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Autant le dire… : Du changement, c’est-ce maintenant à la désillusion ?

Publié le dimanche 2 septembre 2012 à 22h38min

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François Hollande et son « cap » socialiste ont été « rattrapés par les réalités » sur le terrain. Après avoir « claironné » sur toutes les tribunes politiques avant et pendant la campagne électorale que le Changement c’est maintenant, le réveil a été douloureux quand le président « normal » s’est rendu compte la semaine dernière à Châlons-en-Champagne, que la crise est d’une violence telle que les Français devront patienter. En clair, le changement ce n’est pas maintenant, mais bien plus tard. Du coup, les Français se sont rendus compte qu’ils ont été tout simplement « dupés » par les slogans de la campagne. Le taux de chômage que Hollande s’est engagé à réduire n’est pas effectif jusqu’à présent. Au contraire, il augmente. Les prix des hydrocarbures qu’il s’était engagé à « geler » ne pourront plus l’être comme prévu. Parce que, la réalité sur le terrain n’est pas la même que lorsqu’on est dans l’opposition ; que faut-il donc en déduire ?

En effet, face à la crise, les Français croyaient tout simplement qu’il suffisait que Nicolas Sarkozy s’en aille du pouvoir pour que tout soit « rose »… comme la belle fleur socialiste ! Sarkozy s’en est allé avec ses « mesures fortes », avec la « France forte » qu’il préconisait, la France courageuse, la France de De Gaulle, de Pierre Mendès, de Victor Hugo, de Jeanne d’Arc…Arrive donc le Changement, avec François Hollande qui voulait bien incarner un certain François Mitterrand. Oubliant que les périodes sont bien différentes. Les hommes aussi. A l’épreuve donc du pouvoir, les socialistes et les Français d’une manière générale savent désormais qu’il ne suffit pas de vouloir le changement. Il faut y mettre un contenu. Un contenu véritable qui puisse le concrétiser sur le terrain.

L’exemple est bien beau. En effet, « sous nos tropiques » où les populations sont en majorité analphabètes, il est plus facile de leur faire « miroiter » de beaux mots pour qu’elles croient en leurs efficacités. Il est donc plus facile de critiquer, de faire croire que le problème c’est l’autre, mais à la place, qu’est-ce qu’on propose ? Et c’est sur cette problématique qu’il faudra situer le débat. Surtout dans un Burkina Faso qui va organiser dans quelques trois mois, des élections à la fois municipales et législatives. Il est bien vrai que la démocratie se nourrit évidemment d’alternance. Mais à elle seule, l’alternance pourrait-elle justifier la bonne tenue d’une démocratie ? Pas si sûr car, comme le dit bien l’adage, « l’homme ne se nourrit pas seulement de pain ».

De même, la démocratie ne saura se nourrir seulement d’alternance. Aussi, il sera attendu des candidats, toutes tendances confondues, aux prochaines élections législatives et municipales, de proposer des programmes cohérents de développement « à la base ». C’est ce qui sera attendu d’eux. Les électeurs devront le leur exiger. Car il ne devrait plus être donné à n’importe quel quidam, parce qu’il dispose de moyens financiers ou qu’il sait très bien manier les mots, d’aller se pavaner dans des secteurs ou des villages pour flatter des populations, se faire élire et disparaître juste après avoir été élu. Toutes les crises sociales, manifestations et autres désapprobations proviennent de certaines politiques dont leurs auteurs ne se sont pas posé ces questions ou on fait semblant de les ignorer en période de campagne.

Nos villes et campagnes ont de réelles préoccupations en matières d’éducation, de santé, d’assainissement, d’urbanisation, d’alimentation, etc. Ces questions ne peuvent pas être contenues seulement dans un mot, fut-il appelé alternance. Elles doivent faire l’objet de programmes de société à nous proposés. Et c’est ce programme que l’électeur devra sanctionner. Dans tous les cas, que les candidats le sachent : les Burkinabè sont de plus en plus exigeants et il est évident qu’ils le seront davantage les années à venir. Autrement dit, tout mandataire devra, tôt ou tard rendre compte à ses mandants. C’est ce qui arrive à Hollande, quatre mois seulement après sa présidence « normale » à l’Elysée.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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