C’est avec intérêt que j’ai parcouru dans les éditions "Le Pays" (N°3744 du mercredi 8 novembre 2006), un écrit de certains militants du CDP titré « Les ministres doivent mériter leurs postes. ». Sans revenir sur certaines de leurs analyses qui me paraissent intéressantes et que je partage totalement, il me plaît ici de réagir sur un des passages de l’écrit qui veut que notre gouvernement soit composé « de ministres techniquement compétents et politiquement aguerris ».

Ce passage m’a suscité beaucoup d’interrogations, ce qui m’amène à partager avec l’opinion publique ma lecture de ce passage. S’il est vrai comme ils le soulignent, je cite : « pour obtenir la possibilité constitutionnelle de constituer un gouvernement, il faut être majoritaire à l’Assemblée nationale et pour être majoritaire à l’Assemblée nationale, il faut conquérir l’électorat ». N’est-il pas aussi évident que la conquête de cet électorat nécessite que le parti ait des technocrates compétents en mesure de réfléchir sur des thèmes de campagne pertinents pour convaincre l’électorat ? Ces mêmes ne jouent-ils pas un rôle-clé dans l’élaboration et la mise en œuvre du programme gouvernemental ?

A mon humble avis, une formation politique qui gère le pouvoir exécutif se veut une chaîne composée de plusieurs maillons où chacun des maillons a sa partition à jouer. La grande question que je me pose est la suivante : « vouloir des ministres à étoffe suffisamment politique pour aider le parti à conquérir l’électorat, ne va-t-il pas engendrer une politisation à outrance de notre Administration ? » Difficile de répondre par la négation.

L’écrit cite des ministres qui pourraient se sentir indexés par leurs propos. Loin de m’ériger en avocat défenseur de ces ministres, je crois en toute objectivité et en tant que citoyen qui s’intéresse à l’actualité politique du pays, qu’ils méritent leur place dans ce gouvernement.

Le CDP regorge de militants compétents

Rien qu’à jeter un regard sur le palmarès de certains d’entre eux, on reste convaincu que de par leur profil, leur expérience et leur degré de management de la ressource humaine, ils méritent pour la plupart leur portefeuille ministériel. Mme Monique Ilboudo, juriste de formation, ayant contribué fortement à la promotion des droits humains dans notre pays, ne dispose-t-elle pas de compétence nécessaire pour être à la commande d’un ministère en charge de la promotion des droits humains ? Seydou Bouda, spécialiste en économie, et ayant contribué fortement à sa manière à élaborer le programme présidentiel et à piloter sa mise en œuvre, que peut-on lui reprocher comme insuffisance pour être à même de conduire son département ? Joseph PARE, un éminent Professeur d’Université, pétri d’expériences et ayant contribué à la refondation de l’enseignement supérieur avant de passer à la commande de ce temple de savoir du supérieur pendant des années, ne dispose -t-il pas d’atouts nécessaires pour être à la tête du département en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ? Mieux, il figure parmi les autorités de l’Université ouvert aux débats contradictoires ce qui a participé à la stabilité de notre université.

Bref, à mon avis chacun de nos ministres dispose d’un certain nombre de compétences qui puissent lui permettre d’être à la tête de son département. Etre compétent techniquement et aguerri politiquement c’est bien pour nos ministres, et le CDP regorge de militants compétents techniquement et aguerris politiquement, mais si le critère « politique » prend le dessus sur « la technicité », nous risquons d’avoir une administration hautement politisée, toute chose pouvant compromettre la mise en œuvre du programme de son Excellence Monsieur le Président du Faso, « Le progrès continu pour une société d’espérance ».

Diallo Soabou au secteur N°21 (dsoabou@yahoo.fr)
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Le Pays