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Université de Ouagadougou : Démission collective

Publié le lundi 26 janvier 2009 à 01h15min

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« Un jour, disait Nietzsche, il n’y aura plus d’autre réflexion que celle portant sur l’éducation ». Ce jour est arrivé au Burkina Faso, s’il n’est pas passé. La persistance de la situation navrante de l’université de Ouagadougou est là pour nous le rappeler.

Le temple du savoir est devenu un temple maudit, sanctuaire frissonnant d’un interminable jeu de massacre : les enseignants ne veulent plus enseigner parce qu’ils veulent plus d’argent et de revalorisation de leur statut. Les étudiants ne veulent plus étudier parce qu’ils veulent plus de liberté et de meilleures conditions d’études. Les gouvernants, apathiques sur le drame qui se joue dans les amphithéâtres, adoptent la politique de l’autruche. Zogona se meurt. Sa devise, Populi, Sapientia, Populo (La science du peuple au service du peuple) avec.

A chaque rentrée universitaire, ses germes de crise académique. A chaque crise académique, ses risques de plus en plus grands, d’année blanche ou d’année invalide. C’est la ritournelle. La convulsive année académique 2007-2008 résistera-t-elle, finalement, à toutes ces actions paralysantes qui l’ont émaillée ? Si par miracle on parvenait à la sauver, comme les autres, à coups de pinceaux sur les craquelures, quelle en sera la valeur en termes de crédibilité ?

En attendant l’issue du petit jeu de « fais-moi peur » auquel se livrent actuellement le Syndicat national autonome des enseignants-chercheurs (SYNADEC) et le gouvernement, en attendant que les étudiants y apportent, eux aussi, leur touche, une chose est sûre : la déliquescence de l’Enseignement supérieur dans notre pays procède d’un cocktail pernicieux de comportements : le maximalisme et l’intransigeance de certains syndicats d’enseignants, l’infantilisme dans lequel barbotent souvent les associations estudiantines et l’incapacité des autorités à engager de véritables réformes consensuelles à même de sortir de la fange un ordre d’enseignement qui n’a que trop souffert de ses acteurs.

Dans le bilan de ses luttes publié dans notre édition du jeudi 15 janvier 2008, le SYNTER citait, comme point de sa plate-forme revendicative, « l’attribution [aux enseignants] de parcelles viabilisées et de facilités de crédits pour construire ». Même si le logement est un droit reconnu à tout Burkinabé, en faire une revendication corporatiste relève tout simplement de la surenchère syndicale. Qu’exigeront à leur tour les fonctionnaires subalternes de l’Etat dont les salaires suffisent à peine à assurer les trois repas quotidiens d’une famille de trois personnes ?

Lors de la conférence de presse du vendredi 23 janvier dernier (lire aussi page…), le SG/SYNADEC, Magloire Somé, en rajoutait d’une louche : « Il n’y a pas d’état d’âme lorsqu’il faut réclamer une amélioration de ses conditions de vie et de travail ». Faux ! L’issue durable de toute lutte, sauf celle armée, procède des compromis et concessions consentis par chacune des parties prenantes.

Quant au gouvernement, son manque de vision à long terme, son mépris vis-à-vis des revendications sociales, sa propension à répondre aux problèmes structurels par des mesures conjoncturelles, son appétence pour les réformettes (comme la « refondation » de l’université en 2000) au détriment des réformes concertées sont autant de comportements qui confinent à un pilotage à vue du bateau ivre que représente de nos jours l’Université. La démission a été collective, la recherche de solutions ne peut être que concertée. Il y va de l’avenir de toute la nation. Vite l’aggiornamento de l’Enseignement supérieur !

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2009 à 10:03, par soldat Kakato En réponse à : Université de Ouagadougou : Démission collective

    L’article me laisse un arriere gout d’inachévé car il me semble que son auteur a voulu adopter une neutralité qui en definitive rend son analyse un peu edulcorée. Je partage avec lui l’inquiétude face à l’intransigeance et au maximalisme de certain syndicat du campus de Zogona ! mais lequel ? je trouve egalement certaines revendications du synter tres politiciennes, car pour le logement, le President Kouldiaty avait fait de bonnes propositions (a l’amphi B) que les enseignants ont sabordées....
    Pour revenir a la situation actuelle, le probleme est structurel et le blocage de l’UO vient du desinteret que l’Etat accorde au Superieur sous pretexte que c’est un luxe (idee disseminee par la banque mondiale avant de se dedire). des efforts ont ete faits pour le primaire et le secondaire et rien pour le superieur. il est donc normal qu’on constate aujord’hui les embouteillages en DEUG I et les massacres qui en decoulent en terme de pourcentage de reussite.
    Quant au traitement salarial des enseignants, cela releve simplement du scandale ; ce qui se traduit d’ailleurs par la desaffection du metier d’enqseignant - chercheur. actuellement les avis de vacanse de poste d’assistant reste sans suite (et personne ne peux le nier). par consequent, c’est progressivement la qualité et le niveau de l’enseignement qui se posent à terme. seuls bientot vindront enseigner a l’universite que ceux qui n’ont rien trouve ailleurs ou simplement qui n’ont pas d’ambition !!! je peux comprendre que l’on evoque la situation d’ensemble du pays pour demander aux enseignants d’etre "moins gourmands" ? A condition que cela s’applique a tout le monde : que fait un deputé pour justifier son traitement actuel et les etrennes qu’ils s’octroient en fin d’année ? quel est son utilité reel en terme de contribution à la dynamique socioéconomique (on peut en parler s’ils ouvrent la breche).
    Pour finir,le gouvernement porte la lourde responsabilité de cet enlisement car le disque est raye maintenant a force de le servir sans discernement. le misnistre et le premier ministre pretendaient qu’ils reflechissaient a la situation, et c’est pour enfin de compte dire qu’ils veulent mettre en place des commissions pour reflechir ; ce qui est une maniere d’enterrer le dossier. C’est ca l’absence d’etat d’ame mais non pas le compromis. les enseignants ont demande l’ouverture de discussions et de propositions serieuses ; cela n’est pas synonyme de d’intransigeance et de maximalisme. c’est simplement du realisme pour ne pas se faire rouler dans la farine apres avoir ete arroses. On a tout compris comme le disait Dja facoly

    • Le 26 janvier 2009 à 16:42 En réponse à : Université de Ouagadougou : Démission collective

      Je suis d’accord avec toi mon frere !tu viens de toucher du doigt les points sensibles de notre système educatif.
      Le sous developpement de notre pays est lié au mepris que nos gouvernements ont l’enseignement superieur ;C’est là qu’est issu la force vive ,capable d’apporter le changement et un souffle de developpement.Si le ministre et ses copains ne peuvent pas regler le problèmes de l’enseignement supérieur,alors ils ont failli à leur mission et il ne sert à rien qu’ils occupent ses postes ;

  • Le 26 janvier 2009 à 18:46, par KARAMBIRI En réponse à : Université de Ouagadougou : Démission collective

    Je conviens entièrement avec vous avec cependant une vision plus globale. L’imbroglio inqualifiable qui prévaut à l’Université est la marque tacite d’un système de gouvernance, avant d’être très éprouvé, était à l’origine inadapté. c’est toute la problématique d’un modèle de développement très approximatif (nous en connaissons les effets)qu’on nous sert et que nous appliquons sans discernement.il suffit de regarder autour de nous et de constater que les Etats les mieux productifs et donc efficaces, sont les Etats dont les modèles de développement sont le fruit d’une socio-génèse à eux. Alors une prière : qu’on ait ici au Burkina Faso, ce courage salvateur et sans hypocrisie aucune, de reformer notre "machine à former des chômeurs", et par extension tout le système étatique. Ce travail nous incombe tous. Sans ça, il faut commencer à creuser la tombe béante et insondable du devenir de nos enfants.

    • Le 27 janvier 2009 à 11:03, par Yééfézo En réponse à : Université de Ouagadougou : Démission collective

      Exact.Le système de gouvernance s’accomode de la situation d’ensemble du peuple, pas de l’université seulement !!(misère rampante, spoliation...). Le peuple peut trimer, suffoquer s’il veut,...cela ne préoccupe aucunement des dirigeants qui ont compris que ce même peuple se comporte comme un agneau, bétail électoral, seul utilité !. Les gouvernants ou dirigeants entendent et comprennent le cri du peuple à l’orée des élections. Sinon le problème du campus n’est pas nouveau...et c’est la volonté des puissants du moment qui fait que jusqu’à demain, il risque de n’exister aucune solution sérieuse à un problème pourtant pas cornelien. Un député par rapport à un docteur à l’université, qui travaille plus ? Qui a plus de "sous" ?
      Quand le mépris est absolu et définitif face à leur misère, les Magloire ne peuvent que dire qu’il n’y a pas d’état d’âme dans leur lutte... Les dirigeants peuvent continuer à parler, puisque c’est ce qu’ils savent faire le mieux et le plus... On verra bien la suite !

      • Le 29 janvier 2009 à 18:11 En réponse à : Université de Ouagadougou : Démission collective

        Merci et courage à monsieur Magloire Somé, un maître de conférence en histoire sociale et très compétent. J’étais un de ses étudiants et je suis actuellement en Europe, mais je le soutiens avec ses collègues dans leur lutte. Il ne doit pas y avoir état d’âme quand on lutte pour améliorer ses conditions de vie et de travail.
        Le pouvoir de la 4ème Répuplique fait honte à tous les burkinabés sincères. En tout cas, pour les jeunes étudiants burkinabés en Europe comme moi, pas question de retourner dans un pays tant que Blaise et ses hommes vont continuer à ignorer le rôle capital des enseignants du supeur dans le développement de notre cher payS. Mes chers profs, je vous soutiens et je vous encourage.

  • Le 1er février 2009 à 15:33, par Sidsaya En réponse à : Université de Ouagadougou : Démission collective

    On est là ;avec de gros livres empilés...
    La tete pleine à craqué ;qui de jour en jour devient chauve.
    PAS d’honneurs pas d"argent...
    Pendant que des ZU WAN ZAL* se tapent tout le plaisir...
    Les richesses ;les femmes ;les honneurs et tout le reste.
    Nous foulerons la déontologie au pied.
    nous tenons mordicuSSSS
    Etudiants !
    Allez vous en !!!

    *crane vide

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