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COOPERATION UE/AFRIQUE : Jouer la carte des peuples contre celle des dictateurs

Publié le vendredi 16 juillet 2010 à 00h12min

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Diplomatiquement parlant, entre l’Europe et le continent noir, il y a comme un nouveau vent qui souffle. Un vent de vérité qui ne se cache pas toujours sous la langue de bois des ambassadeurs qui ne veulent pas heurter l’ego de leurs hôtes. Une des salves de propos directs et sans fioritures est venue de Dakar. L’ambassadeur français en fin de mission a critiqué ouvertement la gestion de Abdoulaye Wade dans le sillage de la diplomate américaine qui a carrément parlé de corruption rampante. Wade a beau rougir les yeux et contre-attaquer les propos de ces deux ambassadeurs, il était lui-même conscient et de nombreux Sénégalais avec lui, que les diplomates n’étaient pas loin de la vérité.

Leur seul tort est de dire tout haut ce qui est, et que le système s’évertue à cacher. On pourra toujours épiloguer sur la clause de réserve qui lie les ambassadeurs, mais on oublie trop souvent qu’ils ne sont que la voix de leur pays et leurs pays ne sont rien d’autre que nos partenaires techniques et financiers, les fameux PTF ou encore les bailleurs de fonds à qui nous vendons notre misère pour un peu de développement. Et avec cette indispensable contribution des bailleurs, quelquefois généreuse, nos dirigeants veulent leur interdire un droit de regard sur ce qui est fait des milliards déversés chaque année sur le continent. C’est une ingérence obligatoire pour les bailleurs de fonds parce qu’ils ont un devoir de compte-rendu vis à vis de leurs contribuables.

Et en toute bonne logique, il serait irresponsable de leur part de donner de l’argent dans un but précis et de ne pas suivre l’usage qui en est fait. Etre généreux ne veut pas dire être bête. Et dans un monde qui se relève difficilement de la crise financière de 2008, les sources de financement ont tari et il serait judicieux que l’on reparle du bon usage de l’aide au développement, une aide qui, jadis et pas loin de nous, servait plutôt les intérêts des régimes dictatoriaux au détriment des populations, destinataires en dernier ressort. En cinquante années d’aides et de partenariat, l’Afrique n’a rien fait pour se passer de l’aide. Elle en a plus que jamais besoin, elle est plus que jamais dépendante.

C’est une mendiante internationale qui tend la sébile à tout va pour survivre. C’est par cette porte qu’est entrée "l’ingérence" du Blanc dans nos affaires politiques et économiques. Disons-le carrément, avec la gestion actuelle de nos pays, si ces fameux PTF se retiraient, ce serait le sauve-qui-peut. C’est en cela que le changement de ton, la fermeté affichée par les pays européens, emmenés par les pays nordiques en matière de gouvernance politique et économique devrait plutôt être une aubaine pour les Africains d’aller de l’avant et plus rapidement. Ne pas écouter ni s’aligner sur les préceptes de la bonne gouvernance démocratique et sur l’orthodoxie financière en matière de gestion de l’aide, ce serait compromettre l’avenir du continent.

En changeant de discours, les Européens ont d’une certaine façon tiré les leçons de leur approche précédente. Au lieu donc de faire feu de tout bois, de crier à l’ingérence à la moindre observation ou critique sur la qualité de nos démocraties ou de la gestion de l’Administration, ayons l’humilité de nous remettre en cause. Acceptons que même si nous avons fait quelques progrès, on avait le devoir d’en faire plus, vu les urgences. Il faut que les dirigeants arrêtent de penser à eux, à leur ventre et à leurs comptes en banque pour se mettre véritablement au service de ceux qui les ont mandatés, les populations. Et l’Europe semble avoir opté pour cette direction, en sollicitant de plus en plus les organisations de la société civile sur le terrain pour conduire certains projets de développement. C’est un signe qui ne trompe pas face à la faillite de certains Etats africains.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 16 juillet 2010 à 15:01, par Inoussa verite En réponse à : COOPERATION UE/AFRIQUE : Jouer la carte des peuples contre celle des dictateurs

    bel article, belle analyse.Nous aimons crier à l’ingerence des qu’on nous critique alors que l’Afrique a fait peu pour etre independante economiquement, politiquement....par contre elle est devenue une mendiante professionelle.

  • Le 18 juillet 2010 à 19:27 En réponse à : COOPERATION UE/AFRIQUE : Jouer la carte des peuples contre celle des dictateurs

    mon cher je te rejoint en disant en 50ans l’Afrique a reçu des centaines de million de dollars mais on nous en somme toujours derrière, toujours dans le sous développement, toujours dans la trappe à pauvreté.il est tant que nos dirigeants aient l’envie d’avancer aient l’envie du changement et du développement.alors l’heure du changement à sonner après 50ans il est tant de nous remettre en cause, de faire le bilan pour allé de l’avant et d’arrêter la politique du ventre, la politique des clan et penser a nos population penser a se développer et a sortir de cette misère qui dure et perdure dans le temps .

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