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Politique : L’opposition burkinabè devrait organiser sa propre transition

Publié le lundi 1er février 2010 à 00h19min

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Le processus actuellement en cours en Guinée est assez séduisant et devrait inspirer l’opposition burkinabè. Il lui faut organiser une transition politique qui lui permette d’instaurer un vrai système démocratique où chacun pourrait avoir des chances égales dans la compétition politique.
Le système actuel est conçu pour les exclure. L’opposition ne peut rien en attendre d’autre que le rôle de faire valoir taillé sur mesure. La situation actuelle ne permettra à aucun responsable de l’opposition d’émerger et de jouer les premiers rôles.

Par contre, pour créer les conditions d’une vraie compétition politique, il faut impérativement déboulonner le système mis en place depuis le 15 Octobre 1987. Cette immense tâche ne peut être réalisée que par l’ensemble de l’opposition ou à tout le moins une large union de sa frange représentative. Elle pourrait se réaliser selon les modalités ci-après :

s’entendre pour organiser une transition à la démocratie

Il faut obligatoirement changer de système. Cela ne peut se faire que par une période transitoire pendant laquelle, par un consensus minimum, des institutions appropriées pourraient permettre d’instaurer les règles du jeu et un climat nécessaire à l’instauration d’un système plus juste et inclusif. S’entendre sur les modalités de cette transition et l’écrire pour servir de constitution de la transition vers la démocratie.

Gagner cette transition par le peuple

Il faut par un consensus poser cette question au peuple et lui demander son onction à travers une élection. La présidentielle prochaine peut-être une bonne occasion de poser cette question sous forme de motion de confiance demandée au peuple. Mais pour y parvenir, il faut évidemment des préalables forts, clairs et honnêtes.

Les préalables indispensables

Le premier et le plus important, c’est évidemment de réaliser une large union des formations représentatives de l’opposition sans exclusive. Ensuite d’écrire et d’adopter des textes consensuels qui vont régir la période transitoire, fixer la durée de cette période et organiser les modalités de la cohabitation et du partage des responsabilités durant la transition.

Modalités concrètes

La mise en œuvre de cette transition à la démocratie, pour être crédible, pourrait commencer par une désignation consensuelle d’un candidat à la présidentielle de novembre 2010, pour la gestion de la transition à la démocratie. Ce candidat crédible ne devrait exercer que le mandat de la transition à l’issue duquel il devra organiser des élections honnêtes et transparentes auxquelles il ne peut pas prendre part, lui et l’ensemble de son gouvernement. Son mandat doit être unique et de courte durée. Le temps nécessaire pour faire les reformes et les changements institutionnels indispensables.

Ensuite il faudra s’entendre sur la conquête de l’Assemblée nationale et les modalités de sa gestion. Le principe de base devra être de permettre que les principaux leaders de l’opposition puissent conquérir un mandat électif. Ces mêmes dispositions devraient prévaloir pour l’organisation et la gestion des élections locales.

Evidemment, ce sont des indications pour la réflexion. Mais l’essentiel reste qu’il n’y a pas de salut pour l’opposition et pour la démocratie en dehors de la réalisation de cette indispensable période de transition vers la démocratie. Tous les pays africains qui ont une démocratie relativement bien portante sont passés par là. Le Burkina Faso, avec son système actuel, ne peut pas faire l’économie d’une telle transition. L’opposition peut avoir un rôle historique en sachant l’anticiper.

Autrement quand les nécessités vont l’imposer, il lui faudra recourir aussi à un facilitateur extérieur. Les autres pays qui expérimentent aujourd’hui cette douloureuse "antichambre" de la démocratie avaient cru pouvoir s’en passer. Ils n’ont pas pu. Le Burkina Faso ne l’évitera pas également. Par contre, son élite politique et intellectuelle peut l’anticiper et mieux la canaliser. La dernière déclaration du PAREN contient cette remarque qui devrait être profondément méditée par l’opposition et les démocrates de notre pays : "A l’évidence, la consolidation de la démocratie burkinabè devra se faire sans le président Compaoré et son système".

Par Newton Ahmed Barry

L’Événement

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Vos commentaires

  • Le 1er février 2010 à 02:09, par Ab En réponse à : Politique : L’opposition burkinabè devrait organiser sa propre transition

    A toi Newton
    La réflexion qui nous est donnée ici est intéressante car elle montre la soif de transition de l’auteur ce qui épouse l’aspiration d’une frange de plus en plus grande de burkinabé. Cependant, le premier préalable me semble utopique.

    Ce que nous devons avoir à l’esprit est que de gré ou de force l’alternance viendra au Burkina.
    Les leaders de l’opposition actuel ne semblent donner aucun élément nous permettant d’espérer de leur part un changement. Il n’ont pas de force et ne sont pas conscient de leur manque de force. Ils sont égoïstes, individualistes et mégalomanes. Ce faisant, je pense que l’alternance au Burkina se fera plus aisément de deux sortes. La première la plus souhaitable pour moi est que de l’intérieur du système actuel ou de ce qu’il a enfanté, nous vienne un sauveur qui a plus de vertu que la majorité des tenants actuels incapables de regarder au delà de leurs nez et trop prompts à faire des louanges au Président. J’espère qu’il y a encore de nos responsables, des hommes pudiques et dignes qui peuvent et savent lever la tête et surtout moins bornés.
    La deuxième qui risque de venir si on ne fait rien, est le soulèvement populaire qui naîtra du dégoût de cette politique faite de mensonge et d’impunité pour les crimes de sang mais aussi les innombrables crimes économiques. Il y a des éléments qui nous montrent que cette option risque de venir plus tôt qu’on ne puisse l’imaginer. Quand par exemple ces gens qui cotisent à la CNSS sauront qu’il n’y a aucune garantie car on peut prendre leurs fonds de retraite et donner à des gens qui sortent gaillardement nous narguer et ce n’est pas tout. IL Y’AURA DE PLUS EN PLUS DE MOUVEMENTS SOCIAUX SOYEZ EN SÛRS.
    Si moi je désespère des leaders actuels de l’opposition, je ne nie pas qu’il puisse aussi en exister de dignes et de pudiques qui puissent laisser tomber les bassesses, l’égoïsme et la carence pour nous amener à une autre révolution. JE LANCE aux dignes des deux camps LE DEFIT de pouvoir porter l’espoir de notre nation et son aspiration à un enracinement démocratique comme l’a souhaité notre Président, que nous souhaitons qu’il soit sans lui à la tête. Enfin, je n’exclu pas que lui aussi puisse se sentir digne de faire cet enracinement qui, même pour les plus stupides comme moi, ne peut s’accommoder de son système. Alors qu’il prenne sa retraite en préparant notre pays à un lendemain meilleur. Nous lui seront reconnaissant, nous ne sommes pas bavant de vengeance noire. Le peuple burkinabé est plein de noblesse.
    ET que plus personne ne vienne nous confisquer notre liberté,
    SOumettre à ses sombres ou illuminés désirs notre destin et nos âmes
    QU’il se nomme tralala, SANKARA ou COMPAORE
    PArce que nos impôts lui ont permis de tenir une arme.

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