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Médaille d’honneur à "Djibi" : une prime à l’insécurité ?

Publié le lundi 19 septembre 2005 à 06h54min

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Le Burkina, terre des paradoxes ? Eh bien sans hésiter, on y répond par l’affirmative. Ne soyons donc pas surpris, bonnes gens, d’y voir l’astre du jour, un de ces quatre matins, se lever à l’ouest. Car si l’on s’accorde avec le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli, que le "Pays des hommes intègres" avance, la précision qu’au contraire des autres il progresse à reculons s’avère nécessaire et impérieuse.

D’où vient-il, en effet, que les honneurs y soient réservés aux vaincus ? La décoration, le mardi 6 septembre 2005, du tout-puissant ministre de la Sécurité de Blaise Compaoré, le colonel de gendarmerie Yipènè Djibril Bassolet, de la médaille d’honneur de la police nationale révolte plus qu’elle n’intrigue. Pour qui se rappelle la sentence de Paramanga à la sortie de la promotion 2002-2005 des flics, cette gratification est des plus inopportunes.

Morceau choisi : "Dans ce contexte d’insécurité qui est en train de changer le visage de notre pays et qui crée la peur et sème la désolation au sein des populations, la sortie de la promotion" Honneur, Discipline, Solidarité" vient à point nommé. Ce contingent de cadres et d’agents d’exécution renforcera le dispositif sécuritaire du Burkina, dont l’efficacité est mise à rude épreuve par la montée de la criminalité et de sa forme violente, exprimée dans les nombreuses agressions tragiques sur les routes des villes et campagnes".

Venant de la bouche du chef du gouvernement, cela n’est ni plus ni moins qu’un aveu d’échec de la politique sécuritaire menée jusque-là sous nos cieux. Alors, pourquoi cette médaille d’honneur à "Djibi", si ce n’est pour les multiples soucis causés aux leaders de l’Opposition dans leur longue et douloureuse marche vers les portillons du palais présidentiel ?

Le supplicié qui décore le bourreau, pourrions-nous conclure quand on sait que ces policiers en fin de formation sont les mêmes frondeurs de février 2005 que Yipènè Djibril Bassolet, hélas, avait remis à leurs parents pour emploi sans autre forme de procès. Ne sont-ils d’ailleurs pas revenus à la charge avec leurs revendications commémoratives du premier anniversaire du meurtre de leurs aînés à Zooga dans le Kourittenga ?

A l’analyse, ces trois martyrs de la République, tombés les armes à la main, ont moins de mérite que notre bienheureux ministre de la Sécurité, puisque de décoration, ils n’en eurent qu’à titre posthume, seul héritage légué aux veuves et aux orphelins qui se demandent aujourd’hui : "Qu’étaient-ils allés chercher dans ce merdier, nos chers époux et pères" ? "A ses vaillants fils, le Burkina Faso à jamais reconnaissant", leur avons-nous déclaré au pied de leurs tombes, mais auront-ils jamais des funérailles génératrices de dizaines de millions de billets craquants comme on en aura vu dernièrement au Burkina des énigmes ?

Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga

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