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Politique nationale : Michel Ouédraogo exige la liberté pour la chefferie traditionnelle

Publié le lundi 28 mai 2007 à 08h42min

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Michel Ouédraogo apporte ici son grain de sel au débat récurrent sur l’engagement des chefs traditionnels en politique (Voir "Le Pays" n°3873 du mardi 22 mai 2007). Pour lui, les chefs doivent évoluer avec leur temps et avoir la possibilité d’exprimer leurs engagements politiques.

"Avant et après chaque consultation électorale au Burkina, la chefferie traditionnelle est au centre d’un tourbillon médiatique qui charrie une polémique rituelle sur la chefferie traditionnelle et la politique. Preuve que la démocratie dans notre patrie progresse. Ces réflexions "intellectualistes" sont la confirmation que la chose n’est pas un tabou. Si c’est du débat public et contradictoire que doit jaillir la lumière, il est primordial que la discussion se mène sans passion débordante, sans position dogmatique.

Les dernières productions dans les médias nationaux, à part quelques-unes, sont restées dans l’approximatif où la légèreté rivalise avec l’absence d’une observation ne serait-ce qu’empirique. Quelles sont les idées majeures que les uns et les autres proposent à notre réflexion commune ?

Premièrement : il faut interdire la politique à la chefferie traditionnelle.

Deuxièmement : le poids électoral du Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP) repose sur la chefferie traditionnelle.

Les défenseurs de telles hypothèses ne poussent pas leur analyse afin de les confirmer par des preuves irréfutables. Mieux, ils restent dans l’abstrait, les anathèmes, le défoulement et, pour l’essentiel, des contre-vérités et a priori inqualifiables.

Ainsi, nous nous permettons de mêler notre "bouche" dans cette palabre nationale. Prenons donc la première idée !

La chefferie traditionnelle et la politique

Evitons de commettre, comme certains, la maladresse de vouloir tordre le cou à l’Histoire. N’occultons pas aussi l’évolution sociologique et politique de notre peuple. Retenons simplement que depuis que le colonisateur a posé ses canons sur le sol de nos ancêtres, la vie de la chefferie traditionnelle est faite de résistance. Même dans la soumission elle a continué à résister. De la même manière, depuis qu’on nous l’a octroyée ou que nous avons lutté pour l’indépendance, c’est selon, la vie de la chefferie traditionnelle est faite de résistance. Ainsi, de la même manière la chefferie traditionnelle continue de résister. En réalité, la vie de la chefferie traditionnelle est faite de résistance. Simplement parce qu’à chaque étape historique de la politique de note pays, la chefferie traditionnelle affronte des velléités de bâillonnement. Et comme c’est par la politique moderne qu’elle peut résister aujourd’hui et non par les armes, elle ne se fera jamais prier pour s’engouffrer dans les labyrinthes de la politique.

L’histoire retiendra qu’à peine le pays commençait à vivre avec allégresse son indépendance retrouvée que la première salve contre la chefferie traditionnelle est tirée par le défunt président Maurice Yaméogo (paix à son âme). Cette nouvelle guérilla contre les coutumiers va ouvrir une longue période de résistance qui perdure à nos jours pour se faire reconnaître et accepter. Lorsque par des calculs politiciens de suprématie l’on veut dénier à une partie du peuple son identité, cette partie a le droit de résister.

C’est pourquoi nous ne partageons pas cette approche restrictive de M. Jonas Hien : "Un chef traditionnel n’a pas de respect de la part des jeunes. Ils sont considérés comme politiciens et traités comme tels ; parfois même comme de vulgaires citoyens à qui il ne faut pas prêter attention. Quel danger pour la société !" (in L’Observateur paalga n° 6890 du 12 mai 2007, page 24)

Réellement et véritablement, peut-on se laisser aller à une telle affirmation surtout de la part d’un "sankariste" ? Il est temps pour le Burkina d’analyser sans passion la fracture politique d’"août 1983".

La dérive révolutionnaire

En réalité, c’est sous la Révolution démocratique et populaire (RDP) que la lutte contre la chefferie traditionnelle a connu une dérive inimaginable. Là où le "Blanc" a échoué, là où les "indépendantistes" ont échoué, la Révolution se voulait de réussir. A la fin, même constat : échec ! Mais un échec qui est vécu comme une victoire, car la Révolution a, par sa propagande révolutionnaire, jeté l’opprobre sur la chefferie traditionnelle. Oui ! Monsieur Jonas Hien, "Nous ne devons donc pas jeter ce type de personnes à la maltraitance de n’importe qui" (Idem). Mais c’est ce que notre chère révolution a réussi à réaliser. A tout rassemblement révolutionnaire, la chefferie traditionnelle était mise en joue. Il régnait une ambiance de braconnage politique des coutumiers.

Ainsi, des jeunes sont nés avec la lumineuse idée révolutionnaire que le chef traditionnel était un ennemi de classe, un traître, un réactionnaire à abattre. Ce n’est pas parce que les chefs traditionnels font la politique que des jeunes, nous disons bien des jeunes car il ne faut pas généraliser, s’en prennent à leur dignité ! Rien qu’à relire la bible révolutionnaire, notre Discours d’orientation politique (DOP), nous sommes édifiés ! L’organisation des classes fait des chefs traditionnels, des ennemis de classe. Avec une telle doctrine politique, comment peut-on s’étonner que les coutumiers soient des victimes de jeunes égarés ? Le phénomène ne date pas du renouveau démocratique engagé dans notre pays depuis 1991. Bien au contraire, des politiques nouvelles sont menées et envisagées pour redonner à la chefferie traditionnelle sa place dans la société et, pourquoi pas, en politique.

La politique ne peut pas se défaire de la chefferie traditionnelle

Il est primordial de reconnaître que c’est la politique moderne qui a rejoint la chefferie traditionnelle dans ses palais et non le contraire. A présent, la politique a du mal à se défaire de son alliée ou son alliée refuse désormais de s’en laisser conter. Si le colonisateur a plus ou moins réussi à concilier tradition et politique, pourquoi les "indépendantistes" ont-ils échoué et pourquoi les "révolutionnaires" ont-ils capoté dans leur tentative de liquidation de la chefferie traditionnelle ? Il faut absolument tirer les enseignements afin de ne pas opposer systématiquement et de manière dogmatique chefferie traditionnelle et politique.

Ce ne sont pas les initiatives qui peuvent manquer en la matière. Les uns veulent que les coutumiers ne s’occupent que de la tradition, ce qui n’est pas réaliste, et les autres veulent leur donner un statut politique et faire d’eux des prébendiers de l’Etat.

Dans le bimensuel L’Evènement n°114 du 27 avril 2007, l’honorable député Laurent Bado, comme à son habitude, lance une idée généreuse. Mais l’homme excelle dans des propositions difficilement réalisables. Le prix à payer risque d’être trop lourd, sans compter les dérapages politiciens.

Généralement, il est délicat de trouver une solution globale à des problèmes particuliers. Certes, l’on a pris la manie de globaliser la chefferie coutumière en politique, mais lorsque viendra l’heure des solutions, les particularités vont apparaître. En effet, quelle indemnité faut-il allouer à un chef moaga, à un chef bissa ou à un chef peulh. alors qu’ils ne vivent pas les mêmes réalités ? Le chef moaga ou bissa reçoit des "talse" alors que le chef peulh, lui, doit donner aux "talse". Peut-on loger ceux qui reçoivent et ceux qui donnent à la même enseigne ?

Que faire des sociétés où il n’y a pas de pratique de "chefs" ? Ne contribuent-elles pas au ciment social ? Le risque est de privilégier le pouvoir politique des chefs des sociétés centralisées à celui coutumier des sociétés dépourvues d’autorité centralisée. On risque, à ce jeu, de diviser profondément la société burkinabè.

Que les chefs usent de leur liberté !

Nous pensons qu’il faut laisser la chefferie traditionnelle évoluer avec son temps. En plus de leur "bonnet royal", les coutumiers sont de plus en plus considérés comme des leaders d’opinion qui s’inscrivent dans la marche de la société civile. C’est pourquoi nous devons faire de nos chefs traditionnels des acteurs sociaux, économiques et non des assistés de la République. Et l’une des initiatives serait de faire des chefs traditionnels dans les régions où des projets sont développés, des "faiseurs" de développement. Le Larlé Naaba Tigré est un exemple palpable. Rendez-vous simplement à Bantogodo et vous reviendrez édifié. Ne donnons pas du poisson aux chefs traditionnels, apprenons-leur à pêcher. Ainsi sauront-ils mériter leur indépendance et leur impartialité.

Il faut donc se méfier de vouloir résoudre la question de la chefferie traditionnelle en politique par des décrets et des lois. Ce serait la voie courte et "nabale" de les installer durablement en politique. Car si c’est par la politique qu’ils ont des droits, ils savent aussi que c’est par la politique qu’ils peuvent perdre ces mêmes droits. Autant que faire, pourquoi ne pas rester en politique pour les préserver ? Aujourd’hui c’est la société civile qui utilise les chefs traditionnels pour la sensibilisation des populations comme la politique hier. Demain, lorsque les bailleurs de fonds des ONG de la société civile décideront d’aller directement aux chefs traditionnels ou les chefs d’aller vers les bailleurs de fonds sans passer par des intermédiaires, ce sont les mêmes acteurs de la société civile qui vont les pourfendre et chercheront à les chasser de la société civile. C’est exactement la situation que vit la chefferie traditionnelle actuellement en politique.

Saluons l’intelligence politique du Professeur Joseph Ky- Zerbo qui a su compter avec la chefferie traditionnelle en installant à vie dans les instances de son parti, le PDP/PS, une notabilité et pas des moindres, en l’occurrence le Boussouma Naaba. Il faut laisser le libre choix à la chefferie traditionnelle en politique. Que les chefs qui veulent s’engager s’engagent, que ceux qui ne veulent pas ne le fassent pas. Seulement, ce que nous pouvons demander et exiger des chefs traditionnels tout comme des "talse", c’est qu’ils fassent la politique autrement, c’est-à-dire dans la dignité et le respect de la différence des autres. C’est cette liberté en République qui donne de la couleur et du dynamisme à la démocratie. Si l’on musèle aujourd’hui la chefferie traditionnelle en politique, ne soyons pas étonnés demain que ce soit l’école qui soit visée, car on pourrait tout aussi vouloir interdire la politique dans les collèges, les lycées et les universités. Que Dieu nous garde de cette hérésie.

Le CDP et la chefferie traditionelle

Le mauvais procès que certains font au CDP est difficilement compréhensible. Et M. Jonas Hien est le prototype de l’un de ceux qui accablent le CDP en politique. Partout, il ne voit que la main du CDP. Morceaux choisis : "Mon avis formel est que le CDP est en train de détruire notre société avec cette implication profonde des chefs traditionnels dans la politique..."

Est-ce avec la naissance du CDP en février 1996 que nous assistons à une implication profonde des chefs traditionnels en politique ? L’histoire politique du Burkina nous dit le contraire. Laissons aux tenants du RDA le soin de nous parler de la chefferie traditionnelle en politique. Et le RDA, c’est 1946. La chefferie traditionnelle faisait profondément la politique pendant que certains "éléphants" du CDP ne savaient pas qu’ils viendraient au monde. Si l’on veut parler de la chefferie traditionnelle en politique qu’on en parle, mais qu’on ne fasse pas du CDP un parti "royaliste".

Sur cette lancée, on veut faire croire à l’opinion nationale que ce sont les chefs qui font la force du CDP. Une autre grave erreur. Croyez-vous réellement que dans ce Burkina de la mondialisation les chefs traditionnels sont si forts pour donner des ordres qui sont exécutés formellement ? Même les sectes au Burkina sont plus fortes que les chefs traditionnels. Les chefs sont ce qu’ils sont, un patrimoine national. Ne surestimons pas la supposée force des chefs traditionnels. Les temps ont changé.

S’ils étaient aussi forts et puissants, le RDA n’aurait jamais été balloté par l’UNDD (originel) en 1978 et le parti de l’Eléphant n’aurait jamais perdu le pouvoir au Burkina.

Tout comme le RDA, hier majoritaire, le CDP peut perdre demain le pouvoir avec sa cohorte de chefs s’il n’a pas la confiance ni le soutien du peuple burkinabè. C’est pourquoi il faut nuancer et relativiser le poids électoral des chefs traditionnels.

On vote CDP partout au Burkina

Laisser supposer ou entrevoir que l’on vote plus pour le CDP dans les régions où l’autorité est centralisée parce que les chefs traditionnels donnent des ordres ; et moins pour celui-ci dans les régions où tout un "chacun est chef" est une énormité. Cela ne repose que sur des spéculations malsaines. Rien qu’à consulter les résultats des élections législatives du 6 mai 2007 et à les analyser, on constate que le CDP est majoritaire sur l’ensemble du territoire national. Pour ce faire, prenons des exemples. Deux exemples dans des régions centralisées et deux exemples dans les régions acéphales.

Dans le premier cas, nous prenons le Centre et l’Est. Au Centre, sur neuf (9) députés, le CDP hérite de quatre (4) députés ; l’UNIR/MS de deux (2) ; l’UPS de un (1), le PAREN de un (1) et l’ADF/RDA de un (1). A l’Est, sur neuf sièges à pouvoir, le CDP obtient sept (7) sièges et l’ADF/RDA deux (2). Dans ce cas de figure, le Centre qui est le bastion de la chefferie moaga n’a pas donné tous les neuf (9) sièges au CDP et à l’Est, bien que le Kupiendiéli, le chef suprême du Gulmu, soit candidat ADF-RDA, son parti ne s’en tire qu’avec deux sièges sur neuf. Où sont donc passés les ordres des chefs traditionnels ? Où est la force de la centralité des chefs ?

Dans le deuxième cas de figure, nous prenons les Hauts-Bassins, et le Sud-Ouest, deux régions qui ne connaissent pas d’autorité coutumière centralisée. Dans les Hauts-Bassins, sur neuf (9) sièges à pourvoir, le CDP récolte cinq (5), l’ADF/RDA un (1), l’UPR un (1), l’UPS (1) et le PAI un (1). Au Sud-Ouest, sur six (6) sièges à pourvoir le CDP en obtient trois (3), l’ADF/RDA un (1), l’UDPS un (1) et le RDB un (1). La comparaison démontre de façon éloquente que le CDP est aussi majoritaire chez les Mossé que chez les Lobi, Dagara, Birifor et majoritaire chez les Gourmatché, les Bobo Mandaré, les Bobo Dioula, les Dioula... Non ! l’électeur en zone acéphale n’est pas plus responsable, plus intelligent ou plus libre pour exprimer son vote que l’électeur en zone centralisée. Evitons les considérations régionalistes et ethnicistes dont le Burkina démocratique et républicain ne saurait s’accommoder. Notre peuple ne se scinde pas en électeurs « moutons » et en électeurs "cabris". Le vote est un droit et le peuple burkinabè sait l’assumer en toute souveraineté.

Conclusion
La démocratie burkinabè a grandement besoin de débat. Mais un débat sain, contradictoire et constructif. Les "maîtres" de la plume qui envahissent nos médias au nom de la liberté d’expression et de la presse doivent parfois faire preuve de retenue. Evitons les mots qui fâchent et qui sont susceptibles de provoquer des déchirures sociales. Tout peut se dire en politique mais, de grâce, avec élégance. Ce ne sont pas avec les diatribes, les insultes, les insinuations que l’on contribue à éduquer un peuple.

La polémique sur la chefferie traditionnelle et la politique est aussi vieille que le Burkina. Ne faisons pas à la chefferie traditionnelle ce que nous-mêmes refuserions à sa place. La liberté est la même pour tous en politique. Si nous voulons installer définitivement la chefferie traditionnelle dans la résistance, refusons-lui le droit de s’exprimer en politique. Mais si nous voulons une chefferie traditionnelle qui fait autrement la politique, donnons-lui les moyens de son indépendance, de sa dignité et de son impartialité. L’avenir radieux de notre démocratie ne peut être atteint qu’à ce prix."

Michel Ouédraogo

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2007 à 14:10, par Kenfo En réponse à : > Politique nationale : Michel Ouédraogo exige la liberté pour la chefferie traditionnelle

    Quand on est chef, on n’est pas libre. Celui qui veut être chef et le rester perd sa liberté. C’est un choix. Les chefs traditionnele ne doivent pas faire la politique. Pas d’adaptation ni de changement possible. C’est la monachie.
    Chef traditionnel, c’est d’abord et avant tout une histoire de Famille.

    Verra-t-on un jour au Faso, n’importe qui "Chercher" la chefferie d’un village, pour la simple raison qu’il est burkinabè et qu’il y habite ??. Que cherche les bonnets Rouges porteurs de sabres et de batons de commandement dans la sphère politique, qui le plus souvent, sent le pourri ?.

    Il ne faut pas jouer avec notre IDENTITE, notre culture, notre BURKINDI. Que le chef traditionel qui veut faire la politique à la burkinabè renonce à son bonnet, et qu’il s’y lance....

    Kenfo

    • Le 7 juin 2007 à 11:08, par TRAORE En réponse à : > Politique nationale : Michel Ouédraogo exige la liberté pour la chefferie traditionnelle

      Ces deux intervenants ont - ils vraiment compris l’écrit auquel ils se sont empressés de répondre ?
      de grâce, relire le texte ou se le faire expliquer, au lieu de poluer le débat par des annéries du genre : "Quand on est chef, on n’est pas libre".
      Le chef coutumier n’est-il pas au sens des dispositions légales du Faso un citoyen comme tout autre. Quel texte fondateur de la République aliène son droit à élire ou à être élu ?

      Décidement, il y en a, qui s’enfouiront toujours l’esprit dans d’éternelles confusions.

      Alors pendant qu’on y est, pour les mêmes raisons et davantage pour un souci d’équité et de responsabilité, demandez aussi aux Avocats (tels Mâître Bénéwendé Sankara qui continue de plaider) de prendre leurs distances avec la politique partisane. Faites-le également avec les réligieux, etc. Ainsi, serez-vous plus crédible.

      En attendant, ceux qui ne pensent pas comme vous, se réjouissent de l’importante contribution de toutes les figures et individualités de la nation (y compris les borgnes, les lepreux et les aveugles intellectuels) à la saine animation de la vie politique.
      Et interdisons-nous d’interdire !

  • Le 29 mai 2007 à 07:35, par LaPlume En réponse à : > Politique nationale : Michel Ouédraogo exige la liberté pour la chefferie traditionnelle

    M.O, j’ai lu avec un interêt particulier votre article. Dans un sens je vous concois certains point sur les raisons de l’engagement des chefs traditionnels, mais j’etais decu de constater que c’est aussi une replique à un "sankariste", donc pas forcement un debat "libre" sur le sujet.
    Sans être un acteur politique qui accuse ou revendique l’histoire, j’aimerais quand même un peu d’objectivité.
    Si le burkina est reconnu comme une multi-societé, les uns avec des chefs et les autres sans chefs, il y a lieu de savoir redefinir ses chefs par rapport à la nouvelle donne politique "democratique" de la NATION. Car au demeurant un "chef" tel que defini représente l’autoritarisme, pas la democratie et les bavures ne sont pas ecartées quand on les amènent sur ce terrain democratique.
    Ensuite dans une afrique oú l’experience politique est toujours instable et sujet à des turbulences sociales(voyez le cas du Rwanda, Cote d’Ivoire) et que le tissu social est très faiblement instauré entre les differents composants, les chefs traditionnels si encore denudés de "couleur" politique peuvent être utile pour contenir la population en cas de pepins.
    Finalement votre phrase "Mais si nous voulons une chefferie traditionnelle qui fait autrement la politique, donnons-lui les moyens de son indépendance, de sa dignité et de son impartialité" revient à parler comme le professeur Laurent Bado et proposer des choses que vous qualifiez d’ inapplicables !! Dites moi comment vous comptez "donner l’independance, la dignité et l’impartialité" à des chefs traditionnels qui par leur noms même jouent déjà un rôle dans la vie sociale !? En soi, vous preconisez de créer des nouveaux types de riches basés sur leur titres traditionnels melangés à la position politique ? (à lire votre exemple de realisation d’un Naaba)
    Un des bienfaits de la revolution, sans la soutenir, c’ est d’avoir rendu le foncier à l’etat et aux burkinabes sans regards de leur region. Il etait impossible à un gars du sud d’avoir une parcelle dans certaines zones du centre et d’ailleurs sans angoisses, car la terre appartient à un chef qui la gerait et l’Etat était limité dans sa definition sur le droit foncier..Qu’était-ce le burkina alors avec ses burkinabés, c’etait du leurre ?
    Je crois qu’il faut relativiser les choses et se dire qu’il y a un danger certain dans cette démarche du traditionnel dans la politique politicienne pour l’instant. Après un certain equilibre politique, économique et social retrouvé au Faso, ce serait peut-être faisable, mais pour l’heure ce n’est pas conseillé, ni nécessaire, rien n’est encore gagné chez nous....

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