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Alternance au Burkina : “Que je mange à mon tour !”

Publié le mercredi 19 août 2009 à 02h00min

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Chaque fois qu’il est question du régime politique et de la constitution burkinabè, les regards se braquent sur l’article 37 de la loi fondamentale. La réflexion est alors interdite ou enclavée par la limitation ou non des mandats présidentiels. Sacrée article 37 ! Toi par qui le Burkina peut être sauvé ou perdu, que de procès d’intention, que d’a-priori inféconds nous servent-ils en ton nom ?

Quand la quintessence de la démocratie en ce qu’elle a de plus inaliénable, comme la liberté d’opinion, d’association, l’égalité dans les droits et devoirs civiques, économiques... sont reléguées comme des moins que rien à l’ombre des égoïsmes du genre « ne touche pas à mon tour de manger », on ne peut que s’apitoyer sur le sort de la République. Et merci, mille fois merci à l’éminent Zéphirin Diabré de nous avoir si doctement enseigné ce que c’est que l’alternance voulue et adulée au Burkina. Morceau choisi : « Nous souhaitons l’alternance démocratique dans notre pays, c’est dire la victoire de nouvelles forces politiques sur celles qui nous gouvernent actuellement, pour faire en sorte que ceux qui « regardent » actuellement puissent eux aussi enfin « manger ».

Or si cette révision de l’article 37 de la Constitution se produit on aura une situation où « ceux qui mangent » continueront de manger, et « ceux qui regardent » seront condamnés à continuer de regarder ». Voilà qui est très clair, l’alternance, selon le président du Forum des citoyens, ne serait rien d’autre qu’une chaise musicale ou les « regardeurs » d’aujourd’hui deviendront des « mangeurs » de demain et « les mangeurs » d’aujourd’hui « des regardeurs » de demain. En d’autres termes, l’opposition burkinabè n’a pas un projet alternatif à opposer à celui du pouvoir actuel… A part le “ôtes-toi que je mange à mon tour”. Et le peuple dans tout cela ? Il attendra que les mangeurs se succèdent à la tête du pays au nom de l’article 37 non révisé.

Car, foi du docteur Diabré, pour envoyer d’autres « mangeurs » autres que ceux du clan Compaoré et alliés CDP à la soupe, il faut que « les gens, surtout les jeunes » s’opposent à la révision annoncée de l’article 37 de la constitution. Un mot d’ordre de ralliement est vite trouvé et en langue nationale, s’il vous plait : « asse m’ting-kougra sii », traduisez, touche pas à ma constitution. Car la constitution non révisée équivaut à Blaise Compaoré et son clan de « mangeurs » quitteront le pouvoir. Et hop ! Par coup de baguette magique, le Burkina sortira de la pauvreté, les détourneurs iront à la MACO, les populations seront soignées gratuitement et le travail, il y en aura à gogo pour tous les jeunes. Sacrée opposition ! Le miracle de l’alternance est imminent. Plus sérieusement l’alternance possible est une cerise sur le gâteau de la démocratie. Mais elle ne suffit pas à en donner la saveur sucrée, surtout quand elle est forcée par une disposition constitutionnelle de camisole.

La compétence, l’expérience, le soutien populaire devraient attendre. Au nom du droit de chaque groupe de « mangeurs », dixit Zéphirin Diabré, à disposer d’un temps pour aller à la soupe. En définitive militer à faire partir Blaise Compaoré de la présidence du Faso par les dispositions obligeantes de l’article 37 de la constitution, c’est reconnaitre a priori que dans des conditions d’équité, de transparence, bref d’un scrutin sincère et honnête, il est démocratiquement imbattable. D’où la douleur des « pressés-pressés » de manger à leur tour. De fait, le débat tel qu’il se mène actuellement sur une révision constitutionnelle et plus largement sur des réformes institutionnelles possibles indique que la tricherie, l’achat de conscience, la partialité de la structure organisatrice des élections ne sont plus des obstacles à l’alternance.

De deux choses l’une, où l’opposition est passée maître de se servir de ces travers lors des scrutins, où elle estime que les élections sont suffisamment bien organisées et l’unique obstacle pour elle de réaliser l’alternance, c’est l’homme Blaise Compaoré. C’est reconnaitre implicitement que c’est un concurrent très au-dessus du lot qu’il faut déclasser par une règle d’exclusion de la compétition. On pensait la démocratie républicaine plus ouverte. A quand le débat sans œillères sur l’article 37 ?

L’Hebdo du Burkina

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Vos commentaires

  • Le 19 août 2009 à 06:34 En réponse à : Alternance au Burkina : “Que je mange à mon tour !”

    La grande majorité des burkinabés qui souhaite l’alternance dans notre pays ne résume pas l’alternance à “Que je mange à mon tour !” On veut l’alternance parce que les institutions sont plus importantes qu’une personne aussi grande soit-elle comme l’affirmait Obama lors de son séjour au Ghana. On veut l’alternance parce que on n’a peur que notre pays devienne comme la côte d’ivoire d’après Houphouët ou le Togo d’après Eyadema ou encore le Zaïre d’après Mubutu. On veut l’alternance parce qu’on veut prendre la bonne route comme le Mali ou le Ghana.
    A quoi ça sert de changer cet article 37 à chaque fois pour accommoder une seule personne ?

  • Le 19 août 2009 à 14:17, par Puulo En réponse à : Alternance au Burkina : “Que je mange à mon tour !”

    Pourquoi les nouveaux mangeurs vous indignent-ils autant ? Qu’ont fait les anciens pour mériter de manger à vie ? Voulant élever le débat vous le rabaissez au contraire. Le problème de l’alternance est trop sérieux et ne doit pas être reduit à la caricature que vous en donnez. Pour vous au moins c’est clair, il faut laisser Blaise and Coe continuer à "manger" parce que sûrement des miettes tombent aussi pour vous.
    Non l’alternance doit justement donner l’occasion à notre peuple de se choisir les dirigeants de son choix, même s’ils sont incompétents. Si effectivement c’est le choix du peuple, il rectifiera lui même le tir aux occasions suivantes. Ce qui n’est pas démocratique c’est de vouloir, au nom d’une prétendue infaibilité, vouloir faire perdurer des voies de faits. Parce que Blaise Compaoré, personne ne l’a choisi en 1987. Il s’est taillé une démocratie sur mesure à partir de 1991. Depuis il modifie ou fait modifier la constitution, selon son bon vouloir pour ses propres intérêts. Si la démocratie est si contraignante et nous fait courrir le risque de perdre "le messie" alors il faut avoir le courage résolument d’y mettre fin. Pourquoi s’imposer un système qui n’est pas bon pour nous ?

    • Le 19 août 2009 à 17:27 En réponse à : Alternance au Burkina : “Que je mange à mon tour !”

      La caricature que fait l’Opinion de la question de l’alternance est indécente. Mais on les comprend.Tout comme tous les lecteurs de bendré ont bien compris le clin d’oeil que Zeph a fait au défunt président du CNR en paraphrasant sa célèbre phrase : quandles uns mangent et les autres regardent, ainsi naissent les révolutions !
      Alors n"essayz pas de nous divertir !!!

      • Le 19 août 2009 à 20:16 En réponse à : Alternance au Burkina : “Que je mange à mon tour !”

        Voilà la vérité des choses. J’étais convaincu à 100% que Zeph ne peut pas tenir de tels propos. Par honnêteté intellectuelle et journalistique, le journaliste devait placer cette déclaration caricaturale dans son contexte et ne pas faire de la surenchère politicienne. Il est hors de question de modifier l’article 37 pour rallonger le mandat du Président COMPAORE après 2015. Le Président COMPAORE lui-même est contre cette modification. Il n’y a que les courtisans qui croient faire plaisir à notre Président, ce grand patriote en avançant de telles ignominies. Reste à voir comment cette alternance devra se préparer car l’alternance pour le bordel n’arrange pas le Burkina. Il suffit de voir comment l’opposition est, actuellement, manifestement incapable de s’organiser, d’agencer, de rationnaliser, pour assurer, légitimement cette alternance. Zeph, ton heure a sonné avec le forum pour l’alternance. Tu seras l’homme de la situation et pas M. François COMPAORE qui a le tort d’être le frère du Président même si il a la stature d’un "présidentiable". Il faut, pour ce faire, que tous les partis d’opposition fassent l’effort de proposer ta candidature en 2015. N’espère pas battre le Président COMPAORE en 2010. C’est prématuré. Pour ma part,, je serai là pour apporter ma petite contribution aux grandes orientations politiques pour permettre de donner à boire et à manger à ces populations rurales souffrantes. Donc laissez tranquille les grands débats sur l’alternance pour l’instant. On sait comment cette alternance se passera. Et le Président COMPAORE en est bien conscient car c’est un véritable homme d’Etat qui a le sens de la nation, n’en déplaise à ces adversaires politiques. Bark Biiga, Wogdougou.

      • Le 20 août 2009 à 01:38 En réponse à : Alternance au Burkina : “Que je mange à mon tour !”

        ZEPH LUI MEME NE CHERCHE QU A VENIR MANGER IL Y A PEINE QUELQUES MOIS IL JURAIT PAR TOUS LES DIEUX NE PAS ETRE INTERESSE PAR LE POUVOIR ALORS QU ON VOYAIT BIEN QUE AREVA TRAVAILLAIT A PLACER SON HOMME
        MAHDOU

        • Le 27 août 2009 à 22:52 En réponse à : Alternance au Burkina : “Que je mange à mon tour !”

          Tu es un connard Mahdou. Ce type-là est déjà à l’abri du besoin. Toi tu es tellement dans la misère que tu racontes n’importe quoi sur le nettu es aveuglé par ta haine et ta faim. ça s comprend par toutes tes interventions. Tu es négatif partout et tout le temps. uoham

  • Le 20 août 2009 à 14:15, par Valérie de Paris En réponse à : Alternance au Burkina : “Que je mange à mon tour !”

    Imaginons Zéphirin DIABRE au pouvoir en 2015 !
    Quel immense honneur
    et quelle grande opportunité pour
    le Burkina Faso !

    Du courage Mr DIABRE
    le peuple t’appelle !

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