LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

Publié le lundi 21 juin 2010 à 23h26min

PARTAGER :                          

L’histoire commune des deux puissances européennes que sont la France et l’Allemagne a depuis longtemps été marquée par des antagonismes souvent si heurtés, qu’ils se sont maintes fois traduits par des conflits armés, dont le plus récent et le plus meurtrier fut celui de 1939-1945, mué en une guerre mondiale

du fait de l’implication de la plupart des autres nations existantes à l’époque. Mais à partir de là, elles ont réussi le tour de force de construire, sur le terreau de ces divergences, les fondements d’une entente bilatérale extraordinaire s’exprimant depuis lors par de multiples initiatives supranationales.

La création en 1950 d’une autorité supranationale du charbon et de l’acier ; la décision en
1969 de produire en commun l’avion Airbus ; la création, dans le domaine de l’éducation, de lycées et d’un bac franco-allemands ; la création de la chaîne de télévision Arte, etc., constituent autant de réalisations concrètes qui renforcent les liens entre les deux pays. Et le must pour ainsi dire, est que ces deux puissances œuvrent en ce moment à la création d’un ministère franco-allemand qui aurait pour objectif, au-delà de la forte symbolique qui s’en dégage, de donner une impulsion nouvelle à leur marche vers l’aboutissement du grand Projet européen. Jack Lang, ancien ministre français de l’Education et de la Culture, est pressenti pour ce poste.

Pour la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, deux pays eux aussi confrontés à la gestion de leur histoire commune et de leur proximité géographique, l’exemple franco-allemand pourrait servir de source d’inspiration. En pleine période de commémoration du cinquantenaire de nos indépendances, où il ne s’agit pas de s’arrêter à une contemplation stérile du passé mais de développer des réflexions prospectives qui s’inspirent de celui-ci, il paraît opportun de creuser la réflexion sur cette particularité de la relation du couple Côte d’Ivoire-Burkina Faso.

En Afrique de l’Ouest, il est difficile de trouver deux Etats aussi proches l’un de l’autre et dont les relations dégagent une complémentarité, sinon une interdépendance aussi forte. Les liens d’un point de vue historique, géographique, économique, culturel, sont tels qu’il n’est pas vain de poser l’hypothèse de leur renforcement par la définition d’un contexte supranational qui gèrerait des préoccupations et des projets bénéfiques aux deux nations.

Au début des années 60, les pères des indépendances des deux pays que furent Félix Houphouët-Boigny et Maurice Yaméogo, avec le flair politique qui les caractérisait, avaient à un certain moment réfléchi à la possibilité d’une double nationalité pour les Ivoiriens et les Voltaïques à l’époque. Mais le fort des visionnaires est d’être toujours en avance sur leur temps et d’être souvent incompris de leurs contemporains. C’est sans doute pourquoi ce projet fut par prudence écarté. Cependant, il n’en demeure pas moins que l’esprit qui avait présidé à cette éventualité ait demeuré et fasse plus que jamais ressentir sa pertinence.

Les deux pays, au-delà de leur appartenance commune à des structures sous régionales telles que l’UEMOA et la CEDEAO, doivent faire la preuve de leur intelligence à transformer toutes autres opportunités en facteurs de rapprochement au profit de leurs populations respectives. Il ne s’agira peut-être plus de la création d’une double nationalité ivoiro-burkinabè, mais on peut penser à la consécration d’un principe de gestion supranationale des préoccupations communes. Mais comment cela pourrait-il se traduire concrètement ?

Par exemple, le problème de l’immigration se posant aux deux pays, il serait pertinent que soit créé un ministère commun chargé de la gestion des flux migratoires. Il faut remonter à la période précoloniale pour trouver des traces de tentatives de gestion rationnelle de la migration des populations anciennement voltaïques vers la Côte d’Ivoire. Il existe donc dans ce domaine un besoin évident d’harmonisation des politiques des deux pays. Un ministère chargé de la question s’avère donc une nécessité.

Tout récemment, la question de la fourniture en énergie s’est posée concomitamment aux deux pays, révélant du même coup leur interdépendance en la matière. Mais l’énergie est une problématique globale qui ne se résume pas seulement à la question de l’électrification. Elle inclut d’autres domaines comme le pétrole, le gaz, mais aussi et surtout celui des énergies dites propres. C’est dire qu’à ce niveau, il doit se définir un vaste champ de réflexion et d’action qui serait profitable aux deux pays. Un ministère commun s’avère là également une nécessité.

On peut également proposer la constitution d’un parlement supranational qui aurait pour objectif la gestion des questions d’ordre légal touchant des domaines spécifiques aux deux Etats.

Ceci est à peine de la politique-fiction, tant sont nombreuses les possibilités d’édification de démarches supranationales entre les deux pays. A l’heure où la mondialisation contraint nos Etats à inventer d’eux-mêmes des solutions pour leur propre avenir, il est opportun que soit approfondie la réflexion dans ce sens.

La Rédaction

San Finna

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 22 juin 2010 à 04:03, par Traoré En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    En quoi le Burkina et la Côte d’ivoire sont-ils plus proches l’un de l’autre que la Côte d’Ivoire et le Ghana ou le Libéria et la Côte d’Ivoire ? Il faut cesser de chercher à tout prix à nous faire croire que l’unité avec la Côte d’ivoire est plus importante qu’avec le Ghana, le Mali, le Togo, le Benin, le Niger. Nous avons plus de ressemblances avec un pays comme le Mali ou même le Niger et le Ghana que la Côte d’Ivoire. Mais bien sûr ces pays étant moins nantis on les écarte du revers de la main. Les ivoiriens, les ivoiriens, les iv... Et puis quoi encore ? Pour votre gouverne, la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens ne voient en les Burkinabè que de la main d’oeuvre corvéable à volonté, reservée à leur service. Il est vrai que la guerre a atténué leur morgue, mais créez un parlement entre ces deux pays actuellement et vous verrez nos députés perçus juste comme porteurs de sacs des députés ivoiriens.

  • Le 22 juin 2010 à 04:21, par soulleoff@yahoo.fr En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    Belle pensée Monsieur le journaliste,mais comme vs l’avez si bien mentionné ce projet avait déjà été proposé par les pères fondateur des deux nations mais rejeté par la population...Je pense que tant qu’il aura un taux d’éducation très faible au niveau des deux pays il sera très dificil de faire passé se genre de message très important pour nos deux nations..si d’autre pense qu’ils sont tros riche pour partager pourtant classé parmis les plus pauvre au monde.Pas seulement la CI et le Burkina mais toute l’afriqu de l’ouest doit s’unir pour avancer.
    Le facteur majeur c’est l’éducation on doit voir plus loin que le bout de notre nez.L’éducation peut aider a cela. Encourager les parents à mettre les enfants à l’école ça passe par ça..Surment qu’une génération plus éduquer reussira le pari.

  • Le 22 juin 2010 à 05:12 En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    bonne reflexion !
    En réalité c’est de ses idées que peut naitre l’Union Africaine.

    Mais dire que cela pourrait débuter par le BURKINA FASO et la REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE est peu rèvé.
    En effet pour que cela arrive il faut se dépasser.Et c’est bien ce qu’aucun des deux peuples ne peut faire ;du président au citoyen lambda.

  • Le 22 juin 2010 à 06:07, par kade En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    hum !! comment pouvez-vous penser à une chose si utopique ?
    ouphouet disait que la cote d’ivoire ne sera pas la vache laitiere de l’afrique...la cote d’ivoire a tout le faso rien.

  • Le 22 juin 2010 à 08:10, par lavraité En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    ca merite detre debatu en tt cas. mais en tt cas ya du chemin. vrament du chemin

  • Le 22 juin 2010 à 09:14 En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    C’est cela qu’on appelle intégration. Mais les intérêts politiques sont fortement divergents actuellement pour penser à réaliser de telles initiatives. Le Conseil des ministres périodique pour les deux pays est déjà une bonne avancée.

    Abdoul Malick

  • Le 22 juin 2010 à 11:51 En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    Merci quand même d’oser ces propositions. Vous vous devoyez cependant, une fois encore, dans la transposition sans compréhension,du franco-allemand àl’ivoiro-burkinabé.

    Notamment votre proposition vient à un très mauvais moment, ce qui fait croire que vous nier la reflexion approfondie. La Côte d’Ivoire, maintenant, n’a même pas des ministres en tant que tels, mais des ministres de compromis. Son unité interne n’est même pas établie. Alors, c’est pas dans ces circonstances qu’il faut envisager s’ouvrir une coopération avec quelque voisin que ce soit.

    Vous pouvez croire ou dire que le problème est passager (depuis bientôt 10 ans). C’est ce qui n’est pas établi.

    Surtout, si vous voulez le développement de l’Afrique, ou simplement des pays africains, évitez, SVP, les raisonnements du genre "on fait ça en France, en Allemagne, ...", sans chercher à aller loin pour comprendre pourquoi on fait ça là-bas. Entre la France et l’Allemagne, c’est une relation de "frustrés-frustrants" (ne serait-ce que des "ex") qu’on veut améliorer.

  • Le 23 juin 2010 à 12:03, par L’Etudiant ! En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    Comme dit plus haut, Houphouet a dit que la C.I. ne sera pas la vache laitiere de l’Afrique. Comment voulez vous parler de collaboration alors qu’il y en a qui ne peuvent que recevoir ! La C.I. a connu une longue crise jusqu’à maintenant. N’empêche que le niveau de vie là bas et au Burkina est complètement différent. Pour parler d’échanges il faut que les protagonistes aient chacun quelque chose à donner. Il serait important que nous fassions de gros efforts chez nous surtout dans les domaines de l’éducation et de la santé puis dans les autres domaines afin que notre apport possible ne soit pas négligeable dans une entente bilatérale ou même multilatérale.

  • Le 28 juin 2010 à 15:54, par Salialegique.com En réponse à : COTE D’IVOIRE – BURKINA : POURQUOI PAS DES MINISTERES ET UN PARLEMENT COMMUNS ?

    L’union Ivoiro-burkinabé serait un vrai outil de decollage économique, culturel, social... Etant donné que la Côte d’Ivoire régorge de la potentialité énergétique et un sol très fertil par contre au Burkina on peut citer comme l’élevage et la potentialité humaine qui sont nos ressources préponderantes. Une réflexion très approfondu doit y être faite pour y arrivée, soyons optimiste le passé on doit le confier à l’histoire tout ce que nous souhaitons c’est le développement de l’Afrique car de plus l’Afrique se développe les Européens auront beaucoup de contraintes pour leur develoment je dit cela parce que c’est nous qui consommons leurs produits de cela j’en deduise que l’afrique est comme une poubelle de l’Europe et plus particulièrement l’Afrique de l’ouest.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique