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CDP : Blaise Compaoré ne donne-t-il pas raison aux Refondateurs ?

Publié le mardi 3 février 2009 à 01h58min

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Dans les démocraties anciennes, je ne vois pas de parti dirigeant au sein duquel il n’y a pas des débats d’idées. Une telle déclaration de Blaise Compaoré, dans notre édition du 10 décembre 2008, sonne comme un désavœu de la direction du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), son propre parti. C’est l’avis de l’auteur des lignes qui suivent, selon qui, les Refondateurs n’avaient donc pas tort de briser le silence. Depuis quelques mois, le rythme cardiaque de la politique burkinabé est d’une platitude mortelle. Depuis la sortie tonitruante des refondateurs, nationaux, comme ceux du CDP, avec le lot impressionnant d’espoir qu’ils ont soulevé, le thermomètre semble être retombé à zéro. En dehors de quelques soubresauts, comme les sorties de Zéphirin Diabré, plus rien ne pointe.

C’est vrai que l’Obamania a occupé beaucoup d’espace médiatique, mais tout de même, nous sommes ici au Burkina, avec nos problèmes. Aussi, c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu l’article du camarade Yoda Jacques de Bobo, paru dans Le Pays N° du 20 janvier 2009, et dans San Finna N°498 du 19 au 25 janvier 2009, sous le titre .

Je saisis cette occasion pour rebondir sur la question posée et donner mon point de vue sur une question que d’aucuns voudraient clore, mais qui intéresse tous les Burkinabè.

Je vous serais bien reconnaissant de porter mon appréciation dans les colonnes de votre journal qui a toujours participé à l’information objective des citoyens.

Interrogé par la presse sur la crise qui traverse le CDP, voici la réaction du Président du Faso ; ?

Même dans les démocraties anciennes, je ne vois pas de parti dirigeant au sein duquel il n’y a pas des débats d’idées, des luttes d’influences, des tendances. Mais tout cela, ça fait progresser un parti politiquement. L’Etat de droit, la démocratie, c’est un environnement de liberté, et s’il n’y avait pas de débats d’idées, de tendances, c’est à ce moment qu’on pourrait dire qu’il y a crise parce que c’est mou.

L’essentiel est qu’après ces débats, on en revienne à la ligne de parti, on se réfère à ses principes organisationnels. Je crois que le CDP, comme toute autre formation politique, ne peut, avec ces débats, qu’améliorer et ses orientations, et sa ligne, et ses méthode de gestion de ses structures.

Ça ne peut donc que conforter un parti qui veut être un parti d’avenir ». (Cf L’Observateur Paalga N°7278 des mercredi 10 et jeudi 11 décembre 2008, Sidwaya N°6319 du 10 décembre 2008 et Le Pays N°4262 du mercredi 10 au jeudi 11 décembre 2008).

Désavœu de la direction du CDP ?

En tenant de tels propos dans les médias, Blaise Compaoré désavoue publiquement la direction du CDP. Objectivement, il

Après ce qui est arrivé aux Refondateurs, on s’attend à ce que la fatwa tombe : « le Bureau exécutif national, en sa séance ordinaire en date du ... 2009, a pris la décision de suspendre le camarade Blaise Compaoré des instances et des structures du CDP, pour indiscipline caractérisée, esprit antiparti, comportement divisionniste, sectaire, irrévérencieux et putschiste, et pour dénigrement du CDP par voie de presse, en attendant qu’il fasse son autocritique publique et claire. »

Dans la même lancée, et après le camarade Blaise Compaoré, la même fatwa est appliquée au président du CDP : . Voici en rappel, les faits qui sont reprochés au Président du CDP : Le Reporter N°19 janvier 2009, (P.2), sous le titre , rapporte ceci : « Dans des courriers confidentiels datés du 6 octobre 2008, Roch Marc Christian Kaboré, président du Congrès pour la démocratie, demande aux militants du parti occupant de hautes responsabilités, notamment les ministres, de dresser une liste exhaustive des cadres occupant des postes de responsabilités dans les départements ministériels.

« Camarade ministre, faisant suite aux délibérations de la convention nationale sur la vie du parti, tenue à Ouagadougou les 13 et 14 septembre 2008, relative à la gestion des cadres du parti et dans le souci de disposer d’un fichier fiable, la direction politique nationale a décidé d’établir la liste complète des cadres du parti occupant des postes de responsabilités politiques ou administratives dans les institutions et départements ministériels. »

Les cadres concernés sont entre autres les secrétaires généraux, les conseillers techniques, les inspecteurs généraux, les directeurs généraux, les directeurs des services centraux, les directeurs régionaux, les inspecteurs techniques, les chefs de cabinets, les directeurs généraux de sociétés, les directeurs et chefs de projets, les chefs de services ».

Roch n’a-t-il pas lui-même fauté ?

Le journal se demande à juste titre si cela était « Dans tous les cas, (poursuit le journal), certains ministres, à leur tour, n’ont pas hésité à faire copie de ces courriers à leurs directeurs régionaux. Certains d’entre eux se sont ensuite lancés à un recrutement de cadres dans les régions. Si l’on ne peut reprocher au parti de vouloir constituer un fichier fiable de ses cadres, la démarche utilisée n’est ni plus ni moins qu’une politisation de l’administration. Pourquoi faut-il demander à un ministre de recenser les cadres de son département militant dans le parti ? Le CDP n’a-t-il pas d’autres canaux pour cela ? »

L’acte ainsi posé par le camarade Roch Marc Christian Kaboré constitue un manquement gave et un bafouement sans précédent des principes organisationnels du parti. En effet, il s’agit là d’une initiative malheureuse et inopportune qui permet aux ennemis du CDP de le vilipender partout.

Le camarade Roch Marc Christian Kaboré, président du CDP, devait passer par les structures compétentes du parti, (les sections et les sous-sections), et non par les ministres qui relèvent de structures n’appartenant pas à notre parti.

Mais si le président du parti en est réduit à passer par des structures autres que celles du parti pour connaître la situation politique et administrative des militants du CDP, il rejoint les refondateurs et confirme par la même occasion que les structures et instances actuelles du CDP ne sont pas fiables comme les refondateurs l’ont bien souligné à maintes reprises.

Mais comment des ministres "bombardés" ou "parachutés", dont certains se sont même retrouvés dans le Bureau politique nationale, alors qu’elles/ils ne possédaient même pas la carte du parti, peuvent fournir des renseignements fiables sur la situation politique et administrative des militants du parti ?

La lettre de Sig-Noghin

Même les ministres militants aguerris ne peuvent connaître que les militants ressortissant des communes ou provinces dont eux-mêmes sont originaires. Un recensement des militants du CDP, pour être fiable, doit partir de la base où tout le monde connaît tout le monde.

Et c’est cette vérité fondamentale que les jeunes CDP de l’arrondissement de Sig-Noghin ont affirmée dans une lettre ouverte adressée au président du parti, (et publiée dans Le Pays du vendredi 12 septembre 2008 , L’Observateur Paalga N°7218 du lundi 15 septembre 2008 et San Finna N°480 du 15 au 21 septembre 2008), lettre ouverte dans laquelle ils s’insurgent contre les pratiques qu’ils qualifient de (sic) :

Nous nous sommes vus obligés de nous adresser à vous par voie de presse, car l’importance de ce que nous tenons à dénoncer mérite d’être portée à la connaissance du public.

Pour ce faire, nous ne nous reconnaissons pas à travers cette coordination créée de toutes pièces par le président national des jeunes et le président provincial des jeunes sortant qui, seuls, connaissent les tenants et les aboutissants de leurs actes. Cette coordination n’est pas le reflet de la volonté des populations de Sig-Noghin et personne ne saura mieux choisir ses représentants.

A ce propos, un proverbe mossi dit ceci : le chien prétend mieux connaître la forêt que le singe, il a menti. Quid de Blaise Compaoré donc ?

Après les camarades Blaise Compaoré et Roch Marc Christian Kaboré, ces jeunes de Sig-Noghin, qui ont osé dénoncer publiquement et par voie de presse les mauvais comportements et pratiques inacceptables de certaines personnes de la direction du CDP doivent être suspendus ou exclus du CDP Quant au camarade Mahama Sawadogo, membre du Bureau exécutif national (B.E.N) et président du groupe parlementaire CDP, il doit être suspendu de toutes ses fonctions au sein du CDP .

Comme on peut le constater, il n’y a pas que les Refondateurs qui ont eu à donner des avis à caractère politique et relatifs au fonctionnement du CDP dans la presse.

Les concernant, et à l’évidence, le Président du Faso et la direction du CDP ne parlent pas le même langage, c’est le moins qu’on puisse dire, quant à la manière de gérer les cadres du parti. Pendant que la direction du parti les suspend des instances et structures du parti pour avoir demandé l’instauration de débats sains au sein du CDP, le Président du Faso, quant à lui, déclare :

En déclarant officiellement et publiquement que les débats d’idées font progresser un parti politiquement, on peut en conclure que le Président du Faso apporte un soutien non déguisé aux Refondateurs, pour les efforts qu’ils déploient pour instaurer justement le cadre et les conditions qui permettent de tels débats au sein du CDP.

C’est pourquoi, à mon humble avis, et à défaut de sanctionner les camarades Blaise Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré, les jeunes de Sig-Noghin et Mahama Sawadogo, comme suggéré plus haut, la moindre des choses serait de réhabiliter, sans délais, les Refondateurs qui .

Sawadogo T. Harouna

Militant à la base, Ouahigouya

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 3 février 2009 à 07:46, par Alidou Simporé En réponse à : CDP : Blaise Compaoré ne donne-t-il pas raison aux Refondateurs ?

    Coïncidences plutôt troublantes, qui laissent entrevoir qu’il y a des discordances ou des dissonances de voix au plus haut sommet du CDP. En effet, de nombreux militants de base du CDP pensent comme Jacques YODA Militant du CDP Bobo Dioulasso (Le Pays N°4287 du mardi 20 janvier 2009 et San Finna N°498 du 19 au 25 Janvier 2009) que :
    "Le président du Faso a donné raison aux refondateurs" quand il déclare :
    « Écoutez, le Burkina est sur quelle planète ? Même dans les démocraties anciennes, je ne vois pas de parti dirigeant au sein duquel il n’y a pas des débats d’idées, des luttes d’influence, des tendances. Mais tout cela, ça fait progresser un parti politiquement. L’Etat de droit, la démocratie, c’est un environnement de liberté, et s’il n’y avait pas de débats d’idées, de tendances, c’est à ce moment qu’on pourrait dire qu’il y a crise parce que c’est mou. L’essentiel est qu’après ces débats, on en revienne à la ligne du parti, on se réfère à ses principes organisationnels. Je crois que le CDP, comme toute autre formation politique, ne peut, avec ces débats, qu’améliorer et ses orientations, et sa ligne, et ses méthode de gestion de ses structures. Ca ne peut donc que conforter un parti qui veut être un parti d’avenir ». (CF L’Observateur Paalga N° 7278 des mercredi 10 et jeudi 11 décembre 2008, Sidwaya N° 6319 du 10 décembre 2008 et Le Pays N° 4262 du mercredi au jeudi 11 décembre 2008).
    Le président du CDP de Bobo apporte la contradiction immédiate et cinglante : « En ce qui concerne les “refondateurs”, Rock Marc Christian Kaboré a rappelé qu’ils ont été invités à faire leur autocritique et que leur cas sera définitivement tranché au prochain congrès. “S’ils ne font pas cette autocritique, ils seront expulsés du CDP. »
    C’est en voulant rebondir sur les propos de Yoda Jacques, que SAWADOGO T. Harouna Militant à la base, Ouahigouya, Secteur 2 , pose cette question présente dans l’esprit de millions de militants sincères du CDP :
    « BLAISE COMPAORE NE DONNE-T-IL PAS RAISON AUX REFONDATEURS ? »
    Il rappelle à la direction du CDP qu’il y a d’autres cas de « fuites » d’informations dans la presse ? Je suis d’ accord avec lui quand il déclare qu’en suivant la logique de la direction du CDP, Blaise Compaoré, initiateur du CDP, et Rock Marc Christian Kaboré président du CDP doivent être exclus du CDP pour avoir étalé les problèmes internes du CDP dans la presse. Alidou Simporé

  • Le 3 février 2009 à 16:55 En réponse à : CDP : Blaise Compaoré ne donne-t-il pas raison aux Refondateurs ?

    ça les régardes ! ça fait leurs problèmes qu’ils s’entandent ou pas nous ça ne nous regardent pas.
    Nous à présent c’est comment gerer notre vie chère qui nous préocupes. C’est parce qu’ils n’ont pas de problèmes qu’ils parlent de refondateurs et je ne sait pas quoi encore ! Qu’ils nous laissent en paix avec leurs histoires. Quand ils bouffaient ensemble il n’y avait de problème et maintenant qu’ils ont fini de bouffer l’odeur comment à sentir. Courage à ces gas là !

  • Le 4 février 2009 à 09:41, par Simporé Mahama En réponse à : CDP : Blaise Compaoré ne donne-t-il pas raison aux Refondateurs ?

    Au-delà des propos contradictoires et autres déclarations verbales de l’un ou l’autre dirigeant au sommet du CDP, que d’aucuns qualifient de discordances, ou dissonances ou même cacophonies, une chose est là, que rien ne peut encore dissimuler, tellement elle est évidente et visible : le malaise profond que vit le CDP.

    Cependant, les dernières sorties des uns et des autres dans les médias montrent à l’envie que les choses sont en train de prendre une autre tournure. Ceci nous amène à faire les observations suivantes :

    1- La mise à l’écart progressive et systématique, qui semble avoir été bien planifiée et bien orchestrée, aurait-elle pu se faire à l’insu du Président Blaise Compaoré et contre sa volonté ? En d’autres termes, (ou signe des temps ?), est-ce que le centre de décision du CDP s’est déplacé de Ziniaré ou Kossiam au 1146 Avenue du Docteur Kwame N’Krumah ?

    2- François Mitterrand, patron du Parti Socialiste (PS) français, parti majoritaire à l’époque conquiert l’Elisée et garde la main forte sur le PS. Jacques Chirac, patron du RDR, puis de l’UMP, parti majoritaire, accède à l’Elisée.Tant qu’il a la maîtrise des rouages du parti, lui et ses partisans conservent le pouvoir d’Etat. Dès qu’il perd le contrôle de l’UMP, ses partisans perdent le pouvoir. Pour parvenir à l’Elisée, Nicolas Sarkozy bouscule tout le monde et prend la tête et le contrôle de l’UMP. Aujourd’hui, il est à la fois patron de l’Elisée et patron de l’UMP. Même s’il a fait nommer quelqu’un à la tête de l’UMP, pour respecter les formes, personne en France ne doute que c’est Nicolas Sarkozy qui est le vrai maître de l’UMP.

    3- En Afrique du Sud, Tabo Mbeki était président de la République, mais pas président du parti majoritaire. Le parti l’a éjecté du fauteuil présidentiel, comme un malpropre.

    4- Aux Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama, arrivé en tête des élections primaires, devient, de facto, patron du parti démocratique. Elu président, il devient patron de la Maison Blanche et patron du parti démocratique dont il a la charge d’appliquer les choix et orientations politiques, en intégrant dans l’équipe dirigeante ceux qui l’avaient combattu farouchement au cours des primaires.

    5- Exclure ou ne pas exclure les Refondateurs n’est plus une question d’intérêt majeur aujourd’hui. En fait, les Refondateurs eux-mêmes peuvent, ou même doivent quitter le CDP. Ils ont eu le courage dire ce qui ne va pas. Ils ont fait preuve d’engagement politique, d’intégrité, de hauteur et de noblesse dans leurs comportements et propos. L’honneur est sauf. Ils peuvent même prendre leur retraite politique, si tel est leur souhait.

    Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, la digue du CDP va bientôt céder. Les fissures semblent énormes et profondes. Malgré des réunions du Bureau Politique et une Convention Nationale hâtivement convoquée, nonobstant les tournées et les conférences provinciales tous azimuts, le processus de « lézardisation » se poursuit de manière inexorable, tant les haines sont tenaces et les rancueurs coriaces au sein de la « Nomenklatura » du CDP.

    Après les Refondateurs, les jeunes de Sig-Noghin, Jacques Yoda, Sawadogo T. Harouna, d’autres militants du CDP, et pas des moindres, vont rompre avec la loi du silence. La digue ne pourra pas contenir la furie des flots et des courants qui gonflent, gonflent, et gonflent.

    Le débat actuel, au-delà de « l’épiphénomène des refondateurs », concerne le contrôle et le positionnement du centre de décision du pouvoir central : à Ziniaré ou à Kossiam ou bien au 1146 Avenue du Docteur Kwame N’Krumah..

    Les observations faites plus haut montrent que même dans les démocraties éprouvées, c’est celui ou celle qui contrôle le parti majoritaire du moment qui contrôle le pouvoir d’Etat. Le jour où Blaise Compaoré perd le contrôle du parti majoritaire, il perd le pouvoir d’Etat. Il le sait et ses adversaires aussi le savent. La question qui se pose est : est-ce demain la veille de ce jour ? Simporé Mahama

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