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COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

Publié le jeudi 25 février 2010 à 01h30min

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Depuis Libreville où il exerce ses talents d’entraîneur, Malo Idrissa Traoré dit Saboteur, reste un observateur attentif de la scène politique africaine. C’est en effet sous sa casquette d’expert en gestion des conflits qu’il s’exprime ici, sur le coup d’Etat survenu au Niger.

Le président controversé du Niger a été déposé jeudi par un Conseil militaire, qui a décidé de mettre un terme à l’arrogance d’un homme que le pouvoir avait complètement aveuglé, au point de s’attirer les foudres d’une opposition interne et même de la communauté internationale.

A l’instar du Guinéen Moussa Dadis Camara, qui médite actuellement sur son sort à Ouagadougou, où il poursuit sa " convalescence", Mamadou Tandja va désormais devoir apprendre, hélas avec beaucoup de retard, que le pouvoir est un couteau à double tranchant. Quand on l’exerce dans la transparence, dans le respect des règles constitutionnelles et démocratiques, il procure du bien et de l’aisance à celui qui l’ incarne, et le peuple qui en est le véritable dépositaire, y trouve son compte. Mais quand on en abuse, que l’on s’érige en un dictateur ou que l’on se montre aussi sourd qu’un varan de la forêt équatoriale aux critiques de ceux-là mêmes grâce à qui, l’on se trouve propulsé au sommet de l’Etat, le pouvoir produit souvent l’effet boomerang, et le retour de la manivelle est tel un rideau de fer qui descend avec fracas.

A la tête du Niger depuis 1999, Mamadou Tandja avait cristallisé de nouveaux espoirs dans le cadre de la restauration du dialogue et de la démocratie dans un pays habitué aux coups d’ Etat, et dont celui de jeudi dernier a constitué le cinquième du genre depuis l’indépendance en 1960 de cette ex-colonie française et troisième producteur mondial d’uranium.

Ces espoirs retrouvés au sein de la population nigérienne ont été, hélas, brisés l’an dernier lorsque, à l’issue de son second mandat, M. Tandja a décidé de s’ accrocher coûte que coûte au fautueil présidentiel, malgré des promesses faites par ce dernier, plusieurs mois avant, de ne pas faire de la Constitution de son pays son marchepied. En effet, contre toute attente et malgré l’opposition de la communauté nationale et internationale, du reste unanime sur le respect des institutions mises démocratiquement en place à Niamey, le président a opéré un passage en force après avoir dissous le Parlement et la Cour constitutionnelle, et obtenu une prolongation de son mandat à vie, à l’issue d’un référendum boudé et boycotté par l’opposition sur une nouvelle Constitution. Même les sanctions infligées au Niger par l’Union européenne (UE), caractérisées par la suspension de son aide au dévéloppement et la mise en quarantaine de Niamey par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), n’ont pas réussi à persuader le terrible Tandja de revenir sur ses méthodes anticonstitutionnelles.

De fait, Mamadou Tandja se comportait désormais comme un Dieu à qui le confort de la fonction présidentielle et la perspective d’une embellie économique, caractérisée notamment par la récente découverte d’un gisement d’uranium au nord du pays, ont vite fait oublier que la tradition des coups d’Etat au Niger avait la vie dure. En effet, l’ancien militaire qu’il est se sentait si sûr de lui qu’il semblait avoir minimisé même les tracts exprimant un malaise qui avaient circulé ces derniers temps au Niger. L’on se souvient cependant que le général Moumouni, un proche du président Tandja, avait mis en garde les soldats contre toute tentative de remise en cause des institutions de la République.

Mais c’était visiblement mal connaître les intentions de ces derniers dont certains, au-delà de l’arrogance reprochée de manière quasi générale au chef de l’ Etat, auraient fait, selon certaines sources, le jeu des puissances étrangères pour protéger les intérêts de ces dernières. Dans tous les cas, l’éviction de Mamadou Tandja est vécue depuis jeudi dernier comme un véritable soulagement au Niger, où le calme est revenu après quelques heures d’incertitude quant au sort du président déchu. Et malgré le concert de condamnations qui ne cessent de tomber pour dénoncer le coup de force des militaires, parfois en guise de simple formalité, et réclamer le retour à l’ordre constitutionnel, une chose est sûre : le président Tandja était un géant aux pieds d’argile qui vient d’être broyé par un pouvoir kaki qu’il pensait contrôler. Cette situation, pleine d’enseignements, devrait pouvoir interpeller tous les chefs d’ Etat qui ont décidé de charcuter les Constitutions de leur pays pour se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir contre la volonté populaire.

Il serait en effet illusoire de vouloir régler définitivement la question des coups d’Etat en Afrique aussi longtemps que ceux qui sont aux affaires n’auront pas compris la nécessité d’un renouvellement des intelligences par les voies démocratiques à l’issue d’une durée constitutionnelle. Car s’il est vrai que le vin se bonifie en vieillissant, cela l’est moins pour les êtres humains qui se déprécient au fil des ans. Des exemples sont légion, sur la scène africaine où des présidents octogénaires brillent par des dérives verbales, imputables selon toute vraisemblance à leur âge, et qui peuvent être lourdes de conséquences. Manifestement, nous sommes ici loin de la sagesse qu’ils auraient pu incarner et qui est symbolisée, heureusement, par des personnalités telles que le Sud-Africain Nelson Mandela. L’exception qui confirme la règle.

Il se trouvera donc toujours un homme, civil ou militaire, qui, en dépit des forces en présence et des condamnations de la communauté internationale, finira par prendre position à un moment donné en vue de mettre de l’ordre là où les choses vont mal. C’est le cas, de plus en plus préoccupant, de la Côte d’Ivoire, marquée ces dernières heures par des violences nées de la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI) par le président Laurent Gbagbo, qui n’incite guère à l’optimisme et laisse craindre des risques d’une nouvelle intervention du pouvoir kaki en vue de mettre un terme à l’illégalité constitutionnelle à la tête de l’Etat.

Par Idrissa Malo TRAORE Docteur en criminologie Ancien expert des Nations unies spécialiste en gestion des conflits

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 25 février 2010 à 11:50 En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

    La democratie, c’est le peuple qui decide. Si le peuple est OK, et que les elections sont claires et limpides, les reste releve de debats de petits intellectuels. Au Burkina Faso, nous voulons la stabilité et la paix pour travailler et developper notre pays.

  • Le 25 février 2010 à 12:58, par diaspo NY En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

    Vous savez, les élections en Afrique ne sont jamais représentatives.. si le village vote untel, parc que le chef de village le vote, ou une famille vote un tel, parce que l’oncle le mieux placé politiquement est de ce parti, on en finira jamais !!! il n’y a jamais de plan politique de développement pendant les campagnes, il y a surtout la distribution des consommables (politique du ventre) !

    Dieu merci on limite les mandats à 2 fois, pour éviter les dégâts !!

    Alors arrêtons de dire, si le peuple veut toujours la même personne, alors on change la constitution !! Une personne n’est jamais la plus intelligente ; que celui qui est élu fasse ses preuves et libère le fauteuil . On veut une nouvelle vision pour le pays, une nouvelle tête !!!

    Il faut être idiot au Faso, pour ne pas remarquer l’injustice, la corruption galopantes !! Ainsi ceux qui n profitent, crient haut et fort de garder BC au pouvoir !! On en a assez !!
    Si le CDP n’a pas un homme capable, qu’ils évitent de se présenter à l’élection de 2015 et on votera les hommes qui se montreront homme !!!

  • Le 25 février 2010 à 13:40, par Mossikè En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

    Je me permets d’émettre un doute sur les compétences de cet "expert en gestion de conflits".

    Règle n°1 : Un gestionnaire de conflits n’accuse jamais ouvertement une personne ou une organisation.

    Règle n°2 : Un gestionnaire de conflits doit être discret.

    une dizaine d’autres règles ont été bafouées dans cet article. Alors je me permet de douter de vos compétences, Monsieur l’entraineur.

    • Le 25 février 2010 à 14:52 En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

      Je suis d’avis avec vous Monsieur Mossikè. Que vient-il encore chercher dans le sérail, cet intrigant de Saboteur ? Toujours à se jeter des fleurs, à se bombarder de titres ronflants ! Qu’il nous dise où il a fait ses études d’expertise en gestion des conflits pour qu’on le prenne pour une fois au sérieux.

      • Le 25 février 2010 à 19:37, par jobil En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

        calm down !!!arretez d’ageresser le pauvre saboteur..que vous remettez en cause son opinoin sur la question oui mais allez juste qu’a remettre en cause sa formation professionnelle,desole.car tout le monde le sait.peut etre que vous etes un expert.....mais respecter les autres...

  • Le 25 février 2010 à 14:39, par Quid En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

    Mr "l’ancien expert de l’ONU en gestion des conflits armés", d’ou tenez vs ce titre ronflant ?
    Lorsque vs etiez en mission en RDC avez vs pu gerer la grave crise qui continue de nos jours ?
    Pauvre de ns, car avec ce titre, vs ne seriez pas au pays en ce moment. L’ONU est a la recherche d’experts et c’est pas les maigreurs du foot burkinabe qui vont vs retenir qlq soit l’amour que vs avez pour ce sport.

    Eviter de vs ridiculer avec certains titres ROOONFLANTS.

  • Le 25 février 2010 à 15:44 En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

    Pourquoi " Ancien expert des Nations unies spécialiste en gestion des conflits" ? Un expert est un expert ou ne l’est plus ! C’est ce que je pense en tout cas !

  • Le 25 février 2010 à 17:39, par boudwarba En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

    Peuchère en voilà un autre fanfaron !
    Quand on affiche son titre on se doit de l’honorer. Ici Monsieur TRAORE a exercé plutôt les talents d’un partisant. Et tout ce qu’il a relaté c’est du connu et ressacé et le titre laissait espérer mieux.
    Un tel article de BC le discréditerait d’être médiateur nul part. Lui est discret et inspire confiance. il n’a pas besoin de titre d’expert il l’est de fait. Vous n’avez été qu’employé de l’ONU, personne ne vous a vu aux devants des négociations d’un quelconque conflit.
    Si tous nos braves soldats et militaires qui ont fait la RDC et autres Darfour, s’érigeaient en expert en gestion des conflits...?
    Votre article met en doute toutes les compétences dont vous semblez si fier.

  • Le 25 février 2010 à 17:46, par yeral dicko En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

    Très bien dit,expert en gestion de conflits n’est pas expert en résolutions de conflits !Ne surtout pas le refuser ses capacités !!!!!!!.Depuis qu’il s’en ai mêler le monde du foot au faso est toujours en conflit !!!!!!

  • Le 25 février 2010 à 23:48 En réponse à : COUP D’ETAT AU NIGER : L’analyse d’un expert en gestion des conflits

    Pourquoi cette haine tenace contre Saboteur, le premier burkinabe a qualifier les Etalons a la coupe d’ afrique ? Qu’ on l’ aime ou pas, d’ailleurs Saboteur n’ st pas en manque d’ affection comme certains griots qui etalent leurs titres ici, il reste un docteur en criminologie. Certains se declarent docteurs de ceci et de cela et on ne dit rien. Ce qui vous fait mal, c’ est que ce garcon martyrise par un peuple de mesquins, puise etre docteur. Oui, il l’est. Maintenant, si vous voulez lui contestez ce titre, allez saisir son committee de these. En plus, il est le meilleur entraineur du Burkina qui dit non aux ingerences des supporters qui sont tous des suoperselectionneurs.
    Saboteur, Dieu te protege. Tu as de la personnalite. ce qui n’ est pas une qualite dans le pays des yelkaye.

    yelbeemin.

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