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Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

Publié le mercredi 14 avril 2010 à 11h50min

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Augustin Loada, l’un des initiateurs de la pétition

O. Minoungou, journaliste ; Siaka Coulibaly, juriste ; Augustin Loada, professeur de droit ; et Guy Hervé Kam ont initié le 12 avril 2010 une pétition visant à empêcher une éventuelle modification de l’article 37 de la Constitution, relatif au nombre de mandats présidentiels.

Au Burkina Faso, il existe 3 cheminements pour donner naissance à une loi :
- 1. Le projet de loi, qui émane du gouvernement. Par exemple, le budget est une loi, mais avant qu’il ne devienne tel, il est un projet gouvernemental chiffré qui est soumis aux fourches caudines des députés pour arbitrage avant son adoption en plénière.

- 2. La proposition de loi qui provient des députés eux-mêmes. Elle peut être l’œuvre d’un groupe parlementaire, d’un député ou de réseau parlementaire.

- 3. La pétition d’initiative législative, la voie du peuple. Il s’agit de recueillir un certain nombre de signatures, lesquelles seront acheminées vers le Parlement qui tranchera en dernier ressort. C’est le chemin permis par la loi du 24 mai 1994.

C’est ce dernier recours que les "4 mousquetaires" ci-dessus cités ont emprunté, résolus à protéger, contre vents et marées, l’article 37 de tout charcutage allant dans le sens d’une prolongation du bail de l’actuel locataire de Kosyam au-delà de 2015.

Pour eux, si toilettage il doit y avoir, ce doit être pour renforcer l’article en question dans sa mouture actuelle. A l’image des preux et intrépides gendarmes du roi de France qu’étaient d’Artagna, Portos, Athos et Aramis, qui déjouaient les pièges contre la royauté, en particulier les intrigues du cardinal de Richelieu, ces 4 Burkinabè veulent ériger un rempart pour nous prémunir contre toute abrogation de ce fameux article qui régit les mandats présidentiels.

Au-delà de ce côté chevaleresque, à quoi peut servir une telle pétition ? D’abord, ce n’est pas une première sous la IVe République, car, il y a quelques années de cela, une initiative semblable, du moins une pétition, avait également vu le jour, laquelle a fini en eau de boudin.

Pour cette pétition version 2010, chacun sait, à commencer par ses principaux initiateurs, qu’il ne suffit pas de réunir 30 000 signatures pour déployer derechef un parapluie sur l’article 37. Passe encore que ce ne soit pas la mer à boire pour récolter ces milliers de signatures.

Si dans les villages et recoins reculés du Faso, les populations étant légitimistes et pratiquement illettrées, l’exercice peut sembler difficile, même si, avec l’introduction des radios FM commentant les journaux, cet état de fait est en train de changer, dans les villes par contre, la probabilité que des signataires se bousculent au portillon est grande.

Partons donc du postulat que cette pétition est un acquis. Est-ce pour autant que l’article 37 est immunisé contre un replâtrage ? Faut pas rêver, comme dirait l’artiste !

En effet, si les velléités de se défaire de cette clause constitutionnelle dont on accable sans preuves tangibles le pouvoir ne sont qu’au stade de débats, il ne faut pas compter sur la galaxie Compaoré pour inhiber toute tentative de révision de l’article 37.

A vrai dire, les Paganinis du droit savent qu’ils n’ont pas à s’inquiéter pour cette pétition, car son sort semble scellé à l’avance : le passage d’une telle pétition devant la représentation nationale étant une obligation constitutionnelle, il ne faut pas compter, par exemple, sur notre "confrère" putatif Mahama Sawadogo, ou le philosophe Achille Tapsoba pour voter pour ladite pétition.

Un tel blanc-seing de l’hémicycle ne sera donc jamais estampillé sur ces 30 000 signatures, car la dictature du nombre, selon le mot de Jean-Jacques Rousseau, étant appliqué au Parlement, il est clair comme le nez sur un visage que la majorité écrasante des députés du CDP ne donnera par son imprimatur à ce document.

Destin connu donc pour cette pétition en gestation, car l’Assemblée demeure la seule à décider. Qu’à cela ne tienne, il faut louer cette action courageuse de nos 4 hérauts, qui font preuve d’acte de citoyenneté.

Ces derniers mois, les Burkinabè commençaient à se lasser des pavés dans les journaux à propos d’une éventuelle pantalonnade constitutionnelle. Le boutte-selle sonné ce 12 avril 2010 par ces Burkinabè, hommes de droit de surcroît, met en exergue le fait que, de plus en plus, cet alinéa de notre loi fondamentale sera au cœur des faits politiques les prochains mois, voire les prochaines années.

L’explication de cette effervescence est premièrement que des hommes du pouvoir font croire qu’au beau milieu d’un match, on peut changer les règles du jeu. Alors que l’hôte du palais de Kosyam, comme à son habitude, est peu disert sur un sujet qui le concerne au premier chef, certains de ses affidés évoquent ce qui pourrait devenir un problème, dans tous leurs discours.

Il y a enfin la croyance selon laquelle la présidentielle de 2010 est déjà pliée, "Blaise va encore prendre son penalty", entend-on certains lancer ex cathedra. Ce qui n’est pas faux, au regard des forces politiques en présence. Rideaux déjà sur le quinquennat 2010-2015. Place au mandat suivant, c’est-à-dire 2015-2020, cadenassé justement par le verrou de l’article 37.

En tout cas, c’est à une forme de conscientisation du peuple qu’ont procédé ces pétitionnaires. A présent, chacun jouera sa partition. Il y aura toujours ceux qui écrivent, ceux qui vont pétitionner, et peut-être ceux qui vont réviser la Constitution, nonobstant le ramdam que cela provoquera.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 avril 2010 à 11:11, par le riche En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    C’est là maintenant qu’ils vont connaitre le vrai visage des burkinabè car c’est un etre qui est plus préoccupé à contester dans les maquis qu’à poser des actes. En d’autres termes, les 30000 signatures courrent le risque de ne pas rentrer par contre les contestations devant la brakina et la beaufort continueront de plus belle.

    • Le 16 avril 2010 à 23:24, par Boudwarba2 En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner. Savez-vous ce que c’est que l’essentiel au Burkina Faso

      "L’essentiel est de pétitionner..." Monsieur Augustin LOADA, savez-vous ce que c’est que la définition de l’essentiel au Burkina Faso ?
      Franchement, je ne comprends pas la réaction des gens dits "intelligents" comme Monsieur Augustin LOADA du CG. Le Président COMPAORE n’a même pas encore commencé son second mandat que tout un brouhaha incompréhensible et inacceptable se met en place agité pas des gens dits intellectuels sous les applaudissements de pseudo diaspo.D’abord, QUI VOUS A DIT QUE L’ARTICLE 37 SERA MODIFIE ? Je vous demande simplement de concentrer vos énergies sur les problèmes beaucoup plus importants comme l’approvisionnement en eau potable, l’irrigation en demi-saison pour la culture maraîchère, la mise en place de micro-crédits dans les villages.
      Au lieu de ça, chacun s’excite et se focalise sur le pouvoir et le règne du Président COMPAORE comme si tous les maux de la société burkinabé étaient exclusivement liés à la gouvernance du Président Blaise COMPAORE. Chacun doit aussi chercher à s’assumer personnellement comme le font d’ailleurs de nombreux burkinabé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Et dire cela résulte d’un minimum de raison.

  • Le 14 avril 2010 à 11:21, par Masalaam En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Salut à tout le monde ! Je voudrais savoir, pour me faire enregistrer, où se trouve le QG de la pétition. Merci d’avance pour votre info.

  • Le 14 avril 2010 à 12:30, par woro En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Nous sommes tous prets a signer la petition. Seulement on a pas trop d’informations sur leur mode operatoir. ou allons nous partir pour donner notre signature, ou bien vont ils passer de porte en porte pour la reccueillir ?
    Ensuite il faut trouver un moyen pour les Burkinabe a l’etranger qui sont nombreux a vouloir donner aussi leur signature et a se faire entendre.
    Nous saluons tous leurs actions courageuses et les remercions pour la lutte qu’ils menent actuellement au profit du peuple. On a honte de nos classes politique dites de l’opposition qui devaient avoir de telles initiatives ou etre au devant de telles luttes. Bref on les en veut pas car on sait qu’ils ont d’autres chats a fouetter.

    • Le 16 avril 2010 à 23:26 En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

      Les burkinabé de l’étranger soutiennent majoritairement le Président Blaise COMPAORE contrairement à ce que tu crois.
      Ce sont les tonneaux vides qui font plus de bruit.

  • Le 14 avril 2010 à 13:04 En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Monsieur Zoungrana, c’est curieux ce que vous pouvez changer votre façon de voir les choses ! Vous , le même qui tirez sur Tandja, sur Wade et autres, on est surpris de vos complaisances à l’égard de BLAISE. Soit vous soutenez les dictateurs à vie, soit vous soutenez les démocraties qui garantissent l’alternance. Ben on vous comprend... Salut Dieudonné !!!

    • Le 16 avril 2010 à 23:29 En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

      Le Niger n’est pas le Burkina et le Président COMPAORE n’est pas buté comme TANDJA. Il faut comparer ce qui est comparable et ne pas mélanger les torchons et les serviettes.

  • Le 14 avril 2010 à 15:00, par DUCK En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    M Monsieur Zoungrana fait preuve de partialité. Dites au députés de "monarchiser le pays" et nous aurons tous la paix.

  • Le 14 avril 2010 à 15:16, par didilebassav En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Comment être signataire de la pétition ? On ne la trouve nulle part.

  • Le 14 avril 2010 à 15:37 En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Ce que vous dites de la validité ou de l’applicabilité de la pétition sur l’article 37 de la constitution est tout à fait juste. Car il y en eu des pétitions sans suite. Toutefois, cette dernière sera la bonne qu’elle soit appliquée ou pas car il ressemblera au cas Nigerien. Souvent, les élus du CDP se trompent en pensant qu’ils sont les représentants parfaits du peuple. Il y a des députés qui ne sont même pas connus dans leur région ou même ne sont pas aimés par leurs soit disant électeurs. On sait comment se passent les élections au Burkina, il faut qu’ils arrêtent de narguer les gens en nous faisant croire qu’ils sont nos représentants à l’assemblée. Si toutefois, la pétition requiert les 30 000 signatures et que malgré ceci, les élus du CDP font un oldopte en réfusant de l’adopter, ils seront aussi responsables des conséquences qui en découleront du telle attitudes irresponsables de leur part.

  • Le 14 avril 2010 à 15:42, par homme intègre En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Quelle anlyse stupide. Donc pour ce journaliste, il ne faut plus se battre et il ne faut pas rêver. Quel fataliste ! Mon cher, si Martin Luther King ou Nelson Mandela reflechissaient comme toi, on serait encore traité comme des animaux.

    "I have a dream", ça ne te dis rien ? Cette phrase ne concerne pas seulement les AfroAmericains, mais aussi leur origine, c’est à dire l’Afrique. Si toi tu as décidé de te laisser faire, ça te regarde mais ne dérange pas les autres stp.

    Je félicite ces 4 jeunes hommes de bonne volonté. Il faut trouver un moyen de faire signer aussi les burkinabé à l’étranger svp. ça pourra aider. Parce qu’on ne peut pas confier le pouvoir à un seul homme pendant plus 35 ans. Oui j’ai bien dis 35 ans. Si cet article est modifié, Blaise est là encore au moins jusqu’en 2025. À moins que Dieu l’appelle avant cette date, et dans ce cas on est tous dans la merde pour la succession non planifiée...donc remplaçons le maintenant pour construire un système solide où on n’a pas de chef mais plutôt un employé du peuple.

  • Le 14 avril 2010 à 16:41, par wend waoga En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Seulement,voilà ! Comme d’ailleurs votre article le dit en son titre,l’essentiel,c’est de pétitioner.Une fois que le nombre de signatures atteint les 30000 et que malgré tout,l’article 37 est négativement révisé,c’est là où on saura la considération réelle que nos dirigeants ont pour le peuple ! À ce moment,les populations peuvent aussi dire "MERDE" à toute loi qui interdit les protestations sans préavis, et advienne que pourra.C’est aussi simple que ca ! Mais d’abord,la signature des pétitions !

  • Le 14 avril 2010 à 20:30, par BURKINABE En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Avant tout il faut dire comment pétitionner ?

    Vous aviez lancé le 12 avril 2010, alors dite nous comment on petitionne et c’est tout.

    Merci

  • Le 14 avril 2010 à 21:47 En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Je demande au journaliste d’indiquer où et quand peut-on signer cette pétition.
    Merci

  • Le 14 avril 2010 à 22:54 En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    C’st ca on applle intellectuels. Courage. On vous soutient.

  • Le 15 avril 2010 à 11:57 En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Voila qui est bien dit....
    Il est toujours bien d’essayer de faire avancer les choses. Le mérite de cette pétition ne se trouverait pas dans son adoption à l’assemblée nationale, mais plutot parce qu’elle aura eu lieu. Qu’on dise un jours que le peuple burkinabe( pas ces "representants") a refusé d’etre complice pour un acte qui pourait compromettre la vie de nos arrieres petits enfants.
    Une messe mediatique pour cette pétition ne sera pas de trop...

  • Le 18 avril 2010 à 14:13, par Samory En réponse à : Article 37 : L’essentiel est de pétitionner

    Messieurs, sachez que vous avez totalement notre soutien, et notre soutien, ca veux dire:logistique, financier , moraletc... et tout ce dont vous avez besoin.
    entrez en contact avec l un d entre nous.

    Les Burkinabes de l Allemagne qui disent non a l article 37 de la constitution.

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