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REN-LAC : "Où sont passés les milliards de la CNSS ?"

Publié le mercredi 15 février 2006 à 08h14min

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Six Centrales syndicales ont relevé, le 17 janvier dernier, des zones d’ombre dans la gestion financière de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) estime que le silence qui s’en est suivi de la part de la direction générale et des autorités ministérielles est suspect. Dans cet écrit, il "interpelle le Directeur général de la CNSS, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, et le ministre des Finances et du Budget sur la nécessaire obligation de donner des informations claires aux assurés. Il invite (par ailleurs) la Justice, particulièrement le Procureur, à faire la lumière sur ces sombres affaires".

Le 17 janvier dernier, au moment où Ouagadougou abritait la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES), des responsables de 6 Centrales syndicales du Burkina ont jeté un pavé dans la mare en jetant sur la place publique des dossiers peu honorables pour la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). En effet, dans une déclaration commune, les secrétaires généraux de la CGT-B, de FO/UNSL, de la CNTB, de la CSB, de l’ONSL et de l’USB se sont inquiétés de ce qu’ils considèrent comme une gestion peu orthodoxe de l’institution.

C’est le quotidien « Le Pays » qui l’a relayé dans son numéro 3541 du mardi 17 janvier 2006, avec à la Une, une photo du siège de la CNSS sous le titre : « CNSS, des "sorties massives d’argent".

Sous d’autres cieux, des « révélations » aussi préjudiciables pour l’image d’une institution publique qui, de surcroît, accueillait une rencontre internationale sur « le contrôle de la gestion des organismes de prévoyance sociale », auraient provoqué une prompte réaction de ses premiers responsables, et même des plus hautes autorités du pays. Curieusement, ni le Directeur général de la CNSS, encore moins le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, n’ont daigné, jusque-là, apporter une quelconque réponse aux préoccupations des Centrales syndicales. A quoi rime cette stratégie du silence qui, en réalité, fait le lit des suspicions ? Que fait-on de l’exigence de transparence ? En tant que principaux pourvoyeurs de la Caisse, les travailleurs n’y ont-ils pas un indéniable droit de regard ?

N’est-ce pas la moindre des choses qu’ils cherchent, à savoir si leurs cotisations sont en de bonnes mains ?

"Un dossier assez rocambolesque"

Ces interrogations paraissent d’autant plus légitimes que les responsables syndicaux sont, entre autres, préoccupés par la destination d’une somme de cinq (5) milliards de F CFA, « sortie avec l’aval du ministère des Finances » pour « un placement à l’extérieur, ce, en violation des procédures édictées par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). A en croire la déclaration, l’institution financière sous-régionale aurait, à cet effet, sommé la direction générale de la CNSS de rapatrier les fonds. Mais « seule la moitié de ladite somme avait été effectivement rapatriée à la date du 22 novembre 2005 ».

Qu’est-ce qui prouve aujourd’hui au Conseil d’administration de la CNSS que le reste de l’argent sera effectivement rapatrié ?

Par ailleurs, les Centrales syndicales ne cachent pas leur surprise et leur indignation par rapport à « un prêt d’un montant de 1 milliard huit cents millions de F CFA accordé à un opérateur économique privé, en l’occurrence monsieur Apollinaire Compaoré, à travers la société "Planor-Afrique".

Dans cet autre dossier assez rocambolesque, il est difficile de comprendre par quelle gymnastique une « institution d’Etat chargée de gérer la sécurité sociale en faveur des travailleurs salariés régis par le Code du travail » en est arrivée à se muer en institution de crédit. Du reste, les syndicats sont au regret de constater que pour ce prêt consenti « depuis septembre 2004 et qui devait être remboursé en décembre 2004 », la CNSS n’avait pas encaissé le moindre kopeck jusqu’en novembre 2005.

Quelle garantie le Conseil d’administration de la CNSS a-t-elle aujourd’hui sur le remboursement effectif de ce prêt ? Tolérer de telles pratiques, n’est-ce pas mettre la caisse de tous les travailleurs en insécurité financière ?

Crever l’abcès avant qu’il ne soit trop tard

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, force est de constater que, telles que posées, les préoccupations des secrétaires généraux des Centrales syndicales sont assez préoccupantes pour mériter le traitement qui lui a été réservé jusque-là. C’est de bonne guerre que les syndicats choisissent de prendre l’opinion à témoin. Mais quand on sait que des informations encore plus compromettantes circulent aussi bien à l’intérieur de l’institution que dans d’autres sphères des administrations publique et privée, il serait judicieux de percer l’abcès avant qu’il ne soit trop tard. Car, laisser les greniers de la CNSS nager ainsi en eaux troubles ne rassure guère les assurés. Et cela n’honore pas les autorités en charge de l’institution.

C’est pourquoi le REN-LAC interpelle le Directeur général de la CNSS, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale et le ministre des Finances et du Budget sur la nécessaire obligation de donner des informations claires aux assurés. Il invite la Justice, particulièrement le Procureur, à faire la lumière sur ces sombres affaires.

Le REN-LAC se propose de publier vos réactions, vos suggestions, vos dénonciations (si cela est conforme à la déontologie et à l’éthique professionnelle. Vos critiques et suggestions sont les bienvenues.

Pour toutes informations et suggestions, contactez-nous à l’adresse suivante : R
éseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC)
01 BP : 2056 Ouagadougou 01,
Tél. : 50 -33- 04- 73
Email : info@renlac.org
site : http: //www.renlac.org
Tél. vert : 80-00-11-22 (gratuit).

Le REN-LAC

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 16 février 2006 à 03:33, par veronne En réponse à : La retraite des travailleurs est à l’eau

    Les syndicat peuvent continuer à crier, notre pouvoir actuel n’a de compte à rendre à personne. Ce qui est idiot, c’est que toutes ces personnes qui cotisent à la CNSS sont assis en espérant que les choses se passent bien. le régime actuel n’est sûr de son avenir alors les dignitaires sont entrain de faire sortir l’argent en masse. Tous les services à sou sont dans la même situation. Que diriez vous de la SOFITEX qui déclare de faux déficit (plus de 20 milliards) et prend des crédits à faire payer par les paysans et les contribuables. C’est honteux. Pour la CNSS rassurez-vous, nous allons faire sortir tous les travailleurs qui y donnent leur argent pour que la lumière soit faite.

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