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Université de Ouagadougou : Le SYNTER fait le bilan de la lutte des enseignants

Publié le mercredi 14 janvier 2009 à 02h22min

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Dans cet écrit, le SYNTER fait le point de leur lutte à l’Université de Ouagadougou. Il revient sur les acquis déjà enregistrés, les insuffisances et donne son point de vue sur la grève actuelle du Syndicat autonome des enseignants-chercheurs (SYNADEC).

La lutte que les étudiants ont menée sous la direction de l’ANEB à la fin de l’année universitaire 2007/2008 et que notre organisation a soutenue, a permis d’attirer l’attention des autorités et toute l’opinion nationale sur la situation qui prévaut sur le campus de l’Université de Ouagadougou. L’année universitaire 2007/2008 était fortement menacée et la recherche de solutions pour la sauver a conduit les autorités du pays à initier des rencontres avec notamment les organisations syndicales des travailleurs. Cela a été l’occasion pour nos organisations de rappeler nos préoccupations.

Ainsi nous avons posé nos préoccupations devant :
- le Premier ministre par le biais du président de l’UO qui nous avait demandé de lui faire parvenir nos préoccupations. Nous lui avons alors fait parvenir notre plate-forme revendicative le 28 mars 2008 ;
- la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale le 08/08/08 à laquelle, après avoir brossé l’ensemble de nos préoccupations, nous avons donné notre point de vue sur les conditions d’une reprise sereine des cours à l’UO qui était alors fermée ;
- le Président de l’UO entouré de ses collaborateurs à l’endroit duquel nos revendications ont été reprises aux différentes rencontres dont celle du 17 mars 2008 ;

- le CFVU (Conseil de la formation et de la Vie universitaire) à ses réunions auxquelles nous avons été invités. A chaque fois, nous avons exigé des solutions à nos préoccupations. A l’issue de ces rencontres des son engagements ont été pris par les autorités et des promesses ont été faites. D’autres points et non des moindres ont reçu des réponses négatives ou pas de réponses du tout. Ils resteront constitutifs de notre plate-forme de lutte.
Notre attitude pendant toutes ces négociations qui étaient toutes convoquées autour de la lutte des étudiants a été de ne pas compromettre la fin de l’année 2007-2008 et la rentrée 2008-2009, nous réservant le droit d’entreprendre ultérieurement notre propre lutte autour de notre propre plate-forme. Nous étions alors et restons toujours convaincus que la perte de l’année aurait les étudiants pour principales victimes. Notre objectif était de permettre de finir sereinement l’année 2007-2008 et d’entamer l’année 2008-2009.

Qu’en est-il des promesses faites ?

Sur les arriérés, les autorités se sont engagées à les éponger. Cet engagement a connu un début d’application avec le paiement en septembre et octobre 2008, du mois et du demi-mois de salaire compensant la réduction d’un mois des vacances de 2006-2007 et d’un demi-mois des vacances de
2007-2008 puis du reliquat de l’indemnité de logement 2008. Mais le personnel ATOS n’a été concerné que
par le demi-mois. La suite connaît des irrégularités et un non respect des délais annoncés.

A la rencontre que notre syndicat a sollicitée et obtenue, du 6 novembre dernier avec le président de l’UO, nous avons déploré ces retards et exigé de lui que les procédures soient accélérées afin que les autres paiements aient lieu dans les meilleurs délais.
Avec les autres syndicats, nous semblons avoir été entendus puisque, au CFVU du 16 décembre dernier puis à la rencontre avec les syndicats le même jour, le Président nous a informé qu’au cours d’une rencontre avec les autorités qui a eu lieu le 10 décembre 2008, celles-ci lui ont remis un certain nombre de chèques destinés à éponger les arriérés dus aux enseignants.

Depuis, nous avons effectivement constaté le paiement du complément de l’indemnité de logement des années 2005, 2006 et 2007 et de la prime de rendement 2007. Ces paiements ne sont pas encore faits à tout le monde et nous attendons la suite (heures complémentaires, copies supplémentaires).
Certaines décisions telles que le relèvement du taux horaire des prestations attendraient le Conseil d’administration. Sur la revalorisation de la fonction enseignante, le Premier ministre aurait mis en place une commission pour y travailler.

L’information nous avait été déjà donnée au CFVU du 22 juillet. Cette commission aurait fait des propositions de révisions de notre grille salariale, des taux horaires des prestations des enseignements et proposé des indemnités spécifiques. Nous avons déploré qu’une commission qui devait travailler à la revalorisation de la fonction enseignante n’ait pas associé les syndicats dont la vocation est la défense des intérêts des enseignants et de tout le personnel de l’Université. A ce jour, nous ignorons tout du contenu des travaux de cette commission qui aurait été déposé sur le bureau du Premier ministre.

Comme mesure favorisant la reprise des cours, les autorités ont pris, avec l’appui du SYNADEC et du SNESS, la grave décision de créer le service de sécurité des Universités (SSU) et d’édifier un mur pour clôturer l’Université. Au sujet du SSU, nous avons marqué notre ferme opposition de principe à sa création parce que constituant une violation flagrante des franchises universitaires universellement reconnues et une
source d’insécurité pour tous les acteurs de l’Université alors que l’Université doit être un lieu de quiétude et de liberté par excellence. Nous avons précisé que nous nous donnerons les moyens de droit pour lutter contre sa présence sur le campus.

En ce qui concerne le mur, notre position était que, même si ce mur est quelque chose d’utile, il était inopportun d’utiliser des centaines de millions de francs pour sa construction alors que ces centaines de millions de francs CFA auraient pu servir à solutionner un tant soit peu les problèmes d’infrastructures qui se posaient et qui se posent toujours avec acuité (les travaux de la cité de Zogona devant servir de bureaux et de laboratoires sont arrêtés).

Beaucoup d’autres points de notre plate-forme n’ont pas été examinés parce ne faisant pas partie de l’ordre du jour des différentes rencontres. Il s’agit de points relatifs aux conditions de vie et de travaii des enseignants-chercheurs et des ATOS et au renforcement des capacités de travail. Ces points portent entre autres :

- le logement (octroi aux ATOS et relèvement du taux de l’indemnité mensuel pour les enseignants-chercheurs, attribution de parcelles viabilisées et de facilités de crédit pour construire),
- les voyages d’études (tous les 2 ans pour tous les enseignants-chercheurs),
- la santé (prise en charge de 75% au moins des prestations de santé pour tous les travailleurs de l’UO),
- les statuts du personnel de l’Université,
- les statuts des Assistants et des ATOS,
- le financement de la recherche,
- indemnités diverses des ATOS (de risques, de salissure) ;
- prise en compte des heures supplémentaires ;
- organisation de formations, de concours professionnels, de stages de perfectionnement, la bonne gouvernance ;
- la construction et l’équipement en matériel didactique de bureaux, d’amphithéâtres, de salles de cours et de TD.

C’est dire que la lutte est loin d’être terminée et la mobilisation reste à l’ordre du jour si nous voulons obtenir la satisfaction de notre plate-forme.
C’est dans un tel contexte de mobilisation des différentes organisations syndicales que nous avons d’abord été informés par la presse de la lutte du SYNADEC, puis le 24 décembre, par une correspondance du SG du SYNADEC datée du 10 décembre nous indiquant que son organisation avait déposé un préavis de grève commençant le 21 décembre.
C’est le lieu pour nous d’indiquer que le SYNTER ne peut et ne saurait s’opposer par principe à des luttes menées par un syndicat lorsque celles-ci visent à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Aussi regrettons-nous le retard dans la transmission et la réception de l’information par nos camarades du SYNADEC. Nous sommes en effet convaincus qu’une concertation préalable aurait permis une participation plus organisée, plus active et plus consciente de nos militants.

Même si des divergences fondamentales nous opposent sur certains points, la plate-forme qui a été rédigée par une commission conjointe de tous les syndicats d’enseignants du campus nous concerne tous. Nous aurions souhaité que la dynamique unitaire enclenchée (lors de l’élaboration de ladite plate-forme) se poursuive, nonobstant une première tentative manquée d’Assemblée générale commune et qu’ensemble
nous envisagions les voies et moyens d’obtenir la satisfaction de nos revendications.

Les grandes batailles menées avec succès dans l’histoire du mouvement syndical burkinabé en général, au niveau de l’enseignement supérieur en particulier, ont généralement été unitaires. Citons les grandes luttes des années 90 ayant conduit au relè vement des indemnités de logement, celles des années 2000 contre le plan machiavélique de destruction de l’Université qu’était la « Refondation »,.

Nous sommes convaincus que, les intérêts des travailleurs de l’UO constituant la seule boussole de nos organisations, elles se retrouveront à l’avenir comme par le passé, dans des luttes unitaires. Nous osons souhaiter que cet esprit de la recherche de l’unité d’action dans la lutte domine pour les combats futurs malgré nos inévitables et nécessaires divergences.

TRAVAILLEURS DE L’UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU, RESTONS MOBILISES POUR UNE DEFENSE FERME DE NOS INTERETS MATERIELS ET MORAUX !

Pain et liberté pour le peuple !

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2009 à 09:40, par Un doctorant, futur enseignant. En réponse à : Université de Ouagadougou : Le SYNTER fait le bilan de la lutte des enseignants

    Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le SYNTER est un syndicat assez constant qui dans l’histoire du monde éducatif a contribué grandement à l’amélioration des conditions de vie des enseignants et chercheurs (secondaires comme supérieur). Une fois que cela est dit, il ne faut pas se voiler la face, à l’université le SYNTER ne mobilisait plus grand monde ces dernières années.
    En dehors de déclarations de soutien circonstanciées à l’ANEB et de rencontres comme celles convenues et relatées dans la declaration, le SYNTER n’était plus en mesure depuis un certain temps de mener une action vigoureuse. il a même fallu cette lutte pour que le Synter fasse le point de ses démarches avec les autorités. C’est dire !
    Je comprends difficilement comment le SYNTER a pu laisser ainsi libre cours au gouvernement pour qu’il applique ses mesures ou du moins pour qu’il méprise autant les enseignants du supérieur.
    La grève lancée par le SYNADEC est un mot d’ordre que le SYNTER aurait pu lancer depuis ou tout au moins initier, tout en associant le cadet qu’est le SYNADEC ; le SNESS/UO étant devenu un fantôme.
    En produisant cette déclaration maintenant, au moment où le gouvernement rentre en discussion avec le SYNADEC, le SYNTER curieusement se comporte comme l’ont souvent fait les associations d’étudiants comme l’UNEF et autres tartampion de service face aux luttes justes et mobilisatrices de l’ANEB. Le SYNTER regrette d’avoir été informé en retard, et repète avoir appris la lutte du SYNADEC par la presse. Hors, tous les enseignants ont quand même réçu l’information de la lutte du SYNADEC par mail directement dans leur boîte de l’université de Ouagadougou. Donc fausse querelle ! Et de toute façon, avait on besoin d’attendre une correspondance pour prendre position face à une lutte qui encore une fois concerne tout le monde ?
    La déclaration du SYNTER est sans doute opportune pour rappeler qu’il existe encore, dans une université où plus d’un s’interroge sur sa réalité et sa force de frappe aujourd’hui.
    A cette interrogation, je reste profondément convaincu que le SYNTER pour ses principes et sa clairvoyance reste le partenaire de choix sur lequel les enseignants peuvent et doivent compter pour les luttes à venir au supérieur.
    En attendant et dans la situation actuelle, il faut que le SYNTER soutienne la lutte du SYNADEC en appelant clairement ses militants à suivre le mot d’ordre du syndicat en lutte.
    Si des acquis sont obtenus, il faut se fonder là dessus pour chercher à améliorer davantage en associant Synadec et Synter ensemble pour des luttes plus âpres. Car ce dont il s’agit, c’est, au delà même de l’amélioration de conditions matérielles des enseignants et du personnel ATOS, de l’avenir même de l’université, de la formation des cadres et in fine du développement soutenable du Burkina dont il est question.
    Au Synadec je dis bravo et courage ; leur lutte a déjà permis de faire savoir à l’opinion la réalité de la situation des enseignants et de montrer que ceux-ci ne sont pas prêts à courber l’échine ; accessoirement de glaner quelques CFA qui leur étaient dûs ; cette lutte je l’espère sonnera le réveil des universitaires qui ne devraient plus se laisser faire. Il faut rétablir le statut matériel et social de l’enseignant universitaire.
    Au Synter, je dis courage aussi ; réorganisons les choses, évitons dans la situation actuelle un mot, un acte qui fragiliserait la position des enseignants...ce serait une erreur historique !
    Vive la lutte dans la solidarité d’action !

    • Le 1er mars 2009 à 19:19 En réponse à : Université de Ouagadougou : Le SYNTER fait le bilan de la lutte des enseignants

      Le SYNTER est un syndicat que je respecte mais quand meme il devrait reconnaitre les merites du SYNADEC dans cette lutte meme si c’est un syndicat qui abesoin des experiences du SYNTER. Et puis , quand- est-ce qu’ il y a lutte unitaire ? Est-ce quand c’est le SYNTER qui initie une lutte et puis les autres syndicats doivent le rejoindre ? Pourquoi le SYNTER n’a - t- il pas saisi cette occasion pour allier ses forcres a un lutte pour une cause juste ? Le fractionnisme semble ne pas se trouver dans un seul camp. J’ ai ete decu de voir les differents syndicats des profs d’ universite ne pas se mobiliser comme un seul corps dans cette lutte. Nous pouvons taire nos "petites " divergences pour voir le tableau dans son entierete.

      LOP
      UFR/Sciences Politiques et Juridiques.

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