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CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION : Un panier à crabes pour Me Sankara

Publié le vendredi 9 octobre 2009 à 03h02min

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A la nomination des treize (13) commissaires politiques régionaux du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), nous nous sommes demandé ce qu’attendaient les partis d’opposition pendant que le parti majoritaire se range en ordre de combat pour les campagnes électorales à venir, dont la plus immédiate est l’élection présidentielle qui aura lieu en novembre 2010. Notre inquiétude a été quelque peu apaisée par la confirmation de Me Stanislas Sankara, le président de l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) en tant que Chef de file de l’opposition burkinabè. La lutte pour que le parti majoritaire à l’Assemblée nationale accepte de désigner un chef de l’opposition au Burkina a une longue histoire.

Rappelons seulement que pendant la première législature, le PDP/PS devrait avoir ce titre. Mais les députés de la majorité ont joué au dilatoire pour ne pas nommer le professeur Joseph Ki-Zerbo qui était un homme politique qu’ils ne pouvaient maîtriser de quelque manière que ce soit. Sous la deuxième législature, c’est le président de l’ADF/RDA qui devrait étrenner ce titre. Mais tout le monde sait ce qui s’est passé : Me Gilbert Noël Ouédraogo s’est désisté pour se ranger avec armes et bagages du côté du président Blaise Compaoré, le maître incontesté et incontestable du CDP, tout en avouant qu’il supportait le programme politique du président Blaise Compaoré et non celui de son parti, le CDP. Ce jeu clair obscur a beaucoup contribué à fragiliser les partis de l’opposition dans ce pays.

Aujourd’hui, l’opposition burkinabè a un Chef de file. Mais ce titre qui a échu à Me Sankara ne semble-t-il pas être un panier à crabes ? Il existe au Burkina Faso quelque cent quatorze partis et formations politiques. C’est une aberration dans la mesure où l’on peut penser qu’ils représentent 114 projets de société. Encore une fois, c’est une aberration. La désignation d’un chef de l’opposition, chef qui appartient en effet à l’opposition, est-elle une chance pour l’opposition ou non ? Question difficile s’il en est car la chose politique dans ce pays est originale. On veut tout et tout de suite. C’est la raison qui fait que nombre de leaders de l’opposition ne résistent pas longtemps à la tentation, disons-le, à la corruption par les espèces sonnantes et trébuchantes. L’histoire récente de ce pays regorge d’exemples où des opposants emblématiques ont sombré, ruinant du coup un avenir politique qui semblait prometteur.

Si les partis se réclamant de la vraie opposition décident ici et maintenant de travailler de manière à trouver une plate forme politique minimale assortie d’une feuille de route claire et réaliste pour affronter l’ogre insatiable du CDP aux prochaines échéances électorales, la démocratie burkinabè prendra du galon. Il n’est pas besoin de rappeler les humiliations que chacun d’eux a subies au cours des consultations populaires précédentes. Nous pensons que c’est là un fait fédérateur qui pourrait les rassembler. Mais cela n’est possible que dans la mesure où les uns et les autres accepteront de ranger leurs mesquineries dans des tiroirs à double fond, de taire leurs jalousies, leurs querelles intestines dans l’objectif d’affronter leur seul adversaire : le CDP. Les partis d’opposition doivent accepter de mettre en commun leurs maigres ressources. On a souvent avancé le dénuement matériel des partis d’opposition face au CDP dont les militants se recrutent parmi les directeurs généraux des sociétés d’État, des entreprises privées, les grands commis de l’administration publique et privée, les opérateurs économiques, etc., pour justifier leurs performances minables. Depuis la nuit des temps, un adage dit que l’union fait la force. En acceptant de mettre en commun leurs moyens, les partis de l’opposition peuvent envoyer un observateur dans tous les bureaux de vote du pays. En mettant leurs moyens ensemble, ils peuvent aider leurs militants à avoir les documents nécessaires pour aller voter. En mettant en commun leurs maigres ressources, ils peuvent organiser des journées de formation communes pour leurs militants. C’est ce qui s’appelle l’occupation du terrain. En fédérant leurs efforts et leurs savoirs, ils peuvent rendre l’alternance possible et réalisable au Burkina Faso.

Les égoïsmes bornés et suicidaires peuvent faire place à une collaboration franche, saine et constructive. Le "pourquoi pas moi" n’a jamais construit quelque chose de durable en politique comme ailleurs. Si les leaders de l’opposition s’enferment dans une tour d’ivoire, chacun récoltera moins de 0,01% des suffrages. Ils doivent s’unir s’ils veulent être crédibles. Nécessairement ! S’ils refusent de s’unir, ils disparaîtront tous. Immanquablement.

Le titre de chef de file de l’opposition se présente comme un challenge pour toute l’opposition. Il est d’abord un défi pour Me Sankara. Saura-t-il rassembler autour de lui les responsables de tous les partis et formations politiques qui se réclament de l’opposition ? Le titre de chef de file de l’opposition, ce n’est pas un cadeau fait à l’opposition. Il a été conquis de haute lutte. Mais à cette opposition de savoir si elle veut en faire un instrument pour l’alternance dans ce pays, ou un instrument pour pérenniser ad vitam la mainmise politique du CDP sur le Burkina. Leaders de l’opposition burkinabè, le peuple vous regarde. Si vous vous montrez incapables de vous entendre sur un minimum, il vous jugera ; il vous condamnera.

Le Fou

le Pays

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Vos commentaires

  • Le 9 octobre 2009 à 15:09, par N’dabi En réponse à : CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION : Un panier à crabes pour Me Sankara

    Ne devient pas "Le fou " qui voudra. Bien dit Sir, serait entendu, si, ils leur reste un minimum de bon sens et d’intégrité. En effet, notre démocratie souffre de son opposition qui, depuis l’avènement de la démocratie, n’a connu d’autre son de cloche que le son du tambour de la dispersion futile. S’il est vrai que l’union fait la force, l’évidence portera ses fruits un jour et nous débarrassera ces voyous .

    • Le 10 octobre 2009 à 20:13, par MAlick En réponse à : CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION : Un panier à crabes pour Me Sankara

      C’est trop facile de tirer à bouluet rouge avec le risque de, finalement, dédouaner ce pouvoir qui, après tout, est responsable en premier des antidémocratisme de notre pays.
      Maintenant il ya de la matière ^pour avoir un prmier draft de l’opposition. Souvenez vous que l’ADF-RDA est toujours à la CENI en tant que représentant de l’opposition. dans ta logique à toi, c’est l’Opposition, la vraie, qui devrait être rendu responsable des méfaits de ce parti à la CENI ?
      Nul n’est parfait et moins l’on est fort, plus l’on a besoin de sompréhension. Faisons une sorte de moratoire, pour soutenir pendant un certain temps cette opposition qui s’organise. Après, on saura ce qu’elle vaut véritablement. Car , remontez à la période de la CFD et vous aurez qu’il y a des opposant qui ont été envoyé en mission au sein de l’opposition, avec pour seul objectif de discrediter l’opposition véritbale pour ne laisser que le pouvoir en place comme seul acteur politique cérdible.

  • Le 10 octobre 2009 à 20:18, par boudwarba En réponse à : CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION : Un panier à crabes pour Me Sankara

    Je persiste à penser qu’en démocratie il n’y a pas à priorie d’oposition avant que des aliances ne se forment.Au départ chacun est sensé avoir son idée de projet qu’il voudrait appliquer pour faire le bonheur du pays. Cela suppose des conceptions du bonheur et du bonheur du pays. les penseurs avaient cru bien résumer les idées de société en deux courants principaux : le socialisme et le capitalisme. Pour les premiers c’est la société(le travail) qui dirige et chez les deuxièmes c’est le capital (l’argent). Vu comme ça, on confondra l’opposition avec le perdant qui ont des pensées différentes. Chez nous que neni.On a plusieurs partie et pas de projet de société. des idées des gagnants recoupent celles des perdants .... Y-a-t-il oposition si nous pensons la même chose. De dire que blanc est le bonnet ou que le bonnet est blanc ne change pas la couleur du Bonnet. Pour avoir un chef de file de l’opposition il faut avoir le courage initial de n’avoir que deux courants d’idées derrière lesquels les leaders politique doivent se reconnaitre. Si ce préalable n’est pas, salut le panier à crabes car on y jette du tout.

  • Le 13 octobre 2009 à 12:11 En réponse à : CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION : Un panier à crabes pour Me Sankara

    il faut attendre que le parti au pouvoir donne le rythme de la danse pour que la soi disant opposition prenne le pas !! Quelle opposition !! on fait les choses de toute piece pour la forme parce qu’il faut ce ci cela etc. quelle credibilité ? il n’ya pas meilleur anti sankariste que ces sankaristes la qui sont en train de casser l’ideakll de thomas sankara alors que la population n’attend que les ideaux de sankara soient remises en pratique. le burkina est tombé bien bas, bien mort fini
    mahdou

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