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Document : Discours prononcé à l’occasion de l’ouverture des assises sur l’avant- projet de la constitution(14 décembre 1990)

Publié le mardi 23 octobre 2007 à 08h22min

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Honorables invités,
Camarades délégués aux assises,
Militantes et militants de la Révolution démocratique et populaire,

Lorsque le 19 octobre 1987, le Front populaire lançait un appel à tous les patriotes révolutionnaires et démocrates ainsi qu’à toutes les sensibilités sociales du Burkina afin qu’ils s’organisent pour participer pleinement à la gestion des affaires publiques, ce n’était point un simple coup de propagande médiatique, mais l’expression d’une volonté sincère de démocratiser la société au travers du pluralisme.
Les présentes assises nationales, de par leur large composition sociale, politique et de par le caractère déjà consensuel du document constitutionnel sur lequel elles vont se pencher, sont la démonstration de l’écho favorable que cet appel avait eu au sein de notre peuple. Le grand espoir actuel quant à la construction stable et démocratique de notre chère patrie est donc le résultat d’un effort et d’un engagement collectifs. Il est l’œuvre des révolutionnaires qui, à l’avènement du mouvement de Rectification, ont engagé une dynamique unitaire et d’ouverture au détriment des anciennes méthodes sectaires et groupusculaires.

Le succès actuel de notre processus démocratique relève également de la contribution des patriotes et démocrates qui ont su dépasser les démarcations subjectives et les attitudes revanchardes pour s’engager résolument, au sein du Front populaire, dans la gestion de la vie politique nationale. Il est aussi consécutif à l’attitude responsable de certaines organisations politiques non-membres du Front populaire qui ont toujours manifesté une prompte disponibilité à participer aux grands débats nationaux.

Enfin, la mouvance démocratique dont nous devons affirmer et codifier les acquis au cours des présentes assises résulte aussi de l’apport actif des organisations de masse, des opérateurs économiques, des communautés religieuses et coutumières, des organisations socioprofessionnelles et humanitaires. Elle reflète et traduit de façon tangible le consensus national qui prévaut aujourd’hui au Burkina Faso autour de questions essentielles comme la liberté, le progrès et la justice.

Camarades délégués,
Les débats libres et contradictoires sont un élément fondamental du jeu démocratique. L’acceptation de l’expression libre dans la différence est au premier niveau des facteurs progressistes de la démocratie.
Le deuxième échelon des facteurs de la démocratie constructive est d’aboutir à un consensus auquel tout le monde se soumet ou, à défaut, de dégager une position majoritaire que la minorité oppositionnelle se doit d’admettre. Et si la position minoritaire s’avère juste, l’histoire dans tous les cas, ne tarderait pas à le relever...

La démocratie constructive est celle qui favorise l’action par l’expression consensuelle, qui n’arrête pas l’action sous le prétexte de l’expression contradictoire. C’est là un exemple de contrainte qui impose à la démocratie un minimum de discipline et à tous les protagonistes du jeu démocratique un minimum de sacrifices et de patriotisme.

Camarades délégués aux assises,
L’action qui attend actuellement le consensus de votre expression est la mise en œuvre des institutions démocratiques de soutien au développement.

J’exhorte donc les uns et les autres à dépasser la méfiance systématique et à discuter objectivement en fonction des intérêts majeurs de notre peuple afin que l’action que nous allons engager ne soit pas entachée d’erreurs d’appréciation.

Honorables invités,
Camarades délégués,

Une des originalités majeures du processus démocratique engagé par le mouvement de Rectification est l’organisation régulière d’instances nationales de critique ou de concertation.

Cette originalité réside dans le fait qu’au-delà du jeu des partis membres ou non membres du Front populaire, de larges couches et sensibilités sociales ou professionnelles de notre peuple ont été étroitement associées à la vie politique.

Les sensibilités religieuses et coutumières constituent dans notre pays des forces sociales organisées ayant une influence sur une partie des composantes de notre peuple indépendamment du jeu politique. Exclure leur participation au débat sur les grandes questions de notre société serait anti-démocratique.

Les syndicats, en tant que cadres organisés des travailleurs des multiples secteurs de la vie nationale, sont aux différents carrefours de la production. Il est donc normal qu’ils soient associés aux grandes décisions qui engagent tous les travailleurs.

Nous ne saurions non plus exclure des débats qui engagent notre société entière les couches spécifiques de notre peuple que sont les jeunes, les femmes, les anciens et les paysans. Ces couches correspondent bien à des intérêts spécifiques qui doivent être directement exprimés et défendus, même si les formes d’organisation appropriées, selon le texte constitutionnel reviennent à la loi.
Enfin faut-il exclure de la vie politique nationale les opérateurs économiques, les organisations non gouvernementales humanitaires au nom de l’hégémonie des partis ? Certainement que non !

C’est en prenant en compte toutes ces considérations que le Front populaire a toujours associé, aux différentes instances nationales que sont les assises et les structures consultatives, l’ensemble des couches et sensibilités sociales ou professionnelles afin que s’en dégage un consensus réellement national.

Nous pensons que cette expérience qui va bien au-delà du jeu des partis est très profondément démocratique dans notre contexte socioculturel et rompt avec le cercle renfermé des élites politiciennes.

Chers invités,
Camarades délégués aux assises,
Vaillant peuple du Burkina Faso,

Il ne fait aucun doute qu’au terme de ces assises, nous allons entamer une nouvelle phase qualitative du processus révolutionnaire, après trois années d’efforts collectifs et soutenus en faveur de l’approfondissement de la démocratie.

Nous ne devons jamais perdre de vue que l’objectif ultime de la démocratie, c’est de favoriser le développement par la liberté, la justice sociale par le progrès. L’histoire du Burkina Faso depuis son accession à l’indépendance est riche des expériences politiques que sont le parti unique, le multipartisme limité, le multipartisme intégral et le régime d’exception.

L’échec des régimes multi-partisans dans notre histoire nous permet d’affirmer avec certitude que la seule proclamation de la démocratie n’est ni un gage d’ouverture, ni un facteur suffisant pour le développement.

Camarades délégués aux assises, Le Front populaire en engageant le présent processus démocratique dès octobre 1987 s’est non seulement inspiré de toutes ces leçons de notre histoire, mais a surtout acquis la conviction que sans démocratie véritable, il n’y a pas de développement.
En favorisant l’expression plurielle et en codifiant des droits et des devoirs collectivement acceptés, la démocratie sécurise les acteurs sociaux et libère toutes les initiatives favorables au progrès.

Honorables invités,
Camarades délégués,
Militantes et militants,

La lutte pour la démocratie qui est aussi une lutte pour le développement exige de chacun de nous qu’il donne le meilleur de lui-même. La démocratie à laquelle nous aspirons devra créer toutes les conditions politiques, juridiques et sociales de la participation maximale de toutes les composantes du peuple au processus de développement.
Nous devons conjuguer nos efforts pour bâtir des fondements constitutionnels solides garantissant la poursuite des transformations économiques, politiques, culturelles et sociales en cours.

Camarades délégués,

Au terme de ces assises, notre peuple devra se prononcer par voie de référendum sur le projet de Constitution qui mobilise actuellement toutes nos énergies.
En souhaitant pleins succès à vos travaux, je déclare ouvertes les assises nationales sur l’avant-projet de Constitution.

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

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