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Burkina Faso : Tout le monde ’’se cherche’’

Publié le mardi 18 mai 2010 à 02h24min

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Les civils ont démontré leur non intérêt pour la chose politique en refusant comme un seul homme d’aller s’inscrire sur les listes électorales. On a repoussé les délais pour avoir un nombre à peu près acceptable, car les premiers résultats faisaient la honte, surtout pour le parti au pouvoir qui se targue d’avoir la grande majorité des Burkinabè.

Mais voilà qu’après prolongation, le nombre des inscrits était toujours très infime, alors le président de la CENI qui a manqué une occasion de se taire, est sorti de son rôle pour dire que même avec 10 inscrits, on peut aller aux votes.

La leçon à tirer de cette situation de refus généralisé de participer à la chose politique, tout en sachant que si l’on ne fait pas la politique, la politique vous fait. Les Burkinabè devenus des " cabris morts " ne veulent plus rien savoir, ils n’attendent rien des gouvernants. En boudant de telle sorte, les populations lancent du même coup un message fort aux dirigeants, n’en déplaisent à ceux qui estiment qu’il faut déboucler l’article 37 pour permettre à Blaise Compaoré de rester advitam eternan au pouvoir ; il y a des signes qui ne trompent pas. Quand un homme refuse, il dit non, comme, le disait le capitaine Sankara, lui-même l’ayant empruntée à l’almamy Samori Touré. Dans ce message, des populations, il y a comme une envie de dire, faites ce que vous voulez, comme vous voulez, on vous regarde.

C’est de la résignation, mais une attitude qui indique de façon bruyante que les politiques ont totalement échoué, ils sont venus pour se servir, alors ils n’ont qu’à se servir, mais qu’ils ne nous mêlent pas à leurs affaires. Le Burkina à deux vitesses vient ainsi d’être bien défini, d’un côté, ceux qui mangent, et de l’autre ceux qui n’ont rien.

La différence est que contrairement à ce que l’on disait sous la Révolution du 4 Août 83, ici ceux qui ne mangent pas ne veulent point regarder ceux qui mangent. Et voilà que les repus se sentent mal à l’aise car, leur appétit vorace n’a de sens que par les regards gluants et envieux des pauvres hères. Au lieu de tirer les leçons de cette situation grave, on voit plutôt des hommes politiques cherchant à se chatouiller pour arriver à rire de l’aventurisme politique en préparation, c’est le cas de l’inénarrable député Mahama Sawadogo, le Maître Vergès du CDP, et de Simon Compaoré, qui vient de pousser le bouchon très loin.

Le Burkina à 2 vitesses ne se constate pas seulement chez les civils, du côté des forces de défense et de sécurité, il y a aussi " soweto " et " Johannesburg ". Lors du procès du coup d’Etat manqué du capitaine Ouali Diapagri, l’occasion avait été donnée de faire une sorte de diagnostic de l’armée burkinabè. On avait noté que la religion avait pris un grand poids chez les hommes de tenue, car c’était pour eux le seul refuge, face aux injustices dont ils sont victimes.

Tous ou presque de ceux qui étaient accusés, il y avait un lien religieux qui les tenait, d’ailleurs un pasteur était dans le box des accusés pour répondre des faits de manipulation et autres… Comme il n’y a rien à l’horizon, les hommes de tenues, officiers et subalternes se sont rués vers la religion, car Dieu reconnaît les siens.
Aujourd’hui, à côté du volet religieux, et comme dans l’armée il n’y a pas les mêmes libertés que dans la société civile, les militaires, gendarmes et policiers, ont trouvé un espoir, dans les missions de l’ONU. Au dernier test pour envoyer des éléments à Haïti et en RD-Congo, il y a eu environ 800 policiers candidats et environ 700 gendarmes, tout ce beau monde était composé de hauts cadres et de subalternes, des colonels, commissaires de police aux sous-officiers.

Et ce nombre aurait pu être encore plus élevé si on n’avait pas au préalable nettoyé la longue liste des candidats. En effet, il a fallu y soustraire ceux qui avaient déjà effectué des missions du genre. Voici là encore, un message fort à l’endroit des dirigeants, la ruée des forces de défense et de sécurité vers les missions onusiennes, n’est rien d’autre qu’un signe d’aller se chercher car ici au Faso, il n’y a plus d’espoir. Et là aussi, les autorités dirigeantes se refusent à déchiffrer le message, elles ferment les yeux pour ne rien voir, mais ce n’est qu’une attitude d’autruche.
Les civils boudent les listes électorales, les militaires se ruent vers l’extérieur et pourtant des gens chantent " Burkina Faso, nonma, nonma "

Par Kassim Kongo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 18 mai 2010 à 10:48, par Yoni. En réponse à : Burkina Faso : Tout le monde ’’se cherche’’ et chacun doit travailler à améliorer sa situation.

    Monsieur Kassim KONGO,
    Frère, votre article est un hymne à la dévotion et à la démission du peuple burkinabé, comme Me SANKARA l’a fait en démissionnant de façon incompréhensible. A-t-il consulté le peuple ou le système qui lui a permis d’accéder à l’Assemblée Nationale ? Je suis en colère, mais je retiens celle-ci.
    Au Burkina Faso, en dépit de votre sarcasme ironique il y a des gens qui se battent tous les jours pour faire avancer le pays (Président, Premier Ministre, Ministres, fonctionnaires, commerçants, cultivateurs et la liste n’est pas exhaustive...). Je refuse catégoriquement ce "fasoseptisme" et ce "fasopessimisme" pour les raisons suivantes : En France, quel est le pourcentage des électeurs qui ont exprimé leur suffrage, surtout aux dernières élections Régionales. Est-ce pour autant que les français sont malheureux ? Et qu’ils sont plus religieux, ou qu’ils cherchent à quitter la France pour aller aux Etats-Unis ou au Qatar ?
    Cerise sur le gâteau, vous prétendez que l’envie légitime d’aller partager une autre expérience à l’extérieur du pays dans les missions onusiennes de surcroît serait une façon de "bouder" notre cher pays. C’est une vision "nombriliste" et étriquée que je ne partage pas du tout.
    Enfin, bouquet final, vous pensez que l’engouement pour les militaires et/ou forces de sécurité pour la religion serait une forme de refuge.
    A la lecture de votre analyse, on ne peut que constater que vous n’aimez pas et ne connaissez pas la foi religieuse, qui demeure en toutes choses, un don gratuit de Dieu.
    Et pourquoi d’ailleurs envisager de ne parler que de la foi de cette catégorie de burkinabé ? Pour les inciter à faire autre chose que leur mission traditionnelle ? Et qu’est-ce que la tentative de coup d’Etat d’un capitaine vient faire dans votre article ? Contrairement aux allégations hasardeuses de notre ami Bado, un coup d’Etat n’a jamais réglé le problème d’aucun pays africain.
    Le Président Blaise COMPAORE est une chance extraordinaire pour notre chère patrie, le Burkina Faso et cette chance-là, cet héritage-là il faut travailler à la préserver même après le départ de ce digne fils du pays en dépit des malheureux événements ayant entraîné la mort du Président SANKARA et des autres victimes depuis 1966 qu’il ne faut pas non plus oublier. Cher frère, le journaliste doit être le guide éclairé et avant-gardiste positif de la société et non pas le gardien d’un conservatisme arriéré qui s’évertue à apeurer ou à attrister les paisibles populations burkinabé. Votre article m’a donné un coup de "bluz". Après ou avant les élections, qui désignent nos dirigeants, chacun, en ce qui le concerne doit travailler à faire avancer le Burkina au lieu de vouloir faire porter le chapeau aux seuls gouvernants. j’attends donc votre réaction puisque nous sommes en démocratie et chacun est libre de ses propos.

  • Le 18 mai 2010 à 11:19, par Sidnoma En réponse à : Burkina Faso : Tout le monde ’’se cherche’’

    Tres bel article, tres plausible analyse.Mais il ya espoir : Ceux qui baillonnenent le peuple s’en iront toujours mais le PEUPLE restera.

  • Le 18 mai 2010 à 12:54, par Patarbtaale widraogo En réponse à : Burkina Faso : Tout le monde ’’se cherche’’

    Tres tres tres bel article..bravo. Non seulement il est bien redige mais il est pertinent en plus. Grand frere ne perds pas espoir car tout a une fin. Meme babylone la grande n’est pas restee eternelle. Eyadema et Bongo ont fini par partir. Lissouba et Patasse ne sont plus que des souvenirs. Meme si ceux d’apres ne font pas mieux, ne perds pas espoir

  • Le 18 mai 2010 à 16:43, par rien ne m’etonne pas En réponse à : Burkina Faso : Tout le monde ’’se cherche’’

    tout le monde se cherche cest de la resignation,il nefaut jamais etre fatigués soyons des guerriers ;chaque chose a son temps. face à toutes les injustices,vols,pillages,le decoupage des zones minieres,pour reparer tout ca,la solution cest la revolution salutaire ;

  • Le 18 mai 2010 à 16:48, par Soumby En réponse à : Burkina Faso : Tout le monde ’’se cherche’’

    Chapeau à vous Mr Kassim, toutes mes félicitations, vous avez vu juste, quand je lui l’intervention de yoni je ne vois qu’un ennemi du peuple, vous parlez de l’abstention en France, vous devriez savoir que ce fait est dû à la perte de confiance dans le politique ce qu’évoque Mr Kassim, la religion pour être un refuge comme la boisson pour certain,yoni votre argumentation est plus poreuse dénoué d’aucun fondement, ce qui vous agace c’est que le journaliste a vu juste. si vous considérez Mr Blaise comme une chance extraordinaire, je pense que vous devriez subir le sort de St Étienne car vous ne pouvez qu’être un énnemi du peuple.

  • Le 18 mai 2010 à 20:31, par oumar En réponse à : Burkina Faso : Tout le monde ’’se cherche’’

    Merci mon frère pour cette brillante analyse. Nous avons encore de la chance d’avoir des jourrlistes courageux et patriotes comme toi. courage te bonne chance pour la suite des analyses. Ceux qui se complaisent dans les mensonges ne tarderont pas à comprendre que notre pays cout à sa perte.

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