LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Fausses promesses des députés : "Ne votez plus pour une calebasse de dolo ni un verre de bière"

Publié le lundi 26 mars 2007 à 08h36min

PARTAGER :                          

Pour Moussa Ouédraogo, les électeurs doivent éviter de tomber dans le piège des fausses promesses des députés, car "on ne piétine pas deux fois les testicules d’un aveugle".

"Les locataires de l’hémicycle seront renouvelés en mai prochain. En attendant le lancement officiel de la campagne, qui interviendra dans quelques jours, les députés, femmes comme hommes, reprendront les routes qu’ils avaient parcourues il y a déjà cinq ans. Cinq ans, ça passe tellement vite quand on se trouve dans les bureaux climatisés de l’Assemblée nationale !

Mais cinq années, c’est également une éternité faite d’espoirs déçus et de promesses non tenues. En effet, les anciens et nouveaux députés reprendront ces routes qu’ils avaient juré de réparer, de recharger, à défaut de les goudronner.

Quand je parle de tout cela, je sais ce que je dis, et c’est pourquoi j’ai décidé de donner mon point de vue sur leurs mensonges. Ces nouveaux et anciens députés referont l’expérience des mêmes trous, des mêmes herbes et des mêmes buissons. Certains ont été élus, ils sollicitent de nouveau les suffrages des populations. Ils tiendront les réunions et les meetings dans les mêmes écoles qu’ils avaient promis de réhabiliter, et sur les mêmes places découvertes.

C’est sûr qu’ils feront de nouvelles promesses qui ne dureront que le temps de la campagne, mais les électeurs doivent leur rappeler, au besoin, qu’ils n’ont pas tenu les engagements qu’ils avaient pris il y a cinq ans, car une fois de retour dans la capitale, ils ont tout oublié. Tout ! Les routes, les forages, les barrages, les centres de santé, qui figuraient en bonne place dans leur programme et qui constituent l’essentiel des revendications des populations, seront oubliées.

Les nouveaux députés se démarqueront pour dire qu’ils feront mieux s’ils sont élus. La promesse de construire une école ou un collège d’enseignement général ou encore un barrage peut mobiliser les populations d’un village. Pendant une campagne électorale, tout peut être promis : des infirmiers, des instituteurs, etc.

La trahison n’était pas dans les habitudes du monde rural, malgré son extrême pauvreté : chers locataires, un ventre vide, c’est meilleur qu’un propos vide de sens, c’est-à-dire un mensonge, le non-respect de la parole donnée. Avec la campagne électorale qui commencera bientôt, les hommes politiques, ces citadins venus des villes, corrompront les vaillantes populations, acheteront le peu de dignité qui leur reste.

Les hommes politiques que les populations auront à rencontrer au cours des campagnes leur tiendront à peu près ce langage : "Nous, on va venir faire et on va faire ça pour vous ..." L’honnêteté commande qu’ils disent : "Nous, on va venir et on va faire ça ensemble." Le professeur Joseph Ki-Zerbo disait qu’on ne développait pas, mais on aidait à se développer. Dans ce cas, je propose que le Burkina moralise la vie politique pendant les campagnes électorales.

Populations des villes et des campagnes, prendre l’argent, boire le dolo ou la bière d’un homme politique ne vous transforme pas en vassal de cet homme ou de ce parti. Dans le secret de l’isoloir, choisissez la femme ou l’homme que vous êtes sûres de voir demain à vos côtés, quand vous vous trouverez dans la joie ou dans la détresse.

N’accordez plus vos voix à des hommes ou à des femmes qui surgissent une fois tous les cinq ans dans votre vie. Ne votez plus pour une calebasse de dolo ni un verre de bière. Votez plutôt pour l’homme qui connaît votre ville, votre village et ses problèmes, et qui est déterminé, prêt à vous aider à y trouver solution.

En tout état de cause, comme dirait l’autre, "le Burkina Faso est une savane où tout le monde se voit".

A bon entendeur, salut !"

Moussa Ouédraogo

Le Pays

P.-S.

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique