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<I>Droit dans les yeux</I> : des paroles, des faits, des contradictions

Publié le mardi 20 septembre 2005 à 07h11min

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Les paroles du président Blaise Compaoré qui suivent sont extraites
uniquement des « voies de l’espérance » écrit par le chef de l’Etat en 1998.
Les faits proviennent des documents de son gouvernement ou commandés
par son gouvernement.

Les paroles : « Il faut la primauté de la bonne gouvernance qui rend possible
le développement. » Les faits : 91 crimes de sang et 81 crimes économiques
sans poursuites, l’injustice dans l’appareil judiciaire, la culture de l’impunité,
le dysfonctionnement structurel des institutions républicaines (exécutif,
législatif et judiciaire). Beaucoup de sociétés et de structures étatiques sont
dirigées par des cadres désignés non en fonction de leur compétence, mais
de leur appartenance politique. Le clientélisme dans le choix des
responsables est constant. Certains délinquants semblent jouir d’une
protection particulière.
La mauvaise gouvernance est l’un des problèmes de la République.

Les paroles : « Nous voulons des institutions démocratiquement acceptées
par la majorité de notre peuple. » Les faits : la Constitution du 2 juin 1991 est
acceptée par 93% des voix exprimées, mais en 1998, le président Blaise
Compaoré et ses camarades changent la Constitution sans consulter le
peuple pour qu’il puisse se présenter à la Présidence sans limites. En 2000,
encore un changement sur le nombre et la durée des mandats du Président
dans l’avenir, sans compter les mandats précédents, et une accumulation du
pouvoir presque absolu du Président : ce changement de la Constitution est
de nouveau fait par le Président et ses amis sans l’avis du peuple.
Le contrôle effectif de l’appareil d’État est fait par un seul parti.

Les paroles : « Il faut une justice indépendante. » Les faits : le président du
Faso est en même temps le président du Conseil supérieur de la
magistrature, alors qu’on sait que seule la Haute Cour de justice peut juger le
président du Faso. Le Président est en même temps juge et jugé.
La Justice n’est pas égale pour tous. Le système judiciaire n’est pas adapté
aux réalités du pays. Il y a une passivité inquiétante du ministère public
devant les innombrables dénonciations et les atteintes aux droits des
populations. Il y a un affairisme sans scrupule de nombreux acteurs de la
Justice. L’engagement politique ostentatoire de certains acteurs de la Justice,
en particulier des magistrats, n’a pas crédibilisé les décisions de justice.

Les paroles : « Il faut une répartition plus sociale des fruits de la croissance. »
Les faits : la pauvreté gagne du terrain en ville comme en campagne.

Le vote, un devoir citoyen

La pauvreté absolue : en 1994 : 44,5% de la population ; en 2003 : 46,4% de
la population, alors qu’en même temps il y a eu une croissance économique ;
la production (PIB) a augmenté durant ce temps de 54%.
L’absence de justice sociale se traduit par l’inégalité dans la répartition des
ressources nationales et des revenus en même temps qu’une concentration
de plus en plus croissante des richesses entre les mains d’une minorité.

Les paroles : « Le projet le plus ambitieux pour la jeunesse demeure sans
conteste la fixation des jeunes dans leurs terroirs. »
Les faits : en 1995-1996, 20 mille jeunes ont ensemencé 925 hectares en
coton, arachides et riz pluvial ; il faut donc diviser le bénéfice d’un hectare par
vingt jeunes. C’est ainsi que les jeunes sont fixés dans leurs terroirs !

Les paroles : « Le contrat contre la corruption doit être partout de rigueur. Il faut
des dispositions juridiques et des structures capables de décourager
radicalement le phénomène ravageur de la fraude et de la corruption et de
déceler toutes les subtilités de gestion malsaine. »
Les faits : la pratique des pots de vin est courante dans les secteurs du
marché public. Le racket est une pratique courante dans la plupart des
secteurs publics. (Je peux copier une vingtaine de formes de corruption.)

Les paroles : « Blaise accuse, disant que les pionniers de l’indépendance ont
fait beaucoup de fautes après l’indépendance dans leur manière autoritaire
de gouverner. Une gestion contestable - le népotisme - le clientélisme -
l’incroyable décalage entre les professions de foi et la conception du pouvoir.
Les faits : ça continue !

Attention, remarquez bien : je n’ai fait que copier les faits et les paroles des
documents gouvernementaux. Je n’ai donné aucun commentaire et aucune
interprétation personnelle. Chez nous, en Hollande, on dit de quelqu’un qui
promet une chose et ne la fait pas est un faux type.

Les élections approchent. Quoi faire ? Presque tous les partis politiques sont
pourris. L’opposition semble plutôt un mot qu’une réalité.
En tout cas, notre prochain président sera Blaise Compaoré.

Le vote est un devoir de chaque citoyen. Quoi faire ? Votez nul pour dire à
Blaise Compaoré qu’il faut que ça change. Mettez deux bulletins dans votre
enveloppe de vote, c’est un vote nul, et, par là, vous dites : il faut que ça
change.

Faisons quelque chose pour notre pays : consommons les produits burkinabè
et votons nul : Il faut que ça change. Insistez auprès de votre famille et de vos
amis pour qu’ils votent nul.
Bonne nouvelle : Simon Compaoré, maire de Ouagadougou, a sanctionné
certains fraudeurs d’attribution de parcelles.

F. Balemans
BP 332
Koudougou

Le Pays

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