles étaient entourée de haies et d’arbres émondés.

    Il faut aussi penser que les paysans sont les seuls qui savent planter et entretenir les arbres. Les campagnes de sensibilisation des jeunes et des urbains sont difficiles et rarement couronnées de succès. Combien de fois a t’on vu,dans des inaugurations, des arbres plantés à sec dans la terre et arrosés ensuite ce qui est le meilleur moyen de bruler les racines fragiles.

    Faire confiance aux paysans est toujours le meilleur moyen.

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