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La mouvance liquéfiée en quête d’une planche de salut !

Publié le jeudi 29 octobre 2009 à 02h25min

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Comme des essaims d’abeilles autour du miel, les mouvanciers commencent à s’agiter et à agiter les esprits dans la perspective de l’élection présidentielle de 2010. Pour eux, il n’est pas question que Blaise largue les amarres de si tôt. Ils inventent alors toutes sortes de théories fumeuses pour justifier et légitimer son maintien au pouvoir. C’est à croire que l’appel à la soupe a aliéné les capacités de réflexion et d’anticipation de bien d’acteurs.

Dans ce remue-ménage, l’Alliance pour la démocratie et la fédération- Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) adopte plutôt profil bas. Condamnée par la loi à se dépouiller de son statut de chef de file de l’opposition incompatible avec son orientation politique et sa présence au gouvernement, elle se retrouve dans une posture rocambolesque. Alors que l’opinion s’attendait à ce que le parti de l’éléphant démissionne du gouvernement après le camouflet qui lui a été fait, il s’ y maintient contrairement à toute logique politique normale.

Pour la crédibilité du jeu politique national et pour celle des institutions republicaines, l’ADF-RDA, doit une fois pour toute clarifier son positionnement politique. Ou elle est de la mouvance et elle le signifie clairement. Ou elle est de l’opposition et elle adopte les attitudes comportementales qui vont avec cette option. Si le parti ne le fait pas de bon gré, la loi devrait l’y contraindre. Dans aucun pays au monde, un parti ne nage entre deux eaux ! Au fil du temps, le parti risque de s’enkyloser et de se noyer dans la masse anonyme des mouvanciers. D’ailleurs pour Gaston Soubeiga, patron affiché de la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP-BC), l’appartenance de l’ADF-RDA à la mouvance ne fait l’ombre d’aucun doute. Lors du 2è anniversaire de sa structure, il a comptabilisé les actions du parti de l’éléphant dans le bilan de la FEDAP-BC. L’ADF-RDA n’ayant officiellement pas protesté avalise alors très clairement ses déclarations. En 2010, Gilbert se rangera encore derrière Blaise Compaoré. Son parti a pourtant été payé en monnaie de singe après la présidentielle de 2005. Il n’a même pas obtenu un ministère de souverainété dans le gouvernement. Aujourd’hui, beaucoup du Congrès pour la démocratie et la progrès (CDP), de la mouvance tout comme de la FEDAP-BC sont pour qu’on l’écarte purement et simplement de la table.

Une mouvance en panne d’idées et d’idéal ?

Tout comme l’ADF-RDA en 2005, certains partis commencent déjà à battre le rappel des troupes pour Blaise Compaoré en 2010. Il en est ainsi, du Parti républicain pour l’intégration et la solidarité (PARIS), du Rassemblement des démocrates pour le Faso (RDF), de La Convention des forces démocratiques du Burkina (CFD/B) … Naturellement, ils se sont tous insurgés contre les propositions faites par Zéphirin Diabré pour l’alternance au Burkina Faso. Pour Roland Tondé, le nouveau président du PARIS de feu Cyrille Goungounga, le seul choix politique qui vaille en 2010 est de soutenir de façon indéfectible Blaise Compaoré. Amadou Diemdioda Dicko président de la Convention des forces démocratiques du Burkina (CFD/B), une coalition de quatre partis politiques de la mouvance présidentielle, ne dit pas autre chose : " Nous n’avons pas de candidat au niveau du parti. Nous sommes certes un parti, mais notre ambition n’est pas la conquête du pouvoir. Nous n’avons pas encore de personnes capables de conduire la destinée du pays. C’est pourquoi nous avons créé le parti pour soutenir le chef de l’Etat. On ne faillira pas à la tâche, en 2010. Si le président Compaoré se présente, nous disons à l’avance que nous allons le soutenir. Notre prochain candidat est toujours Blaise Compaoré. " Le RDF de Salvador Yaméogo s’aligne sur le même registre tout en appelant la mouvance à être moins contemplative et plus pragmatique. Les querelles de clocher ne manquent pas au sein de la mouvance.

Pourtant à l’évaluation, on se rend compte que Blaise Compaoré aurait bien pu se passer des services de tous ces mouvanciers qu’il ne se porterait pas mal. A part un nombre très limité de partis de la mouvance qui émergent, les autres ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. En réalité, ils se cachent derrière l’image de Blaise pour bénéficier de subsides afin de pouvoir exister. Tout cela donne à la mouvance présidentielle un caractère éclectique, bigarré et aléatoire. Certains regroupements ne comptent même pas 50 bons militants sur l’ensemble du pays et ils se réclament " parti politique " de la mouvance ! Un parti de la mouvance ne doit pas avoir pour unique programme de soutenir le programme du chef de l’Etat. Il doit lui aussi être porteur d’un projet de société qui épouse les grandes idées du programme derrière lequel il s’aligne. Mais au Burkina Faso, les politiques sont très souvent à court d’idées quand il s’agit d’entrevoir l’avenir du pays. Ils sont partisans des intérêts immédiats .

La FEDAP-BC pour suppléer les carences de la mouvance
La mouvance aurait pu être un véritable catalyseur pour donner plus d’envergure aux actions du chef de l’Etat. Mais elle se complait si bien dans la routine qu’elle ne se réveille qu’à l’approche des échéances électorales.

C’est en réaction à cette léthargie que la FEDAP-BC a été créée. Avec le statut flou dont elle dispose (entre organisation de la société civile et parti politique), la FEDAP-BC se veut la machine électorale que la mouvance n’a pas réussi à être. On comprend dès lors pourquoi certains mouvanciers ont boudé à sa création. La part du gâteau se réduisait comme une peau de chagrin et leur survie était dangereusement hypothéquée. Aujourd’hui, ils sont obligés de faire contre mauvaise fortune, bon cœur. La FEDAP-BC gagne du terrain et des galons. La menace qui guète la mouvance, est vraiment celle de l’opportunisme et de l’implosion. Les prétendants sont de plus en plus nombreux à s’agglutiner alors que la masse à partager ne fait que s’amincir. Lorsque les récompenses ne seront pas à la hauteur des attentes, il y aura forcement des pleurs et des grincements de dents. Dans leur zèle excessif, quelques membres de la FEDAP-BC et de la Fondation Blaise Compaoré pour la Paix Universelle ont failli commettre des impairs lors du forum sur le développement durable.

Le jour de la rencontre des chefs d’Etats au palais des sports de Ouaga 2000, ils n’ont rien trouvé de mieux que de placarder de géantes banderoles vantant les mérites de Blaise Compaoré en certains endroits des gradins. On se serait cru à un meeting politique. Mais quelques minutes juste avant l’entrée des chefs d’Etat, certainement mis au fait de l’indécence de l’acte qu’ils avaient posés, ils se sont empressés d’arracher ces banderoles et de s’évanouir dans la foule. Pourquoi vouloir faire de la récupération politique à tout prix ? Face à une mouvance qui se sclérose, l’opposition aurait pu reprendre du poil de la bête. Mais cette même opposition n’a pas encore fini de panser ses plaies. La nomination de Me Sankara comme Chef de File de l’opposition n’a pas encore produit le sursaut d’orgueil escompté. A la veille d’une consultation électorale majeure, Blaise Compaoré semble donc sur un véritable boulevard. Qui pourra lui apporter la contradiction ?

Par Issac Konfé

Bendré

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Vos commentaires

  • Le 29 octobre 2009 à 10:10, par Rama En réponse à : La mouvance liquéfiée en quête d’une planche de salut !

    Bonne analyse de la position de la mouvance presidentielle au Burkina Faso. On sait même pas ce que ces gars là cherchent à part la satisfaction de leurs interêts personnels.
    Blaise n’a même pas besoin d’eux,qu’ils nous laissent respirer dans un pays déjà pourri par des profiteurs à n’en point finir....FEDAP/BC par là,Tantie de Blaise par ci,Tonton de Blaise,vraiment ça fait pitié

  • Le 29 octobre 2009 à 19:03 En réponse à : La mouvance liquéfiée en quête d’une planche de salut !

    Bonne analyse de la situation politique burkinabè. Je pense que ceux qui pense qu’ils n’ont pas encore un représentant capable de se présenter aux élections présidentielles devraient disparaître comme partis politiques. Je trouve même très honteuse qu’un représentant d’un parti politique se targue de la sorte. Quel est son apport pour le pays s’il n’a aucun projet de société même mal ficellé (comme d’ailleurs les grands partis politiques burkinabè). C’est ce qu’on appelle un courtage et du clientélisme politique. Des gens qui cherchent qu’à nourrir leur ventre. Òh Dieu, qu’a-t-il fait le peuple burkinabè pour mériter cela ?

  • Le 29 octobre 2009 à 20:15 En réponse à : La mouvance liquéfiée en quête d’une planche de salut !

    Blaise, il faut chasser tous ces fauxtypes qui vous pompent l’air autour de vous. Mouvanciers mouvanciers, tas de saprophytes ouais. laissez le cdp et la FEDAP sont suffisants pour vous donner la victoire. honte aux oppositions bidons. Honte aux partis politiques qui ne velent pas du pouvoir d’eta. Dissolvez vous en meme temps dans le cdp.

  • Le 29 octobre 2009 à 23:51, par Aurelien En réponse à : La mouvance liquéfiée en quête d’une planche de salut !

    Très bel article.je loue le talent, la clarté et la pertinence de l’analyste.

  • Le 30 octobre 2009 à 09:57, par Kon Ndoungtouly En réponse à : La mouvance liquéfiée en quête d’une planche de salut !

    Il faut vraiment une épuration des partis politiques au Faso .
    Soit on est de l’opposition avec sa ligne directrice bien démarquée , ou on est militant du parti qui est aux affaires un point ,un trait.Tous ces mouvanciers sont des hypocrites ,ils prostituent le jeu de la saine politique.
    Votre analyse est correcte .

  • Le 4 novembre 2009 à 09:51 En réponse à : La mouvance liquéfiée en quête d’une planche de salut !

    Quand on parle politique pourquoi évoquer des associations.Vu le nombre d’association politiques au Faso, si on commence à les considérer au même titre que les partis politiques, ces derniers n’ont plus leur raison d’être. Puisque n’importe qui peut créer une association et commencer à prétendre et à raconter n’importe quoi. arrêter un peu avec les asso et parler politique

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