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Autant le dire… : Quand les animaux font la loi en ville

Publié le mercredi 11 septembre 2013 à 12h55min

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Il est 17 heures 30 minutes. Sur la plus grande avenue (en double-voie) de Bobo, les travailleurs et autres usagers de la route qui rentraient chez eux après une journée bien remplie sont obligés de s’arrêter et de céder le passage aux bœufs qui rentraient eux aussi de pâturage. Quelques quinze minutes après, le gros troupeau a fini de traverser les deux voies. « Le troupeau » d’hommes peut maintenant passer. Mais, il ne le peut facilement car les bœufs ont déféqué sur la route. Laissant ainsi une bouse, bien fraîche, glissante et nauséabonde. C’est aux hommes de se « débrouiller », eux qui en vérité, sont les « maîtres » des lieux.

Sur la nationale n°10, il est 7 heures le matin. Les travailleurs et autres usagers se pressent pour rejoindre leurs lieux de travail. C’est cette même heure qu’ont choisi des bergers pour faire paître un gros troupeau de bœufs. Ils bloquent ainsi la circulation et les hommes, toujours maitres des lieux, sont obligés de marquer un arrêt obligatoire afin de laisser passer ceux qui ne devraient pas se trouver sur les lieux. Tout comme sur le boulevard, après leur passage, la route est impraticable puisqu’ils y ont laissé de la bouse. Une fois de plus, les usagers sont contraints de se débrouiller pour passer. Le reste, ce sont les femmes de la « Brigade verte » qui s’en chargeront le lendemain, quand elles viendront pour balayer les rues.

Les exemples ne sont pas finis puisqu’on peut les énumérer à longueur de journée. Sur le terre-plein d’un rond-point à l’entrée de la ville, un habitant n’a trouvé mieux que d’attacher, sans gêne, son mouton, dans les fleurs, pour qu’il s’en régale. Le maire de la commune, qui était de passage, le détache et donne des instructions pour qu’il soit conduit en fourrière. Quant au propriétaire, il n’a jamais été retrouvé. Tout le voisinage a usé de complicité. En pleine ville, sur une avenue nouvelle réhabilitée, des moutons prennent leur petit-déjeuner en broutant les herbes qui ont eu tout le temps de pousser sur le terre-plein. Sans que les usagers, les étalagistes installés aux abords de cette rue, ne s’en offusquent. Comme si cela était normal.

On pourrait dans cette situation accuser dans un premier temps l’autorité municipale de laxisme. C’est vrai, car de plus en plus, des parcelles à usage d’habitation sont transformées en parc d’animaux ou en « poulaillers » entiers. Alors que cela ne devrait pas être le cas. Il revient donc à l’autorité de prendre les dispositions pour extraire de la ville, de nos habitudes, ces animaux qui ne nous causent pas que du bien. En plus des opérations de lutte contre la divagation que mènent très souvent les services de la mairie de la commune, il faut aussi sensibiliser les populations à éviter la domestication des animaux autres que les chiens, et les chats dans les concessions. Même si cela devrait se faire, il faut que ce soit avec l’accord de la municipalité.
L’abattoir de Bobo, dont le chantier sera sans doute ouvert très prochainement, devra lui aussi prendre les dispositions pour éviter que les animaux cohabitent et partagent avec les personnes le même espace urbain. Aussi, les parcs à bétails dont certains se trouvent en ville, devront être délocalisés afin d’assainir le cadre de vie des populations. C’est donc un autre phénomène, non moins important, auquel l’autorité municipale doit s’attaquer.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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