C’est bien sûr la Guinée qui en sort toujours renforcée, éclairée et aiguillonnée, se dotant ainsi d’une conscience communautaire trempée à toute épreuve. C’est sans doute l’une des leçons importantes que l’on peut tirer des discours des Présidents guinéens, de Sékou Touré à Dadis Camara. Mais où en est-on pour la crise actuelle ?

Réelle et profonde depuis le 28 septembre 2009, cette crise s’est aggravée par la tentative d’assassinat du Président du CNDD, Moussa Dadis Camara, le 03 décembre 2009. Nous avons tous eu peur, craignant que le pire ne nous surprenne et ne nous abatte. Mais la crise guinéenne semble amorcer une phase de retour à la paix, avec l’engagement de la junte d’instaurer un gouvernement de transition.

En effet, le document signé par Dadis Camara et Sékouba Konaté stipule, entre autres, la mise en place d’un gouvernement de transition, pour 6 mois, avec un Premier ministre issu des forces vives. Si la grande muette comme on l’appelle, de tous ses membres, applaudit à cette décision et si la société civile accorde du crédit à cette courageuse décision, il se pourrait que ce soit le bout du tunnel. Mais avec « si », que ne peut-on pas scier ?

Le séjour de convalescence de Dadis Camara à Ouagadougou a permis la retrouvaille des responsables de la junte qui ont jeté un pont d’or aux forces vives.

Le plus important acquis de la décision de la junte, inspirée par le Médiateur Compaoré, est la non candidature de tous les membres du CNDD et du gouvernement de transition à la présidentielle. Avec cette nouvelle donne, le processus doit connaître un retour à la normale et permettre aux Guinéens de vivre dans la paix, la démocratie et contribuer à l’édification d’une nation prospère. On ne devrait pas oublier que Ouagadougou, dans cette quête de la paix, n’est pas seulement une ville. C’est le carrefour des volontés constructives et pacifiques. D’où, l’influence remarquable du Président du Faso qui s’exprime dans un langage clair et compatible avec celui de ses pairs de la CEDEAO et d’ailleurs, qui font confiance à ses talents de médiateur.

Cette solution de sagesse devrait s’incruster dans la mémoire des Guinéens afin de préserver la paix. L’accompagnement de la communauté internationale est indispensable pour consolider le processus de sortie de crise. La disponibilité et l’engagement sans réserve du Médiateur constituent une garantie suffisante pour la restauration de la confiance entre la communauté internationale et les nouvelles autorités guinéennes de la transition.

Mais il est bon de rappeler que la solution utile et durable pour la Guinée est entre les mains de ses filles et de ses fils qui ont le devoir de penser Nation, de cultiver l’intérêt commun, de privilégier le dialogue et la concorde et de bâtir ensemble un pays aux potentialités énormes. C’est le moment pour les Guinéens de faire un retour salutaire aux sources de leur très riche patrimoine culturel, où l’on voit bien que le pardon, la patience, la fraternité, dans le fond pur de leur essence, sont supérieurs, en humanité, au développement, à la démocratie, à l’économie, à la souveraineté etc.

Chaque siècle a ses ombres et ses lumières, ses fantômes et ses êtres de chair. Notre vœu le plus cher est que les Guinéennes et Guinéens refusent de tout leur grand cœur, que les ombres d’aujourd’hui dévorent les lumières du passé, ou que les fantômes de demain assassinent les êtres de chair qu’ils sont.

Une fois encore, le Médiateur Compaoré a su jouer de son influence pour ramener les protagonistes à la raison tout en préservant la face de chacun. Sa sagesse et les circonstances ont milité en faveur de la décrispation. Le plus déterminant reste à venir, car les protagonistes doivent dépasser les intérêts partisans et les inimitiés personnelles et marcher sur le chemin d’une parfaite réconciliation. Aux Guinéens de montrer que la communauté africaine et internationale a eu raison de leur faire confiance, et nous savons que la Guinée triomphera.

La paix en tant que fruit de plusieurs déterminantes, doit être patiemment construite, dans le respect des intérêts supérieurs de la nation et dans le respect et la protection des droits humains. Le défi de la paix s’impose aux Guinéens et à nous tous : nous devons tous ( ) répondre devant l’histoire et devant notre conscience. John Donne, un poète du XVIIème siècle disait : "N’envoie pas demander pour qui sonne le glas, il sonne pour tous"

Sidwaya