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MANIFESTATIONS DE RUE : Armes de revendication ou de subversion ?

Publié le mardi 24 mars 2009 à 02h10min

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Au Pakistan, c’est un haut fait de guerre dont la rue se souviendra encore longtemps. L’histoire retiendra, en effet, que, pour la première fois dans ce pays, la rue a fini par faire reculer un gouvernement, celui de Ali Zardari. En réhabilitant l’ex-président de la Cour suprême, Iftikhar Mohammad Chaudhry, le président Zardari, successeur de Pervez Musharraf, vient de perdre une bataille. La pression a finalement eu raison de Zardari. Acculé par la rue, par son propre gouvernement et par l’armée, le président a finalement réhabilité le juge.

En accédant ainsi à l’une des principales exigences de l’opposition et des avocats, le gouvernement, en retour, appelle à la réconciliation nationale. Iftikhar Mohammad Chaudhry devait prêter serment le 21 mars, après le départ à la retraite de l’actuel président de la Cour suprême. Iftikhar Mohammad Chaudhry, c’est ce redoutable juge pakistanais qui fut limogé en 2007 par le précédent gouvernement de Pervez Musharraf, pour avoir ordonné une enquête sur la disparition de dizaines de personnes.

Mais cet homme doit surtout sa longue traversée du désert à son opposition farouche à la réélection de Pervez Musharraf pour cinq ans, à l’époque, en fin de mandat. Ce qui faisait de lui, un véritable poil à gratter pour l’ancien régime, et particulièrement, pour Pervez Musharraf. Faut-il encore le rappeler, le retour du magistrat à la tête de la plus haute instance judiciaire du pays, avait été un engagement du président. Une promesse qu’il tarda, hélas, à tenir depuis son arrivée au pouvoir. Il aura donc fallu cette piqûre de rappel, doublée de la forte pression tous azimuts, pour forcer Ali Zardari à plier. Mais des cas similaires, combien enregistre-t-on sur le continent noir, connu généralement pour avoir mal à son opinion ? Ceux qui ont toujours eu à dire que l’Afrique n’a pas d’opinion n’ont sans doute pas tort. D’autant que l’action des quelques rares personnalités engagées, sur le continent, qu’elles soient des partis d’opposition ou de la société civile, s’en trouve très souvent limitée, le fait étant que leur lutte n’est pas très souvent portée par une masse critique, éclairée, à même de les amener à triompher de luttes nobles pour lesquelles un accompagnement de la société est précieux.

Il faut malheureusement faire l’amer constat qu’en Afrique, bien plus qu’ailleurs, ce genre de combat se mène pratiquement seul. Et que dire de la société civile qui devait être dans son rôle en se montrant très alerte ? Elle n’existe, dans certains pays africains, que de nom. Pour ce qui est du soutien du peuple, "les engagés" mesurent bien tard leur solitude, quand, précisément, surviennent les problèmes, quand le point du non-retour est atteint. La société ne réagit quelquefois que bien plus tard, seulement lorsque l’irréparable a été commis. Pour tout dire, l’action quotidienne des combattants de la liberté et de la justice n’est pas généralement soutenue par les opinions nationales.

Toutes choses rendant le combat pour la liberté, la justice, les droits de l’homme, la démocratie, difficile, voire périlleux. Parfois, c’est de guerre lasse qu’on finit pas baisser les bras, par déposer les armes. Une situation qui n’est pas pour déplaire aux régimes en place, en Afrique. Ayant une phobie des manifestations qui, à leurs yeux, passent toujours pour des occasions d’affaiblir, voire de faire tomber leur régime, il ne faut naturellement pas s’attendre à ce que ces dirigeants pleurent sur le sort de ces agitateurs d’idées qui troublent le sommeil de certains d’entre eux. Si seulement, ils s’en tenaient à cela. Car, si ce n’est pas en prison, pour les régimes hautement répressifs, c’est au cimetière que s’arrête la lutte des empêcheurs de gouverner en rond.

Cela est bien dommage. D’autant plus que ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on peut faire baisser la température. Si ces différentes marches peuvent faire rougir les yeux aux dirigeants, elles ne les crèvent pas pour autant. Bien au contraire. Les profits qu’on peut en tirer peuvent se révéler bien grands pour peu que ces manifestations soient encadrées et que les lois de la République soient respectées. De fait, les mouvements de protestation sont des canaux d’expressions de problèmes, bien souvent, réels ; un véritable baromètre de la vie nationale, que tout gouvernement soucieux d’être à l’écoute des moindres pulsations de ses gouvernés, devrait prendre en compte et les examiner avec le plus grand sérieux. Pourquoi faire la politique de l’autriche quand cela ne fait que déplacer les problèmes sans jamais les régler ?

Bien plus, ces manifestations peuvent être perçues comme des outils au service de la démocratie. En tous les cas, pour tout gouvernant, ce n’est pas se rendre service que de tenter de dénigrer ces manifestations ou de les réprimer. Que serait l’Afrique sans contre-pouvoir ? Dans un continent qui enregistre le plus de dérives et de manquements de la part des dirigeants, ce serait une catastrophe. Bien sûr, à la décharge des gouvernants, des manifestations ont souvent donné lieu à des débordements, foulant aux pieds, toutes les lois de la République. Bien souvent, elles ont été infiltrées. Quand le ver est dans le fruit, il faut, évidemment, craindre pour la République.

Tout cela amène à se demander parfois si les manifestations de rue, en Afrique, sont des armes de revendications ou des moyens de subversion. En tout état de cause, on ne peut pas utiliser la rue pour défendre des causes injustes. Elle ne saurait être entre les mains d’individus qui s’en servent comme d’une arme, pour défier tous les principes démocratiques, l’essentiel pour eux, étant que seuls passent leurs intérêts. Et à ce sujet, l’histoire nous dira si le précédent malgache ne poussera pas bien des dirigeants africains à resserrer la vis pour tout ce qui aura trait à l’organisation de manifestations de protestations. Déjà allergiques à ce genre de mouvements, certains gouvernants risquent de se montrer encore moins coopératifs.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 24 mars 2009 à 05:45 En réponse à : MANIFESTATIONS DE RUE : Armes de revendication ou de subversion ?

    S’il vous plait Monsieur le journaliste, cette image (photo) nous vient-elle vraiment du Pakistan ?

  • Le 26 mars 2009 à 02:27 En réponse à : MANIFESTATIONS DE RUE : Armes de revendication ou de subversion ?

    je sui d avis avec vous . Monsieur le journaliste pouvez Vous repondre a la question

  • Le 1er avril 2009 à 21:41, par Miss New York En réponse à : MANIFESTATIONS DE RUE : Armes de revendication ou de subversion ?

    Wend waoga.STP. tu ne peut pas encourager les journalistes dans le negativisme.si tu parle d`un chien et tu montre la photo d`un mouton ou est la coherence ???

    • Le 10 avril 2009 à 17:42, par wend waoga En réponse à : MANIFESTATIONS DE RUE : Armes de revendication ou de subversion ?

      Hi !Miss New York,tu l’as dit toi-meme,"chiens et moutons" !La photo en question en est une de manifestation ou pas ?L’article parle de manifestation ou pas ?Qu’il y ait manifestation en Asie,en Amérique,en Océanie,en Europe ou en Afrique,en quoi est-elle différente des autres par sa situation géographique ?Je pourrais t’écrire tout un bouquin pour te répondre,mais je préfère résumer tout ca en une simple interprétation personnelle de la présence de cette photo ;les questionnements que l’article fait ne sont pas seulement pour les autres pays,ils sont aussi valables pour le notre,d’où la photo de chez nous !

    • Le 12 avril 2009 à 11:53, par wend waoga En réponse à : MANIFESTATIONS DE RUE : Armes de revendication ou de subversion ?

      Hi !Miss New York,tu l’as dit toi-meme,"chiens et moutons" !La photo en question en est une de manifestation ou pas ?L’article parle de manifestation ou pas ?Qu’il y ait manifestation en Asie,en Amérique,en Océanie,en Europe ou en Afrique,en quoi est-elle différente des autres par sa situation géographique ?Je pourrais t’écrire tout un bouquin pour te répondre,mais je préfère résumer tout ca en une simple interprétation personnelle de la présence de cette photo ;les questionnements que l’article fait ne sont pas seulement pour les autres pays,ils sont aussi valables pour le notre,d’où la photo de chez nous !

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