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Symposium « Oser inventer l’avenir » : La "Françafrique" mise en accusation

Publié le mardi 16 octobre 2007 à 07h35min

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Le symposium international Thomas- Sankara ouvert le 11 octobre dernier, s’est achevé dimanche 14 octobre sur de nombreuses recommandations mais aussi sur des « révélations » relatives à la mort il y a 20 ans de Thomas Sankara.

Les partisans de l’ex-président du Burkina Faso, Thomas Sankara, à la veille de la date commémorative de sa mort, ont nommément désigné la « Françafrique » comme « principal auteur et commanditaire » de l’assassinat du père de la Révolution burkinabè.
Les participants à ce premier symposium international « Thomas Sankara », qui s’est ouvert sous le thème « Oser inventer l’avenir », ont pointé du doigt les relations nébuleuses de la France avec l’Afrique, appelées couramment « Françafrique ».

Les participants venus d’Europe et d’Afrique accusent aussi certains pays membres de la Françafrique qui auraient comploté pour la survenue de l’événement du 15 octobre. Ils exigent l’ouverture des archives françaises, togolaises, ivoiriennes et libyennes afin que toute la lumière soit faite sur la mort de l’ex-président. Les Sankaristes impliquent officiellement la France, ses réseaux et d’autres pays dans le coup d’Etat contre Sankara (...).

Les Sankaristes, réunissant des politiciens, des membres d’associations, des chercheurs et étudiants, ont par ailleurs attaqué le bien-fondé du droit de veto dont jouissent les Etats-Unis, la Chine, la France, l’Angleterre et la Russie au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce droit jugé « antidémocratique » à leurs yeux, est incapable de prévenir et d’empêcher les conflits armés dans le monde. Il a été dénoncé dans son principe et dans son usage. Le droit de veto doit être selon les Sankaristes, abandonné au profit d’un mécanisme plus respectueux du principe d’égalité entre les Etats membres du Conseil.

Le symposium s’est achevé sur un total de six recommandations, dont l’une d’elle défend la femme burkinabè. Les participants n’ont pas manqué de dénoncer le rôle de « figuration » dans lequel les femmes sont "confinées au pays des Hommes intègres" et « l’exploitation à large échelle » dont elles sont victimes. Les Sankaristes ont appelé elles burkinabè à un sursaut d’orgueil pour restaurer leur dignité en s’impliquant dans les partis sankaristes afin de constituer une « alternance crédible », fondement de leur promotion et de leur épanouissement.

L’un des buts du symposium est de permettre de définir un contenu commun de l’idéal sankariste. La question a été confiée à un comité international de rédaction de la conceptualisation du Sankarisme qui verra bientôt le jour. Il regroupera des Burkinabè membres de la société civile, des partis politiques mais aussi des personnes ressources.
Les nostalgiques de l’ère revolutionnaire recommandent enfin l’élaboration d’un code d’éthique sankariste, afin d’établir des points de repères de comportements que devraient avoir les Sankaristes. « Cela éviterait l’amalgame et l’infiltration des opportunistes dans le mouvement sankariste », a justifié El Hadj Mamadou Kabré, membre du comité national d’organisation de la rencontre. Une dizaine de partis politiques se réclament aujourd’hui de l’idéal du président Thomas Sankara. Toutes les tentatives pour les regrouper ont jusque-là échoué. Cette unité est vivement "salutaire" pour fédérer les énergies, les ressources humaines « afin de conquérir l’électorat pour une prise du pouvoir d’Etat ».

En entendant, les Sankaristes se consolent à l’idée que cette divergence est en fait une diversité, signe d’un dynamisme au sein des partis sankaristes.

Mouor Aimé KAMBIRE et Boureima LANKOANDE


Atoumane Dioune : le « Sankara » sénégalais

Atoumane Dioune est Sénégalais. Il a pris part à l’atelier « Sankara et l’environnement ». Il s’est fait remarquer par ses questions hors thème.
Qui est Atoumane Dioune ?

Atoumane Dioune (A.D.) : je m’appelle Dioune Atoumane alias Sankara. Je suis professeur d’histoire-géographie au collège Ross-Béthio de Saint Louis au Sénégal.

Qu’est-ce qui a motivé votre séjour à Ouagadougou ?

A.D. : Je suis à Ouagadougou pour réaliser un rêve qui m’habite depuis 20 ans : me recueillir sur la tombe de mon idole, Thomas Sankara. Je participe à cette commémoration pour faire la connaissance de camarades sankaristes et nouer des relations sincères et durables avec eux. Je compte aussi avoir quelques éclaircissements sur certains paramètres de la Révolution et de son leader qui m’échappaient jusque-là.

Que représente pour vous le président du CNR ?

A.D. : Thomas Sankara est ma référence sur le plan politique. J’ai connu des révolutionnaires africains : Lumumba, Cabral etc., par les écrits. Mais Sankara est mon contemporain ; j’ai vu et entendu Sankara défendre l’Afrique. Il m’a séduit par ses qualités morales, surtout son humilité, son intégrité et son courage de reconnaître ses erreurs. Sankara est pour moi « l’homme qui dit ce qu’il fait et qui fait ce qu’il dit ».

Croyez-vous que son idéal peut servir encore aujourd’hui ?

A.D. : Le Sankarisme est pour moi la seule voie de développement de l’Afrique parce qu’il prône l’indépendance totale, l’intégrité avec des patriotes foncièrement sincères.

Vous avez cité Anta Diop comme défenseur de l’environnement ; peut-on rapprocher les deux hommes ?

A.D. : Ces deux-là étaient pour moi (je préfère « sont » parce qu’ils sont vivants), des panafricanistes et des nationalistes sincères et convaincus.

Propos recueillis par Mouor Aimé KAMBIRE

Sidwaya

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