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Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

Publié le lundi 10 mai 2010 à 02h02min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

La sagesse bambara enseigne : « L’Homme est un animal à deux têtes : l’une s’appelle grandeur ; l’autre, médiocrité ».
D’entrée de jeu, pourquoi ne pas parier que la médisance, d’où qu’elle vienne, est du côté de la médiocrité, tandis que la critique, quel que soit son producteur, est de l’ordre de la grandeur ?

Il arrive de plus en plus au Burkina Faso que des journalistes, artistes et Hommes politiques embouchent rien de plus que le clairon de la médisance. Dans cet environnement quasi surréaliste, il est des esprits qui en viennent à vouloir faire de l’ivraie, le vrai. Ainsi, sous une forme de dictature intellectuelle cagoulée, "on" veut nous faire accepter de gré ou de force, "on" veut faire croire à l’opinion publique que le bon journaliste serait celui qui passe par exemple le temps à diffamer ou à écrire des articles médiocres contre le Président du Faso ; le bon artiste, le bon intellectuel ou le bon leader politique, serait celui qui se complaît dans les sophismes...

Des esprits en quête (maladroite) de renommée, et qui s’inscrivent dans cette logique le jour, n’hésitent pourtant pas la nuit venue, comme des gens "nés après la honte", à aller quémander le soutien du pouvoir et de son système qu’ils vilipendent : pour avoir un poste au niveau international ou national, pour de l’argent, pour du matériel, pour du mobilier ou pour de l’immobilier… Et comme Gédéon faisant le tour des murs de Jéricho, ils font le tour du palais de Kosyam. Le texte biblique*(1) révèle que la trompette de Gédéon, parce qu’elle était remplie du souffle de Dieu, a fait crouler les murs de la ville. Les clairons de la médisance qui débordent souvent de rancœurs, en feront-ils autant au Burkina Faso ?

Refusant la réflexion et faisant corps avec les divers commentaires relatifs à quelques voyeurismes de la cité, à des volontés de critiquer pour critiquer, par exemple, un certain discours, celui de la vengeance et de la dérision, s’est construit pour détruire des ministres et se leurre même parfois à vouloir penser ainsi déstabiliser les sous-bassements des politiques du sommet de l’Etat burkinabè, du Président du Faso. Et pourtant… Le langage, sans détour, est celui des ordures. On se console en pensant que leurs auteurs ont encore le sens de la honte, sinon ils n’iraient pas cacher leur W.C derrière les rideaux du Web.

Parfois l’artiste ou l’écrivain rompu à l’art de rafistoler des commérages se fait applaudir toute une soirée pour le regretter toute une vie. Prenons l’exemple de celui-là qui chante : « le balayeur balayé… ». Le temps et les événements ont sans doute surpris l’artiste chanteur et voilà que « balayé » en est venu à signifier : balayé du pouvoir, mais aussi balayé de la vie. L’artiste n’a plus qu’à présenter ses excuses à ceux dont le sentiment se trouve légitimement blessé par ses métaphores.

Contre la médiocrité de la médisance et genres littéraires assimilés, il y a une saine et grande critique qui s’est pratiquée à travers les âges et les civilisations. Cheick Anta Diop, passant en revue l’égyptologie classique, et Joseph Ki- Zerbo démystifiant la vision exogène du développement constituent, très près de nous, des clairons d’une chaîne mondiale qui s’est formée en se critiquant jusqu’à nous, depuis des siècles, pour nous instruire. Les piles de livres que ces artistes et intellectuels de tout bord nous ont laissés, eurent été des livres de médisances qu’ils n’auraient rendu service à personne.

La critique authentique a affaire aux faits et non aux Hommes. Elle s’attache à l’examen, justement critique, de l’action et de la décision qui la porte au jour, et non à la vie privée des acteurs. Quand l’homme d’action est quitte devant la décision et l’action, il devrait aussi être quitte devant les ouvriers de la médisance et, plus largement, devant notre jugement ; parce que, bien souvent, nous voulons ce qu’il veut, mais nous ne pouvons pas ce qu’il peut.

« L’épopée de Napoléon, c’est combien de morts ? » Réponse de l’historien et romancier Max Gallo : « Entre 6 000.000 de victimes françaises et 1 000.000 ».*(2). Et si on y ajoute à celles-ci les victimes non françaises des guerres de Napoléon, il y a de quoi se boucher non pas seulement les narines, mais aussi tous les pores. Cependant, voici ce qu’on a encore le courage d’écrire de lui : « Napoléon, c’est la face cachée de Dieu dans les ténèbres. »*(3). Comme quoi, la critique est, certainement, une production assez délicate pour être abandonnée aux seuls pouvoirs du sentiment.

1*Juges, 7, 18-23.

2 et 3* cf. Le jour, l’Express 10/08/97, pp. 37 et 36

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 10 mai 2010 à 06:44 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Belle analyse du DG de Sidwaya. Reconnaissons effectivement qe la medisacne semble etre devenu le sport roi des Burkinabe. Cependant, je parie que la medisance est le resultat de la sourde oreille que nos autorites politiques ont faite depuis 1987. Le peuple a denonce la mal gouvernance, les detournements de fonds et les crimes de sang sans que pour autant les auteurs n aient ete punis conformement a la loi. Vu que la critique constructive n a pas donne de resultats pendant plus de 20 ans, la population n a plus aucun espoir que sa situation s ameliorera d ou l aigreur et la medisance qui en resulte. Apres 20 ans de pouvoir, certains construisent des villas a Ouaga 2000 avec tres peu de delestages. De l autre cote, la majorite de la population ne peut meme plus s offrir 3 repas quotidiens comme pendant la revolution, encore moi esperer avoir l eau courante et l electricite de maniere continue dans les quartiers populaires. L education est devenue a double vitesse avec les enfants des riches qui etudient aux USA et au Canada pendant que les autres souffrent a l UO ou a l UPB.
    La medisance est le resultat de la frustration nee de plus de 20 d immoblisme et de pauperisation continue pour la majorite du peuple.

  • Le 10 mai 2010 à 09:19 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Cher Monsieur Sakandé. A vous lire, on en apprend plus que par les écrits des détracteurs que vous dénoncez. Vous dites bien "quémander le soutien du pouvoir et de son système qu’ils vilipendent : pour avoir un poste au niveau international ou national, pour de l’argent, pour du matériel, pour du mobilier ou pour de l’immobilier…". Ainsi donc, l’attribution des postes obéit à des critères autres que la compétence. Et l’argent, le matériel et l’immobilier relèvent de critères tout aussi obscurs. Voilà donc le pouvoir disposant de moyens dont nul ne peut situer la provenance. Il n’est pas sûr que vous rendez réellement service au régime Compaoré. A moins que vous ne vouliez dénoncer ces choses en vous avançant masqué. Car enfin, vous décrivez parfaitement le fonctionnement d’un pouvoir prébendier. Sans peut-être vous douter que ce que vous décrivez est parfaitement illégal. Continuez ! Continuez !

  • Le 10 mai 2010 à 09:31, par Tapsoba En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Il y a quand même quelque chose d agacant dans les sorties intempestives de Mr Sakandé dont on se demande si son journal s est il mué en journal du régime ou bien un journal d Etat qui fonctionne grace à l argent du contribuable de tous les Burkinabè,y compris les "médiseurs".Aucun esprit critique,toujours laudatif même quand il faut des fois être objectif.JJ nous a dressé une analyse qui dépeint le virage ou du moins ce qu il conviendrait de voir des signes de sclérose du régime.Ce qui n augure rien de bon pour le futur si rien ne change et vous qui émargez dans le budget de l Etat en patirez.Prenez courage un jour et observez le comportement des journalistes travaillant dans les médias d Etats occidentaux s ils sont aussi poltrons puisque nous aimons toujours singer.Même si vous perdez votre strapontin de directeur général,vous restez au moins fonctionnaire de l Etat et ce, même après ce régime que vous aurez contribué à nous en débarrasser.Quand même ! Vous n êtes pas de l Opinion ou de l Hebdo qui debarrasseront le planché dès que le vent aura changé de direction.

  • Le 10 mai 2010 à 09:34, par lilboudo En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Décidemment ce éditorialiste met tout en oeuvre pour "clouer le bec" à tous ses contradictoires, pardon, les contradicteurs du régime compaoré ! Peine perdue...

  • Le 10 mai 2010 à 10:38, par lino En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    pardon change ta photo.ton visage commence a enerver tout le monde

  • Le 10 mai 2010 à 10:49, par Bangba En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    "Des esprits en quête (maladroite) de renommée, et qui s’inscrivent dans cette logique le jour, n’hésitent pourtant pas la nuit venue, comme des gens "nés après la honte", à aller quémander le soutien du pouvoir et de son système qu’ils vilipendent : pour avoir un poste au niveau international ou national, pour de l’argent, pour du matériel, pour du mobilier ou pour de l’immobilier… Et comme Gédéon faisant le tour des murs de Jéricho, ils font le tour du palais de Kosyam. Le texte biblique*(1) révèle que la trompette de Gédéon, parce qu’elle était remplie du souffle de Dieu, a fait crouler les murs de la ville."

    Ceci ne s’apparente pas à la médisance ? Sinon pourquoi ne pas dire qui de tes confrères va nuitamment à kossyam ?

    Refusant la réflexion et faisant corps avec les divers commentaires relatifs à quelques voyeurismes de la cité, à des volontés de critiquer pour critiquer, par exemple, un certain discours, celui de la vengeance et de la dérision, s’est construit pour détruire des ministres et se leurre même parfois à vouloir penser ainsi déstabiliser les sous-bassements des politiques du sommet de l’Etat burkinabè, du Président du Faso.

    Sakandé soit un peut serieux quelque puisse etre tes ambition du moment. Quel voyeurisme y’a t-il dans le fait de denoncer un ministre qui fornik en plein air ? quel voyeurisme y’a t il a denoncer une ministre qui enceinte une femme, donne son nom a l’enfant , alors que la femme est toujours sous les liens du mariage ?

    As tu connu la torture sous le Front populaire ? as tu perdu un membres de ta famille bousillé parce qu’il pensait juste autrement ? alors ne parle pas de vengeance ou de dérision. Apprend l’histoire de ton pays si tu veux bien et tu parleras au moins de ce que tu sais

  • Le 10 mai 2010 à 11:03, par sergio En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    N’y a-t-il pas d’autres thèmes plus intereesants pour vous à traiter que celui de la médisance ? Ceci démontre même déjà vos limites. Un intellectuel, c’est d’abord le choix de thèmes pertinents, judicieux, opportuns... Mais on comprend bien votre souci de prêcher pour votre chapelle, à savoir défendre ceux qui vous ont placé où vous êtes. Mais quand bien même les chose se font opar copinage, on peut faire l’effort d’être un journaliste objectif. Mais la force de l’analyse n’est vraissemblalement pas votre tasse de thé. Je vous lis parfois ou je tente de vous lire pour comprendre que votre plume est assez trop ordinaire...

  • Le 10 mai 2010 à 11:31, par tadamsaxel En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Bonjour !
    Je conviens avec vous qu’il faut distinguer la critique de la médisance. Cependant, il faut reconnaitre que c’est parce que certains ne font pas leur travail que certaines médisances paraissent. Du rédacteur en Chef au Directeur de publication, il devrait exister une censure. Au dessus de ces personnes, la censure devrait provenir de l’organe de régulation des communications.
    A termes, les sanctions pour diffamation et autres, devraient pousser les uns et les autres à mieux réfléchir avant de publier un écrit.

  • Le 10 mai 2010 à 12:32, par carquois En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Vous faîtes de la médisance, M. Sakandé ! Mais bon, on vous comprend !

  • Le 10 mai 2010 à 14:28, par Le professeur En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Ce fut avec un intérêt grandissant que j’ai pris connaissance de l’éditorial de Sidwaya. Cela est d’autant plus justifié quand on sait qu’il aborde un pan essentiel de la vie des hommes : notre inachèvement. Fort de cela, nous devons donc relativiser nos positions (souvent tranchées) vis-à-vis de nos semblables et penser toujours à une perfection certaine de ce que nous leur reprochons aujourd’hui.
    Pourquoi s’ingénier à croire qu’autrui doit forcément intégrer le schéma préconçu par notre volonté ?
    Le changement qualitatif doit s’intégrer dans une démarche positive.Nous devons beaucoup d’indulgence à nos gouvernants(qui sont des hommes)et l’aide précieuse que nous pouvons leur apporter est notre implication active et constructive à l’édification de la nation. Plusieurs cadres d’expression nous sont offerts pour cela. En lieu et place d’une mobilisation pacifique pour contester certaines décisions que nous n’approuvons pas, nous nous emmurons dans une attitude passive teintée de médisance et de critiques acerbes.Comme si ces imprécations pourraient avoir une incidence quelconque dans notre vision du développement. Elles ne pourront qu’exacerber la cohesion sociale et attiser les tensions diverses.
    Une fois encore, j’apprécie à sa juste valeur cette réflexion impartiale de l’éditorialiste qui nous donne à réfléchir sur nos limites d’êtres inachevés et devant de ce fait savoir pardonner et nous éloigner de toute certitude.

    Le professeur

  • Le 10 mai 2010 à 14:57, par boudwarba En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    "Quand l’homme d’action est quitte devant la décision et l’action, il devrait aussi être quitte devant les ouvriers de la médisance." C’est vous même qui le dite et c’est suffisant
    Tout le reste de votre article n’est même pas nécessaire. C’est du remplissage et vous mène droit à la médisance.

  • Le 10 mai 2010 à 15:42 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    maintenant que ki zerbo est mort, on chante ses louanges mais quand il était très critique contre le pouvoir, on y allait fort contre lui. Soyons sérieux !

  • Le 10 mai 2010 à 15:44, par robertguei En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    tout le monde ne peut qu’être contre la médisance mais ce qu’on réclame dans nos médias, c’est l’équilibre des opinions. Or, moi, par exemple, chaque fois que j’écris dans Sidwaya, que tous les burkinabé payent par l’impôt, mon message ne passe pas et pourtant, il n’est pas médisant. il faut vraiment revoir ça, monsieur le DG de Sid

  • Le 10 mai 2010 à 16:04, par Alex En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Blaise compaore a confisque les finances de l"etat.A-til la cle ? À vingt trois ans au pouvoir le peuple veut un changement ou soit un alternatif de cette equipe du pouvoir qui promu la corruption manipulatrice pour s"eterniser au pouvoir.Qui a creer cette medisance ?Le peuple ou le pouvoir en place ?

  • Le 10 mai 2010 à 16:38 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Il existe pourtant une solution toute simple et tout aussi efficace pour qu’on ne vous critique plus : démissionnez ! Pas un seul Burkinabè ne vous obligé à venir au pouvoir. Démissionnez et plus personne ne s’intéressera à votre sort. Essayez, c’est tout bête !

  • Le 10 mai 2010 à 17:42, par Yadega En réponse à : Editorial de Sidwaya : Entre critique et médisance…

    Il n’y a personne qui cautionne la médisance pas même ceux qui la pratique...par nécessité. Tout de même, M. Sakandé, avec votre position et votre intellect, pourquoi ne pas parler des « causes » plutôt que des « effets ».

    Si vous étiez un médecin vous vous investirez sûrement sur les effets secondaires des différents traitements médicamenteux plutôt que des traitements eux-mêmes. Je vous rappelle la douloureuse réalité du Burkina Faso : 176e sur 177 États dans le monde. Le dernier n’étant que le Liberia qui sort à peine de plusieurs années de guerre civile. Alors, en admettant que les journalistes et autres personnes du Burkina arrêtent de suite la médisance, pensez vous que notre classement va augmenter d’un point ?

    De grâce, utilisez votre intelligence pour contribuer efficacement à l’éveil des consciences des Burkinabè et épargnez nous de genre d’article complètement inutile pour le Burkina et les Burkinabé. Si vous tentez de prendre la défense du président de la république, voudriez-vous nous dire qu’il est si passif à un point qu’il ne serait même pas capable de se défendre tout seul ? Cela voudrait dire que l’article du JJ est coriace et véridique : le bateau serait-il vraiment en train de tanguer ? La preuve, il y a trop de défenseurs improvisés de gauche à droite. M. Sarkozy n’arrête pas de poursuivre des citoyens lambda en France pour des diffamations ou autre rumeurs. Que notre président fasse la même chose au Burkina s’il pense qu’il a suffisamment réglé les problèmes réels de son pays et de son peuple.

    Yadega (le vrai)

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