Elle court, elle court, la maladie (...) du teint clair body-light, HN... dans le cœur de nos sœurs de 7 à 77 ans !! Voilà la triste réalité à laquelle nous assistons ; tant et si bien que certaines de nos villes pullulent plus de femmes jaunes et roses que de tout autre teint.

Lorsque la veille de l’intervention du Directeur du C.S.C. j’avais appris la bonne nouvelle de la suppression de la publicité des produits éclaircissants, j’avais ressenti un immense soulagement. Oui ! Quand on est responsable, il y a des décisions qu’il faut oser prendre pour le bien-être de la société. Oui, nous étions au bord du gouffre.

C’était devenu comme argent comptant que de pouvoir intoxiquer le peuple avec des spots publicitaires qui, à longueur de journée, ne faisaient qu’avilir la race noire. Après nous avoir concédé l’existence d’une âme dans un corps si noir - peut-être malgré eux, ils ont entrepris de le détruire pour satisfaire leur vision raciste du monde et par ricochet en tirer le plus de dividendes possible.

Nous sommes souvent à la merci des multinationales qui, après études du marché et études sociologiques, lancent leurs produits que nous nous disputons comme de petits pains, sans trop penser ni aux mobiles ni aux conséquences. Ces monstres sont arrivés à convaincre nombre de nos frères et sœurs noirs, qu’une peau claire est plus désirable qu’une peau noire.

Nous ne sommes pas loin du "une blanche vaut deux noires" en solfège. Sans trop réfléchir à tous les tenants et aboutissants, nous nous sommes laissés prendre à ce piège. Désormais, peau claire rime avec beauté et amour. Et nous y voilà ! Après avoir été le dépotoir des déchets industriels, nous devenons le dépotoir des idées incongrues.

Et nos sœurs de s’y jeter avec frénésie, dans une compétition d’où les unes sortent plus roses ou plus jaunes que les autres. "Les hommes aiment les femmes claires "body-light". Il y a certaines qui n’ont plus d’africain que le nom de famille : Barro, Kaboré, Somé... Ne serait-il pas mieux pour elles de boucler la boucle de cette fuite en avant, de ce mépris de l’Afrique en changeant de nom ?

En devant Blair, Scott ou Prévot ? Regardez un peu le panel de nos belles hôtesses lors de nos manifestations officielles : Tour du Faso, Kundé... Elles sont à 99% body-light. La décision du C.S.C. n’empêchera certainement pas nos sœurs de continuer à penser ce qu’elles pensent ni de se dépigmenter.

Toutefois, il faut saluer ici un acte responsable qui vise à protéger une clientèle plus que vulnérable, et à restaurer la dignité du Noir. Ils sont malheureusement lointains, les jours où l’on récitait avec fierté : "Femme noire, femme africaine...". Ils semblent prêcher dans le désert, toutes ces vedettes qui chantent : "Femme africaine, ne blanchis pas ta peau..."

Même "blanchie", la femme noire ne sera jamais une Blanche

Quand l’Afrique acceptera-t-elle de s’aimer telle qu’elle est ? De se leurrer ? Pourquoi les Blancs n’inventent-ils pas de produits pour être blancs puisqu’en vérité, ils ne sont pas blancs, mais roses ? Le C.S.C. a fait un grand pas et donné l’orientation d’un combat qui s’est fait trop attendre.

A nous de soutenir cette révolution par une discrimination positive en faveur des filles au teint naturel, car la publicité des produits éclaircissants peut quitter nos écrans et nos journaux, pour mieux rebondir "en live" sur nos podiums. J’en appelle donc aux comités d’organisations de nos manifestations officielles pour qu’ils réservent une place de choix aux hôtesses de teint naturel lors des Tours du Faso, des Kundés et autres.

Ainsi contribueraient-ils un tant soit peu à la lutte contre la publicité de ces produits, et à la revalorisation de l’Etre nègre. Le Général Obasanjo est-il moins président que les autres ? S’il n’y a pas de mesures d’accompagnement de la part des parents et de certaines structures, l’idée sous-jacente à la décision du C.S.C sera vouée à l’échec.

L’idée du C.S.C. vaut son pesant d’or. Le "bras" tendu du Directeur "vaut" la peine d’être saisi et soutenu. Gardons-nous d’ajouter à notre pauvreté matérielle, celle intellectuelle qui consisterait à croire que tant que nous ne sommes pas comme le Blanc, nous ne sommes pas pleinement hommes.

En tout état de cause, nous aurons beau être comme le Blanc, nous ne serons jamais Blanc et le moment venu, on nous le rappellera, sans la manière. Vivement que nos sœurs reviennent à de meilleurs sentiments vis-à-vis d’elles-mêmes, telles qu’elles sont noires, naturellement claires, mais belles.

Vivement que nous les hommes les aidions dans ce retour aux sources, en aimant, non pas le teint, mais la personne ; car un adage bien connu dit qu’on est toujours mieux chez-soi. Femme naturelle, femme africaine Je t’aime, telle que tu es Noire d’ébène ; naturellement claire.

Békuone Somda Kuùceti
Lycée M. Mollo Sanou,
Bobo-Dioulasso
E-mail : bekuone@yahoo.fr

Observateur Paalga