L’interdiction des pétards et autres dynamites. Il existe un arrêté qui interdit son importation et sa commercialisation sur le territoire national. A la veille de chaque fête de fin d’année, le ministère du commerce et de la sécurité ressort le texte réglementaire des tiroirs pour rappeler son existence aux bonnes gens. Mais que croyez-vous que les Burkinabè font chaque année ? C’est la course aux pétards qui exploseront le plus fort.

Au vu et au su de tous, on vend et on achète ces jouets de la mort. Du 24 au 31 décembre, j’ai dû boucher mes oreilles avec des boules quiess. Le chien errant qui fait office de mon compagnon de fortune a dû plusieurs fois prendre ses jambes à son cou devant les effets assourdissants de ces dynamites. Exprimer sa joie d’avoir traversé une année indemne en exposant sa vie et celle des autres de cette façon, me conforte de plus en plus dans l’idée que quelque chose ne tourne pas rond dans cette affaire de pétard à l’occasion des grandes réjouissances. Les incidents sont légion, graves quelquefois, mais pas toujours rendus publics. A la télé, c’est un gamin inconscient du danger qui s’est fait déchiqueter la main. A Ouagadougou, deux vieilles dames, incapables de fuir se sont fait blesser par ces grenades miniatures. Des débuts d’incendie ont été étouffés çà et là dans le pays, fort heureusement. Mais faut –il vraiment attendre une catastrophe nationale pour prendre à bras-le-corps ce phénomène ?

Il y a quelques années en Asie, un pétard a déclenché un incendie dans une boite de nuit tuant des dizaines de personnes. Faut –il en arriver là aussi ? Les grands consommateurs de ces pétards sont les gamins qui s’adonnent à cœur joie avec l’argent de papa quand ce dernier lui-même n’est pas un amateur caché de la chose. C’est pour dire que la lutte contre ces engins explosifs, véritables nuisances sonores en ce qu’ils agressent nos tympans quand ils ne les endommagent pas, devra commencer au sein du noyau familial contre ce jeu extrêmement dangereux. On ne sait jamais la puissance de jouets. Cela est d’autant plus inquiétant que sous le couvert des pétards, des individus mal intentionnés peuvent faire entrer sur le territoire national des bombes aussi bien artisanales que modernes. Difficile de croire que pour ce commerce saisonnier, il n’y ait pas de mesure spécifique pour contrôler les importations. Se fendre d‘un communiqué de presse suffit-il pour décourager tous ces commerçants présents sur ce marché juteux de fin d’année.

Cette mesure d’interdiction, comme on le voit, est inopérante, il faudrait peut- être la relire en donnant aux services concernés les moyens de ratisser les boutiques et autres lieux de vente pour décourager les détaillants tout en maintenant la pression aux frontières. Dans le cas contraire, que les autorités lèvent la mesure d’interdiction. Les raisons qui ont présidé à la prise de l’interdiction de l’importation et de la commercialisation des pétards ne sont plus d’actualité, sinon comment expliquer une telle inertie.

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