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Mobilité des populations et dégradation de l’environnement : L’Institut des sociétés sonne l’alerte

Publié le samedi 30 juin 2007 à 13h13min

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Un atelier de restitution des résultats d’une étude sur la mobilité des personnes en rapport avec la dégradation de l’environnement à l’Est et au Sud-Ouest du Burkina Faso menée par l’institut des sciences des sociétés (INSS) a regroupé, hier mercredi 27 juin 2007 à Ouagadougou, directeurs centraux du CNRST, chefs de département de l’INSS, chercheurs, scientifiques et universitaires.

Dans un rapport de 72 pages intitulé "Mobilité spatiale de la population : nécessité de développement et risques de dégradation de l’environnement dans l’Est et le Sud-Ouest du Burkina Faso", dont les résultats ont été restitués hier mercredi 27 juin au cours d’un atelier, l’Institut des sciences des sociétés (INSS) sonne l’alerte.

En effet, l’étude réalisée entre 2001 et 2002 dans les provinces de la Kompienga, du Noumbiel et du Poni fait ressortir que l’emprise de l’homme sur l’espace s’est traduite par une extension de l’habitat et des exploitations agricoles. Dans la Kompienga par exemple, les agglomérations ont grimpé de plus 60% entre 1984 et 1999 avec pour corollaire une hausse de surfaces emblavées d’environ 30%. Pis, le Sud-Ouest a connu un accroissement spectaculaire et les surfaces agricoles mises en valeur ont quasiment doublé en quinze ans.

La dynamique de l’occupation humaine de l’espace (dûe aux plans d’eau, au retour massif des émigrés de Côte d’Ivoire, etc.) dans ces deux zones aux conditions pédoclimatiques favorables s’est traduite par une détérioration du couvert végétal, indique le rapport. Sur la période 1984-1999, il ressort un changement significatif de la physionomie des paysages, les savanes boisées et arborées ayant respectivement régressé de 76,5% et 60%.

Tandis que la mosaïque des champs et jachères a fait un bond en avant de 23,1% au cours de la même période dans la Kompienga qui a perdu du même coup 1600 km2 de ses formations naturelles. Par contre, l’espace occupé par l’homme a gagné un terrain de 1000 km2. Les mêmes analyses reproduites dans le Poni et le Noumbiel montrent clairement une évolution régressive du couvert végétal. Ainsi, 60% des savanes arborées ont perdu leur étendue, au profit des formations arbustives. Cette dégradation associée aux mauvaises pratiques agricoles expose les terres aux effets pervers de l’érosion (ravinement, décapage, sapement des berges), avertit le rapport.

Si l’étude, qui a concerné un échantillon de 1456 exploitants agricoles répartis dans 25 villages, ne mentionne pas de cas de conflit entre migrants et autochtones, elle met à nu cependant que la migration, source d’accroissement des productions et de la population des zones d’accueil, engendre une pression foncière, contraint les deux catégories de peuples à déboiser pour disposer de nouveaux champs. Par ailleurs, même si l’étude dit que les migrants évitent de faire étalage de leurs gains pour ne pas aiguiser la jalousie de ceux qui les ont accueillis, il ressort cependant qu’avoir un vélo, une mobylette, un fusil, etc., constituent autant de signes d’amélioration de leurs conditions de vie.

Pour le coordonateur du Programme international de recherche sur les interactions entre la population, le développement et l’environnement (PRIPODE), Ardjouma Ouattara, qui a conduit la présente étude, il fallait surtout prendre le taureau par les cornes. "Nous avons été accroché par le phénomène de la mobilité des populations en rapport avec la dégradation du milieu naturel". C’est pour cela que cette étude a été initiée car il ne faut pas attendre la dégradation de l’environnement avant d’agir, a-t-il expliqué. En ce sens, les résultats de l’étude que les participants devraient partager vont susciter une prise de conscience sur la nécessité de protéger les écosystèmes notamment de la part des politiques.

Rappelant les péripéties qui ont permis d’aboutir aux présents résultats, le directeur adjoint chargé des programmes l’INSS, Moustapha Gomgnimbou a, tout en remerciant le PRIPODE et les chercheurs, indiqué que l’INSS sacrifie à un devoir, celui de rendre compte des résultats de ses recherches.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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