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INCENDIE DES MARCHES AFRICAINS : La rançon de la pagaille et de la politisation

Publié le mardi 25 mai 2010 à 02h28min

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Désolation chez les commerçants de la ville de Gao au Mali. Leur marché vient d’être consumé par un incendie qui a tout emporté sur son passage. Pendant toute la nuit, le feu est resté maître des lieux devant l’impuissance des secours à le juguler. La ville de Gao vient de vivre en l’espace de deux ans deux incendies. Trop c’est trop, pourrait-on dire. Mais pour qui connaît les Africains, on ne peut jurer de rien.

Car si l’on tirait effectivement des leçons de ces drames humains et économiques, aucun marché sur le continent ne brûlerait. Mais voilà, la réalité du terrain rime avec laxisme des autorités dans la gestion des marchés et, pagaille des usagers des marchés qui ont du mal à prendre conscience par eux-mêmes que les mesures de sécurité sont prises pour préserver non seulement les infrastructures, leurs biens mais aussi leur propre vie. On est en face de drames dont la cause réside dans l’irresponsabilité partagée des autorités et des commerçants. Ces derniers surtout, ont une sainte horreur de la discipline et de l’ordre.

La carte d’Afrique des incendies de marchés s’agrandit chaque année du nom d’une nouvelle ville. Avant-hier, c’était le marché de Douala. Hier, c’était le marché de Katiola en Côte d’ivoire. Aujourd’hui, c’est le marché de Gao. A qui le tour demain ? Comme si tout le monde était gagné par la résignation, comme si tout le monde avait démissionné. Le Burkina a eu sa dose, si l’on peut s’exprimer ainsi, en mai 2003.

Il a fallu attendre cette catastrophe pour que les uns et les autres comprennent que le marché en Afrique, au- delà de son importance culturelle, reste le poumon économique des Etats et qu’il y a nécessité de lui accorder le statut de site stratégique sur lequel toutes les mesures de sécurité devraient être respectées à la lettre. Les dirigeants africains ont du mal à se faire entendre par les commerçants et à mettre en œuvre toutes leurs bonnes intentions. Ils sont comme pris à leur propre piège, celui du clientélisme politique. Le marché, il ne faut pas se le cacher, est un objet de convoitise à cause des puissantes associations et des syndicats créés ex nihilo pour contrôler ce réservoir d’électeurs.

Dans ces conditions, naissent le clientélisme politique et la corruption, et bonjour les installations anarchiques, rendant quasi impossible le respect des cahiers des charges par les commerçants. Le marché étant un vivier électoral, les gérants se retrouvent dans la plupart des cas, les mains liées, incapables de faire respecter leurs propres mesures préventives de sécurité. Et quand arrive le malheur, les pompiers, jamais préparés à affronter des feux d’une telle intensité, se trouvent tout de suite dépassés par les événements en l’absence de moyens de lutte adaptés. Quand ils arrivent, qu’ils soient bien équipés ou pas, le désordre et la pagaille au sein des marchés sont tels qu’ils y ont difficilement accès pour faire leur travail.

Les bouches d’incendie sont invisibles, les allées d’évacuations sont bouchées par des hangars et étalages improvisés. Comme si l’anarchie devait être le premier critère d’un marché en Afrique. Les choses doivent nécessairement changer. L’Etat ou les mairies ont fait la preuve de leur incurie, de leur incapacité à gérer les marchés sans heurts. Ils ont en face d’eux des électeurs difficiles à manoeuvrer. Pourquoi ne pas confier cette gestion à des opérateurs privés, qui, sans état d’âme, auraient les mains plus libres pour agir. Il faut désormais rompre avec cette mauvaise image et ces drames à répétition afin de redonner un nouveau dynamisme aux marchés africains, désormais abonnés à la sinistrose. Ces marchés africains, véritables sanctuaires de l’économie et de la culture, doivent quitter la rubrique des faits divers.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 25 mai 2010 à 16:08, par QUID En réponse à : INCENDIE DES MARCHES AFRICAINS : La rançon de la pagaille et de la politisation

    A qui le tour demain ? Comme si tout le monde était gagné par la résignation, comme si tout le monde avait démissionné. Le Burkina a eu sa dose, si l’on peut s’exprimer ainsi, en mai 2003....et ce n’est pas fini !
    Le grand marché de BOBO est sur la pente raide et risque de gacher les festivités du cinquantenaire !
    Faites y un tour et vous conviendrez avec moi : installations anarchiques obstruant les passages et les acces, branchements anarchiques, desordre indescriptible, ...merde !
    Je crains fort pour les Hauts Bassins et malgre tous les appels d’urgence, la structure de gestion des marchés,la mairie, le haut com’ et le gouvernorat restent sans reactions. ADMINISTRER, C’EST PREVOIR

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