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Visite de personnalités au Burkina : Suka c’est bien, Yalgado c’est... pire

Publié le lundi 12 juin 2006 à 07h52min

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La clinique El Fateh Suka est l’un des établissements sanitaires le mieux équipé de la capitale burkinabè. Et tout récemment, dans le dernier numéro de magasine de santé de la chaîne nationale, « Santé Mag », sa section bucco-dentaire, qui n’a rien à envier à certaines structures de l’Occident, est dotée d’un matériel de télémédecine facilitant un diagnostic efficace et un traitement plus aisé des malades.

Suka, c’est donc la fierté de ses promoteurs et même des populations bénéficiaires des prestations de la clinique, serait-on tenté de dire ou d’applaudir. Et les « proprio » de cette maison l’ont si bien compris, car depuis des années, c’est le lieu, par excellence, qui reçoit la visite de hautes personnalités et autres touristes de première classe des pays amis du Burkina Faso.

C’est bien tout ça mais que gagne-t-on avec ces opérations de charme à l’endroit de princes et autres détenteurs de pétrodollars qui ont déjà des centaines, voire des milliers de « Suka » chez eux ?

On a beau présenter de telles prouesses, la réalité est là et même amère, Yalgado, structure nationale de santé, souffrant, à quelques kilomètres de Suka, d’un manque d’équipement, de matériel médical, de délabrement de certains locaux pour ne citer que ceux-ci.

Bref, ce Yalgado, qui n’entend que le bruit des motards escortant les VIP (Very important person ou personnalité de très haut rang), regorge de nombreux pensionnaires qui n’ont, comme lits de fortune, que les allées et couloirs des différents services.

La preuve, lors du dernier FESPACO (Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou) qui a été endeuillé par le décès de mômes suite à des bousculades au stade du 4-Août, les blessés avaient été étalés dans les allées du service de Traumatologie, en compagnie d’autres victimes qui y séjournaient déjà.

Il a fallu la visite des autorités pour que des nattes soient servies aux malades. Comme quoi une visite peut être salvatrice et pour les malades et pour la structure sanitaire. Amenons donc nos princes et personnalités de luxe là où il faut mais non où

on veut. A moins que nos dirigeants aient honte de présenter la mauvaise face de la médaille ; une face, en effet, qui illustre malheureusement la réalité sanitaire de notre pays.

A Yalgado, en dépit des efforts, dit-on, pour améliorer les choses, « Viima ya kanga, lafi me ya kanga »... De grâce, des pétrodollars et des princes feuillus également pour Yalgado, pour ne pas dire tous les établissements publics de santé.

Note : « Viima ya kanga, lafi me ya kanga » expression en mooré qui veut dire que « la vie est dure, la santé également ».

Rabi Mitibkèta

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 12 juin 2006 à 20:46, par Jean-Claude NABA En réponse à : > Visite de personnalités au Burkina : Suka c’est bien, Yalgado c’est... pire

    Allons plus loin... Prenons Suka pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une clinique PRIVÉE. Les compliments qu’on déverse sur elle, même s’ils sont fondés, deviennent alors de la publicité à très, très bon marché. Combien de cliniques privées existent dans la capitale ? Sont-elles si mal équipées qu’on ne parle jamais - ou si peu - d’elles ? Ou bien devons-nous nous plier à la fatalité, très burkinabè, qui veut que comme Suka est "l’affaire de la Première dame", c’est la première de nos cliniques ?

    Merci de nous avoir rappelé que "laafi yaa kanga" au Burkina Faso... Il y a juste quelques jours, un reportage de la TNB faisait état de près de 80% des Burkinabè qui se tourneraient vers la pharmacopée... On a oublié de faire une analyse de cet engouement... L’existence de deux pôles tels SUKA et YALGADO expliquerait en partie que, pour échapper au "mouroir Yalgado" sans pouvoir accéder au "paradis Suka", on consomme de plus en plus burkinabè... Bonne chose ? Mauvaise chose ? Dites-nous dans quelle mesure SUKA et YALGADO intègrent à leur médication cette pharmacopée tellement bienfaisante, et nous saurons dans quel pays nous vivons : un pays à plusieurs vitesses sanitaires et médicales...

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