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L’UNIR/MS à propos du régime Compaoré : "La jeunesse a été pressée comme du citron"

Publié le jeudi 19 janvier 2006 à 12h16min

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"Le régime accroît continuellement son train de vie mais
n’envisage guère améliorer le pouvoir d’achat des populations
laborieuses". C’est le constat fait par l’Union pour la
renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS). Son président,
Me Bénéwendé Stanislas Sankara, appelle "les
laissés-pour-compte (...) à un sursaut salvateur".

Peuple du Burkina Faso,
Camarades militantes et militants de l’UNIR/MS,

Une nouvelle année vient de voir le jour, et il me plaît, en ma
qualité de président de l’Union pour la renaissance / Mouvement
Sankariste, de m’adresser à vous.

A tous les fils et filles de notre
cher Burkina Faso, je souhaite que 2006 sonne le début d’une
ère du bonheur et de la prospérité. Il est temps que le peuple
burkinabè, dans sa quête permanente de justice sociale et de
paix, puisse légitimement aspirer à un avenir certain, porteur de
progrès véritable dans l’intégrité et dans l’accomplissement de
soi.

L’année 2006 doit être mise à profit par le peuple burkinabè
pour effectuer un grand bond qualitatif, ce d’autant plus que
l’année 2005 qui s’est achevée s’est finalement révélée très
funeste, pour toutes les femmes et pour tous les hommes de ce
pays. La démocratie a été mise en péril, renvoyant ainsi le
développement à un horizon qui, si le cap actuel est maintenu,
est très lointain.

Avec le maintien au pouvoir de Blaise
Compaoré par un honteux score de 80,35% obtenu après un viol
public de la Constitution, plus aucun Burkinabè et ni un
observateur ne se fait d’illusion sur la destination empruntée par
le pouvoir de la 4e République. Les faits qui corroborent cette
analyse sont légion :
- L’élection du 13 novembre 2005 a été une négation de l’Etat de
droit, mais aussi une arrogance, une insulte à la douleur d’un
peuple dont plus de la moitié peine à obtenir un seul repas par
jour. L’argent du contribuable burkinabè a servi au candidat
sortant pour ne donner que des promesses et rien d’autre à une
population qui vivait l’une des plus graves famines qu’ait
connues notre pays pendant ces dernières années.

- La cérémonie de prestation de serment du chef de l’Etat a
permis de convaincre même les plus sceptiques de l’ancrage
monarchique amorcé par la 4e République. Monsieur Blaise
Compaoré a été intronisé selon un rituel mossi abondamment
expliqué à la Télévision nationale du Burkina par Maître Titinga
Frédéric Pacéré. Au mépris de la Constitution qui garantit la
nature républicaine de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré a
décidé d’ériger une monarchie.

- Les discours subséquents qui ont suivi à l’occasion de la fête
nationale et du nouvel an, ont donné à voir une énième fois le
manque de ressort physique et intellectuel du pouvoir en place
pour impulser une dynamique de progrès économique et social
du pays.

En effet, nulle part dans ces messages, il n’apparaît
une vision pour la patrie, une ambition ou un cap à travers des
objectifs précis, mesurables, quantifiables. En guise d’objectifs,
le pouvoir de la IVe République n’a que des voeux pieux et
vagues à servir au peuple.

La gouvernance de Blaise Compaoré
a abouti à créer au Burkina une communauté de misérables
désespérés qui voit une minorité s’enrichir au détriment du
peuple. Mais malgré cette misère ambiante, le pouvoir en place
ne cesse d’égrener à longueur de journée réalisations et
succès supposés, soutenant que tout va bien dans un Burkina
qui aurait réalisé une croissance de plus de 7%.

Cette autosatisfaction a naturellement conduit le Chef de l’Etat à
reconduire Monsieur Paramanga Ernest Yonli au poste de
Premier ministre, avec pour nouvelle mission d’assurer le
progrès continu. Ainsi donc, Yonli veillera à ce que les pauvres
continuent à être pauvres, et garantira aux autres le pillage des
richesses nationales en toute impunité.

"Aucune politique de création d’emplois effectifs"

Peuple burkinabè,
Indéniablement, la nouvelle ère qui s’ouvre pour notre pays,
sera à l’évidence celle d’une société de désespérance et de
fortes inégalités.

Malgré la justesse de leurs revendications,
malgré le fort taux de croissance de 7% de l’économie nationale,
les travailleurs doivent continuer à vivre la galère. Le régime
accroît continuellement son train de vie mais n’envisage guère
améliorer le pouvoir d’achat des populations laborieuses.
Les commerçants sont également restés sur leur faim. Tous
les discours et promesses de réhabilitation de Rood Woko
tenus la veille de l’élection du 13 novembre 2005 n’ont été que
gesticulations.

Pire, les petits
commerçants et les acteurs du secteur informel sont désormais
soumis à une véritable chasse à l’homme pour payer des
impôts que l’on se pressera de vider comme ce fut le cas pour
la récente campagne électorale.

La jeunesse qui a été pressée comme du citron est le plus
grand oublié car, aucune politique de création d’emplois effectifs
n’est envisagée, et le dépeçage du ministère de tutelle n’est pas
de bonne augure.

C’est dans ce contexte que les autorités communales ont choisi
de baptiser des rues au nom des anciens Chefs d’Etat, avec la
particularité de n’accorder aucun cérémonial au baptême de la
rue portant le nom du président Thomas Sankara.

S’il faut saluer
la victoire du peuple burkinabè qui vient d’arracher un acquis
très important à travers la reconnaissance à son digne et illustre
fils, il faudrait du même coup, mesurer la haine abyssale et le
mépris affichés par les assassins du président Thomas
Sankara, dont la seule évocation du nom fait toujours frémir et
troubler les ennemis de notre peuple.

Ces ennemis du peuple
existent bel et bien en dehors de toutes considérations
dogmatiques ou partisanes. Des ennemis que notre peuple
connaît pour les avoir clairement identifiés.
Il s’agit bien sûr des auteurs de la mal gouvernance, de la
corruption et de l’impunité, qui fondent de nos jours le pouvoir
d’Etat de monsieur Blaise Compaoré. Lui-même ne donne t-il
pas le mauvais exemple ?

Que faut-il comprendre quand des personnes notoirement
corrompues sont décorées et promues à de hautes fonctions ?
Plus que jamais, il est évident que la République sous la
conduite de Blaise Compaoré manque de repères et d’ambition
pour l’ensemble des Burkinabè.

C’est pourquoi, l’UNIR/MS, fidèle à son engagement ne reculera
pas dans l’ultime bataille que livre au quotidien notre peuple
face à un pouvoir d’achat inexistant. Le chômage de plus en plus
grandissant, l’insécurité galopante qui rivalise avec les
maladies.

A cette jeunesse abandonnée, aux laissés-pour-compte qui ne
verront pas la couleur de la fameuse croissance, je lance un
appel au sursaut véritable. N’est-ce pas que le flatteur vit aux
dépends de celui qui l’écoute ?

Les dures réalités auxquelles
est confronté notre peuple nous interdisent de nous laisser
endormir les consciences. Seul l’engagement du peuple à
exiger des résultats concrets dans l’amélioration de ses
conditions de vie, à travers les pouvoirs de contrôle et de
pression qu’il détient, est en mesure de contraindre les
gouvernants à emprunter les voies d’un vrai développement
économique et social pour une prospérité accessible à tous.

J’invite les Burkinabè, qui aspirent à une vie meilleure dans leur
pays, à mettre à profit les élections communales du 12 mars
pour exiger une autre gouvernance. Nul ne peut tromper le
peuple tout le temps. Puisse l’année 2006 que nous venons
d’entamer vous donner plus de santé, de courage et de
détermination, pour mener le combat salvateur. Puisse l’année
nouvelle vous apporter plus de paix, de tranquillité, et surtout à
chacun la réussite de ses vœux les plus chers.

Mais gardons
présent à l’esprit que nous ne pouvons prospérer que dans un
Etat de droit et de démocratie, où l’égalité et la justice sont
effectives. C’est le combat permanent de I’UNIR/MS, c’est à ce
combat que nous invitons le peuple du Burkina Faso.

Bonne et heureuse année à toutes et à tous.
Avec le peuple, victoire !

Ouagadougou, le 17 janvier 2006

Maître Bénéwendé S. SANKARA

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Vos commentaires

  • Le 21 janvier 2006 à 06:50 En réponse à : > L’UNIR/MS à propos du régime Compaoré : "La jeunesse a été pressée comme du citron"

    Heureusement qu’il y a encore des gens qui croient en quelque chose au Pays des Hommes integres. La lutte sera sans doute longue, tres longue mais aussi bien qu’il n’y a pas de nuit sans aurore, je crois fermement que les choses changeront bien un jour au Burkina. Evidemment, il ne faut pas attendre passivement que les choses changent, il faut les changer. Courage.

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