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MAHAMA SAWADOGO A O. FRANK : La RDP avait aussi un contenu bourgeois"

Publié le lundi 15 février 2010 à 00h43min

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Dans la réaction ci-dessous, le député Mahama Sawadogo exerce son droit de réponse suite à un écrit de M. O. Franck, jugeant un premier article de l’élu.

Suite à un de mes articles portant sur les difficultés de la démocratie en Afrique et publié dans la presse, M. Frank m’invite à compléter mon analyse à travers un certain nombre d’observations. Mais avant de prendre acte de cette invite, je m’autorise à examiner avec lui la pertinence des observations faites. Au plan du corps électoral, M Frank note que j’ai "omis volontairement ou involontairement au moins deux exigences capitales. Premièrement : le droit pour les électeurs de disposer régulièrement et obligatoirement du bilan de l’élu qu’ils ont contribué à envoyer au palais, à l’hémicycle ou à la mairie. En somme, le droit de contrôle et de vérification des tâches et missions confiées à l’élu par le corps électoral".

L’observation est pertinente mais, cet état de fait est inhérent à toute démocratie représentative où le principal mode de contrôle reste et demeure l’élection périodique à l’occasion de laquelle est sanctionnée la prestation de l’élu. Cette sanction est positive si l’intéressé est reconduit et négative lorsqu’on lui retire la confiance. Outre ce mode de contrôle, il existe, pour le locataire du palais et son exécutif des mécanismes de contrôle prévus dans le cadre de la séparation des pouvoirs, contrôle exercé indirectement par l’assemblée législative au nom du peuple.

Quant au droit de revendication et de manifestation que relève M. Frank, ils sont également prévus et s’exercent conformément à la législation en vigueur. Ces méthodes de contrôle relèvent du fonctionnement normal de l’Etat de droit.

M. Frank poursuit secondairement en évoquant "le droit – de démettre l’élu qui n’aurait pas rempli son contrat avec les électeurs – l’élu fait de son mandat sa chose à lui et n’a de compte à rendre à qui que ce soit, pas même à son propre parti qui l’a pourtant positionné où il fallait, loisible qu’il est de migrer de parti chaque fois qu’il sent son butin menacé."

Cette observation faite actualise un débat aussi vieux que la démocratie elle-même. Il s’agit de la nécessité ou non "du mandat impératif". A ce propos, on peut l’affirmer et cela peut être vérifié que le mandat non impératif est en vigueur dans pratiquement tous les régimes démocratiques avec plus ou moins de nuances. Cette situation vise à éviter que l’élu ne soit otage des électeurs ou de son parti. Pour le cas du Burkina Faso, afin de prévenir le nomadisme politique, une disposition constitutionnelle introduite lors des réformes politiques de mai 2009 atténue le mandat non impératif.

A propos de mon prétendu manque de courage que M. Frank semble déceler à travers mes conclusions, suite à l’analyse sur la capacité de voter et les méthodes propagandistes de vote, telle l’utilisation de gadgets à des fins publicitaires, je voudrais qu’il comprenne que le même courage nous caractérise. La différence étant que lui se place au niveau de l’idéal et moi au niveau du réel.

Au plan des candidats aux élections, M. Frank évoque comme principale observation ce qu’il appelle "la revendication citoyenne des candidatures indépendantes". A ce propos, je voudrais d’abord lui faire remarquer que notre législation autorise la candidature indépendante en matière d’élection présidentielle. Ensuite, je voudrais lui dire franchement que s’il y a une divergence entre lui et moi au sujet de cette candidature indépendante, ladite divergence ne se situe pas au niveau de son principe mais simplement à celui de sa pertinence. En effet, le mode de fonctionnement de la représentation nationale et des assemblées locales qui se caractérise principalement par le fait majoritaire est tel qu’un candidat indépendant y siégeant serait manifestement inopérant. Subsidiairement, M. Frank note que je suis "devenu un théoricien hors pair de l’Assemblée nationale bourgeoise du Burkina Faso". Ce qu’il convient de signaler suite à cette affirmation, c’est que je l’assume mais en faisant toutefois observer que la Révolution démocratique et populaire (RDP) qui fut dans un passé récent notre projet commun avait et a toujours un contenu bourgeois. En conclusion, je dois préciser que le présent écrit se veut un droit de réponse à l’article de M. O. Frank intitulé "Une contribution à l’analyse du député Mahama Sawadogo" publié par le journal "Le Pays" dans sa livraison du mardi 09 février 2010.

Mahama SAWADOGO Député

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 février 2010 à 13:58 En réponse à : MAHAMA SAWADOGO A O. FRANK : La RDP avait aussi un contenu bourgeois"

    Je lis avec interet les articles de Mahama qui à mon sens pourrait contribuer à elever le niveau du debat politique au Faso. Toutefois ma deception est grande car je remarque que l’honorable deputé baisse de plus en plus en pertinence dans ses points de vue et prise de positions. en effet,Comparer la bourgeoisie sous la RDP à celle d’aujourd’hui revient a comparer le jour à la nuit. Peut etre que l’honorable deputé dans son prochain article doit nous donner sa definition de la bourgeoisie. mahama doit aussi comprendre qu’il n est obligé d’apporter un droit de reponse à toute observation sur ses ecrits. Il doit au prealable en juger de la pertinence. Si non, il se ridiculise de plus en plus.

    Salut

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