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Avènement du 15 octobre 1987 : Mettre fin à la déviation fasciste

Publié le jeudi 8 novembre 2007 à 13h28min

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Le 15 octobre 1987 est la résultante de l’exacerbation de la crise qui minait le Conseil national de la Révolution (CNR), crise née de la déviation observée dans la conduite de la Révolution avec l’inorganisation, le spontanéisme et l’autocratie comme manifestations visibles.

L’une des grandes faiblesses de la Révolution d’Août (son péché originel diront certains) c’est qu’elle a triomphé en l’absence de l’organisation d’avant-garde de la classe ouvrière, et qu’elle devrait forcément résoudre prioritairement et correctement cette question politique et organisationnelle de l’organisation qui permet de concentrer l’intelligence et l’énergie de milliers de personnes en une force unique, en une source intarissable de décisions concrètes touchant les intérêts du peuple.

Au lieu de quoi, cette absence d’une conception claire du rôle et du fonctionnement de l’organe dirigeant dans la Révolution, va instaurer dans la pratique, des déviations graves et souvent grossières non seulement dans l’approche de la question organisationnelle mais également et surtout dans la politique pratiquée dans tous les secteurs de la vie nationale.

C’est ainsi que durant les deux premières années de révolution, le CNR fonctionna sans textes et pratiquement sans organisation interne. Des membres se retrouvaient en Assemblée générale au gré des évènements pour débattre de questions ponctuelles et d’actualité. Cela traduisait le peu de souci que l’on se faisait de l’instauration d’une véritable vie organisationnelle au niveau de l’instance dirigeante de la Révolution démocratique et populaire. Cela favorisa le développement de l’esprit groupusculaire et l’indiscipline avec comme première conséquence, le départ d’une de ses composantes, le PAI, en août 1984. Et, lorsqu’une amorce d’organisation a eu lieu, les confusions ont persisté. Ainsi, le CNR est présenté dans les statuts comme « l’organe qui a préparé et dirigé l’insurrection victorieuse du 4 août, et qui assume depuis cette date la direction politique de la RDP. L’organisation politique qui exerce le pouvoir d’Etat au Burkina Faso », mais qui « demeure convaincu de la nécessité d’une véritable avant-garde ».
De la sorte, il est tantôt un organe, tantôt une organisation. Une confusion qui faisait qu’en réalité il était une nébuleuse dans sa nature, dans sa composition, dans sa mission comme dans ses objectifs et son fonctionnement.

Le fonctionnement sans principes du CNR, de même que l’esprit, anti-organisationnel de son président ont favorisé le renforcement progressif, des déviations, les plus marquées étant l’autocratie et le militarisme. Une note prise en 1987 ne disait-elle pas que « désormais l’OMR considère que celui qui s’attaque au président du CNR s’attaque à elle-même et à la Révolution » ?

Le premier responsable de l’Etat se fit le détenteur quasi-absolu de tous les pouvoirs et ne conçut devoir rendre compte qu’à sa propre conscience. A preuve, il créa à la Présidence du Faso des départements qui charpentaient tous les ministères auxquels il envoyait directives sur directives sans tenir compte ni des avis des techniciens de ces ministères, ni des réalités du terrain. Seul comptait ce que le Président pensait ou voulait, d’où l’étouffement de toute vie démocratique au sein du CNR. Une conception militariste du pouvoir s’est développée de pair avec la déviation autocratique.

C’est ainsi que le président tentera de faire de l’Organisation militaire révolutionnaire (OMR) l’unique pouvoir. Des statuts précipitamment taillés sur mesure, indiquent que « consciente du rôle historique qu’elle a joué pour le triomphe des tâches de la Révolution et convaincue de la nécessité de l’existence d’une véritable avant-garde, l’OMR, se fixe comme tâche immédiate de réaliser l’union de la gauche burkinabè en vue de la création du parti marxiste-léniniste ».

Ainsi était mise en branle le projet militariste qui consistait à faire de l’armée, l’unique détentrice du pouvoir d’Etat. Dans le même temps, le spontanéisme était érigé en méthode de direction et le volontarisme en ligne politique. « Les meilleures décisions sont celles qui sont prises à la surprise générale » ne cessait de dire le PF, ce qui est illustratif de cette méthode. Autant de dérives qui ont entraîné une résistance des patriotes sincères avec le dénouement que l’on sait le 15 octobre 1987. Un mouvement de rectification qui a œuvré à combler toutes ces insuffisances et à instaurer le processus démocratique que nous vivons actuellement et dans lequel la liberté est garantie à tous.o

Par Alpha YAYA

L’Opinion

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