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Commune de Diébougou : "Une gestion digne d’un boutiquier de bas quartier"

Publié le mercredi 16 août 2006 à 07h57min

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Ce n’est plus une nouvelle ; à peine le Conseil municipal de Diébougou installé que onze (11) conseillers de l’ADF-RDA migrent allègrement avec femmes et enfants au CDP. Des démissions qui suscitent aujourd’hui des révélations sur la malgouvernance à Diébougou.

On a beau chassé le naturel, il revient au galop ! En dépit des assurances données de bonne foi par la hiérarchie du Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP) de ne rien entreprendre à l’effet de perturber le bon fonctionnement des communes qui n’ont pas été conquises par le CDP à l’issue des élections municipales du 23 avril 2006, il se trouve quand même des trouble-fêtes qui, contre vents et marées et en toute défiance de l’ordre et de la discipline qui caractérise leur parti, ne se gênent pas outre mesure d’user de procédés dolosifs sous de fallacieux prétextes aux fins de troubler la quiétude des populations qui ont suffisamment souffert le martyr sous leur emprise.

Pour ceux qui ne l’auront pas compris, il s’agit de la soi-disant récente démission de onze (11) conseillers ADF/RDA de la commune de Diébougou qui chercheraient à rejoindre le CDP, leur parti « d’origine ». Si le ridicule pouvait tuer ! L’argumentaire de nos vaillants conspirateurs légèrement camouflés derrière l’ignorance et la sainte naïveté desdits démissionnaires se fondent sur une reformulation syntaxique des griefs qui leur ont toujours été reprochés et dont les populations sentent encore en elles l’amère saveur de leur passage à la gestion des affaires locales. De quoi est-il question ?

1. Les cartes d’identité burkinabè (CIB) des 11 conseillers en cause auraient été récupérées par des activistes au compte de l’ADF/RDA et n’auraient plus été retrouvées ; 2. Les responsables de base du CDP auraient été incapables, la campagne venue, de constituer les dossiers de candidature de leurs candidats désignés pour absence de pièces d’identités ; 3. Un élu aurait demandé de voter en faveur des candidats de la liste ADF/RDA ; 4. Une tension serait née dans la commune de Diébougou ; 5. Nous désirons que le Conseil municipal soit le reflet des véritables aspirations des populations... 6. Notre objectif est de mettre en place un Conseil municipal pacifié qui se mette au travail et capable d’accélérer le développement de la commune ; 7. Les actes proposés actuellement sont de nature à amplifier les tensions sociales dans nos secteurs et villages.

En substance, c’est le résumé de l’argumentaire que l’on peut faire de l’écrit portant démission collective. Ce faisant, quelle réponse peut-on donner à cette lettre qui n’est rien d’autre que la réaction somme toute normale de ceux qui craignent les effets du Tsunami qu’ils s’attendent à subir suite à leur éjection des affaires locales par les populations. Pour la gouverne de nos lecteurs que l’on tient à abuser, les 11 conseillers dits démissionnaires sont exclusivement du village de Bapla et des hameaux de cultures des alentours. Ces localités n’ont jamais été acquises ni à l’ODP/MT, ni au CDP. Vous savez, l’histoire est têtue !

Les mêmes conditions d’immoralité et d’anormalité

Qu’en est-il exactement ?

Il s’est agi d’une basse manœuvre, savamment orchestrée par un certain Maxime Somé. Débarqué récemment de Paris, il arrive à Diébougou à bord d’un véhicule fond rouge, prétendant être en mission commandée par le ministre Salif Diallo dont il se réclame être l’intime ami et le logeur à Paris. La tromperie a consisté à la création d’une association des conseillers municipaux de la zone de Bapla toutes tendances confondues. Cette association de conseillers permettrait d’avoir une certaine majorité qui serait à même d’influencer les décisions du Conseil municipal quant à l’affectation des projets de développement à Bapla.

Vu sous cet angle, l’acte des signataires nous semble être de bonne foi. Mais les signatures ont été apposées sur une lettre de démission rédigée par/ou sous l’intelligente bienveillance de monsieur Somé Maxime. Cette lettre a été remise à monsieur le maire de la commune de Diébougou et justifie la motion de défiance rédigée et déposée dans les mêmes conditions d’immoralité et d’amoralité. Pour preuve, dix des onze conseillers signataires ont écrit pour se démarquer de cette lettre de démission et partant de la motion de défiance dont ils n’ont jamais été signataires. Monsieur Maxime Somé utilise ainsi le nom de monsieur le ministre Salif Dialllo dont on connaît la droiture et respecte l’intelligence pour se donner de l’importance et du crédit auprès des conseillers à qui ils aurait promis monts et vallées. Nous osons espérer que monsieur le ministre ne tolérera point cette éhontée façon d’abuser de l’analphabétisme de ces conseillers.

Il va falloir arrêter de prendre les enfants du bon Dieu pour des fils d’hirondelles. On peut tout imaginer dans ce pays sauf que des individus puissent « garder » par-devers eux des pièces d’identité de candidats du CDP sans que cela se sache. Au demeurant, qu’est-ce que la section provinciale, la coordination régionale ont-elles fait à l’époque puisque les potentiels candidats ont été incapables de fournir leurs pièces à la section provinciale pour constitution des dossiers ? Pourquoi alors le recours introduit à l’époque par le CDP n’a pas mentionné cela ?

C’est suffisamment grave que rien n’a été fait à l’époque, car si tel était le cas, nous allions être en face d’une infraction que les institutions de la République auraient sanctionnée. En réalité, les responsables de base du CDP ont été incapables, la campagne venue, de constituer les dossiers de leurs candidats désignés pour absence des pièces d’identité de ceux-ci.

La lutte émancipatrice de janvier 2006

Une fois encore, l’occasion nous est fort belle de rappeler que contrairement à ce que l’on veut faire croire, aucun élu encore moins aucun candidat CDP aux élections municipales dernières n’a été désigné par sa base. C’est d’ailleurs cet état de fait renforcé par la mal gouvernance économique des premiers responsables du parti (CDP) qui a entraîné la lutte émancipatrice des 16, 17 et 18 janvier 2006 à Diébougou dont le corollaire a été le désaveu cinglant réservé aux leaders locaux du parti.

En effet, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le non respect des instructions de la directive N°2005/002/CDP/CN/BPN/BEN relative à la désignation des candidats aux élections municipales. Le dépôt des dossiers devrait se faire au siège des sections provinciales, à la diligence des bureaux des sous-sections départementales, dans le strict respect des délais fixés par le parti. La même directive en son article 6 stipule que "dans les communes urbaines, le Collège électoral est constitué de bureau du Comité de base du secteur élargi aux membres des bureaux des jeunes, des Femmes et des Anciens dudit secteur". Rien de tout cela n’a été fait conformément à la directive. Il ne faut pas oublier que l’ancien maire de Diébougou est à la fois le monsieur tout-puissant du CDP de la Bougouriba (Secrétaire provincial du CDP). Les choses peuvent toujours se vérifier. Alors, que nul ne cherche à se prévaloir de ses propres turpitudes.

Ensuite, on persiste à nous faire croire qu’un élu aurait demandé de voter en faveur des candidats de la liste ADF/RDA. Arrêtons de trouver dans les autres les raisons de nos propres misères. L’heure n’est pas à la victimisation, au martyr. Nous devrons plutôt digérer notre déconvenue et savoir raison gardée, faire contre mauvaise fortune bon cœur. Tirons plutôt leçon du dysfonctionnement du parti dans cette partie du pays aux fins de mieux aborder les échéances futures où l’on nous attend au rendez-vous ! Montrons aux vainqueurs d’aujourd’hui que c’est une erreur de parcours au lieu de flirter avec le ridicule. Quel est cet élu qui voudrait se faire Hara-kiri ? Nos différends personnels ne devraient pas être placés au devant de l’intérêt des populations au nom d’un prétendu altruisme qui sent l’égoïsme viscéral.

Pour une fois, nous allons parler le même langage

Que les cœurs soient tristes et les âmes serrées, cela va de soi, Mais qu’une tension soit née dans la commune de Diébougou, il va falloir chercher son origine. Est-ce celle qui oppose les deux clans dont celui, composé par l’immense majorité de la population qui demande à cor et à cri l’audit de la gestion du Conseil municipal sorti, quitte à en supporter les frais ? Vous savez, les révolutions, surtout celles montées de toute pièce portent en elles les germes de leur propre destruction.

Le désir que le Conseil municipal soit le reflet des véritables aspirations des populations constitue pour nous un credo fort. Et pour une fois, nous parlerons le même langage. Nous désirons effectivement que le Conseil municipal soit le reflet des véritables aspirations des populations, celles sorties des urnes et accueillies par une forte clameur, en dépit de la grosse pluie qui n’a pas eu raison de la population de la commune qui a veillé toute la nuit les pieds dans l’eau et le cœur léger pour célébrer sa victoire. Nous osons croire que la large mobilisation de la population (cf images de la TNB) sortie en dépit de la pluie pour témoigner leur adhésion à la nouvelle équipe le 15 juillet 2006 lors de l’investiture du maire sera respectée.

L’objectif qui est de mettre en place un Conseil municipal pacifié qui se mette au travail et capable d’accélérer le développement de la commune est noble. Mais de quel travail et développement de quoi parle-t-on ? Avez-vous connu Diébougou ? Le reconnaissez-vous aujourd’hui ? De quel Diébougou parlez-vous ?

Aussitôt après les résultats provisoires des élections municipales, des gens, à Diébougou, ont suggéré à celui qui allait devenir le futur maire, d’aller au-delà de son parti (ADF/RDA) et d’impliquer tous les autres (un conseiller CDP comme 1er adjoint et un du RPP/Gwassigi 2e adjoint ou vice versa) dans la gestion de l’administration de la commune compte tenu d’un certain nombre de facteurs (analphabétisme de bon nombre d’élus, etc.). Des contacts ont même été pris auprès de certaines personnes issues de ces formations politiques. Mais hélas, mal en a pris les auteurs de cette judicieuse suggestion qui aurait fait, sauf omission, une première dans l’histoire politique de la région.

Cessons de nous prévaloir du parti au pouvoir pour poser des actes peu orthodoxes. Du même coup, nous émettons de réelles craintes de voir les nobles idéaux de Son Excellence le Président du Faso, contenus dans son programme pour un « Progrès Continu », devenir un simple psittacisme si on laisse n’importe qui se les approprier ou s’y abriter.

60 millions de factures impayées

En réalité, les actes proposés actuellement sont de nature à amplifier les tensions sociales dans nos secteurs et villages. C’est faire preuve de mauvaise foi. A notre connaissance, c’est le tout premier conseil dont le boycott a été savamment orchestré. A quelles propositions fait-on alors allusion ? Que l’on ne s’y méprenne pas. L’équipe actuelle qui n’a été investie que le 15 juillet 2006 a eu juste l’occasion de rencontrer les jeunes et les commerçants. Aux jeunes, il leur a été fait la situation de mauvaise gouvernance qui est celle de Diébougou face à leurs croissantes et légitimes attentes.

Aux commerçants, on leur a demandé de trouver une alternative à l’effet de continuer leurs prestations face à la prochaine fermeture du marché pour réfection. Maintenant face aux nombreuses questions, l’équipe actuelle héritière d’une gestion digne d’un boutiquier de bas quartier ne pouvait que donner les informations à sa portée, surtout que de nombreuses réserves subsistent dans l’élaboration du PV de passation de service. La population a droit à l’information et c’est pour cela qu’elle a placé sa confiance en l’équipe actuelle. Ces informations ont porté sur :

la situation des factures impayées depuis 1993 à nos jours qui se chiffrent à 27 737 742 F CFA ;
la lettre de relance de la SONABEL pour facture impayée de 12 763 728 F CFA (la mairie est toujours sans lumière et elle recourt au jus de généreux partenaires :
l’injonction de payer dans un délai n’excédant pas 21 jours les arriérés de cotisations (2004-2005) dues à l’AMBF alors que le maire sorti en était le Secrétaire général ;
les apports personnels non versés au titre du FICOD qui risque de nous voir perdre des centaines de millions qu’il pourrait nous donner ;
Etc.

Certainement, les responsables du CDP n’ont pas eu connaissance de toutes ces malversations. On ne pourra pas nous faire croire que ces actes de mal gouvernance n’ont eu la bénédiction ni du Président du Faso ni du Président du CDP dont nous connaissons la droiture et le respect de la chose publique. La nouvelle équipe municipale commence avec près de soixante millions de factures impayées. Alors que cherche-t-on d’autre si ce n’est d’être à la tête des affaires afin de continuer à dissimuler leur mauvaise gestion et du même coup à promouvoir l’impunité ! Avant de clore notre analyse, nous souhaiterions inviter tous les républicains de la commune de Diébougou de quelque parti que ce soit, de ne point paniquer et de rester dans la même dynamique de collégialité. Des chantiers nous attendent car tout est à refaire à Diébougou. Et c’est dans une synergie de réflexion que nous poserons les bases d’un véritable développement local avec la bénédiction des mânes de nos ancêtres.

Joseph Patrice Quenum Conseiller d’administration scolaire et universitaire

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 août 2006 à 21:23 En réponse à : > Commune de Diébougou : "Une gestion digne d’un boutiquier de bas quartier"

    Monsieur Quenum a sans doute presque tout dit, il ne lui reste qu’a ceullir le fruit mur. chose à laquelle il renonce voir même s’en détourne, pire fait semblant de ne point le voir et nous propose à la place un fruit cru, amere et indigeste. Je ris carrément à me rouler par terre quand je lis que "On ne pourra pas nous faire croire que ces actes de mal gouvernance n’ont eu la bénédiction ni du Président du Faso ni du Président du CDP dont nous connaissons la droiture et le respect de la chose publique".Pour ma part le blasco et son pôte en la personne de Robodépé sont à l’origine de tous nos pétards, ils peuvent resoudre nos problemes conjoncturels en un claquement de doigts et de manière structurelle nous positionner pour les decennies à venir comme un pays quii se developpera. Au lieu de cela, c’est la culture de la médiocrité, l’encouragement à piller, à ne pas payer ses factures... à faire et il n’y aura rien !!!

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