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France, Côte d’Ivoire, présidentielle : le tour du monde de l’UPR

Publié le lundi 12 septembre 2005 à 08h00min

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Pour le bureau exécutif national de l’Union pour la république (UPR), c’est à une analyse panoramique de l’actualité récente dans le monde et au Burkina, que s’adonne Me Toussaint Abel Coulibaly, président dudit parti et député à l’Assemblée nationale.

Quatre mois après l’incendie survenu dans un Hôtel de Paris (France) et qui a fait vingt-quatre (24) morts, dans la nuit du 25 au 26 août 2005, un autre incendie s’est déclaré dans la cage de l’escalier d’un immeuble dans la même ville, occasionnant dix-sept (17) morts et des blessés graves, tous d’origine africaine.

Pendant que les autorités françaises promettaient de prendre des mesures pour reloger « décemment » les sinistrés, et que les familles enterraient leurs morts, une fois de plus des communautés africaines ont été surprises dans leur sommeil par des flammes dans la nuit du 29 au 30 août 2005, avant que les cendres résultant des deux premiers incendies ne se soient refroidies, faisant au moins sept (7) morts et plusieurs blessés. Dans les trois cas, l’on dénombre plusieurs enfants parmi les victimes.

Certains ont été jetés du quatrième étage d’un immeuble en flammes par leurs génitrices. Quelle horreur ! parallèlement, le 2 septembre à l’aube, les forces de l’ordre françaises ont investi un immeuble de la « rue de la fraternité » pour selon le motif officiel, d’évacuer des personnes mal logées. En réalité il s’agissait d’une expulsion attestée par un procès d’huissier de justice.

Le 5 septembre 2005 un autre incendie d’immeuble a pu être circonscrit de justesse. Cette fois, il serait volontaire, donc probablement d’origine criminelle. Quatre personnes suspectées parmi lesquelles des mineurs, seraient en garde à vue pour les besoins de l’enquête.
Cet état de fait amène à se poser des questions sur les circonstances des premiers départs de feu qui ont endeuillé l’Afrique toute entière si l’on s’en tient aux objectifs de l’Union Africaine.

L’Union Pour la République (UPR) exprime aux familles éplorées sa profonde compassion et sa solidarité en ces moments douloureux. Quarante huit (48) personnes sont mortes parce qu’elles n’ont pas été assez protégées par ceux qui sont censés le faire. Mieux, elles ont été marginalisées parce qu’elles ont eu tort de quitter leurs pays pour une raison ou une autre.

La différence entre la parole et les actes des grandes puissances

Ces trois drames et bien d’autres s’adjoutent au passage de l’ouragan Katrina sur la Nouvelle Orléans (USA) qui a fait des morts dont le nombre n’a pas encore été déterminé au regard de l’ampleur des dégâts qu’il a causé. Des millions de personnes présentement sans abris et regroupées dans des camps de fortune avec les risques d’épidémies que cela comporte, posent à notre sens le problème du respect des droits humains et de la solidarité transnationale. Si aucun Burkinabè ne fait partie des victimes (à notre connaissance), ces faits suscitent en nous de multiples interrogations, car nous ne voulons pas continuer à observer un silence assimilable à une complicité.

En effet, doit-on continuer sous le prétexte du langage diplomatique à relativiser tout, même la mort d’un être humain, à prendre position selon l’origine des morts ou l’intérêt que l’on a à se positionner à travers son point de vue ? Le terme « compassion » est rarement exact quand il vient de la communauté internationale. L’exemple du Tsunami survenu dans les îles indonésiennes et autres, a mis à nu la différence entre les paroles et les actes de la communauté des grandes puissances.

Doit-on constituer des entités comme l’ONU, l’Union Européenne, l’Union Africaine et autres, sans les populations des pays membres ? En termes plus clairs, ces organisations internationales sont-elles des associations de dirigeants du monde ou des organisations représentant les populations du monde ? La question mérite d’être posée au stade actuel car, après il sera trop tard.

Exceptées les organisation à caractère humanitaire tels que le HCR, le CICR, le PAM, l’UNICEF, pour ne citer que ceux-là, dont les actions ont une répercussion visible au regard de leurs caractères désintéressés de protection des droits humains, toute la panoplie d’organisations « regisseuses » du monde semblent jouer un rôle très ambigu à notre sens. Il est grand temps pour se ressaisir afin d’éviter que le monde ne devienne une « jungle ». C’est le lieu de rendre hommage à toutes les ONG qui se battent chaque jour en lieu et place de ceux qui se prévalent des prérogatives de bienfaiteurs de l’humanité, pour garantir les droits élémentaires des citoyens de notre monde en déperdition.

"Les droits des populations ne sont pas assez pris en compte"

C’est pourquoi, dans son manifeste l’UPR fait sienne l’opinion selon laquelle les mutations en cours ne nous obligent pas seulement à développer la solidarité africaine, mais nous impose de nous insérer dans le renforcement de la solidarité universelle en cours, par le renforcement du droit international.

A notre avis, les droits des populations sans lesquelles il n’y aurait pas d’Etat véritable donc pas de bons dirigeants, ne sont pas assez pris en compte par la communauté internationale.

Sinon comment comprendre que la communauté internationale ait pu assister passivement au massacre quotidien de populations, comme cela est le cas des Burkinabè et de ressortissants d’autres pays résidant en Côte d’Ivoire, sans s’autosaisir pour situer les responsabilités et prendre les sanctions qui s’imposent au regard du droit international pourtant conçu à cet effet ? A nos yeux, loger des êtres humains dans des « immeubles » comme ceux que nous avons pu voir à travers les images est tout simplement odieux pour rester courtois. Nous sommes convaincus du reste, qu’il y a certainement pire que ce que nous avons vu.

Nous suivons le feuilleton de l’Iran qui tient à poursuivre sa politique nucléaire pendant qu’aucun Chef d’Etat « puissant » ne manque l’occasion d’un discours pour tenter de l’en dissuader. Des menaces d’autosaisine du conseil de sécurité de l’ONU sont proférées à l’encontre de cet Etat souverain pour des activités qu’il mène sur son territoire, en même temps que les sommations de cesser lesdites activités fusent de toutes parts.
Au même moment Israël occupe la Palestine sous le regard impuissant de la communauté internationale.

Le vaillant peuple palestinien ne doit sa survie qu’à la lutte d’autodétermination et aux soutiens dont il bénéficie auprès de certains pays comme le Burkina Faso, malheureusement « dépendants » des grandes puissances.
Au gré de ses humeurs ou des stratégies qu’il échafaude, le gouvernement israélien libère une partie du territoire palestinien d’une part, et d’autre part, construit un mur pour mieux contrôler une autre.

La communauté internationale se contente de condamner l’illégalité de cette nouvelle muraille érigée pour mieux asseoir l’occupation d’un peuple. Où se situe la limite entre un camp de concentration et l’érection de ce mur pour confiner les Palestiniens dans un rayon stratégiquement tracé ? Pendant que la chute du mur de Berlin a été fêtée à l’époque par ceux qui ont souhaité qu’il soit rayé de la carte du monde, le mur de Cisjordanie ne semble pas émouvoir les mêmes.

"Nous sommes obligés d’aller du coq à l’âne"

Pourquoi s’étonner alors de la recrudescence du terrorisme qui est condamnable et que l’UPR condamne sans réserve, quand les peuples se sentent abandonnés à eux-mêmes ?
L’occupation de l’Irak et le chaos qui s’en suit actuellement illustrent parfaitement que nul ne peut, quelle que soit sa puissance, imposer éternellement son dictat à un peuple.

Tous les faits évoqués ici ne sont certes pas de la même nature mais dans un monde où dire ce que l’on fait ou faire ce que l’on dit est l’exception, nous sommes bien obligés d’aller du « coq à l’âne ».

Il est grand temps que les dirigeants de ce monde cessent de pratiquer la méthode du deux poids deux mesures pour respecter les engagements qu’ils ont pris avec leurs peuples de les servir avec loyauté et dévouement.
Les multiples traités internationaux, les accords bilatéraux et multilatéraux prenant théoriquement en compte les préoccupations des populations doivent être intégralement mises en pratique, avec toute l’honnêteté intellectuelle et morale.

Donner des leçons aux autres est une initiative louable quand on les pratique soit même. N’est pas pédagogue qui veut, cela est connu de tous.
Le harcèlement dont est l’objet la Turquie, candidate à l’entrée à l’Union Européenne, afin qu’elle se détermine par rapport au problème de Chypre, le Cachemire indien, la guérilla colombienne sont entre autres, des illustrations de l’hypocrisie de la communauté Internationale a côté des règles de droit librement édictées pour régir « la marche du monde ».

Pour revenir à l’Afrique, si les derniers cas que nous venons d’énumérer ne peuvent trouver leurs solutions à travers une organisation africaine, il reste que pour les premiers cas, l’Union Africaine est interpellée.
Pour que les populations africaines se reconnaissent à travers cette institution, il lui faudra prendre les bonnes décisions au bon moment et non pas à la « tête du client », comme c’est souvent le cas.

Si les multiples conférences et autres sommets ne débouchent pas sur une prise en compte du vécu quotidien des populations des pays membres, la question de l’efficacité de l’organisation se posera inéluctablement, comme il en a été pour la défunte OUA.

En effet, si chaque pays membre doit gérer seul les violations des droits de ses citoyens vivant hors de son territoire, il y a matière à s’interroger sur la commission des droits de l’homme de l’Union Africaine.
De la même manière que le Burkina Faso s’est retrouvé pratiquement seul face aux tueries et exactions subies par ses ressortissants en Côte d’Ivoire, le Mali se retrouve pratiquement seul à chercher à élucider les causes des drames qui ont frappé sa communauté vivant en France. Aucune réaction digne de ce nom n’est venue d’une institution africaine dont la compétence en la matière ne fait l’objet d’aucun doute, pas même de la commission des droits de l’homme de l’Union Africaine.

Le cas concret du Burkina dans la crise ivoirienne

Si l’on ne peut dire que seuls des Maliens ont péri dans les récents incendies survenus dans l’Hexagone nous pouvons cependant affirmer que le ministre malien chargé des Maliens vivant à l’étranger est la première autorité extérieure à se rendre en urgence sur les lieux. A notre avis, en plus du représentant de l’Etat malien principalement concerné, il devait se trouver au même moment voire avant, un représentant de la commission chargée des droits de l’Homme de l’Union Africaine, démontrant ainsi, la solidarité de l’institution avec les ressortissants de tous les Etats membres.

Le peuple burkinabè tout entier, à un moment de notre histoire récente, avait accompagné le Président Blaise Compaoré à l’aéroport quand il devait aller défendre la cause de nos compatriotes massacrés en Côte d’Ivoire, c’est à dire les intérêts du Burkina Faso tout entier. Qu’ont fait les organisations internationales pou appuyer cette démarche ?

Une plainte a été déposée au nom du peuple burkinabè auprès des instances compétentes à cet effet par notre pays pendant que dans certains cas le conseil de sécurité de l’ONU se serait auto-saisie de ces crimes.
Malgré l’implication du Président du Faso dans la résolution de plusieurs crises en Afrique, la situation de nos compatriotes qui continuent de subir des violations de leurs droits élémentaires en Côte d’Ivoire, n’a ému presque personne. En tout cas, aucune initiative pertinente n’a été prise ni par l’ONU, ni par l’UA, dans le sens de la réparation des injustices causées aux Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire.

Une fois de plus nous nous posons la question de savoir quel seuil de massacres faut-il atteindre pour qu’il y ait génocide et nécessité de créer un Tribunal Pénal International.

Les crimes de Laurent Gbagbo ne sont pas moins atroces que ceux de Charles Taylor. Pourtant la communauté internationale, ONU en tête a fait partir Charles Taylor tout aussi « démocratiquement élu » que Laurent Gbagbo. Quand on nous parle de non ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, nous sommes en phase avec cette règle. Cependant nous constatons que cette non ingérence est devenue l’exception à la règle.

L’on pourrait égrener un chapelet, que dis-je les nœuds d’une longue corde pour illustrer les ségrégations qui ont cours dans le monde des relations internationales.
Tout cela n’est pas à l’honneur de la communauté Internationale censée protéger les droits de l’homme sur l’ensemble de la planète, à travers les règles qu’elle a définies en toute responsabilité.

Consolider la solidarité entre tous les Burkinabè

Ces multiples exemples nous amènent à la conclusion suivante : Le Burkina Faso notre pays, vit depuis plus d’une décennie dans la stabilité, la paix sociale et la solidarité.

Si tout n’est pas parfait, nous devons nous en féliciter et faire en sorte que la situation dans laquelle nous vivons s’améliore chaque jour davantage avec la contribution de tous, quelle que soit notre opinion politique.

Nous devons consolider la solidarité entre tous les fils et filles de ce pays vivant à l’intérieur comme à l’extérieur car, il nous a été donné de constater que tout le monde n’a pas la même définition de l’intégration africaine ou du respect des droits humains.

Nous savons également que nous ne pouvons compter avant et après tout que sur nous-mêmes, car les calculs d’intérêts prennent désormais le pas sur l’éthique et la morale.
Nous en appelons à plus de solidarité de la part des Burkinabè et cela, quelles ques soient leurs divergences d’opinions car, pour porter atteinte aux droits de nos concitoyens vivant à l’étranger on n’a pas fait de différence entre les marxistes, les sociaux démocrates, les libéraux ou les socialistes et encore moins entre les régions d’origine ou les ethnies et religions.
Ne dit-on pas du reste que « si la pluie vous bat ne vous battez pas sous cette même pluie » ?

En tant que parti politique fondé sur les valeurs de la nation, l’Union Pour la République interpelle l’ONU, l’Union Européenne, l’Union Africaine et toutes les organisations internationales qui se prévalent de la représentation des populations du monde et les invite à plus de responsabilité dans les missions qu’elles se sont assignées.

Nous disons aux hommes politiques burkinabè et à l’ensemble de la population que c’est dans l’unité et la solidarité malgré nos différences, que nous continuerons à bâtir un pays prospère où il fait bon vivre. Aucune ambition ne doit nous amener à prôner la division et à faire de la solidarité un vain mot car, il nous a été démontré que c’est dans les moments difficiles que l’on reconnaît ses vrais amis, et pourquoi pas les vrais patriotes.

Nous devons nous unir et apporter des critiques constructives pour que tous les Burkinabè se retrouvent à travers la nation dont la construction nous incombe tous.
Chacun de nous, quelle que soit la fonction qu’il occupe, le lieu où il réside, doit se poser la question suivante : « ai-je fait, et bien fait pour mon pays, ce que je lui dois », avant de se demander ce que l’Etat a fait pour lui, en indexant les gouvernants qui ne sont qu’un maillon de la chaîne, fut-il le maillon fort.

Les élections présidentielle et municipales à venir doivent certes affirmer nos différences politiques, mais dans le même temps elles doivent se tenir dans un esprit de saine adversité d’idées et non de personnes pour qu’aux résultats, le Burkina Faso en sorte grandi.

"Le seul argument électoral doit être celui de proposer mieux que l’autre"

Le seul argument électoral qui doit être de mise est celui de proposer mieux que l’autre pour le bien être de tous. Ainsi, il n’y aura ni vaincu ni vainqueur car en définitive tous continueront à demeurer des frères d’un même pays. Observons ce qui se passe autour de nous et dans le monde pour en tirer des leçons. C’est à ce prix que nous bâtirons un pays libre où la solidarité et la justice seront des comportements.

Des deux élections à venir, celle qui consacre le village comme une circonscription électorale nous semble la plus délicate à gérer. Faisons en sorte que les personnes pour lesquelles les électeurs voteront dans les villages et les secteurs soient effectivement les élues. Cela évitera à notre pays une crise à la base difficilement contrôlable par le sommet. Les crises au sommet concernent généralement quelques personnes mais quand elles partent de la base c’est pratiquement tout le pays qui est en ébullition. Nous pouvons et devons éviter cela à notre peuple en lui épargnant des représentants imposés par les fraudes pratiquées à des fins égoïstes.

Il est plus aisé de contester l’élection d’une personne que celles de plusieurs milliers.

Nous devons sauvegarder nos acquis et avancer dans la bonne direction. La sagesse nous enseigne de ne « jamais abandonner le poisson que nous avons entre les mains pour celui qui est sous nos pieds », le risque de perdre les deux est plus que probable. Faisons en sorte de garder notre poisson bien en main puisque nous devons prendre celui que nous avons sous le pied avec la même main.

Pour le Bureau Exécutif National

Maître Toussaint Abel COULIBALY
Député à l’Assemblée Nationale

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