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Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

Publié le lundi 24 mai 2010 à 02h03min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Récemment, le comité de contact des partis signataires du manifeste pour la refondation a interpellé le président du Conseil constitutionnel « pour assistance à démocratie en danger ».

Ce qui depuis un certain temps, est visé par la refondation, c’est la gouvernance de la IVe République. A en croire les refondateurs, la gouvernance sous la IVe République, est un échec ; il faut repartir à la base des choses.

Il eût été intéressant de voir de très près, comment, en Côte d’Ivoire, des refondateurs refondent en gouvernant, et, au Burkina Faso, comment on refonde avec des mots. On y verrait, peut-être, que la refondation, isolée des tempêtes de sable qui l’enveloppent, est une montagne qui peut accoucher d’une souris. Mais primus inter pares, reconnaissons-le, la IVe République doit d’abord une fière chandelle aux refondateurs.

D’autant plus qu’eux au moins, loin des jeux de poupées russes ou des bolchévismes d’une autre époque fort révolue, dont sont coutumiers certains de leurs camarades politiques (et même certains leaders insoupçonnables, mais souterrainement démasqués, de la Majorité), ont osé affirmer ce qu’ils pensent être de l’ordre du bien et du bon, dans la praxis de la politique nationale actuelle et à venir…

Ces refondateurs, loin des débats de salon, se sont exprimés, sur la place publique, sans cagoule ou pseudonyme peu responsable, sur des sujets sensibles… Nonobstant cette donne salutaire, leur manifeste, les démarches qu’ils entreprennent, leurs discours prononcés parfois avec force véhémence, la liberté d’expression dont ils jouissent, montrent que la démocratie au Burkina Faso n’est pas un vain mot. Personne, mais alors personne, ne peut nous donner l’assurance que si les rôles se renversaient, les refondateurs accorderaient à chacun de tous les Burkinabè, sans exception, un droit intégral à la jouissance de la liberté démocratique.

Certains hurleraient leur innocence hypothétique que leur histoire problématique les rattraperaient des deux mains. Selon les termes de la lettre ouverte au président du Conseil constitutionnel, des griefs sont portés contre la gouvernance au Burkina Faso. « Le pays reste en manque de reformes structurelles puisque connaissant toujours des effervescences multiples qui confirment des risques de rupture d’harmonie préjudiciables à la paix sociale ».

Autre chose est de réclamer des « reformes structurelles », une autre est de « refonder » ce besoin repose sur de la plus pure des démagogies. Quelle société n’a pas ses « effervescences multiples ? » Et depuis quand l’aspiration à la paix et à l’harmonie sociales n’est –elle pensable et passible que dans une communauté humaine sans de telles effervescences ? Ecrivons bien le mot et soulignons-le : démagogie.

« Aujourd’hui, sur le front politique, des mobilisations se dessinent par rapport à l’article 37, les unes voulant son déverrouillage, les autres son maintien en l’état, voire sa sanctuarisation ». Puisqu’il faut , selon les refondateurs eux-mêmes, donner de l’importance aux structures, aux institutions républicaines, pourquoi ne pas donner à qui de droit le droit de trancher en cas de débat sur l’article 37 ? En cas de besoin, c’est l’Assemblée nationale, l’organe de décision en la matière, qui donnera la réponse la plus démocratique.

Déverrouillage, maintien en l’état ou sanctuarisation, dépendent de la plus haute instance de représentation de notre volonté nationale et non de la volonté de quelques individus. « La question de la Taxe de développement communal (TDC) […] s’attaque à la nature d’une gouvernance qui ne fait pas de la redistribution sociale, sa priorité ».

Qu’est-ce que la TDC par rapport aux grandes réalisations de la IVe République ? Et comment peut-on se satisfaire des victoires aussi insignifiantes ? Dites à tout homme de conviction modeste : « tu vois, tu connais des difficultés parce que les dirigeants de ton pays redistribuent mal », et vous êtes sûrs d’être applaudi. Or, la question par excellence, n’est pas celle d’une technique de redistribution des biens, mais précisément celle de la stratégie de la production des richesses.

A lire les refondateurs devant cette question majeure, rien d’autre à offrir aux Burkinabè que des mots et des mots, et encore des mots. Les choses qui donnent aux mots leur sens peuvent attendre. Mais le péché mortel que la IVe République aurait commis, c’est la CENI, structure légalement chargée de l’organisation des scrutins, à laquelle les refondateurs font porter la responsabilité de la racine du mal.

Tout s’éclaire donc ! Tout ce flonflon fait pour le bonheur de la veuve et de l’orphelin signifie-t-il seulement ceci : « Donnez-nous une CENI à la mesure de notre impatience. Vous n’avez que trop tardé aux affaires ». Une anecdote. La reine Nitökris de Babylone avait fait placer au-dessus de son tombeau une inscription avertissant ses successeurs de ne l’ouvrir qu’en cas d’extrême nécessité, pour puiser dans le trésor qu’il contenait.

Le tombeau resta fermé jusqu’à Darius qui l’ouvrit et vit cette inscription : « Si tu n’étais pas un homme insatiable et cupide, tu n’ouvrirais pas la demeure des morts ». (Hérodote, L’Enquête, I). Parfois, nous avons envie de demander aux refondateurs de refonder leur discours et leurs exigences sur l’intérêt vraiment général de la Nation, et non sur de petits calculs dignes du roi Darius

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 mai 2010 à 07:35, par Koumbem Tipousga En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    Bonjour.

    Je voudrais juste savoir si Monsieur Sakandé est obligé d’écrire. Oubien c’est une autre forme de mendicité intellectuelle qui pousse à vouloir toujours ramer à contre-courant pour juste plaire et profiter des dividendes ? N’oublier pas que vous êtes Directeur d’un journal soi-disant de tous les Burkinabé. A ce titre, c’est nos IUTS qui vous paient et vous devez faire attention. Ceux que vous défendez bec et ongles comme votre prédesseur Edouard Ouédraogo peuvent d’une manière ou d’une autre quitter la barque et vous serez ridicule. Comportez vous en intellectuel et éviter la prostitution intellectuelle. Elle a ses limites. Je pense que vous connaissez mieux le Niger. Il y avait des gens comme vous que l’on entend plus.

    C’est juste un conseil. Vous pouvez dire que c’est un aigri qui parle. Soit, je crois avoir fait mon devoir.

    Bonne journée.

  • Le 24 mai 2010 à 10:13, par Paris Rawa En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    1- Je suis désolé de dire à Monsieur Sankandé que son style d’écriture pratique un peu trop l’art de l’énigme.

    - On sent bien qu’il attaque des personnes, mais tout en entretenant le flou sur ses propres positions ou appréciations de la situation, si bien qu’il donne l’impression d’entrer dans le débat politique tout en le fuyant.

    - Par exemple il écrit :« D’autant plus qu’eux au moins, loin des jeux de poupées russes ou des bolchévismes [de quoi veut-il parler ?] d’une autre époque fort révolue [quelle époque ?], dont sont coutumiers certains [de qui s’agit-il ?] de leurs camarades politiques (et même certains[qui ?] leaders insoupçonnables, mais souterrainement démasqués[qu’est-ce que signifie de démasquer souterrainement ?] , de la Majorité), ont osé affirmer ce qu’ils pensent être de l’ordre du bien et du bon[qu’ont-ils affirmé exactement ?], dans la praxis de la politique nationale actuelle et à venir… »

    2- Alors quand sur d’autres lignes du même article encore, Monsieur Sakandé s’en prend à ceux qui se cachent derrière un pseudonyme, je lui réponds que lui, par contre, n’ose pas dévoiler le fond de sa pensée. Pourquoi se cache-t-il ainsi ? Et j’en profite pour défendre la position des internautes qui "se cachent" derrière un pseudonyme sur les fora de discussion. J’ai déjà lu des attaques contre cette manière de faire, accusant les internautes (anonymes ou sous pseudonyme) de lâcheté. Mais ceux qui disent cela sont souvent doublement frustrés, d’une part par leur propre manque d’argument contre la position défendues par des internautes, et d’autres part parce que l’usage du pseudonyme ne leur donne aucun élément leur permettant de s’attaquer (comme ils aiment le faire) à la personne de leur interlocuteur anonyme. Ce qui les oblige à se contenter du débat d’idée qu’ils veulent souvent fuir en critiquant les origines ou la personnalité de leurs adversaires politiques. L’avantage de l’usage du pseudonyme ou de l’anonymat, c’est qu’il n’y a que les idées qui s’affrontent arguments contre arguments, indépendamment de l’identité (personnelle, politique, idéologique, religieuse, philosophique, intellectuelle, professionnelle, nationale, esthétique, culturelle...) de chacun. Alors, on comprend très bien que cela exaspèrent ceux qui ne se préoccupent que de savoir qui est "pour" qui et qui est "contre" qui, au lieu de défendre l’intérêt de tous.

    Qu’ils dénigrent les pseudonymes si ça leur chante !

  • Le 24 mai 2010 à 11:37, par Minnayi En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    Bonjour. A priori on pourrait effectivement partager le point de vue de l’auteur de cet article sur plusieurs points notamment la liberté d’expression dont moi je suis entrain d’user. Seulement lorsque M. le Directeur l’affirme il évite en même temps de dire et souligner comme il a du plaisir à le faire que cette liberté d’expression a été conquise à la suite de l’assassinat d’un de ses confrères (s’il est journaliste lui-même)et dont le crime est toujours impuni:voici aussi un autre visage très triste de notre démacratie. Bref, je ne voulais pas aller plus loin, sinon notre démocratie est vraiment pauvre et ne peut pour le moment justifier à ce qu’on puisse taper sa poitrine avec autant de force. Restons modestes même en défendant le diable. Merci

  • Le 24 mai 2010 à 12:34, par veritas En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    tout grand boss de sidwaya qu’il soit ibrahiman sakandé n’a pas du bien lire le manifeste des refondateurs. il n’a pas lu le rapport d’etape ni la lettre addressée au pf. s’il en avait pris connaissance il n’aurait pas produit un tel édito. d’un autre temps celui ou a sidwaya il fallait coute que coute casser de l’opposant pour gagner des galons.

  • Le 24 mai 2010 à 12:40, par david En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    quand c’est mahamat qui pompe des idées des refondateurs c’est bon. quand c’est blaise compaoré qui demande meme si tout baigne au faso de réfléchir a des réformes ok. quand ce sont des refondateurs sakandé trouve que ce sont des mots. normal vu qu’il est la voix de son maitre.

  • Le 24 mai 2010 à 12:43, par manou En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    si plus de 2 ans apres le lancement du mouvement la refondation mérite encore une telle une de sidwaya c’est qu’elle est vraiment a la une.

  • Le 24 mai 2010 à 12:46, par albertine En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    le seul debat global digne de ce nom qui marque notre vie politique depuis 2 ans c’est celui de la refondation alors sakandé causes toujours.

  • Le 24 mai 2010 à 12:50, par amy En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    la refondation on en parle en france aux usa au fmi a l’onu au cameroun on ne trouve pas a y redire . pourquoi pas au faso ?

  • Le 24 mai 2010 à 12:55, par mouni En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    il ne faut pas faire dire aux refondateurs ce qu’ils n’ont pas dit. ils n’ont jamais dit que tout etaient mauvais. ils ont meme affirmé qu’ils etaient contre la politique de la tabula rasa .

  • Le 24 mai 2010 à 13:00, par adrien En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    monsieur ibrahim sakandé vous cherchez la polémique pour autre chose. si non vous meme vous savez que les refondateurs cherchent seulement une grande concertation nationale pour voir ce qu’il faut faire ensemble pour plus consolider la gouvernance nationale.

  • Le 24 mai 2010 à 13:04, par louis En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    je souhaite au fond de moi que chaque groupe politique fasse comme les refondateurs. le pays gagnerait en debat sain.

  • Le 24 mai 2010 à 13:06, par salam En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    bon édito mais il n’est pas allé au fond des choses. pourquoi blaise compaoré lui meme parle de réformes ?

  • Le 24 mai 2010 à 13:10, par malo En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    non monsieur ibrahim sakandé vous voulez seulement provoquer les gens ou faire une sorte de sondage. si non vous savez bien que ça ne va pas au pays. d’autre disent meme que la refondation c’est trop tard car tout est gaté pourrie il faut la revolution.

  • Le 24 mai 2010 à 13:12, par solange En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    sauvons en premier lieu l’article 37 la refondation viendra apres.

  • Le 24 mai 2010 à 13:16, par gam En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    laissons les ivoiriens avec leur refondation. nous ça fait depuis 94 qu’on en parle. a chaque pays ses réalités.

  • Le 24 mai 2010 à 13:18, par abdou En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    sakandé la pétition mérite aussi un édito.

  • Le 24 mai 2010 à 13:28, par lamine En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    le grand calcul ici c’est d’assimiler la refondation a de petits calculs. des gens qui demandent au chef de l’etat d’organiser une concertation nationale avec tout le monde pour améliorer notre gouvernance. qui demande pour leur pays ce que bien de pays demandent ou sont les petits calculs ? monsieur sakandé faut avoir plus peur de ceux qui demandent de confier la refondation a la rue ou aux militaires de préférence au dialogue. ce calcul peut vous surprendre.

  • Le 24 mai 2010 à 14:06, par fatou En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    le conseil constitutionnel a répondu aux refondateurs le dg de sidwaya leur consacre un édito. le débat continu. c"est bon là !

  • Le 24 mai 2010 à 14:13 En réponse à : Editorial de Sidwaya : La refondation, le mot sans la chose

    Démagogie est... mais de quel coté ? Suivez mon regard

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