LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Jean Marie Ngondjibangangte, de l’ONG PIDPA : "Il n’y a pas d’élection parfaite"

Publié le mercredi 7 octobre 2009 à 02h59min

PARTAGER :                          

Jean Marie Ngondjibangangte

Le président du conseil d’administration de l’ONG Plan international pour la démocratie et la paix en Afrique (PIDPA), Jean Marie Ngondjibangangte, évoque dans cet entretien, la problématique de l’observation des élections en Afrique et la mission de facilitation du président Blaise Compaoré en Guinée.

Sidwaya (S.) : Quels sont les objectifs de Plan international pour la démocratie et la paix en Afrique ?

Jean Marie Ngondjibangangte (J.M.N.) : C’est une Organisation non gouvernementale (ONG) internationale qui œuvre dans le domaine de la bonne gouvernane et de la démocratie en Afrique. Nous œuvrons également dans la médiation de conflits et la communication institutionnelle en matière de paix et de non violence, l’observation des élections ainsi que la formation.
Nous avons déjà couvert des élections dans 23 pays en Afrique depuis 2003. Nous avons été en Guinée-Bissau pour une mission de paix avant le renversement du président Koumba Yala, ainsi qu’au Burundi.
Quelques jours après, j’ai été à Bithin à l’Est à côté du Darfour. On craignait une attaque des rebelles, mais tout s’est bien passé.

S. : Quel est le scrutin le plus difficile que vous avez observé ?

J.M.N. : Toutes les missions sont difficiles, parce que quand on parle d’élection, il y a des tiraillements. Mais, la mission d’observation la plus difficile, c’était en 2008 au Tchad peu après l’incursion aux portes de la Présidence à NDjaména.

S. : Comment se passent les missions d’observation ?

J.M.N. : Notre organisation va toujours vers les Etats, pour demander à effectuer des missions d’observation. Ce ne sont pas les Etats qui viennent vers nous. Nous adressons une demande à la Commission électorale nationale, trois mois avant le scrutin. Si elle juge que nous avons les compétences, elle y nous autorise.

S. : Quelles sont vos sources de financement ?

J.M.N. : Nous sommes en collaboration avec des ONG-sœurs du Nord qui nous aident. Chaque année, nous élaborons également un plan d’action que nous soumettons à plusieurs institutions tels l’Union africaine, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, l’Union économique et monétaire ouest-africaine, la Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale, le Programme des Nations unies pour le développement. Selon ce plan d’action, elles peuvent prendre en charge certaines rubriques.

S. : En vous autorisant à venir observer des élections, ne constituez-vous pas une onction pour les pouvoirs en place ?

J.M.N. : Ce n’est pas le gouvernement qui nous autorise à observer les élections dans un pays, mais l’institution indépendante chargée d’organiser les élections. Quand on finit la mission d’observation, on transmet un rapport à cette institution et à nos bailleurs de fonds.

S. : Etes-vous réellement indépendant, d’autant que vous avez besoin de ressources ?

J.M.N. : Au Burkina Faso, lors de l’élection présidentielle de 2005, notre ONG a déployé 139 observateurs de 17 nationalités différentes. Nous n’avons bénéficié même pas d’un verre d’eau. Cela veut dire que nous avons travaillé en toute indépendance et en toute impartialité. Nous ne produisons pas des rapports de complaisance. C’est comme cela que nous travaillons
partout.

S. : D’une manière générale, les observateurs internationaux ont une bonne appréciation du déroulement des élections ?

J.M.N. : Le jeu démocratique est une œuvre humaine, donc imparfaite. Ce qui fait qu’il y a toujours des irrégularités. Il n’y a aucune élection parfaite dans le monde, même dans les vieilles démocraties occidentales comme les Etats-Unis. Nous mettons sur la balance, les bons points et les mauvais points. Si les irrégularités pèsent plus que les régularités, nous disons que l’élection ne répond pas aux normes de la démocratie. Mais par contre, si le bon déroulement pèse plus que les imperfections, nous disons que les irrégularités ne sont pas en mesure d’entacher l’élection. Par exemple, en 2008 au Ghana, au deuxième tour, il y a eu des petits problèmes et même des casses à Tain et j’étais là-bas. Mais l’élection présidentielle s’est bien déroulée dans l’ensemble. Et nous l’avons relevé dans notre rapport d’observation.

S. : Y a-t-il des critiques objectives faites aux observateurs ?

J.M.N. : Il y a des gens qui disent que les observateurs viennent à trois jours du scrutin et concluent qu’il s’est bien déroulé. Et pourtant, une élection, c’est avant, pendant et après le jour du scrutin. Il faut peut-être venir au moins deux semaines avant pour constater le déroulement de la campagne, vérifier le fichier électoral. Ça c’est une critique constructive. Mais nous ne sommes pas "achetés" par les gouvernements.

S. : Etiez-vous au Gabon et au Niger lors de derniers scrutins ?

J.M.N. : Effectivement, nous étions au Gabon et honnêtement dit, l’élection s’est bien passée. C’est après le jour de l’élection qu’il y a eu des troubles. Il n’y a pas eu de fraudes. En Afrique, les opposants n’ont pas le courage de féliciter les vainqueurs. S’il y avait eu des fraudes, Ali Bongo allait avoir 52% des voix au lieu de 41%. Quant au Niger, le référendum s’est également bien déroulé. C’est plutôt les opposants qui ont refusé de prendre part au référendum et tentent de jeter le discrédit sur son déroulement. La politique de la chaise vide n’est pas bonne.

S. : Comment voyez-vous la facilitation du président Blaise Compaoré pour la sortie de crise en Guinée ?

J.N.M. : Le président Blaise Compaoré a beaucoup d’expérience en matière de médiation. On a vu son œuvre notamment au Togo et en Côte d’Ivoire. Ouagadougou a été le médicament pour un retour de la paix dans ces pays. Blaise Compaoré est un homme pétri d’expérience et de sagesse. La Guinée est un cas difficile. Après le président Sékou Touré, Lansana Conté et Moussa Dadis Camara ont pris le pouvoir par les armes et le pays secoué de violences. Le président Compaoré lors de son récent séjour à Conakry, a établi les bases solides pour une sortie de crise et toutes les parties ont convenu de se rencontrer, très prochainement, à Ouagadougou. Comme l’a dit Blaise Compaoré, la sortie de crise dépend d’abord des Guinéens qui doivent accepter de discuter franchement.

S. : Le chef de a junte, Moussa Dadis Camara, peut-il se présenter à la présidentielle ?

J.N.M. : Il faudra mettre sur pied une équipe gouvernementale de transition qui aura pour mission d’organiser une élection présidentielle transparente à laquelle pourront se présenter tous les Guinéens qui le veulent dont le chef de la junte Moussa Dadis Camara.

Propos recueillis par Bachirou NANA

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 octobre 2009 à 09:26, par RAMA SWAMI En réponse à : Jean Marie Ngondjibangangte, de l’ONG PIDPA : "Il n’y a pas d’élection parfaite"

    dire qu’il n’y a pas fraude parce que ALI a eu 41% au lieu de 52% des voix dans une élection à un tour est une ineptie.
    Qu’à la limite on s’abstienne de donner un avis, on éviterait de passer pour incompétent voir de corruptible, si ce n’est corrompu.

  • Le 7 octobre 2009 à 16:50 En réponse à : Jean Marie Ngondjibangangte, de l’ONG PIDPA : "Il n’y a pas d’élection parfaite"

    Il n’ y a pas des eletions totalement parfaites mais quand les vices sont de nature a denaturer le choix des electeurs, c’est grave. Donc il ya des elections plus imparfaites que les autres et plus anti- democratiques. Ca au moins c’est sur. Juste au cas ou les champions de la fraude seront tentes d’ en faire un usage demagogique. Ca ne doit pas alleger la conscience des fraudeurs.
    Permettez au populations d’elire ceux dont ils ont besoin.

    LOP

    • Le 14 mars 2010 à 12:15, par froissard roger En réponse à : Jean Marie Ngondjibangangte, de l’ONG PIDPA : "Il n’y a pas d’élection parfaite"

      Roger FROISSARD 112 rue des Puits 88290 Saulxures sur Moselotte tel 0329240641/0615333297 cadre administratif et financier de la fonction publique en France ( compétences larges et diversifiées:administration générale-ressources humaines-comptabilité-finances-logistique electorale )
      recherche mission d’assistance et d’observation électorale en Afrique ( NIGER - Côte d’Ivoire, Guinée,Madagascar , autres ...) possibilités collaboration/partenariats, sur mission mise en place institutions, bonne gouvernace disponible actuellement

    • Le 14 mars 2010 à 20:10, par froissard roger En réponse à : Jean Marie Ngondjibangangte, de l’ONG PIDPA : "Il n’y a pas d’élection parfaite"

      Je suis en contact avec Mahamadoune AGHALI ( aghaliintnet.ne)
      candidat independant aux prochaines élections présidentielles au Niger .En France, je lui apporte mon aide à la préparation de sa campagne, pour laquelle il ne dispose d’aucun ou très peu de moyens pour démarrer.Quel appui pouvez vous lui apporter, ou mise en contact, pour
      aide financière ) Je recherche ONG pour m’accueillir dans le cadre d’une mission d’assistance et observation électorale ( froissardroger@yahoo.fr) tel 0329240641/0615333297)pays :Niger-Cameroun-Côte d’Ivoire,Guinée-Madadgascar -Envoi CV et lettre de candidature si souhaité

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?