Il n’en fallait pas plus pour susciter l’indignation de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) qui a dénoncé, à travers une déclaration publiée par la presse, « l’arrogance des responsables de la BRAKINA ». La structure de défense des consommateurs croit comprendre cette attitude de la société par le fait qu’elle est la seule qui produit en grande quantité des boissons gazeuses en bouteilles et que le gouvernement n’intervient pas dans la fixation des prix. Cela est « tout un pouvoir qui lui permet de prendre en otage les consommateurs », s’indigne la LCB.

C’est pourquoi la structure que dirige le docteur Mathias Somé a invité les consommateurs à s’abstenir de recourir aux produits de la BRAKINA dans des conditions actuelles et à trouver des produits de substitution. « Acheter des produits de la BRAKINA en ce moment,

c’est donner raison à cette société qui fait ce qu’elle veut, quand et comme bon lui semble. Boycotter les produits, c’est refuser de se laisser prendre en otage par des sociétés qui n’ont pour seul objectif que le profit quoi qu’il en coûte aux ménages et à l’économie nationale », a souligné la Ligue. Loin de nous l’idée de prendre la défense de la société mise en cause qui a, du reste, le droit de faire du profit, reconnaissons que la Ligue est allée trop loin en appelant au boycott des produits.

Primo, ceux-ci ne sont pas impropres à la consommation ; secundo, la société productrice doit faire face à la hausse des matières premières comme le houblon et le Malt ; et tertio, la Ligue devrait comprendre que son appel avait moins de chance d’être suivi parce que ce n’est pas une telle augmentation qui peut empêcher les disciples de Bacchus de prendre leur courte rasade quotidienne.

Lancer un appel qui ne sera pas suivi n’en valait pas la peine, car cela pourrait écorner son image. Et cette fermeté de la Ligue est d’autant plus surprenante qu’elle n’a pas eu le même ton au temps fort de la crise liée à la vie chère où elle s’est fait entendre, mais avec un peu de modération.

En effet, elle n’a pas participé, le 13 mai dernier, à la marche contre la vie chère où la population a brandi des casseroles et des sacs vides pour crier famine. Une absence qui avait suscité l’incompréhension de bien de citoyens. Le riz, l’huile, le sucre, le carburant, le maïs, l’eau... sont des produits de première nécessité dont on ne peut se passer. Mener la bataille autour de ceux-ci fait forcément l’unanimité contre ceux qui veulent affamer la population. Mais autour de la bière...

Rabi Mitbkèta

L’Observateur Paalga