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GESTION DES RÉSERVES ADMINISTRATIVES : Quand le flou favorise les deals

Publié le vendredi 20 février 2009 à 02h21min

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Les litiges nés de l’occupation des réserves administratives, confusément ou communément appelées espaces verts, sont nombreux. Une des causes de ces conflits est le manque de définition claire et d’attribution précise du type d’activités qui peuvent y être menées. On peut accuser aussi le défaut de matérialisation des réserves administratives.

A cause de cela, on remarque dans la commune de Ouagadougou, une occupation anarchique des espaces verts par des citoyens ou des citoyennes qui y installent des buvettes, des hangars pour vendre le dolo, des étals de toutes sortes et de toutes les dimensions et où l’on trouve divers mets, de jour comme de nuit en certains endroits. Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ? C’est pourquoi ces réserves administratives qui n’appartiennent à personne, qui n’ont pas de propriétaires connus, qui n’ont pas de destination fixe, sont prises d’assaut pour y développer des activités lucratives. Ce qui n’est pas un mal en soi, sauf qu’il n’y a aucune réglementation.

Et quand on sait le degré de pauvreté au sein des masses, il est facile de comprendre l’occupation de ces lieux pour des activités qui ne figurent pas dans leur destination première. Et plus les occupants passent des années sur ces lieux, plus les chances de conflits augmentent quand vient le moment de les faire partir pour libérer les lieux. Ces situations qui sont regrettables, il faut le dire, arrivent parce que les mairies n’ont pas joué ou voulu jouer leur rôle de manière transparente ; défaut de transparence dont certains profitent. Par exemple, il était possible de mentionner sur une plaque bien en vue, à quoi est destinée la réserve administrative.

Ce manque de clarté favorise des deals de tous genres. En effet, il n’est pas rare de voir certains espaces parcellés et distribués, pour ne pas dire vendus à des personnes ou à des sociétés. Ce serait faire une insulte aux responsables des communes que de dire qu’ils ignorent la localisation des espaces verts qui se trouvent sur leur territoire. S’ils le savent, ils doivent veiller à leur bonne occupation, par exemple en y érigeant des maisons où jeunes et vieux pourraient se rencontrer pour les sports et les loisirs. Faute de telles maisons qui contribuent à l’amélioration du cadre de vie des citadins, on remarque une grande propension de ces derniers à aller dans les bars et les buvettes, seuls lieux de distraction.

Le ministère de l’Environnement et du cadre de vie pourrait s’adresser à des sociétés pour leur demander d’investir dans l’aménagement de certains espaces verts qui seront baptisés de leur nom et où elles peuvent dresser leurs panneaux publicitaires. Ce serait leur label, une publicité pour elles. Mais l’on prendra le soin de leur faire savoir que ce n’est pas un territoire qui leur a été donné en propre. Une telle politique de mise en valeur des réserves administratives participerait à l’embellissement de la capitale. Actuellement, sur de nombreuses réserves administratives, on voit s’élever une mosquée, parfois un temple ou une église. Cependant, dans le plan cadastral, ces lieux de culte ont été bien prévus et ont reçu des endroits pour ce faire.

Il n’est pas rare non plus de se trouver en face de personnes de mauvaise foi qui décident de défier l’Administration en la mettant devant le fait accompli. On commence par balayer un petit endroit pour faire ses prières. Le petit endroit deviendra vite un hangar, et si les responsables municipaux ne sont pas vigilants, le hangar se transformera en maisonnette qui reçoit des personnes à certains moments pour prier. Et le jour où les services compétents de la mairie vont demander le déguerpissement de ces lieux, les intéressés crient à la destruction d’un lieu de culte. Ils vont remuer Ciel et Terre pour ne pas partir. Le rôle premier d’une réserve administrative, c’est de servir pour l’avenir. En décidant d’aménager des réserves administratives, les urbanistes ont fait des projections sur la croissance de la population urbaine.

Dans une ou deux décennies, les besoins en infrastructures sanitaires, scolaires, sportives et autres risquent de se poser avec une grande acuité. A l’allure où vont les choses, vu le flou manifeste dans la gestion des réserves administratives, il ne restera plus un pouce de terrain pour ces activités. La pauvreté et la vie chère ne doivent pas constituer des alibis pour l’anarchie actuellement en cours dans la gestion des réserves administratives. Leur gestion doit obéir à un schéma cohérent d’aménagement urbain. Il faudrait surtout et avant tout penser à ce que l’on veut laisser en héritage à ceux et à celles qui viendront demain. Penser à l’avenir, tel doit être le souci premier de tout maire. Les embouteillages que l’on observe dans la circulation de Ouagadougou ne permettent pas de dire que les différents responsables qui ont eu en charge la gestion de la capitale ont eu le souci de la prospective.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 20 février 2009 à 09:07, par sotisi En réponse à : GESTION DES RÉSERVES ADMINISTRATIVES : Quand le flou favorise les deals

    Bonjour, bel article qui met à nu les insuffisances de nos systemes. Et dire les responsables sont ceux là meme qui parcourent le monde aux frais du contribuable burkinabé mais bizarrement ne voient jamais ce qui se fait de bien ailleurs. C’est le signe que nous avons une administration de business men qui au lieu d’assurer la securité, la paix et l’harmonie sociale contribue plutot à faire le contraire.L’occupation illegale et anarchique entraine la jalousie et la colère des gens pauvres comme nous car en plus de ne pouvoir beneficier d’une parcelle pour y construire et loger , les memes à cause de qui nous sommes sans logis sont les memes qui nous narguent.Il est temps de batir une administration responsable et proche des citoyens.

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