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Editorial de Sidwaya : Adieu 2012 !

Publié le mercredi 2 janvier 2013 à 02h05min

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Editorial de Sidwaya : Adieu 2012 !

Dans quelques heures, le soleil de 2012 va se coucher au Burkina Faso, s’il ne l’est déjà dans d’autres pays du monde. Que retenir des 365 jours de 2012 au Burkina Faso ? Des joies et des peines qu’il serait fastidieux de compter en une page de journal. Néanmoins, l’on retient que l’année 2012 aura été celle du renforcement de la paix et de la stabilité après que le pays a été secoué en 2011 par une grave crise sociopolitique.

D’importants actes ont été posés allant des discours d’apaisement des cœurs à la tenue d’assises sur les réformes politiques. Le calme et la quiétude sont de retour aussi bien dans les casernes que dans la rue. Toute chose qui a permis de rétablir la confiance avec les partenaires techniques et financiers, les investisseurs privés aussi continuent d’affluer, etc.

La preuve de cette confiance a été d’ailleurs manifestée le 05 avril 2012 lors de la cérémonie de lancement du Projet pôle de croissance de Bagré (PPCB), considéré comme une « bataille stratégique » qu’il faudra gagner. Ce grand projet servira aussi de projet témoin pour l’aménagement d’autres pôles régionaux de croissance économique de grande envergure. Financé à hauteur de 67 milliards de FCFA par le gouvernement burkinabè et la Banque mondiale, il a pour objet de donner une forte impulsion à l’activité économique dans la zone de Bagré avec pour impacts positifs immédiats l’accroissement notable de la productivité agro-sylvo-pastorale, et à terme, des effets induits sur toute l’économie nationale.

La réussite d’un tel programme est un défi. Au-delà des résultats escomptés dans cette région du Centre-Est, d’autres régions viables et favorables à l’agriculture, l’élevage et la pêche, devront dans les prochaines années, aussi emboîter le pas.

Le renforcement de la paix a également permis la célébration des 52 ans de l’armée sous le signe du « renforcement des liens Armée-Nation ». La soldatesque s’était en effet illustrée au premier trimestre de 2011 par des actes de pillage, de vol et de viol d’innocentes gens qui n’avaient rien à voir avec leurs récriminations. 2012 aura été une année de décristallisation de l’aversion des civils contre la grande muette. Et comme le fait remarquer Charles-Augustin Sainte-Beuve, "Une grande aversion présente est souvent le seul signe d’un grand amour passé." Vivement que l’armée poursuive l’instauration de la confiance et de l’amour avec son peuple qui a longtemps été fier d’elle.

Au cours de l’année qui s’achève, le Burkina Faso a en outre mené une lutte contre la corruption en affichant une réelle volonté politique. Même si les résultats de cette lutte ne semblent totalement être à la hauteur des attentes, l’engagement des plus hautes autorités à enrayer le phénomène a été positivement apprécié. Chacun dans son domaine commence à prendre conscience du danger. On ne peut que recommander fortement la poursuite de cette lutte engagée et souhaiter que les vrais coupables soient punis pour servir d’exemple et pour le respect des lois de la République.

On ne saurait passer sous silence la célébration du 52e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso le 11 décembre dernier à Koudougou.
L’évènement dont certains doutaient de sa tenue dans cette ville qualifiée à tort de ville rebelle a été pourtant l’affaire de tous. Et à la faveur de cette célébration, Koudougou présente aujourd’hui un autre visage dont ses filles et fils doivent être fiers. Le mérite leur revient mais la préservation des infrastructures relève surtout de leur responsabilité. Choisir un jour de détruire ces investissements sous le coup d’une colère mal contenue, c’est se tirer une balle au pied.

L’un des événements majeurs de 2012 a été l’organisation des élections législatives et municipales couplées le 2 décembre. Des élections qui, malgré quelques ratés constatés çà et là, ont été jugées satisfaisantes. Les 81 partis en lice aux municipales et les 74 autres en compétition pour des sièges de députés ont récolté chacun le fruit de ses efforts. La grande révélation de ce double scrutin a été le parti de l’Union pour le changement et le progrès (UPC). Apparu dans la jungle politique seulement le 1er mars 2010, le parti a réussi à la prouesse de se hisser à la deuxième place sur l’échiquier politique de notre pays à l’issue des élections avec 19 députés sur les 127 que compte le Parlement.

Il est précédé du parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui, lui, totalise 70 élus parlementaires. a bonne pluviométrie de 2012 a eu pour effet de bonnes récoltes. Espérons que l’excédent céréalier ne prendra pas d’autres destinations (bière de mil) pour que la crise alimentaire de 2012 soit rangée dans les oubliettes de l’histoire. dais l’année 2012 n’a pas seulement été que de réussite. Parmi les quelques points sombres, voire litigieux et diversement interprétés, figure la lourde sanction des seize étudiants de l’Université de Koudougou (dont quatorze exclus pour cinq ans).

La sanction, bien que voulant servir d’exemple, bien que voulant restaurer l’autorité de l’administration universitaire et recadrer les comportements dans nos universités, a été diversement appréciée. Dans le milieu enseignant comme dans celui des étudiants, il a fallu user de tact pour éviter que l’onde de choc ne se propage et prenne des proportions non maîtrisées.

L’autre déplorable événement a été enregistré du côté de la santé. La principale organisation syndicale en l’occurrence le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) a déclenché, le 13 novembre 2012 à 0 heure, une grève de 96 heures sur toute l’étendue du territoire. On ne sait pas combien de personnes sont mortes dans les centres de santé par manque de soins mais la certitude est que des êtres chers à des familles nous ont quittés du fait de cette grève. Des hommes et des femmes qu’on ne pourra plus jamais ramener parmi nous. Oh, quel monde ! Ce conflit qui perdure devrait rapidement connaître un épilogue afin que le serment d’Hypocrate demeure sacré.

Une autre préoccupation qui semble résister au temps est la situation trouble des années académiques à l’Université de Ouagadougou. Dur dur de dire dans le cafouillage actuel quand est-ce que l’année commence et surtout quand est-ce qu’elle finit dans ce lieu autrefois appelé « temple du savoir » mais devenu aujourd’hui le temple de la discorde et des querelles. Depuis quelques années, ce temple semble être passé sous le contrôle absolu du dieu de la pensée unique. Osez raisonner ou osez penser autrement et on vous colle une étiquette ! L’université, le haut lieu de la liberté d’expression et d’opinion a perdu de son essence. L’université est un vaste chantier qu’il va falloir enfin ouvrir. Il est vraiment temps d’arrêter le saupoudrage et de crever l’abcès sans état d’âme mais avec pour finalité recherchée, l’intérêt du Burkina Faso.

L’enseignement supérieur n’est pas un luxe pour un pays comme le Burkina Faso. C’est tout le contraire. L’autre épineuse équation à plusieurs inconnues qu’il faille résoudre est celle de l’équipe nationale de football. Pour les Etalons séniors, les CAN se suivent et se ressemblent. Après le passage à vide en 2012, vivement que les Etalons se comportent mieux en Afrique du Sud à la CAN 2013. La récente sanction à nous infligée par l’instance mondiale du football, la FIFA, doit nous inciter à asseoir une meilleure administration des instances sportives dans notre pays pour rendre sauve l’image de ce pays intègre et engranger des résultats probants.

L’année 2012 s’en est allée avec son cortège de hauts et de bas. Vivement que 2013 soit meilleure à 2012 sur tous les plans. Un Burkina en paix et résolument en progrès. Adieu 2012 !

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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